Conseils pratique || with Ethan

Depuis l'entraînement d'hippoball que nous avions fait avec l'équipe, je devais admettre que je me sentais relativement confiant dans mes habiletés. Ceci étant dit, j'avais la fibre perfectionniste, l'envie de m'impliquer dans cette passion, ne serait-ce que pour échapper un peu à mes livres et à mes longues séances d'étude. Je m'étais découvert un plaisir certain à voler, à participer à un sport un peu compétitif, et ça m'avait fait du bien. Porté par l'envie de m'impliquer sérieusement, comme dans tout ce que je faisais, j'avais donc décidé de rencontrer madame Hamilton, l'enseignante chargée des cours de vol. À mon arrivée, elle y alla d'un commentaire sur la météo auquel je répondis un peu machinalement après avoir levé un oeil vers les cieux dégagés.

« Bonjour madame Hamilton. Une température parfaite pour voler, oui. »

Si ce n'était qu'il faisait peut-être un peu frais pour les chevaux. Je fus d'ailleurs surpris de voir qu'elle avait enfilé son maillot officiel. Je veux dire, c'était le genre d'item que l'on gardait précieusement, un souvenir précieux, non ? Soit elle voulait m'impressionner, soit elle vivait dans le passé. Enfin, c'était bien d'être fier de ses accomplissements, il ne faut pas déformer mes mots, mais voilà. Je trouvais ça particulier, tout simplement. D'autant plus que, à ce qu'il parait, nous n'allions pas voler aujourd'hui, mais bien prendre soin des chevaux.

« Je suis là pour apprendre tout ce que vous aurez la gentillesse de me partager. »

Un peu carré ? Forcément, j'étais en présence d'une enseignante. Même si mes pensées étaient sceptiques, je n'étais pas de ceux qui aimaient manifester un manque de respect envers l'autorité sans raisons particulières, préférant encore continuer de cultiver mon image d'élève sage et disposé à apprendre. Ceci étant dit, j'avais reconnu Tírnanóg et je devinai que c'était mutuel, ma monture secouant la tête en ce que je choisi d'interpréter comme des salutations. Un peu de patience, madame Hamilton n'avait pas terminé ses instructions. Selon elle, c'était comme de s'occuper d'un cheval traditionnel. Hm, comment lui dire que la plus grande interaction que j'avais eu avec un représentant de cette espèce, c'était sous forme de poches de sang ? Valait mieux éviter. Quant à le brosser tous les jours, je ne pus m'empêcher de me maudire. Encore un truc à faire entrer dans mon horaire de ministre. Maudits soient les double DEMA.

Au moins, l'enseignante semblait passionnée par son sujet et parlait beaucoup, ce qui n'était pas un mal en soi. Je préférais écouter de toute façon, j'étais plus doué pour ça. Kinesthésique, c'est par l'exemple qu'elle me montra le mouvement à faire, pour brosser les chevaux. Je la regardai docilement faire, acquiesçant pour signifier que je comprenais le principe. Joignant la parole à l'acte, elle m'expliquait qu'il devait s'agir d'un moment de détente. Ouf. Ça, c'était pas gagné. J'étais déjà là à réfléchir aux différentes étapes du soin d'un cheval, essayant d'imaginer ce que ça devait inclure alors que je n'étais qu'un novice. J'étais prêt à sauter des étapes moi, du coup heureusement que madame Hamilton était là pour me ramener à l'essentiel. Elle me passa une brosse et, enfin, je pus approcher mon camarade de jeu.

« Bonjour Tírnanóg. Comment ça va depuis la dernière fois ? T'aimes te faire brosser ? »

Je m'étais adressé à lui d'une voix un peu grave, calme et presque monotone, mais douce. J'en avais aussi commencé pour commencer à le brosser d'une main, utilisant l'autre pour le caresser un peu. Pour l'avoir déjà monté quelques fois, je savais qu'il était du genre énergique, un peu borné, mais au fond c'était aussi ce qui nous rapprochait. Quelque part, on se comprenait. Ou, encore une fois, je pensais simplement trop à ces trucs. Pour quelqu'un de mon genre, j'avais facilement tendance à m'égarer dans mes pensées. N'empêche, c'est vrai que c'était paisible comme activité.

