-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

Medicine | Ethan Stoker

Aller à la page : 1, 2  Suivant
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Medicine | Ethan Stoker Ven 14 Déc - 17:12

Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

Tout allait bien. Enfin. Tout allait bien. Depuis le début de l’année je fonctionnais comme un automate en mode économie d’énergie, à essayer de contenir ce qui n’allait pas chez moi, cette colère aveugle et déferlante sans aucun but. Et j’y arrivais...plus ou moins. Et puis du côté des bonnes nouvelles ( car heureusement il y en avait quelques unes), c’était l’agréable découverte d’Ethan à qui j’avais promis une aide indéfectible. Et même si la première potion que j’avais testé m’avait rendu aveugle et m’avait fait vomir pendant une bonne demie heure ( not my proudest moment), nos expériences avançaient doucement pour trouver le moyen d’entraver ses perceptions sensorielles juste ce qu’il fallait. Ca avait demandé du temps. Du temps passé au dessus d’un chaudron, le nez dans des grimoires obscurs avec un peu de chill music. Du temps passé dans les toilettes à vomir. Et du temps passé sous les gradins du terrain de quidditch à tester.

Mais tester quoi ? Son acuité visuelle à l’aide de l’étendue que nous offrait le terrain de quidditch. Sa perception olfactive à l’aide de différentes essences plus ou moins concentrées. Son humeur, car oui, une potion mal élaborée pouvait influencer son état mental. Mais aussi principalement là où le bat blessait : le sens du toucher. Et à ce sujet mon cadre référence s’organisait sur trois axes : la perception des matières, la sensibilité à la douleur  et la perception du flux sanguin puisque c’est ce qui lui posait le plus de problèmes au quotidien. D’abord au repos, sans rien, ensuite s’il touchait mon poignet, mon cou, ou directement la poitrine par dessus un vêtement. Et ensuite la même chose mais après avoir couru un petit sprint histoire de simuler l’effort.

Et je me surprenais à attendre avec impatience ces expérimentations, ces rendez-vous isolés où l’on pouvait avancer dans l’histoire de la magie et peut-être trouver une solution à ses problèmes. Mais pas uniquement pour ça. Ethan avait l’avantage d’être toujours motivé, jamais de mauvaise humeur et persévérant malgré nos échecs. Il lui arrivait souvent de sourire et trouver une plaisanterie pour alléger l’atmosphère. Il était là, fiable, prêt à tout. Et surtout il ne prenait pas mal le fait que lorsque l’on testait sa perception sur le flux sanguin, ma baguette restait pointée sur lui. Et à la longue ça m’avait suffisamment dérangé pour que je me justifie :

Je te fais confiance, tu sais. Mais tu me fais confiance aussi pour te rattraper si tu tombes, non ?



Car le demi-vampire n’était pas mon ennemi. Son sang-froid et sa façon de gérer ses perceptions forçait le respect, je ne pouvais qu’être impressionné face à un tel contrôle de soi. Je l’enviais presque. Même si voyais sa mâchoire se tendre lorsque la paume de sa main se plaquait sur mon cou après avoir couru. Même si je devais parfois l’encourager à le faire et le rassurer.

En effet, tout allait bien. Plus ou moins. Jusqu’à ce que mes expérimentations avec Cécilia ne révèle un secret longtemps caché. Une bombe nucléaire sur ma vie qui me donne le vertige. Et je pars dans tous les sens, mon esprit s’insurge, se rebelle, se met en colère et geint. Tout ça en même temps. Je ne suis pas Ethan. Je n’ai plus le contrôle. J’avance dans la réalité comme dans un rêve impalpable, tantôt incapable de me concentrer et complètement ralenti, et ensuite avec ma cerveau qui fonctionne à 200 à l’heure. Je ne suis pas fonctionnel. Cette phrase qui se répète comme un mantra, un triste diagnostic : je ne suis pas fonctionnel.

Et donc je ne peux pas rencontrer Ethan ce soir. J’évite mon engagement en restant évasif et pourtant sincère. Non, je ne vais pas bien, je suis en petits morceaux. J’ai peur d’éclater en sanglot ou de rire en respirant un peu fort. Mais je ne peux pas lui dire ça, n’est-ce pas ? Alors pour m’éviter davantage ce tiraillement dans la poitrine, ce sentiment de culpabilité dans ce demi-mensonge, je mens pour de vrai. “J’ai juste besoin de dormir”. Une belle façon de clôre la conversation et l’empêcher de m’envoyer davantage de messages. Le poufsouffle est si prévoyant et attentionné, je sais que ça va marcher. Même si je me sens si mal de l’envoyer bouler. Même si mon estomac se tord à l’idée de le trahir un peu et de le rejeter. Demain est un autre jour.

Et le jour se lève après une longue nuit à me retourner, prisonnier indécis entre la colère et la tristesse. Tous mes gestes sont automatiques. J’évite de parler à qui que ce soit, le regard dans le vide. Je brosse les cheveux mais ne les attache pas. Je troque mon déodorant habituel pour quelques gouttes d’essence de lavande. J’enfile un pull noir à col roulé. Je vais m’asseoir dans la grande salle pour avaler quelques bouchées à travers ma gorge serrée. Les potions sont là, dans mon sac. J’abandonne mon petit- déjeuner pour me rendre à notre point de rendez-vous : sous les gradins du quidditch.

Il fait gris ce matin. Il pleut un peu. Et je marche anxieusement vers les terrains. Ethan va remarquer que quelque chose ne va pas. Quelle excuse je pourrais lui inventer pour justifier mon état mental fragile et les cernes sous mes yeux ? Quel mensonge ? Est-ce que j’ai envie de lui mentir ? Non. Je ne peux pas lui dire la vérité. Ca. me. briserai. Alors, Bertram, on ravale tout ça, on se focalise sur le but et on joue la comédie. Tu peux le faire, tu le sais.

Hey ! Ah tu es là ? Ca va bien aujourd’hui ?



Ma voix et mon ton enthousiaste me semblent faux et exagéré. Je fouille dans mon sac pour mon sortir les flacons, un sourire forcé sur le visage. J’agite le flacon en mimant l’impatience, forçant un rire qui n’avait rien de naturel

Prêt à tester quelques poisons, hm ? Ahahahaa !



Ca me faisait mal à quel point je ne parvenais pas à créer l'illusion. C'était pathétique.

DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Ven 14 Déc - 18:32


C’est toujours avec un mélange égal d’appréhension et d’impatience que j’attendais les rencontres avec Bertram. Les premières fois avaient été particulièrement stressantes pour moi et j’avais dû lui demander de se répéter, lorsqu’il avait proposé pour la première fois que je prenne son pouls volontairement pour voir les limites de mon contrôle sur ma soif. C’est difficilement qu’il avait fini par me convaincre, effrayé que j’étais de déraper durant l’un des tests et de me jeter sur lui sous les gradins, là où personne ne pourrait intervenir. Heureusement, nous étions bien d’accords sur un point : il devait avoir sa baguette magique en main, prêt à se défendre si jamais je devais dépasser la mince ligne séparant expérimentations et petit déjeuner. Ceci dit, je lui avais caché la présence de pansements dans mon sac, accompagnés d’une bouteille de jus et d’une collation. Bien sûr, rien de tout cela n’était pour moi. Mais si je devais lui faire du mal, je devrais être préparé à le soigner et à lui offrir de quoi reprendre des forces. Même dans un contexte comme celui-là, je refusais de ne pas penser à son bien-être. Si les choses tournaient au pire alors je devais pouvoir être en mesure de réparer mes erreurs.

Ce qui me rassurait, c’est que Bertram semblait prendre tout cela avec autant de sérieux que moi, sans pour autant se montrer trop sérieux. J’étais toujours en la présence d’un ami et jamais n’avais-je l’impression d’être un vulgaire sujet d’expérimentation. Nos petites recherches se faisaient dans un cadre de confiance mutuelle alors que nous comptions implicitement l’un sur l’autre pour que tout se passe bien. C’était tellement vrai que le serdaigle avait fini par éprouver des remords au fait de continuer à me pointer sa baguette sous le nez, éprouvant le besoin de se justifier pour nous rappeler à tous les deux qu’il ne s’agissait pas d’un mur entre nous, seulement d’un outil pour nous permettre de justement continuer à avancer ensemble.

« Exactement. Je ne serais même pas surpris que ta baguette me rassure plus moi que toi. »

Et nous avions continué, rassurés tous les deux. Ainsi, lorsqu’approchait la rencontre suivante, je me sentais nerveux, mais également impatient. Il n’y avait qu’avec Bertram que je me sentais libre de parler de ces choses sans qu’il prenne peur ou sans qu’il vienne contester ma propre vision de moi-même. Il comprenait, il respectait et il voulait m’aider à trouver des solutions pour vivre avec mon vampirisme en accord avec ce que moi j’avais choisi et pas ce que le reste du monde pensait qu’un semi-vampire était obligé de faire. Pour moi, c’était quelque chose d'on ne peut plus précieux. Inutile de dire que je fus pris de court lorsqu’arriva son message texte. J’avais déjà quitté le dortoir des Poufsouffles, m’arrêtant sur mon chemin avec un air inquiet pour lui répondre. Lorsque je lui envoyai mon message lui offrant de venir le voir, je m’étais déjà dirigé vers les escaliers, réfléchissant au chemin le plus court jusqu’à la tour des Serdaigles. Mais ses messages suivants m’avaient découragé de monter, stipulant qu’il avait simplement besoin de se reposer et qu’il préférait remettre notre rencontre au lendemain. Mécontent, et franchement inquiet, j’avais fini par plier et retourner dans mon dortoir pour étudier. Enfin, essayer.

Je m’étais installé avec des notes de cours, mon portable bien en vue. Je lui jetais des coups d’œil toutes les cinq minutes, prêt à réagir si Bertram devait changer d’idée et me demander de passer pour prendre soin de lui ou l’aider à gagner l’infirmerie. Au final, pas de nouvelles supplémentaires. La nuit avait suivi le même schéma et je n’avais donc eu que peu de sommeil, me réveillant à intervalles réguliers malgré moi pour regarder si j’avais de nouveaux messages de Bertram. Toujours rien. J’hésitai, à un certain point, à réveiller Argus, mais me ravisai. Pour une fois que le bougre dormait bien et qu’il ne venait pas quémander ma compagnie suite à un cauchemar. Valait mieux le laisser profiter de sa nuit de sommeil.

Au levé du jour, je me dépêchai d’aller me laver et de passer à l’infirmerie, comme à chaque matin. J’étais d’ailleurs plus prudent qu’avant, ne désirant certainement pas répéter l’accident qui avait eu lieu avec la Serpentard de l’autre jour. J’avais aussi pensé à mettre ma cravate et mes lunettes dans mon sac, tel que demandé par le Serdaigle, bien que me sentant peu concerné par ce test. J’étais bien plus occupé à penser à mon ami qu’à nos expériences du jour. Pressé, j’arrivai le premier à notre point de rendez-vous, faisant les cent pas jusqu’à ce qu’arrive finalement Bertram, l’air sans doute au moins aussi fatigué que moi. Au moins il avait pensé à enfiler un manteau, mais le vent passait facilement ici et je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet pour sa santé. Le regard attristé, je le regardai faire son petit manège tout en retirant mes gants noirs et jaunes pour les tendre vers lui alors qu’il agitait un flacon auquel je n’accordai même pas un coup d’œil.

