help me, sempai! ♡ adonis

La banalité de cette pénible journée ne cessait de le faire soupirer. Il faisait les cent pas dans son dortoir, dans les salles de classe, dans les jardins et les couloirs. Le temps était gris, et tout semblait être d'un terrible ennui. Lassé de tout cela, il repartait dans son dortoir, se glissait sous sa couverture, et broyait du noir. Il ne se passait rien. Absolument rien, et c'était calme, si calme qu'il n'arrivait plus à penser normalement, il n'arrivait plus à penser du tout. Gigotant sous ses draps, Adonis bouillonnait dans sa tête, c'était comme s'il ne se donnait pas le droit de s'ennuyer, de ne rien faire. Nerveusement, l'adolescent donnait des coups de pied à sa couette, des coups-de-poing à ses oreillers, et plongeait sa tête dedans, sans oublier de soupirer.

Et le temps semblait être une éternité. Le dortoir était vide. Dans la pièce, on n'entendait plus que ses râlements qui ne semblaient jamais vouloir s'arrêter. Mais un bruit, quelque chose, ou bien quelqu'un, le faisait se lever. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il y ait de l'action, il ne s'agissait peut-être que d'un de ses camarades de chambre. Il prenait son téléphone, tapotait dessus, faisait semblant de ne rien entendre, avec son air nonchalant, comme s'il s'agissait d'une mise en scène, paradoxalement, il n'voulait pas entrer dans une conversation, seulement y participer, en temps que spectateur. Et, finalement, comme la personne mettait trop de temps à arriver, malgré le peu de discrétion dont elle faisait preuve, il décidait de s'allonger à nouveau, de fermer les yeux, c'était fou, la vitesse à laquelle il pouvait s'endormir, Adonis, lorsqu'il était excédé.

Mais le repos fut de bien courte durée, et la sieste improvisée prit fin aussitôt avait-elle commencée. Une voix désagréable, un peu trop aiguë pour lui, vint le déranger. Il ouvrait un œil, reconnaissait le Poufsouffle, et était tenté de se rendormir de manière quasi instantanée, mais l'autre insistait, posant tout son poids sur le blondinet, laissant ses cahiers se fracasser. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il aurait la tranquillité. Grognant alors, il lui répondait, en guise de bonjour,

"Putain Syka, tu m'fais grave chier. Lève toi."

Il n'attendait pas que ce dernier le fasse, de sa force "herculéenne", il le poussait, avec un peu de difficulté, heureusement qu'il était léger. Et le Gryffondor se redressait à son tour, cheveux décoiffés, yeux cernés, il regardait le bazar des cahiers, reconnaissait les quelques cours, et, de nouveau, marmonnait.

"Mais wesh t'es sérieux ? C'est des rappels de sixième année ça, t'es con ou tu l'fais exprès ?"

Un peu agacé, il tendait la main pour que son ami lui fasse passer les cours, et, avec l'autre, il se grattait le front, se frottait les yeux, tentait de se réveiller comme il le pouvait.

"Bon, c'est quoi que tu comprends pas ? Vite, j'ai pas tout ton temps moi." Même s'il fallait bien l'avouer, au moins, il ne pouvait plus s'ennuyer.

Il jouait avec Adonis, et Adonis l'avait très bien compris, mais Adonis marchait, rentrait bien trop facilement dans son jeu, et était de plus en plus excédé, à tel point que ses soupirs auraient pu décoiffer son ami tant ils étaient nombreux et puissants. Il ouvrait un premier livre, puis un deuxième, puis les notes de Syka qu'il avait du mal à déchiffrer, ou peut-être avait-il trop la flemme de comprendre. Nul ne le savait, à nouveau, le Gryffondor soupirait tout en roulant des yeux, alors que l'autre revenait à ses côtés, lui annonçant alors qu'il ne comprenait absolument rien. Encore les mêmes soupirs.

"Syka... Comment tu veux que j't'aide si tu sais même pas ce que tu comprends pas ?"

Répondait-il, une graine d'impatience dans la voix. Il ne savait pas trop par où commencer, il ne savait pas comment l'aider, cependant, il était habitué à ce que l'autre vienne souvent l'approcher pour réviser, arrivant sans avoir rien compris, passant alors toute l'après-midi avec Adonis, son ami. Il faisait exprès, avec son air ahuri, et son grand sourire, il savait très bien comment le Gryffondor réagissait, ce dernier était décidément bien trop prévisible.

Il balayait les cours du regard. Finalement ce n'était pas si mal, lui aussi, ça lui permettait de réviser, il n'ouvrait jamais un cahier, il fallait dire. Juste après s'être raclé la gorge, il commençait, d'une voix lassée, à tenter de lui expliquer, ce qui était assez compliqué, étant donné qu'il ne comprenait pas ce qu'il y avait de compliqué dans ce cours durant lequel ils avaient passés tant de temps.

"Tu peux m'expliquer, sérieusement, ce que tu ne comprends pas dans le cours de la fabrication du Polynectar ? On en a fait, ensemble, en plus, ça avait bien marché, tu t'souviens ? Tu devrais te rappeler."

Son ton changeait un peu, s'adoucissant légèrement. Le garçon prenait une grande inspiration. C'était sa manière de faire, poser tout un tas de questions, pour le mener vers la réflexion. Au final, il n'y avait que pour des cours très théoriques qu'il fallait bien décortiquer le cours, et cette partie n'en était pas un. La suite, en revanche, s'avérait plus compliqué.

"Bon. Tu sais à quoi ça sert l'Amortencia non ? J'espère que oui." Il espérait vraiment. "Tu peux me dire quand elle a été inventée ? Les ingrédients qu'il faut pour la préparer ? "

Il n'avait même plus besoin de regarder pour s'assurer que Syka ne se tromperait pas, il avait largement eut le temps de tout mémoriser. Tapotant ses doigts sur le livre de son ami, il attendait ses réponses, avant d'être rapidement distrait par d'autres pensées.

"C'est quoi, toi, l'odeur de ton Amortencia ? Simple curiosité."

Il n'aimait pas vraiment faire la conversation, c'était un fait, mais c'était déjà plus intéressant que de réviser.