« Je pourrais bien me voir faire ça tous les jours. »

Lorsque l'enseignante passe un commentaire sur ses vêtements, je demeure interdit. Pire, je crois que je viens d'avoir une petite sueur froide. Aurait-elle entendu mes pensées ? On ne sait pas, ici. Surtout avec les enseignants, peut-être était-elle douée dans la Légilimencie. Serait-ce vraiment si surprenant ? Je ne la connais pas vraiment, après tout. Ou alors serait-ce un simple hasard ? J'ai presque envie de tester. Mary had a little lamb, it's fleece was white as snow, yeah. Everywhere the child went, the lamb, the lamb was sure to go, yeah. Mon regard curieux continuait de l'épier, de voir si elle y réagirait, si elle entendrait ça. Mais non, j'étais probablement juste parano.

Heureusement, mon esprit fut vite réquisitionné par Tírnanóg et par la brosse à chevaux. Je m'étais appliqué, concentré à la tâche et me permettant de lui parler un peu, de l'habituer à ma voix et de communiquer avec lui. À cela, l'enseignante en profita d'ailleurs pour me féliciter, accompagnant cela d'une explication supplémentaire. Ça faisait sens, en soi. C'était comme de travailler avec un élève. Ou comme n'importe quelle autre conversation que l'on aurait pu avoir avec moi. Je n'aurais sans doute pas été très heureux que l'on me parle comme à une engeance de Satan plutôt qu'à un jeune homme normal. Je me demandai d'ailleurs très brièvement si madame Hamilton savait ce que j'étais, mais chassai cela pour plutôt lui répondre.

« Et comme notre cher Tírnanóg a déjà son petit caractère, vaut mieux éviter de le provoquer, n'est-ce pas ? »

C'est dit sur un ton amical et détendu, avec le sourire, alors que je continue à le brosser. Le cheval fait bouger sa crinière et mes lèvres s'étirent encore un peu plus. Il reconnait son nom, il sait que je parle de lui et, quelque part je sens qu'il aime sa petite réputation de cheval sauvage. Il ne m'a encore jamais fait de misères sur le terrain, mais je me doute que c'est simplement parce que nous nous respectons mutuellement. Y allant de conseils supplémentaires, madame Hamilton m'avoua avoir prit l'habitude de brosser son cheval avant chaque match, pour évacuer la tension.

« C'est intéressant. J'essaierai d'en parler avec les autres joueurs de l'équipe. Vous avez d'autres conseils du même genre ? Quoi que ce ne serait peut-être pas équitable pour les autres équipes. »

Ah les Poufsouffles, fervents défenseurs de la justice et de l'équité. Ouais, après ça je me demande pourquoi on me traite de boyscout. Quant à savoir si je suis prêt à continuer.

« Tout à fait. Et je me demandais aussi s'il y avait des soins particuliers à apporter aux cheveux en fonction de leur espèce ? Par exemple, Tírnanóg étant un Gronian, est-ce qu'il y a des soins en particulier à lui apporter qui ne seraient pas nécessaires pour un autre cheval ? Ou inversement ? Et à quel genre de maladies sont-ils propices ? Enfin, désolé, ça fait beaucoup de questions. »

Je m'excuse en passant une main nerveuse dans ma chevelure. C'est sans doute un début de déformation professionnelle. Forcément, un étudiant en médicomagie ça aime les réponses précises et complètes, savoir avec quoi on travaille. J'espérais que ma curiosité ne la dérange pas trop, mais jusqu'à présent elle semblait beaucoup aimer parler donc... peut-être aurais-je de la chance ?