« Tiens, mets plutôt ça. »

Le ton avait été plat, morne. Il trahissait assurément mon propre manque de sommeil jumelé à mon inquiétude alors que mes iris parcouraient son visage à la recherche de toutes traces de symptômes quelconques. Alors que j’étais habituellement du genre direct et à ne pas aimer faire dans les délicatesses et les petites politesses, je ne voulais pas non plus le brusquer. Je voyais qu’il n’avait pas envie d’en parler, qu’il n’avait pas envie de m’en parler. Et du coup je me sentais un peu coupable à l’idée de le forcer, mais aussi surtout un peu triste à l’idée qu’il ne se sente pas assez à l’aise avec moi pour désirer s’ouvrir de sa propre volonté. Au final, je ne pouvais que tenter de faire le meilleur des deux mondes, espérant arriver à trouver le bon équilibre dans mes mots.

« Me prends pas pour un con, je sais que ça va pas. Si t’es pas à l’aise d’en parler avec moi, je vais respecter ça. Mais t’as pas à faire semblant que ça va. Si tu veux on trouve un endroit qui soit plus chaud ou on reporte à une autre date. Te force à rien à cause de moi. »
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Ven 14 Déc - 21:12

Bitter Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

J’avais toujours eu un faible pour ces lieux secrets et cachés, les rendez-vous mystérieux. C’est pour ça que j’avais choisi le dessous des gradins. Les poutres nues en bois brut qui se dressaient, suffisamment épaisses pour se cacher au cas où. La lumière froide de ce matin pluvieux transperçait à peine les tapisseries colorées. En général on se cachait sous les bannières poufsouffles, plus claires, qui laissaient passer la lumière.

Le même endroit où notre confiance s’était établie. Ethan savait que ma baguette pointée sur lui n’était pas un signe de méfiance ou d’attaque, mais une sécurité que lui-même avait recommandé. Et il ne m’en voulait pas. Et moi, je devais m’habituer à traiter un amis comme un éventuel danger, juste par prudence. Et quand Ethan parlait, je l’écoutais, et j’essayais de me montrer plus sensible à ces combats qu’il devait mener chaque jour. Et ça pouvait passer par de simples petits détails, comme utiliser de l’essence de lavande comme déodorant ou encore porter un col roulé.

Il ne commente pas. Il ne répond pas. Il me propose ses gants, noir et jaune comme poufsouffle et j’accepte pour ne pas laisser le silence couler, ne pas m’arrêter, ne pas réfléchir.

Oh ouais, merci. J’ai oublié mes gants, quel crétin ! Heureusement que j’ai encore ma tête sur mes épaules sinon je la perdrais aussi.



Je suis une machine cassé. Si je m’arrête, j’ai peur de me disloquer. Je me rends compte des interférences, cette voix trop forte, cet enthousiasme artificiel. C’est évident. Je me débats pour que ça le soit moins. Mais tout s’échappe, ma maîtrise coule entre mes doigts. C’est trop pour moi. Rien ne semble juste dans cette cacophonie de n’importe quoi alors j’essaie de maintenir cette façade en un seul morceau.

Mais Ethan s’en fiche. Il s’en rend compte et enfonce ses doigts dans les fissures. Il efface ce maquillage, ce portrait mal dessiné au dessus de mon visage. Toujours aussi franc et direct, c’en est presque douloureux. Il dit que je n’ai pas à faire semblant. Il dit qu’il respecte ça si je ne veux pas en parler. C’est ce qu’il dit mais je sais qu’il est déçu. On peut l’entendre sa voix. C’est pas nouveau, je suis une déception.

Non, non, non hein ça va. Ca va. Je vais bien. Je ne suis pas malade...Et puis j’adore cet endroit, pas toi ?



J’étends les bras brièvement pour montrer notre petit coin secret avant de les laisser tomber.Et pour empêcher le silence pour m’empêcher de m’arrêter, je poursuis avec une fausse nonchalance

Je t’assure, c’est juste - trois fois rien - des petites contrariétés, c’est tout, ahaha !



Et plus je parle, plus je réalise qu’il n’y a aucun moyen qu’il arrive à me croire. A chaque ajout, je me sens plus mal, plus fragile, plus faible. Je sais bien que je le déçois, c’est pour ça que j’évite son regard. Ca serait tellement plus simple si je pouvais me montrer défensif. Cruel. Ca serait mon premier instinct - celui de l’animal blessé qui vise la gorge. Laisse-moi tranquille. Dans ma tête dansent les cruautés que je pourrais lui lâcher, ça pourrait venir si facilement.

Mais ce n’est pas ce que je veux.

Et le temps de me décider, dans ce silence qu’il maintient, je peux entendre la  bruine qui s’écrase régulièrement sur le bois et les tapisseries. Je sens un vent glacé me traverser. Et je me sens trembler à l’intérieur et à l’extérieur. Le froid, la fatigue, la nervosité. Je sais, que je suis en train d’échouer sur tous les plans.

Mes doigts viennent se poser sur mon front, faire mine de le gratter en penchant la tête pour me donner une contenance. Il doit bien y avoir quelque chose que je peux lui dire. Un beau mensonge, une belle excuse pour cimenter tout ça et régler le problème. Mais ces pensées me filent entre les doigts, s’enfuient hors de ma portée. Il ne reste quelques mantras qui se répètent. La déception, l’abandon, l’inutilité, le mensonge, la faiblesse.

Je-



Mes lèvres se pinçent fermement, je suis incapable d’ajouter le moindre mot sans laisser échapper ce sanglot que je garde depuis quelques mois. Non, ce sanglot de 19 ans. Ne jamais pleurer devant les autres - c’est ce que grand-père m’avait dit avant que j’aille à Poudlard pour la première fois. Ne jamais pleurer devant les autres - ça te rend vulnérable. Mais le voilà, ce sanglot, dans ma gorge et je ne peux plus articuler un seul mot sans le laisser s’envoler.

Alors je garde les lèvres serrées, le visage fermé. Je lui tourne le dos, presse mes paumes contre mes yeux en essayant de contrôler ma respiration qui s’affole. Mon corps veut tout lâcher. mais pas moi. Je ne veux pas. Je ne peux pas.

Même si Ethan est plutôt compréhensif, même s’il est plutôt stable. Je ne peux pas.

Alors je laisse la place au silence et à la pluie.

DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Sam 15 Déc - 1:31


Au moins il a pris mes gants. Voilà la seule pensée que j’arrivai à trouver en guise de maigre consolation. Je sentais ma propre gorge se serrer, un écho de sa douleur sans doute, se répercutant sur moi de façon involontaire. Sa réponse se veut joyeuse, lumineuse, mais elle sonne creux et fausse. Sa voix le trahit, tout comme son visage crispé sous la nervosité et ses yeux paniqués. Il faudrait volontairement choisir d’ignorer tous ces signes pour ne pas réaliser tout le mal qui rongeait Bertram. Et, évidemment, il aurait été contre ma nature de ne pas m’inquiéter, de ne pas vouloir agir, l’aider. J’avais donc foncé, espérant sans doute naïvement que de crever l’abcès lui faciliterait les confidences. J’avais beau dire que je ne voulais pas l’y forcer, certaines situations avaient le don de me rendre plus combatif qu’à l’habitude. Voir un ami qui m’était cher souffrir dans le silence et la solitude était, de manière attendue, l’un de ces scénarios qui ne me laissaient pas de marbre.

La voix menteuse, c’est presque compulsivement qu’il nia avoir un problème. Bertram refusait d’avouer, de se montrer vulnérable devant moi. D’admettre que quelque chose n’allait pas alors que, pourtant, c’était l’évidence même. Au moins il mentionna ne pas être malade et, en cela, j’estimai qu’il ne mentait pas. Enfin, je pouvais avoir tort remarque. Puis était-ce vraiment une bonne nouvelle ? S’il avait simplement contracté une maladie, il aurait été possible de la soigner avec la bonne attention. Si la douleur venait plutôt du cœur, alors les choses pourraient être plus compliquées. Sans compter que j’ignorais depuis combien de temps il dissimulait ses souffrances. Aurait-il eu à endurer des maux qui m’étaient inconnus pendant tout ce temps ? Avais-je été un ami déplorable, incapable de reconnaître sa peine et de l’aider avant qu’il n’atteigne un point de rupture ? Que pouvais-je faire pour l’aider ? Pour améliorer les choses ? Peut-être même pour me racheter ?

« Ouais, j’aime cet endroit aussi. »

Mais mon regard de ciel gris n’avait guère quitté la silhouette du brun. Si les pensées n’y étaient pas, cette affirmation était tout de même bien véridique. Retrouver Bertram ici était devenu une habitude plaisante, qui avait le don de m’apaiser au quotidien. Sans trop le réaliser, j’avais pris l’habitude de compter sur lui, de lui raconter toutes les petites choses moins fun qui venaient avec le vampirisme. L’habitude de me reposer sur sa présence, sur sa compagnie et sur son intellect. J’aimais me tourner vers Bertram car il avait toujours réponse à tout ou, s’il ne l’avait pas, il avait toujours une idée pour les trouver, les réponses. Et maintenant que je le voyais en cet état, je me demandais si, quelque part en chemin, notre relation ne s’était pas débalancée. Peut-être que, malgré moi, j’avais accepté de le laisser m’apporter bien plus que je ne lui apportais. Peut-être n’avais-je pas été assez présent, assez fiable. Peut-être n’avais-je pas réussi à le protéger de menaces que je ne soupçonnais même pas.

Trois fois rien - des petites contrariétés, c’est tout. Je sens mon visage se renfrogner. Il ne pense pas vraiment que je vais croire ça ? Probablement pas, mais c’était bien la seule chose qu’il pouvait faire pour se protéger ou, à tout le moins, c’est ce que j’imaginais. Bertram aussi avait sa fierté et je ne pouvais lui enlever ça. Je le comprenais en un sens, mais ce n’était pas moins frustrant de me sentir impuissant dans une situation comme celle-là. Dans ce silence brisé seulement par les sanglots de la pluie, je me sentais devenir plus tendu avec chaque seconde qui passait. Plus il se brisait et plus je me sentais serrer les poings, serrer la mâchoire. Le voir dans un tel état suffisait à me mettre à l’envers, à me donner envie de combattre l’être qui avait causé tant de malheur si cela pouvait le soulager ne serait-ce qu’un peu. Car forcément ce devait être la faute de quelqu’un. S’il n’était pas malade alors c’est qu’un événement l’avait profondément ébranlé. Ou peut-être s’était-il simplement produit une tragédie dont je ne connaissais rien ? Je devais conserver un esprit clair, ne pas sauter aux conclusions simplement car j’endurais mal de voir Bertram souffrir ainsi. Il aurait besoin de quelqu’un de rationnel et de pratique sur qui compter, pas d’un être agressif et prêt à sauter sur tout ce qui bougeait à l’aveugle en espérant que les choses s’arrangent.

Je- Bertram… Ses limites semblaient s’être dangereusement rapprochées. Il me tournait à présent le dos, son visage caché par ses mains. J’avais l’impression qu’il tentait vainement de retenir un masque, de retenir son identité là où elle était de peur qu’elle ne se fracasse ou qu’elle lui glisse entre les doigts. Je restai immobile un instant, craignant de faire la mauvaise chose. De ne pas réussir à l’aider. Mais au fond, le laisser affronter tout cela seul n’était pas une solution non plus. Valait mieux essayer et risquer de me brûler les ailes que de le laisser dans cet état plus longtemps sans intervenir. Je m’approchai donc, restant dans son dos pour ne pas le brusquer, ne pas le forcer à me regarder. S’il n’était pas prêt alors soit, je ne le forcerais pas. Je voulais seulement qu’il sache que j’étais là. Délicatement, je laissai ma main se poser sur son épaule. Je n’y avais appliqué aucune pression, n’avait pas osé faire plus. La douce odeur de lavande émanant du jeune homme me rappelait que, sous ses airs de premier de classe qui avait toujours réponse à tout pouvait aussi se cacher un être sensible, précieux. Un individu que je n’aurais jamais voulu blesser, bien au contraire.

« T’sais c’est pas grave, s’il y a un peu de pluie sur tes joues. Il faudra simplement penser à les sécher après. »

Tu as le droit de pleurer devant moi. C’est pas grave. On dira que c’était la pluie, on fera comme s’il s’était rien passé. Une excuse totalement débile, probablement. Qui ne le réconfortait sans doute pas vu à quel point c’était nul. Je devais faire mieux, je devais trouver mieux. Ma main sur son épaule se fit plus confiante, plus décidée, plus présente et plus chaude, plus réconfortante je l’espérais.

«Tu n'es pas seul. Quel que soit le problème, je suis là, avec toi. Je t’aiderai à trouver des solutions et à arranger les choses. Et si vraiment c’est impossible ou que tu ne veux pas de mon aide alors… Je serai là quand même. »


Quelle que soit la source de ta douleur, tu n’auras pas à l’affronter tout seul. Tu n’as qu’à me faire signe et je serai là. Promis.
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Sam 15 Déc - 15:10

Bitter Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

De papier et de verre. J’ai l’impression d’être fait de papier qui se froisse et de verre qui éclate, qui remonte dans ma gorge et m’empêche de parler. Ethan ne s’y attendait probablement pas mais le voilà en bon poufsouffle, en bon ami à essayer de ramasser les morceau. A essayer de trouver les mots pour dire ce qu’il pense que je veux entendre. T’sais c’est pas grave, s’il y a un peu de pluie sur tes joues. Il faudra simplement penser à les sécher après. Il m’encourage à mentir plus, quelque part il a compris le genre de personne que je suis. A se faire des excuses sans cesse. Il veut probablement me rassurer mais là ça me donne l’impression qu’il cherche lui aussi à me faire ravaler mes mots et mes douleurs. A les enfoncer dans ma gorge parce qu’il ne veut pas les entendre. Mes lèvres pincées, j’avale la pilule amère, je ravale mon sanglot, du moins j’essaie. Personne ne veut voir à quel point tu peux être pathétique.

Je suis figé, paralysé, mes mains collés sur ce visage qui fuit un peu, ce visage que je ne veux pas montrer : le mien, le vrai. Sa main se pose timidement sur mon épaule pour me soutenir. Evidemment qu’il ne sait pas quoi faire, ça doit être terriblement gênant. Allez, Bertram. Du nerf, reprends-toi un peu. Ethan n’est pas là pour ça . Et mes stratégies de défense reprennent le dessus. Qu’est-ce que ça peut lui faire ? Il n’est pas là pour ça. J’essaie de reconstruire ces remparts qui ont éclaté, de transformer le papier en brique et le verre en métal. Rebâtir la façade effondrée. Mais c’est si difficile quand ses mots sont si doux. Je sais qu’il est sincère, ce poufsouffle stupide, et ça me donne envie de le croire. Et ça me fait faire des gestes non calculés.

Je fais volte-face, la tête toujours penchée en avant et j’attrape les pans de son manteau avant de me figer. Comme ça. Un bras de distance, mes doigts serrés autour du tissu épais - figé à la moitié de mon mouvement, sans un mot.

Geste irréfléchi je sais. Je désirais son soutien, lui qui me semblait si stable, si constant, si attentionné. Je lui aurai remis ce corps inutile, cette âme inadéquate juste quelques instants - juste pour avoir une pause. Je ne savais pas vers qui me tourner pour trouver un réconfort émotionnel. Juste m’abandonner un moment, me laisser aller en toute sécurité contre quelqu’un d’autre. Je l’aurai fait aveuglément si seulement je ne m’étais pas rappelé à la dernière minute de l’épreuve que je lui aurais imposé. J’avais confiance en lui. J’avais peur. Je voulais juste...un moment de répit.

Vraiment ?



Ce filet de voix éteinte, sans vie, brise le silence.

Il pense vraiment dire la vérité mais est-ce qu’il est capable de garder ce genre de promesses. Il ne me connaît pas vraiment, c’est le dernier bastion vers lequel je peux me retrancher. Je n’ose pas relever la tête. Mes épaules se soulèvent et se baissent dans un soupir lourd de sens. L’air recommence à remplir mes poumons. Je fixe mes mains gantées sur lui, des serres qui refusent de lâcher. Je fixe nos chaussures. Et lentement je relâche la pression et je me redresse faiblement, en reniflant un peu, essuyant les marques sur mes joues.

Tu ne peux rien faire.



Cette même voix éthérée et épuisée qui revient, saccadée.

Désolé si. Je ne suis pas. moi-même. aujourd’hui. Ou bien. peut-être que je le suis.



J’éclate d’un faible rire nerveux. Est-ce qu’il a compris ? Est-ce qu’il se doute de ce mensonge que je vend à tout le monde, à quel point je me cache ? Est-ce qu’il garderait toujours sa promesse en sachant ça ? Peut-être que j’élaborerais plus tard, quand j’aurai retrouvé mes mots et que j'aurai retrouvé mon calme. Je relève la tête en soupirant. Ce sourire faux a disparu pour un air dépité mais qui a le mérite d’être sincère. Avec un peu de chance on pouvait faire semblant que je n’avais pas les yeux rouges et les joues humides.

Bon...on n’est pas là pour ça. On a du boulot.



Pierre et métal, Bertram.
Je sors mon téléphone de ma poche pour lui poser la seule question du cadre de référence que je dois poser à chaque tentative.

Comment tu te sens aujourd’hui ?



Pour vérifier si la potion ne modifiait pas son comportement ni son humeur.

DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Sam 15 Déc - 16:29


Le voir dans un tel état me chagrine, évidemment. Avais-je dit ce qu’il fallait ? Avais-je réussi à lui offrir un peu de réconfort ? Le pouvais-je seulement ? Je l’espérais en tout cas, mais je n’étais pas certain de moi-même. Bertram s’était tourné vers moi, sans pour autant lever les yeux jusqu’aux miens. Il s’était simplement accroché à ma personne et je l’avais laissé faire, mon propre regard doux, triste et compatissant ne s’étant pas détaché de lui, espérant entrevoir son visage par-delà sa chevelure. Si je n’avais écouté que moi, sans doute l’aurais-je attiré plus proche. Peut-être même lui aurais-je lentement caressé le dos par-dessus son manteau dans une tentative semi-réussie de le réconforter un peu. Mais le Serdaigle s’était arrêté à ça, il n’était pas allé plus loin et je n’étais pas du genre à forcer les contacts physiques. Et quelque part je le regrettais un peu, en cet instant. J’aurais aimé être un peu plus brave, un peu plus irréfléchi, et le serrer dans mes bras même s’il ne m’avait strictement rien demandé. Et pourtant j’ai manqué ma chance. À la place, ce sont de simples mots que je lui offris. Une promesse que je pensais du fond du cœur, mais qui n’aurait jamais assez d’impact. Les mots ne sont que des mots. Vraiment ?

« Je te le promets. »

Et ma propre voix avait eu du mal. Je n’étais guère imperméable à sa douleur, à sa tristesse. Elle se reflétait sur moi, m’éclaboussait et m’influençait. Malgré tout, je demeurais moi aussi silencieux, je le laissais faire. Qu’il prenne tout le temps dont il avait besoin, je serais là. J’attendrais qu’il soit prêt à parler, à relever la tête ou à que sais-je d’autre encore. Je n’en savais pas assez pour agir autrement de peur de faire une bêtise, de dire ce qu’il ne fallait pas et d’empirer les choses. Tout ce que je pouvais faire, c’est d’être présent. Bertram me confirma d’ailleurs ma plus grande crainte. Tu ne peux rien faire. Ma mâchoire s’était tendue et mon regard avait prit des teintes amères. Un début de frustration qui fourmillait en moi, qui m’incitait à maudire ma nature calme, réfléchie. J’étais du genre à lui donner le bénéfice du doute, à ne pas vouloir prendre de risques de crainte de laisser ressortir certains aspects de ma personne que j’avais tenté d’enfouir toute ma vie durant. Mais maintenant Bertram souffrait et me pensait lui aussi incapable de remédier à ses maux. Aurait-il pu en être autrement si seulement je n’avais pas si peur de ce que je pouvais faire ? Serais-je prêt à remettre certaines de mes décisions en question si cela me permettait de soulager un être cher ? Désolé si. Je ne suis pas. moi-même. aujourd’hui. Ou bien. peut-être que je le suis.

« Ne t’excuse pas. »

J’aurais normalement aimé y joindre une parole douce, un encouragement, un rappel du support que je m’étais décidé à lui apporter. Mais ça n’était pas sorti. Au lieu de ça, c’est cette courte phrase qui m’avait échappé, prononcée sur un ton plus bas, plus assuré qu’à l’habitude. Je n’avais pas dit cela pour le rassurer, malgré moi je le lui avais presque ordonné. La frustration de ne pouvoir l’apaiser s’exprimait sous une autre forme, éveillant certains instincts que je taisais plutôt bien, en des circonstances plus courantes. Il avait relevé la tête et essuyé ses joues, mais je pouvais toujours voir le spectre de ses larmes, certaines d’entre elle souillant toujours sa peau. Je ne pouvais non plus ignorer la tristesse sur son visage alors qu’il s’efforçait de se remettre en selle et de faire comme si rien ne s’était passé. Du boulot hein. C’était bien un Serdaigle. Chasser ses soucis et ses tourments via une activité calculée, un moment de recherche cartésien où il pouvait s’oublier un peu. Je pourrais faire comme d’habitude, me plier à son choix sous prétexte que je le respectais. Comment tu te sens aujourd’hui ? Tu serais surpris d’avoir la réponse, Bertram.

Je m’étais rapproché de lui, mon visage trahissant mes différentes pensées. Mes traits reflétaient ma peine, ma déception de ne pas avoir pu le protéger de quiconque ou de quelconque événement ayant eu un tel effet sur lui. Néanmoins, mes yeux racontaient une histoire différente. Fenêtre sur l’âme, ils ne savaient mentir et toute ma frustration se manifestait en un éclat cramoisi. Si les yeux de Bertram avaient rougi sous le poids des larmes, mes iris s’étaient fait de sang en une réaction que je n’avais ni prévue, ni remarquée. Je voulais simplement agir, simplement serrer les poings et foncer pour une fois. J’estimais que l’enjeu en valait la peine et, par conséquent, ma nature montrait le bout de son nez alors que ma main s’imposait à sa joue, mon pouce venant essuyer ce qu’il avait manqué. Je n’avais attendu aucune permission, une pensée dangereuse traversant mon esprit. Une pensée de vampire. Personne n’a le droit de faire pleurer ce qui est à moi.

« Je ne te laisserai pas mettre tes problèmes de côté pour t’occuper des miens. »

Tu ne peux rien faire. Bien sûr. Je ne faisais jamais rien. On avait beau me traiter de monstre, me provoquer, se moquer de mon incapacité à être un « vrai vampire » et je laissais tout passer. Rien n’était interdit, rien n’était de trop, rien ne me donnait envie de me battre en retour ou de faire taire mes détracteurs. Ce n’était que moi, je pouvais encaisser sans problèmes. Mais si quelqu’un sur cette Terre avait osé faire pleurer Bertram, c’était différent. Très différent.

« Qu’est-ce que l’on t’a fait ? Qui t’as blessé ? Nous verrons s’il est vrai que je ne peux rien faire. »

Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Sam 15 Déc - 18:00

Bitter Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

Ethan promet, et une fois de plus j’ai envie de le croire. D’autres pensées se faufilent. Peut-être que tu devrais lui accorder une chance. Lui, il l’a fait. Il m’avait avoué ses problèmes, ces choses intimes et personnelles qu’il n’aurait probablement pas partagé avec tout le monde. Mais moi, je n’avais pas le courage de rétablir l’équilibre.

Je le faisais exprès. Ca avait toujours été comme ça. Laisser les autres parler d’eux, donner le minimum d’informations sur moi-même et pourquoi ? Parce que j’avais peur. Peur de m’attacher, peur d’être rejeté pour qui j’étais. Et à la longue c’était devenu une habitude, je me complaisais dans ce secret, bien en sécurité, en me disant que personne n’aurait l’occasion de vraiment me connaître. Et que ce mantra, ce tu ne me connais pas resterait mon ultime rempart derrière lequel se retrancher.

Il refuse mes excuses. Et même si le ton de sa voix est plus sévère que d’habitude, je sais ce qu’il signifie. Il n’y a pas de raison de t’excuser. Et pourtant, j’avais ressenti le besoin de le faire. Car après tout j’avais endossé la responsabilité de l’aider - j’aurai peut-être dû éviter de lui donner rendez-vous aujourd’hui. J’aurai dû attendre. Mais je ne l’avais pas fait pour lui. Si j’étais vraiment honnête, je devais admettre que je l’avais fait pour moi. Je croyais que ce petit moment sympathique passé avec mon ami poufsouffle se passerait sans accroc. Je pensais que ça me remonterait le moral. Et j’avais pensé- à tort - que j’étais capable de faire illusion face à lui.

Et alors que je retrouvais à peine un semblant de calme, que j’essayais de reprendre cette routine rassurante comme une béquille sur laquelle m’appuyer - à défaut de pouvoir l’utiliser, voilà qu’il me fixait.

Je ne l’avais jamais vu comme ça avant. Son regard d’ordinaire doux et compatissant, ce vert tendre transformé par une lueur cramoisie. Je n’avais jamais observé une telle intensité à part peut-être lorsque j’avais fait face à cet hippogriffe sauvage. Sauf que dans son regard se traduisait une colère, un feu déterminé. Comme pour l’hippogriffe, le danger avait cet attrait primal, ce magnétisme irrésistible qui m’empêchait de prendre mes jambes à mon cou. Je restais campé sur mes pieds, l’adrénaline faisait battre mon coeur et aiguisant mes réflexes. Sans le détacher des yeux, je sors ma baguette de ma poche discrètement.  Non je n’ai pas oublié mon serment - je vais juste attendre le dernier moment. Je lui dois bien ça.

Mais ses lèvres ne s’ouvrent pas. Il me fixe, insondable, décidé. Mes paupières battent lorsque son pouce touche ma joue en un geste tendre. Je ne m’attendais pas à ça. Pas du tout.

Je ne te laisserai pas mettre tes problèmes de côté pour t’occuper des miens.



Je n’ai rien à répondre à ça, encore un peu sous le choc de cette soudaine intensité. Donc c’était ça qu’il voulait dire par “ tu ne m’as jamais vu en colère.”

C’est un drôle de contraste, son regard furieux et son geste délicat. Ca me secoue un peu. Je ne le croyais pas capable de ça. Je ne sais pas vraiment quoi penser. Ces gestes simples, je brûlais de les recevoir. A ce niveau là ma soif pouvait égaler celle du demi-vampire. Là tout de suite, c’est ce qu’il me manquait. Quelqu’un sur qui me reposer. Ces gestes tendres, une étreinte pour me soutenir, une main dans mes cheveux. De l’affection. Peu importe la forme.

Et malgré moi, à cause de ses mots, mes lèvres s’étirent en un sourire, les yeux brillants de gratitude.

Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un défenseur aussi farouche ?



Question rhétorique. Je ne le mérite pas. Quand il parle j’ai vraiment l’impression qu’il est prêt à tout pour me défendre. Je n’étais pas habitué à ce genre d’attention. J’avais l’habitude de ne pas parler de mes problèmes et de me débrouiller seul.

Et ça m’a achevé. Sa détermination, son dévouement, la sincérité brutale dans son regard. Tu as gagné, Ethan.

Quelqu’un qui était prêt à se mettre en ligne de mire pour moi, méritait de connaître la vérité. Mon regard se baisse, il ne va peut-être pas aimer tout ce qu’il va entendre mais...tant pis. Gêné par la proximité et l’intensité de son regard, je vais m’appuyer contre une des poutres des bois. Oui, je vais parler, j’ai juste besoin d’un peu de temps pour reconstruire mon récit. Je ne suis pas particulièrement fier de ce que je vais lui avouer. Les mains dans mon dos, visiblement gêné, j’ose néanmoins croiser son regard. Décidemment Ethan n’est pas tout à fait ce à quoi je m’attendais non plus. Et c’est plutôt une belle surprise, une qui a l’art de me déstabiliser et de me pousser dans mes retranchements.

J’imagine que tu dois deviner que ...je ne suis pas toujours honnête. Loin de là. Mais ….je vais te dire la vérité.



Et c’est là que mon récit débute :

Depuis que je suis ici, lorsqu’on me posait des questions sur mon père, j’ai toujours menti. Même à toi.



Et là je lui explique les mensonges. Je lui explique l’absence d’un père inconnu. Mes rêves de gamins, ma curiosité...et surtout comment j’avais l’intention d’arracher une confession à ma mère. Les questions que je lui posais, ma crainte qu’elle aussi finisse par s’en aller. J’avais choisi d’être le fils parfait. J’avais longtemps espéré que ça me permettrait d’obtenir ma réponse. Qui était-il ? Est-ce qu’il ignorait mon existence ? Je lui racontais aussi la façon dont cet été, ma mère avait finalement craqué un peu, avouant qu’il était bien au courant de mon existence et qu’il n’avait pas la moindre intention de me reconnaître au point de passer un serment. Ma mère et mon père, tous les deux instigateurs de mon ignorance….par leur volonté.

Et hier, par pur hasard, j’ai découvert d’une façon ….certaine de qui il s’agissait….Et qu’il a eu des enfants après moi.



Je retrousse les lèvres un instant. C’est difficile à dire et difficile à entendre.

Et ça….ça me...Je ne sais pas. Je suis en colère, j’ai envie de lui montrer qui je suis tu vois….j’ai juste envie d’être en colère….Mais aussi...je...j’arrive pas à….penser correctement.



Je me débats pour m’exprimer, mais je n’ai pas envie de retomber dans des sanglots pathétiques. Mais en réalité je suis en colère...mais je suis si triste aussi.

Je déteste ça. Etre triste. Etre en colère. Et ...perdu.



Mon regard fixe le sol un instant avant de se relever vers lui. C'était difficile, mais c'est fait. Comment il va réagir maintenant ? Je tente avec humour et un faible sourire forcé :

Mais ne vas pas lui botter le cul. Laisse-le moi, c'est personnel.



DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Sam 15 Déc - 19:15


Nos regards toujours plantés l’un dans l’autre, je remarquai son mouvement dans mon champ de vision. Sa baguette. Mais ça n’avait pas suffit à me faire reculer, à faire flétrir cette détermination nouvelle. Implacable, j’avais avancé. Impérieux, j’avais essuyé ses larmes du pouce en une caresse tendre, protectrice. Cette fois, j’avais signifié mon refus de le laisser esquiver, de le laisser prendre la fuite et se concentrer sur moi. Je n’en avais que faire de son silence ou de sa surprise. Un nom, c’est tout ce que je voulais. Une cible, un coupable, n’importe quoi. Je l’aurais pris et je serais parti. Mais c’est autre chose que Bertram m’offrit : un sourire. Un regard illuminé, presque soulagé. Sans doute la seule réponse capable de m’apaiser ne serait-ce qu’un peu, de me rappeler ce que j’étais en train de demander et ce que je comptais faire de cette information. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un défenseur aussi farouche ?

« Hmpf, je pourrais te retourner la question. »


Laissais-je tomber alors que mon calme semblait me revenir, petit à petit. J’avais même réussi à forcer un sourire en coin qui n’était toutefois pas sans amertume. Il pouvait bien dire que j’étais forcené, mais s’il croyait ne pas le mériter c’est qu’il avait tort. Depuis Halloween que ça durait. Bertram arrivait avec ses idées, ses propositions, ses petits tests. Pire, le Serdaigle avait déjà choisi de servir de cobaye, chose que j’avais fortement désapprouvé en apprenant qu’il avait mis sa santé en jeu pour m’aider. C’était précisément ce que je voulais éviter en refusant de mordre autrui alors quel bien cela ferait s’il devait se retrouver aveugle, le dos courbé et occupé à recracher tout ce qu’il avait avalé ? Je ne méritais pas ça non plus, si on voulait vraiment être regardant. Mais il se donnait corps et âme pour m’aider à mieux vivre avec mon vampirisme alors, dans un cas comme celui-là, était-il si farfelu que je désire lui rendre la pareille ? Que je ressente ce profond désir de le protéger en retour ?

Je demeurai silencieux, le suivant des yeux alors qu’il appuyait son dos sur une poutre. Je choisis de faire de même, sur une autre poutre un peu plus loin, en diagonale de la sienne pour ne pas le forcer à me regarder directement. Bras croisés, je tentais de retrouver ma patience habituelle, ma compréhension et ma douceur. Lorsqu’il fut prêt, Bertram commença par m’avouer ne pas toujours être honnête. J’acquiesçai, guère surpris. Le jeune homme possédait une nature très secrète et j’avais toujours tenté de respecter ça. Enfin, ça c’était avant de le voir arriver en pleurs, bien sûr. Puis, les choses prirent une direction à laquelle je ne m’étais pas attendu. Son père. Je déglutis, mes cils battant une fois ou deux alors que mes iris reprenaient leur teinte de tous les jours. À ce stade, dire que nous avions beaucoup en commun aurait été un euphémisme. La seule différence, c’est que lui ne se souvenait plus de son père là où j’avais conservé de nuageux souvenirs du mien. Et que, visiblement, lui avait eu des nouvelles de son paternel alors que, de mon côté, c’était le néant total depuis treize ans.

Enfin, eu des nouvelles était peut-être un peu trop généreux. Si Bertram ne me partagea pas la méthode, mon petit doigt me disait qu’on ne lui avait pas envoyé une carte de Noël. Ses parents avaient plutôt choisi, d’un commun accord, de ne rien lui dévoiler, sans doute par peur de le blesser. Et, ironiquement, c’est leur silence qui avait fait plus de mal que la révélation qu’ils auraient pu faire. Tu devrais apprendre des erreurs de tes parents, Bertram, avant que tous tes petits secrets ne causent du tort à ceux qui t’aiment.

La nouvelle qui faisait vraiment mal, toutefois, était que son père ait eu d’autres enfants après lui. Il avait refait sa vie, avait accepté d’être présent pour d’autres, mais pas pour lui. Il avait été rejeté, abandonné. Je me décollai de la poutre, tournant un instant le dos à mon camarade pour souffler un peu. Tout ça, c’était trop familier. Je comprenais trop bien. Je revoyais ma mère qui, courageuse, n’avait cessé de sourire et de faire comme si ça ne l’avait jamais affectée. Comme si elle ne savait pas qu’il l’avait laissée pour aller trouver un Calice plus jeune, plus appétissante et moins… mère. C’était effrayant à quel point j’avais l’impression de revivre mon passé, de l’entendre exprimer des choses que j’avais ressenties, mais qu’à l’époque je n’avais pu partager avec personne. Je dénouai mon foulard, luttant contre une bouffée de chaleur soudaine avant de reporter mon attention vers le bleu qui avait pratiquement terminé. Laisse-le moi, c'est personnel.

« Je comprends. Je comprends vraiment très bien. »

Si bien que j’aurais préféré que ce ne soit pas le cas. Que lui dire à présent ? Rien d’autre que ce que je ressentais sincèrement à propos de tout ça. Je ne pouvais que faire de mon mieux et espérer, une fois de plus, avoir eu raison de dire ce que j’avais dit.

« Tu sais, t’as le droit d’être triste ou même en colère. T’as le droit de trouver ça injuste parce que bah, ce l’est. Les pères de merde qui ne sont pas capables d’être là pour leur fils c’est… Putain que c’est injuste mais… »

Je marquai une pause, détournant momentanément les yeux. Je savais ce que je voulais lui dire. Je savais ce que j’aurais voulu qu’on me dise.

« Mais c’est pas ta faute. T’as rien fait de mal. T’es très bien comme tu es, même sans essayer de compenser. Après je suppose que je suis mal placé pour parler, moi j’ai eu la réaction inverse, d’où la teinture stupide, mais… je le pense vraiment, Bertram. T’as pas à compenser, t’as pas à t’empêcher de vivre ta tristesse ou ta colère, surtout que t’es plus tout seul maintenant. Si tu te perds alors… »

Je pris une respiration profonde, redressant l’échine et m’efforçant de lui offrir un sourire franc, sincère, pour étouffer les émotions conflictuelles que son récit avait éveillé en moi. Là, c’était son moment. C’était moi qui prenais soin de lui. Moi qui allais lui remonter le moral.

« Si tu te perds, je viendrai te chercher. »
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Dim 16 Déc - 10:44

Bitter Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

Quand Ethan dit qu’il comprend je sais qu’il ne s’agit d’une de ces phrases vides de sens mais pleines de sollicitude que l’on peut prononcer pour remonter le moral de quelqu’un. Le poufsouffle se laisse rarement aller à ce genre de politesses creuses, contrairement à moi. Il dit ce qu’il pense. Et je sais que ces cicatrices d’absence, il les porte aussi.

Peut-être que c’est pour ça que j’ai osé lui dire. Parce que je savais qu’il comprendrait - comme je savais que Béring comprendrait les tourments liés à ma sexualité. Est-ce que j’avais l’art - non l’intelligence - de choisir inconsciemment le bon interlocuteur, ou bien n’était-ce que la peur qui parlait ? Ethan n’avait pas eu peur d’admettre tout ça. Son vampirisme, sa vie, ses heurts, il les portait sans honte. Même si ça faisait mal. Même si ça l’isolait. Ca aussi, ça force le respect.

Avec un fade sourire en coin, je réalise :

Ouais t’as eu ta part aussi, hein ?



Les vampires n’ont pas toujours la fibre parentale. C’est la seule explication - qui ne voudrait pas de Ethan ? J’aimerai pouvoir dire que je n’avais pas besoin qu’on valide mes sentiments, qu’on me les explique. J’aimerai pouvoir être sûr de moi et n’avoir besoin de personne. mais là c’est qu’il me faut. Un peu de douceur, de bienveillance. Un peu d’amitié. Quelqu’un capable de comprendre, et d’ajouter d’autres mots à la liste histoire de sortir mon âme de cet état de somnambulisme qui m’engourdit , briser ce cercle vicieux de mantras venimeux que je me répète.

Mais c’est pas ta faute. T’as rien fait de mal. T’es très bien comme tu es, même sans essayer de compenser.



Il dit ça, hein ? Compenser c’est tout ce que j’ai cherché à faire. Etre ce que les autres voulaient que je sois - ce que ma mère voulait que je sois. Et pourquoi ? Pour un geste tendre, pour un regard attendri, pour sa fierté pour espérer obtenir un jour des réponses. J’ai joué mon rôle comme une marionnette, à décrypter les autres, me cacher, dire ce qu’ils voulaient entendre. Ce n’est pas ta faute, c’est vrai que d’autres variables rentrent en compte dans cette équation - mais j’en suis au centre non ? Ce n’est pas ta faute, ma tête le sait, mais pas mon coeur.

Ouais...je sais ça.



Un filet de voix plus faible alors que je ne parviens même pas à m’en convaincre. Ethan se redresse de toute sa hauteur, de toute son envergure. Je perçois ses mots, je perçois son intention et ça continue de m’impressionner. Comment ais-je pu gagner quelqu’un comme lui de mon côté ? Combien de temps ça va durer avant qu’il ne finisse par s’apercevoir des recoins sombres, de mon égoïsme, de mes mensonges, de mes manipulations ? Ma lèvre inférieure se retrousse alors que je suis submergé par toutes ces émotions. Cacher mes lèvres, les mordre, m’empêcher de parler. Je hoche vaguement la tête. Et j’inspire. C’est son choix. J’imagine...qu’il doit en retirer quelque chose. Je me souviens des mots de mon professeur de potions que j’avais surpris dans un état similaire au mien aujourd’hui et qui m’avait confié : toutes les relations sont transactionnelles. Pour l’instant Ethan gagnait quelque chose à s’associer avec moi et moi avec lui. Seulement moi je gagnais quelque chose de précieux - et lui une pièce en toc. Tant pis, autant l’apprécier le tant que ça durait.

Maintenant que tu as dit ça, je suis obligé de compter sur toi, hm ? Juste….fais ce que t’as à faire, quand il faut faire.



Comme il l’avait fait, je lui donne la permission de se défendre, de me secouer. Il va probablement en avoir besoin s’il veut qu’on reste ami. Je me redresse et pose mon regard un instant sur ses cheveux :

De quoi tu parles ? Tes cheveux n’ont pas l’air stupide. En plus c’est pratique pour te retrouver dans la foule.  



Je voulais dire J’aime bien tes cheveux mais ce n’est pas ce qui est sorti de ma bouche. J’aimais bien son style - ça le rendait moins….monotone. Même si j’avais appris qu’Ethan était bien loin d’être aussi ennuyeux qu’il le prétendait. Quand il s’était mis en colère, je pouvais discerner que c’était toujours lui. Pas un monstre, pas une soif. Juste un autre aspect de sa personnalité, plus intense. Et ça me donnait envie d’en apprendre un peu plus sur lui. Je m’écarte un peu de ce pilier, un peu plus calme, un peu plus en confiance. J’avais pu reconnaître que j’avais très mal jugé Ethan sur certains points - donc je me sentais plus libre de lui parler de certaines choses, tout en fixant nonchalamment le plafond, à mi-chemin entre lui et moi.

Est-ce que c’est mal que je veuille prendre ma revanche à tout prix ? Que je veuille qu’il me regarde, qu’il reconnaisse qu’il a fait une grosse erreur ? Foutre un peu le bordel dans sa vie ? Ne pas lui rendre les choses faciles ? Est-ce que ça fait de moi quelqu’un d’horrible ?  



Avant j’aurai pensé connaître la réponse que le poufsouffle m’aurait donné - mais là j’étais dans le flou.

Et est-ce que c’est normal d’avoir peur que ça finisse par me faire mal plus que lui ?



Parce que c’était là toute la difficulté. J’avais peur car je savais que quelque part au fond de moi j’aurai tout donné pour qu’il admette son erreur, pour qu’il s’excuse, pour qu’il veuille de moi et m’accepte. Et là tout de suite, ça me frappe un peu - ce rêve qui revient parfois - celui qui dit Il y a des gens dans une pièce fermée, dans une maison sous la mer - et tous portent en eux de grandes espérances, en sachant qu’elles ne se réaliseront jamais.

Je soupire. C’est ce que je ressens au final. Enfermé, oublié, isolé à me battre entre continuer à espérer et me résigner. La dernière option était la plus probable, la plus intelligente...alors pourquoi est-ce que j’étais incapable de la mettre en pratique ? Mon esprit rebelle s’y opposait de toutes ses forces.

Je lance un regard à mon camarade, un regard plein de de tendre gratitude. Je me sens mieux. Un peu plus moi-même, âme et corps enfin réunis dans la douleur.

Peut-être que je devrais me teindre les cheveux aussi. Ou les couper. Changer - d’une certaine façon.



DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Dim 16 Déc - 14:37


Dire que j’ai moi aussi eu ma part était on ne peut plus juste. J’avais vu ma mère souffrir de l’abandon de son aimé et se retrouver forcée d’élever son fils seul. Je m’étais longtemps blâmé pour sa solitude, croyant fermement que mon père serait resté si je n’avais pas fait partie de l’équation. J’avais plus tard compris qu’il aurait sans doute fini par partir de toute façon, mais il était tout de même difficile d’accepter que ce n’était pas ma faute. Quelque part, c’était pire. On n’avait pas compté assez pour les retenir, mais pas non plus assez pour les faire fuir. On n’avait rien changé du tout. Et ça c’était un autre truc entièrement à accepter. Du coup, lorsque je lui disais que ce n’était pas sa faute, je le pensais vraiment. Sans doute plus encore qu’il ne l’imaginait. Bertram dit d’ailleurs savoir ça, mais il n’avait pas l’air convaincu. Probablement qu’il savait, mais qu’il peinait encore à l’accepter. Car, après tout, quand ce n’est pas notre faute ça signifie aussi qu’on ne peut rien y faire. Que malgré tous nos efforts, on ne peut arranger la situation parce que, de base, ça n’a rien à voir.

Maintenant que tu as dit ça, je suis obligé de compter sur toi, hm ? J’étais tenté de lui répondre que non. On n’est obligé à rien dans la vie au fond, mais en même temps ça ne me déplaisait pas qu’il le voit comme ça. En un sens, ça m’arrangeait presque. C’est ce que j’avais désiré, que l’on compte sur moi. Me montrer présent pour ceux qui m’étaient chers. Montrer que j’étais différent de lui, que je n’allais pas tourner le dos aux gens auprès de qui je m’étais engagé. Ironiquement, c’était encore et toujours lié à mon envie de me dissocier de mon propre père. Chacun avait sa façon de gérer je suppose. Quant à faire ce qu’il faudrait…

« T’inquiète pas, je le ferai. »

À ma façon, certes, mais ça ne changeait pas la détermination derrière mes mots. Puis la conversation dérivait momentanément, s’attardant sur ma chevelure. Gêné, j’y passai une main nerveuse, comme si cela aurait pu la faire disparaître. Pratique pour me retrouver dans une foule hein ? Si j’avais été de mauvaise foi, sans doute aurais-je été tenté de dire qu’il faudrait déjà que quelqu’un ait envie de me trouver, mais ce n’était pas très à propos. Et sans doute pas très vrai non plus. J’étais bien tenté de lui dire que j’hésitais à reprendre ma couleur naturelle, que j’en avais marre de cette couleur, de cet entretien, de cette petite mascarade. Une teinture ne faisait pas de moi quelqu’un de foncièrement différent. Ce n’était pas non plus la seule chose qui me séparait de mon père. Mais il était encore trop tôt, je n’osais pas, je n’étais pas décidé à assumer totalement qui j’étais sans me cacher derrière une coloration. Il me faudrait un petit coup de pouce pour ça, mais le moment n’était pas encore venu. Là, on s’occupait de lui, de Bertram.

« Je ne pensais pas que la couleur plairait autant. »

Ce n’était pas malhonnête, ce n’était simplement pas la moitié de ce qui me passait en tête. Mais c’était bien comme ça. Je n’avais pas envie de ramener la conversation à moi. Pour une fois que le Serdaigle acceptait que nous parlions de lui, je n’avais pas dans l’intention de gâcher cette opportunité. Plus léger déjà, il me partageait ses réflexions à haute voix, demandait mon avis et mes conseils. Bertram s’interrogeait sur la moralité de ses actions et, une fois de plus, semblait effrayé à l’idée d’être une mauvaise personne. Ironiquement, j’étais d’avis que le simple fait de se poser ces questions, de ne pas vouloir être horrible, était précisément la preuve qu’il ne l’était pas. Même si ces mots étaient tout autres, ce que j’entendais, c’était un jeune homme qui n’avait pas foi en sa valeur, qui se donnait par défaut le mauvais rôle. Je n’aurais guère cru Bertram aussi fataliste.

Je le laissai néanmoins continuer. Je voulais avoir le tableau d’ensemble devant moi avant de me prononcer. Je prenais toute cette histoire très au sérieux et, par conséquent, me devait de bâtir mes conseils avec le même soin. Et est-ce que c’est normal d’avoir peur que ça finisse par me faire mal plus que lui ? Ma mâchoire s’était tendue. Du coup il n’avait même pas remarqué ça. Ou peut-être que son raisonnement ne s’était simplement pas porté aussi loin, pas encore. C’était donc à moi de pointer l’évidence.

« Ça te fait déjà plus mal qu’à lui. C’est pour ça que toi tu cherches des solutions et que lui, il n’est pas là. »

Peut-être était-ce un peu trop direct, un peu trop franc. Mais, quelque part, c’était fort probablement la vérité. Nous ne vivions pas dans un conte de fée où tous et chacun étaient moralement bons et cherchaient à se racheter pour leurs erreurs. Dans la vraie vie il était plus aisé de fuir, de se voiler la face et de faire comme si de rien n’était. Certains passaient toute leur vie ainsi. Je ne connaissais pas le père de Bertram, je ne savais pas quel genre d’homme il était, mais les absents ont toujours tort et le sien l’était depuis beaucoup trop longtemps pour que je sois clément. Quant au reste.

« Si c'était quelqu'un de cette école qui t'avait blessé comme ça, cette personne serait en train de me supplier de ne pas lui arracher l'artère carotide externe avec les dents à l'heure actuelle. Je ne crois pas être le mieux placé pour te faire la morale sur tes envies de vengeance. Je suppose que ça dépend simplement de ce qui compte le plus pour toi. Essayer de te venger quitte à risquer de te détruire dans le processus, ce qui blesserait profondément les gens qui t'aiment et qui veulent ton bonheur et qui ne t'ont pas abandonné. Ou justement te tourner vers ces gens pour essayer d'être heureux avec ce que t'as et découvrir le genre de personne que t'es. Et toutes les choses positives que tu peux accomplir. »
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Dim 16 Déc - 17:01

Bitter Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

J’aurai aimé pouvoir connaître les raisons derrière ses motivation, cette détermination à ne pas me laisser tomber. J’aurai aimé que ce soit facile à comprendre, comme une véritable relation transactionnelle. Malheureusement je devais admettre que le portrait que j’avais dressé d’Ethan Stoker était bien loin de la réalité. Une fois qu’on les a cerné, les gens étaient si faciles à manipuler - ce n’était pas son cas. Ce qui le rendait doublement intéressant et me faisait sentir un peu coupable de l’avoir si mal jugé. J’avais négligé sa complexité juste sous prétexte qu’il était poufsouffle : grosse erreur.
Je ressens encore le spectre de son geste sur ma joue, son regard brûlant  et ça infecte mes propres motivations. Elles se troublent, se redessinent. Rien n’est clair et rien n’est stable.

Mes tentatives de diversion échouent, même s’il paraît gêné de discuter de son apparence. Vraiment ? Il n’y a pas que la couleur qui plaît. Comment est-ce qu’il pouvait être gêné à ce sujet là ? Il n’était pas difficile d’envier son apparence. Avec le temps Ethan avait grandi, prit une certaine allure… Il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer. Dommage pour lui, sa nature semi-vampire ne facilitait pas les choses, repoussant certains, attirant d’autres à mauvais escient.

Chercher des solutions ? Quelles solutions ? Je ne voulais pas de solutions, je voulais blesser en retour, stupidement, comme un enfant. Je voulais être aimé, apprécié, stupidement,  comme enfant. Malheureusement ces deux objectifs s’opposaient. Mais qu’est ce qui me faisait le plus mal dans tout ça ? L’absence ? La volonté de me renier, de m’oublier, de m’enterrer comme un sale petit secret ? De me diminuer ? J’étais encore perdu dans mes sentiments. Jusqu’à hier je pensais que tout était clair, j’avais un plan si je le retrouvais. Mais tout avait volé en éclat. Je ne savais plus quoi faire. Mon regard divague alors que je hoche vaguement la tête, mes mains docilement jointes derrière mon dos.

Hmm hmm.  



Et mon loyal défenseur remonte sur ses grands chevaux, m’arrachant un léger sourire. Ethan en train de menacer qui que ce soit….il en était capable bien sûr, je n’en doutais pas une seule seconde, c’est juste que….jamais personne ne m’aurait défendu avec autant d’ardeur. Béring aurait bien était cogné quelques têtes et Soleil aussi mais là, c’était un autre niveau. Et alors que quelqu’un d’autre après ce regard et cet aveu aurait pris ses jambes à son cou pour éviter le danger - moi je trouvais ça drôle. J’avais peur de beaucoup de choses, mais pas de Ethan Stoker - en tout cas pas pour l’instant. Il suffisait d’ouvrir les yeux pour voir derrière toute cette mascarade, derrière cette intensité, un coeur bienveillant et plein de bonnes intentions. Un protecteur sans remords.  

On ne peut pas avoir les deux ?  




Une revanche comme une frappe chirurgicale, un dernier baroud d’honneur avant d’essayer d’abandonner et d’oublier. Car oublier restait une option. Juste oublier cette information….mais je savais que je passerai le reste de ma vie à chercher. Et pour tourner la page, j’avais besoin d’une conclusion, d’un affrontement. Déployer mon art et toutes mes stratégies pour faire un maximum de dégâts. Juste par plaisir. Pour le faire regretter son choix. Le punir. C’est ça. Au final, je voulais de la justice. Vengeance ou justice personnelle, quelle différence ? Je baisse les yeux, plus sombre cette fois, plus sûr de moi :

J’ai juste besoin de voir clair. De faire les bons choix. Je ne peux pas me tromper, c’est trop important. J’ai attendu si longtemps….il devra me rendre des comptes.



Et rien que comme ça, à discuter, je retrouvais une certaine motivation, une certaine clarté. Je ne pouvais le laisser s’en sortir indemne, à mener sa vie sans préoccupation. Il allait devoir répondre de ses actes - devant moi. Je serai son juge et son bourreau. Il n’y a pas d’autres issues possible. Je voulais que le poids de son choix, de sa décision lui pèse - comme cette absence, cet affront qu’il m’avait infligé.  Mais mon visage s’éclaire en reposant les yeux sur mon camarade, prenant le ton de la plaisanterie :

Menacer d’arracher la carotide avec les dents, hein ? Tssss. C’est un peu trop immédiat, à court terme. Si quelqu’un me cherche, il me trouve. A long-terme. J’ai mes méthodes. T’es mon ami, pas mon pit-bull, non ?  



Sa violence ne me terrifie pas. On a tous cette fibre en nous, c’est humain. Il me semblait que le jeune homme mettrait plus d’ardeur à défendre les autres que lui-même. Et même si son offre me faisait chaud au coeur, je n’avais pas besoin de ce genre de protection, j’étais capable de me défendre sur mon propre terrain. J’avais juste besoin qu’il soit là pour ramasser les morceaux, pour me soutenir. Pas de me servir de lui comme d’outil d’intimidation.

Le silence s’installe quelque instants et je m’avance aussi timidement que je lui demande :

Donc...c’est ce que tu as fait ? Renoncer à une vengeance pour ton père ? C’est comme ça que tu as tourné la page ?



C’est si personnel que je ne m’attends pas vraiment à une réponse complète. Mais puisqu’on en parle...on pouvait peut-être partager cette expérience commune. Alors, Ethan, tu t’es débarrassé de celle boule brûlante de colère dans la poitrine ? De ce sentiment de contestation ?


DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Dim 16 Déc - 18:30


Bertram semblait plongé en de profondes réflexions que je préférais ne pas troubler. Je pouvais le conseiller autant que je le désirais, au final c’était sa vie, son père. Seul lui pouvait prendre la décision finale à ce sujet et voir ce qui était, pour lui, la priorité. À ce sujet, le jeune homme semblait d’ailleurs hésiter, allant jusqu’à me demander s’il était possible d’avoir les deux. Un espoir vain, selon moi.

« Je ne pense pas et je ne t’y encourage pas. Mais si vraiment tu veux essayer, je serai là pour te rattraper si tu tombes. »

Et pour m’opposer à toi si tu venais à aller trop loin, à ne pas savoir quand abandonner. Je te protégerai de toi-même tel que tu m’as demandé de le faire. Mais je ne peux pas t’empêcher de vouloir essayer, de risquer de te tromper. Ce serait inutile de toute façon. Il y penserait toute sa vie autrement alors, forcément. Je ne serais pas étonné que Bertram décide de faire subir un retour de bâton à son paternel et il en aurait le droit. Je ne voulais simplement pas qu’il soit déçu, qu’il soit blessé. Je craignais que de se lancer dans cette entreprise lui cause plus de tort que de bien, comme il l’avait lui-même souligné. Je me sentirais profondément coupable, si cela devait arriver. Il avait raison, cette décision serait extrêmement importante et, vu les mots qu’il venait de prononcer, j’étais d’avis que Bertram avait déjà prit sa décision. Il devra me rendre des comptes. Vouloir des explications était parfaitement légitime, vouloir le rencontrer pour le confronter sur sa décision était parfaitement légitime. Je craignais simplement que des motivations bien plus destructrices ne se soient incluent dans l’équation. Je m’étais contenté de garder le silence, gardant mes inquiétudes pour moi. Heureusement, le Serdaigle ne tarda pas à bifurquer, revenant en territoire plus léger, quoi que ce soit questionnable au fond. Je forçai un sourire malicieux pour lui répondre.

« J’ai simplement dit qu’ils me supplieraient de ne pas le faire. Ce n’est pas ma faute si les gens ont trop d’imagination ! Par contre tu as raison, je ne suis pas un pit-bull. Si l’on en croit mon Patronus, je suis plutôt un berger allemand. »

Conclus-je sur une note… d’humour ? Enfin, ça m’amusait un peu en tout cas. Le bleu n’avait pas totalement eu tort en me comparant à un chien. Loyal, confiant, protecteur, intelligent et très doux avec les enfants. Allez savoir qui de moi ou du chien je suis en train de décrire. Mais bref. Nous avions d’autres chats à fouetter et, maintenant que mon camarade semblait avoir remis de l’ordre dans ses idées, il voulait savoir comment, de mon côté, je gérais tout ça. Il demandait plus de conseils, désirait connaître mes expériences et ce qu’elles m’avaient apprises. Je l’avais regardé s’avancer vers moi sans reculer, laissant ses questions éveiller des souvenirs, des pistes de réponse. Je déglutis, non-content de devoir parler de ces choses que j’évitais d’expliquer ou même de mentionner dès que c’était possible. Mais la situation était différente, Bertram avait besoin d’aide et m’avait lui-même confié ses circonstances. Il est temps de montrer que tu ne parlais pas dans le vent, Ethan.

« Je l’ai pas tournée. Si je l’avais fait j’aurais plus les cheveux verts, déjà. »


Je marquai une pause, ma main allant de nouveau se loger dans ma courte crinière avec nervosité. J’étais tendu et ça se voyait, mais ça ne devait pas m’arrêter pour autant.

« Moi aussi j’ai choisi de compenser, mais dans l’autre sens. Quand ma mère m’a dit que je lui ressemblais, j’ai teint mes cheveux et j’ai commencé à éviter mon reflet. Presque comme si j’avais peur de le voir apparaître soudainement par-dessus mon épaule. »

Je respirai profondément, attrapant au vol le parfum de la lavande. Mon regard se réfugia auprès de celui de Bertram, y cherchant le courage de continuer. De finalement m’expliquer, lui autoriser à comprendre pourquoi j’étais comme j’étais. Pourquoi je lui faisais toutes ces promesses de ne pas le laisser tomber. Pourquoi j’avant tant peur de ne pas pouvoir être là pour ceux qui comptaient.

« Je me suis juré de ne pas faire les mêmes erreurs que lui, de ne pas devenir comme lui. Je m’interdis le sang humain quitte à me sentir affaiblit en quasi permanence. Je ne porte pas ma bague, je n’ai pas de Calice. Je me suis juré de toujours être là pour les gens qui comptent, de ne laisser ma mère manquer de rien. Et j’ai décidé que je protégerais tous ceux qui me sont chers, que je serais à leurs côtés contre vents et marrées. Fiable et ennuyeux, tout le contraire de mon père. Quitte à nier… une grande partie de qui je suis vraiment, je suppose. »

Sourire amer.

« Mais quelque part, je me dis que c’est la seule chose que je puisse faire. Je me souviens vaguement de lui, mais j’ignore où il est ou ce qu’il fait. La dernière fois que j’ai eu des nouvelles, j’avais six ans. Du coup j’essaie de m’imaginer qu’il est seul, pathétique et triste et qu’il regrette pendant que, de mon côté, j’arrive à être quelqu’un de bien, à bien m’entourer et à bâtir quelque chose. C’est la seule vengeance que je puisse envisager. Le bonheur, l’humanité. Mais au fond c’est risible puisque si ça se trouve il se porte très bien et il est satisfait de la vie qu’il mène pendant que je suis ici à me démener. Je crois qu’on ne gagne jamais rien à vouloir se venger. Et parfois j’aimerais le rencontrer, le questionner, comprendre. Mais d’autres jours je me dis que c’est peut-être mieux de rester dans l’ignorance. Avoir cette vérité ne fera probablement pas de moi quelqu’un de plus heureux. Après, je suppose que pour toi c’est différent, tu ne serais pas chez Serdaigle sinon. »
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Lun 17 Déc - 12:48

Bitter Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

Son avertissement avait été prononcé - il s’inquiétait que je fasse quelque chose de stupide ou de destructeur. Mais je n’étais pas stupide, et je n’avais aucune envie de m’auto-détruire. Ce que j’appréciais en revanche c’est que malgré son désaccord, il m’offrait tout de même son soutien et ça, c’était précieux. Le berger allemand lui correspondait à la perfection : un chien de garde loyal. On pouvait dire que mon patronus m’allait sur mesure aussi : le corbeau, un des rares oiseaux capable de résoudre des problèmes mais aussi de tromper intentionnellement ses congénères. Un symbole ambivalent, à la fois oiseau de mauvais augure et symbole de la royauté britannique.

Je hoche la tête avec un léger sourire.

Ouais, ça te convient si bien.  



Un animal capable de montrer les crocs mais aussi d’être une boule de fluff. C’était parfait.

Je ne m’attendais pas forcément à ce qu’Ethan me partage aussi ses états d’âme. Je savais à quel point le sujet pouvait être sensible et loin de moi l’idée de retourner le couteau dans la plaie. Mais s’il y avait bien quelqu’un qui pouvait me comprendre, c’était le poufsouffle et j’étais curieux de savoir quelles stratégies il avait adopté pour rester...équilibré. Alors je l’écoute, scrutant chaque détail sur son visage, chaque semblant de faille. Ca se voit qu’il n’aime pas en parler - mais il s’exécute quand même.

Donc lui aussi lui ressemble ?. Apparemment je lui ressemble aussi. Enfin physiquement du moi. Ces yeux bruns que je déteste. Ces ondulations rebelles que je cache. C’est difficile de se débarrasser de quelqu’un qui vous colle à la peau, comme un tatouage impossible à enlever. Vraiment je ne m’attendais pas à ce que ses mots, ses expériences produisent un tel écho, résonnent à l’unisson avec les miennes. Son père était la raison de son rejet du vampirisme. Je ne suis pas comme lui. Je comprenais le sentiment. En théorie, il devrait être capable de l’accepter aussi, ça serait mieux. Mais ce n’était que de la théorie. Je ne vivais pas dans son corps, ni dans sa tête, je n’avais donc aucune légitimité à lui donner des conseils. S’il voulait rejeter son héritage, c’était son choix et je le respectais. Sinon, je ne serai pas là n’est-ce pas ?

J’ouvre les lèvres m’apprêtant à lui dire qu’il n’était pas si ennuyeux mais je me tais. Ethan a des choses à dire et une fois qu’on ouvre les robinets, ça coule, sans arrêt. Je connais ce sentiment, je ne veux pas l’interrompre. A nouveau je ne peux qu’acquiescer. Pour moi, il était inconcevable de préférer l’ignorance à la connaissance. Même si ça fait mal. Même si ça te détruit de l’intérieur.  C’était sur ce point qu’on divergeait. Avec une moue désolée, j’ajoute :

C’est exact. J’ai besoin de savoir. Mais si ça t’aide, si c’est ce qui te permets de garder la tête froide et d’être heureux….tu y gagnes, c’est tout ce qui compte. Chacun ses méthodes.  



Se raconter des histoires pour se sentir mieux c’est ce que j’avais fait pendant des années, pendant mon enfance. Inventer des scénarios, construire son personnage. D’une année à l’autre il était moldu, ou chercheur, aventurier, mage noir, étranger, mystérieux. La réalité était bien plus triste, tristement ordinaire même. Une véritable déception.

Je laisse le silence tomber, comme les gouttes de pluie sur les bannières. Le bout d’une mèche emprisonnée au bout de mes doigts je la fixe avant d’arriver à cette conclusion :


Mais qu’ils aillent se faire foutre. Tous.



Je n’étais pas fâché, ni remonté. C’était un simple constat, une conclusion parfaitement logique.

Leur ressembler ? On ne leur ressemble pas. Même pas physiquement.  



A ce moment là j’ignorais à quel point j’avais raison et à quel point j’avais tort.

Je laisse tomber ma mèche de cheveux. C’est le début de la remontée. C’est toujours comme ça, après une chute incroyable en estime de moi, je retrouve progressivement de l’assurance. Je compense, même sur des détails. Mes sourcils se fronçent, une expression sérieuse sur le visage :

J’ai peut-être ses yeux mais il n’a pas mon regard froid et perçant. J’ai peut-être ses mains mais il n’a pas la façon dont je touche, dont je ressens. Et c’est pareil pour toi.



Il ne me ressemble pas du tout. Comment pourrait-il entrer en compétition avec l’âme brûlante qui m’habite, avec cette chanson dans mon coeur ? Comment pourrait-il égaler mes raisonnements, mon intellect ? Les reflets tantôt chaleureux, tantôt sévères dans mon regard ? Je suis trop complexe pour ressembler à un esprit simple et faible comme le sien.  Animé d’une nouvelle détermination, je finis par ressortir la potion de mon sac. On a du pain du planche.

Bref….t’es prêt ?



DEV NERD GIRL

Invité
Invité
avatar
Re: Medicine | Ethan Stoker Lun 17 Déc - 17:58


J’avais décidé de passer aux aveux, confiant à Bertram certains détails que personne d’autre n’avait obtenu de ma personne. Respectueux, il m’avait écouté avec attention, me laissant terminer avant de prendre la parole, validant mon hypothèse de fin. Lui n’était pas comme moi, il avait besoin à tout prix de savoir, peu importe quel serait le résultat. Je pouvais respecter ça aussi, je comprenais en un sens. J’avais simplement décidé de ne pas faire de même il y a des années et, depuis, je n’avais pas voulu remettre mon choix en question. Peut-être n’étais-je simplement pas prêt ou, miraculeusement, peut-être réussirais-je vraiment à vivre ma vie sans être hanté par l’ombre mystérieuse de mon père. Qui sait. Mais qu’ils aillent se faire foutre. Tous.

« Je ne l’aurais pas mieux dit. »

Répondis-je sur le même ton calme que Bertram avait employé. Loin d’avoir terminé, toutefois, il insistait sur le fait que nous ne leur ressemblions pas, de corps comme d’esprit. L’ironie, c’est que même si j’acquiesçais silencieusement, je n’en avais aucune idée. Pour savoir ça avec certitude, il aurait déjà fallu les connaître. Mais le bleu voulait s’en convaincre, énumérant les choses qui ne lui appartenaient qu’à lui. Et il n’avait pas tort, quelque part. En vérité je préférais encore le voir comme ça, déterminé, fier au point d’être presque arrogant. Il reprenait du poil de la bête et ça me plaisait, évidemment. Je n’aurais pas besoin de chercher qui jeter du haut de la tour d’astronomie s’il allait bien et quelque part c’était un soulagement. Je me sentais moi-même de nouveau plus sûr de ma personne, plus en confiance, prêt à passer à autre chose et à cesser de blablater. Si j’étais prêt ? Je quittai la poutre où j’étais adossé, esquissant un sourire franc et frappant mes mains ensemble tel un sportif paré à se lancer sur le terrain.

« Envoie ce que t’as de mieux ! »

Je récupérai donc le flacon du jour, le dressant vers la lumière pour en admirer les reflets et faisant bouger la bouteille pour en deviner la consistance. J’étais moi-même plutôt versé dans la fabrication des potions, ayant l’avantage de bénéficier de cours de médicomagie pour combler les lacunes laissées par le programme plus traditionnel des cours du tronc commun. Inutile de dire que je m’étais montré sceptique, lorsque Bertram avait proposé de préparer ces petites concoctions de son côté. Je comprenais qu’il aimait tester de nouvelles choses et faire des expérimentations et je ne voulais pas lui enlever son petit plaisir, mais j’aurais bien aimé qu’il me laisse participer plus souvent à leur conception. Enfin, tant qu’il ne les testait plus sur sa propre personne, ce serait déjà ça de gagné. Je retirai le bouchon et sentis sommairement la préparation pour me préparer à son goût qui, de toute façon, serait probablement fade en comparaison. Over the teeth and through the gums, watch out stomach here it comes.

Comme prévu, le goût n’avait rien d’exceptionnel, mais nous n’étions pas là pour ça. Je laissai passer une ou deux minutes avant de me diriger vers un trou dans la tapisserie, plissant légèrement les yeux pour regarder dehors, vers les gradins d’en face. Pas d’amélioration, mais pas non plus de dégradation. Je revins vers Bertram tout en prenant mon propre pouls, qui semblait normal. Rien à signaler de ce côté-là donc. Quant à l’odeur…

« La lavande te va bien, mais c’est aussi la preuve que mon odorat n’est pas affecté. Ma vision semble habituelle également, rien à signaler de ce côté-là. Signes vitaux normaux aussi. Sors ta baguette, je vais prendre ton pouls. »

C’était le test un peu plus difficile. Enfin, surtout plus tendu. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à des résultats très probants, considérant que mes autres sens ne semblaient pas particulièrement affectés. Mais bon, il fallait passer par-là et, après quelques rencontres comme ça à tester des potions, ça avait le mérite d’être devenu moins gênant. Je me permis même de délicatement replacer les cheveux du jeune homme derrière son oreille en un geste aussi tendre que bref, pour me faciliter l’accès à son cou. Plus qu’à glisser la main dans le col de son pull et trouver les pulsations de son cœur. Silencieux, je me concentrai sur le rythme pendant que mes iris vagabondaient d’abord sur ses cheveux, puis son oreille, sa joue, sa mâchoire et, finalement, son cou. Mes épaules se firent plus tendues, mon regard un peu trop insistant peut-être. Je ressentais une envie sans doute dangereuse de l’attirer à moi, presque enivré par l’odeur de la lavande. Définitivement un échec. Je me détournai de lui en soupirant, lui tournant le dos et m’éloignant de quelques pas pour respirer un peu, me calmer.

« On dirait que c’est pire. Tu as utilisé quoi cette fois ? »

Demandais-je en risquant un regard dans sa direction, demeurant tout de même à une distance raisonnable, juste au cas où. Puis, dans un geste de nervosité devenu anodin, j’avais passé la main dans mes cheveux. Je le faisais tout le temps, au moins cinq fois par jour. Mais, cette fois-là, c’était différent. Il y avait quelque chose entre mes doigts. Curieux, j’y jetai un œil pour découvrir, horrifié, une multitude de cheveux verts. Paniqué, je passai mon autre main dans ma crinière, plus insistant cette fois, pour me retrouver devant le même constat. J’étais en train de perdre mes cheveux à un rythme alarmant.

« Bertram… ? »
Bertram Godfrey
Collectionneur de pulls ringards
Collectionneur de pulls ringards
Bertram Godfrey
Messages : 959
Points : 2256
En couple avec : Ethan Stoker
Re: Medicine | Ethan Stoker Lun 17 Déc - 19:33

Sweet Medicine

Bertram Godfrey & Ethan Stoker

L’enthousiasme d’Ethan est communicatif et moi aussi j’ai envie de passer à autre chose. On ne change pas le passé, on peut juste se tourner vers le futur. Et en l’occurrence, le futur du poufsouffle dépendait de l’efficacité de ma potion. Je lui confie donc le flacon.

Un peu pressé il commence déjà à énumérer ses perceptions. Le visuel ne lui pose pas vraiment de problème donc ça va mais l’olfactif… Je tique un peu. C’est ce qui le dérangeait t le plus dans la vie de tous les jours et je ne parvenais toujours pas à réduire sa sensibilité aux odeurs. Il y a bien une trentaine d’ingrédients (d’une toxicité toute relative) capable de bloquer assez de neurotransmetteurs pour engourdir sa perception sensorielle. Mais pour les odeurs...ça m’échappait encore. Et c’était frustrant. Surtout que pour l’occasion j’avais testé quelques nouveautés dans cette potion - un risque qui n’était pas récompensé. Je marmonne un peu frustré, mais loin d’avoir envie de baisser les bras :

Diminuer ton odorat, c’est un vrai challenge.



Le semi-vampire prend les choses en mains et m’ordonne rapidement de prendre ma baguette. D’habitude nous ne procédons pas forcément dans cet ordre mais bien. Je me dépêche d’enlever les gants, je préfère sentir le contact de ma baguette et je relève ma manche. D’habitude on commence par ça. Poignet - torse - cou. Différentes épaisseurs, différentes intensités. Toutefois Ethan me surprend en commençant par le cou. Ses doigts écartent mes cheveux et mon regard s’enfuit. Je fais mine de tourner la tête pour lui faciliter la tâche et  garder une contenance. D’ordinaire je m’en fiche, je peux le regarder droit dans les yeux avec toute la froide neutralité d’un scientifique qui observe son cobaye...ou l’inverse. Mais là….Je me souviens de son geste, cette caresse au moment où j’étais le plus vulnérable. Tu aimes ça. Je sens ses doigts, un peu froids,  se glisser dans mon col et un frisson électrique me parcourt. Sans m’en rendre compte je retiens ma respiration et je resserre ma prise autour de ma baguette. J’ai la chair de poule - est-ce qu’il va le remarquer ?

Et la conclusion tombe telle une guillotine. Nooon.

PIRE ?! C’est pas possible !  



Je me tourne vers lui, sans comprendre. Comment ça, pire ? Au pire c’était censé être pareil, je l’avais modifié cette potion ! Est-ce que j’étais en train de régresser ? Mon échec a au moins le mérite de me remettre les idées en place.

J’ai été plus agressif avec les dosages...je ne comprends pas.



Et alors que je me repasse la recette en tête, que je vérifie sur mon pineapple afin de vérifier la source de mon échec, il m’appelle. Je me retourne pour découvrir Ethan avec des poignées de cheveux entre les doigts. Les yeux écarquillés, frappé de stupeur, je constate qu’il perd ses cheveux à vitesse chimio grand V. Et je me mords la lèvre inférieure pour me retenir de dire What the fuck, c’est pas censé faire ça ! Ethan est suffisamment paniqué comme ça, pas besoin d’en rajouter une couche. Je m’approche immédiatement pour constater les dégâts, sur la pointe des pieds pour atteindre son crâne et toucher ses mèches.

Attends, attends....



J’essaie stupidement de les replacer, mais rien n’y fait, les cheveux se décollent, tombent doucement et sans bruit sur le sol comme s’il était chez le coiffeur. Il ne faut quelques minutes pour qu’il se retrousse avec le crâne nu comme un oeuf. Et je lui dis quoi moi ?!! L’horreur. Je plaque mes mains contre ma bouche, visiblement médusé. C’était pas du tout l’effet que je recherchais ! Qu’est-ce qui avait déconné ?

Ethan, je suis désolé, je suis tellement désolé, j’ai tenté un truc et de toute évidence j’ai fait une grosse connerie...



Je le fixe, interdit. Je vais me faire enguirlander c’est sûr. Lui qui me faisait confiance...il se retrouvait chauve. Et honnêtement ce n’était pas très flatteur pour quelqu’un de son âge. Par contre, je pouvais noter une absence totale de lésion. La lèvre inférieure retroussée, avec l’expression d’un chiot désolé, j’époussète une mèche qui lui reste sur l’épaule. J’inspire, j’embrasse du regard l’étendue de ce désastre avant d’ajouter en essayant de rester calme et surtout de faire en sorte qu’Ethan le reste aussi.

Okay. T’en fais pas. On peut réparer ça. Avec une potion capillours, tout ne sera qu’un mauvais cauchemar.



D’un coup de baguette magique, à l’aide d’un vario vestimentum je transforme ses gants en un bonnet de fortune. Il ne manquerait plus qu’il attrappe froid en plus. Un peu en panique je fixe le sol et j’essaie de réfléchir rapidement

Allons chercher ton kit de potions et ...faisons ça dans les toilettes, au moins personne ne te verra comme ça.



DEV NERD GIRL

Contenu sponsorisé
Re: Medicine | Ethan Stoker

Medicine | Ethan Stoker
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Dabberblimp ::  :: Terrains sportifs :: Quidditch-
Sauter vers: