la fête est finie // renard

la fête est finie

t'avais rendu ton insigne ; pas assez de responsabilité, c'était du temps qu'on te prennait alors que tu pouvais faire autre chose de bien plus intéressant. pas que tu respectais le règlement alors que tu étais préfet, mais tu pouvais te permettre de défir les lois de l'école encore plus maintenant que tu l'étais plus. alors, sur un coup de tête, simplement parce que tu en avais envie. quand tu te plantais un truc dans le crâne, c'était impossible de t'en détourner.

renard.
c'était ta nouvelle obsession du moment. ce n'était pas le premier, il y en avait eu bien d'autres. roxanne, ezéchiel, socrate, béring et sûrement bella. ça ne sera pas non plus le dernier.
tu le sais. t'as beau pas vouloir l'avouer, tous ces gens t'étaient nécessaires pour avancer. autant que tu leur faisais croire qu'ils avaient besoin de toi, t'avais surtout besoin d'eux ; pour l'attention, la buée dans les draps, les douceurs parfois et pour te sentir puissant.
pour avoir l'impression d'avoir le contrôle.

et dès fois, tu penses que tu l'as vraiment, parce que tu pensais à lui et justement il apparait comme par magie. il est là aussi, dans l'obscurité de la bibliothèque. toi, t'es entre les rayons, tu respires doucement en passant tes doigts sur les livres.
et t'en fais tomber un an, qui résonne dans le silence de la pièce.

« renard. je t'ai fait peur? »

tu souris - et c'est vicieux, c'est malsain, mais chaleureux à la fois. c'est toute la splendeur de ses dents et toute l'horreur de ses plans.
ses manigances infâmes. il s'approche de renard, ses chaussures ne font presque aucun bruit sur le parquet.

il se plante à quelques pas de lui.

« rendez-vous nocturne avec les révisions? ou tu attends quelqu'un peut-être? »

tu te serais précipité pour capturer ses lèvres et maitriser son corps, mais tu ne fis rien. tu te contentais de plonger tes iris dans les tiens et attendre que son visage trahisse une quelconque réaction.

tu t'assois sur l'une des tables.

« je t'en prie, viens t'installer. »

il n'avait sûrement pas envie de te parler,
mais tu ferais en sorte qu'il le veuille avant la fin de la soirée.

ft. trésor & renard

capricieux audacieux qui peine à priser la douceur des belles notes dépassant les dix.
jamais les chiffres n’avaient témoigné d’autant d’hostilité,
et que dire des enseignants
sans compter tes parents.

réfugié comme un enfant qu’on sermonne,
tu t’es quasiment blottis dans un recoin de bibliothèque
où survit une lumière qui se distingue par sa bougie

te voilà

toi
seul
avec tes remords et tes idées qu’on pensait pourtant vierges d’antipathie,
faisant mine de lire tu sais très bien que les leçons ne rentrent pas
t’es trop occupé à te demander comment t’échapper et
si par malheur il n’y aucune sortie,
alors à comment succéder.

mais le voilà,
comme la peste et ses sottises qui t’interpellent
toi qui t’étais tapi contre un mur bien gardé par tes six livres
il fallait qu’une reliure tombe et qu’une raclure s’en excuse

non, renard, tu n’as pas eu peur,
il en faudrait bien plus,
mais ton regard froid se lève et tu ne peux refuser à trésor le plaisir d’un duel entre vos pupilles,
si seulement cela pouvait le rassasier.

la mauvaise réputation qui lui colle aux semelles n’est pas un mal pour toi,
néanmoins, sa voracité et son endurance demeuraient des problèmes auxquels aucune solutions divines ne pouvaient te libérer.

la simple idée qui te trottait en tête te privait de mot
alors bien obéissant comme pour te déshabiller du moindre intérêt, tu te lèves
rejoins le diable niché sur sa table

sans pour autant trop t’approcher du feu qui brûle,
tu gardes une distance car tu connais trop bien ses mains frivoles,
préfère la chaise, plus réservée, sage et droite.

toujours privé de tes mots tu t’abandonnes enfin à tirer sur tes cordes,

« ton petit frère n’est pas ici. »

comme s’il cherchait la famille, ah, renard et tes belles blagues
il t’écœure presque.

vipère, et ses yeux froids
si seulement tu pouvais égaler son aisance.
quelque peu jaloux (jamais tu n’avouerais)
il a ce grain de liberté auquel tu t’accroches secrètement

c’est ce je-ne-sais-quoi qui te rend malade
car jamais ô grand jamais il n’aurait ton cœur,
mais ce serpent qui te chasse pourrait bien s’arrêter de ramper
et tu cesserais toi aussi de courir, pour ne jamais t’en séparer.

loin des sentiments d’amour tu cherches les mots qui peuvent le saisir, lui faire comprendre ne serait-ce qu’un instant que tu n’es pas la proie fragile que ton apparence dessine,

mais il te connait lui aussi,
et tu n’es pas difficile à comprendre, renard.

trésor…
il sait bien que ça te fait vomir, la sorcellerie.

et c’est bien au-delà d’une banale conversation
que se joue une bataille entre vous deux

car ses mots, qu’ils puissent être beaux ou délicats
n’auraient certainement jamais raison de tes passions

car tu vis pour un dangereux projet et les erreurs aiment tâtonner du bout des doigts tes pensées fragiles,
et si tu aimais,
ne serait-ce qu’un peu,
alors
tu pourrais sombrer si profondément dans la gorge de la peur
sans une main pour te sauver
seulement toi et ta détresse,
pour périr.

car trésor ne te sauverait jamais.

« je pensais que tu n’appréciais pas les poufsouffle. qu’est-ce qui t’amènes. »

renard, tu n'aimes pas les questions
tant tu te fiches des réponses.

tout pour le faire fuir si seulement t’avais les bons mots les bonnes énigmes alors tu comprendrais comment fonctionne le grand trésor mais

à tatillon
t’essayes

doucement
de le comprendre

vainement
car il t’énerve autant qu’il t’intrigue

le sorcier libéré jouissant d’une vie teintée de plaisir

et toi renard,
t’es que le sorcier presque raté qui rêve de se défiler.

t’es rien.

la fête est finie

« heureusement qu'il n'est pas là. il va m'entendre s'il respecte pas le couvre-feu. »

et toi, tu fais quoi, trésor? tu le respectes, le couvre-feu? oh, mais les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tout le monde, évidemment, bien sûr. tu les contournes, toi, les règles, tu les arranges.
t'en fais ce que tu veux, parce que tu le peux.
et dès fois, t'as l'impression que tes pensées se répètent, que tous tes neurones s'activent seulement pour un seul sujet ; mais n'est-ce pas vrai, au final?

tu souris doucement à ses mots ; un sourire creux. dans la froideur de la nuit, on aurait pu croire que la lune te passait à travers le corps et éclairait de ses ombres ta menaçante silhouette au dessus de renard.
tu t'autorisais à croire que tu étais le chasseur, dans le scénario qu'est votre discussion. une mauvaise fable, où à la fin, tu apprivoises le renard pour le trahir et le tuer.

« c'est vrai, je les aime pas particulièrement. tu es bien renseigné, dis moi. »

tu laisses échaper un pouffement à moitié rieur.

« je me promenais, c'est tout. j'ai besoin d'une raison pour être ici, renard? »

tu n'avais jamais agi par logique, mais toujours par instinct. tout ce que tu faisais, c'était des impulsions qui te grattaient le fond des tripes, comme si on te forçait à le faire.
peut-être que quelqu'un te contrôle.
peut-être que je te contrôle, trésor.

tu passes une main abimée par quelques coups dans le mur de ton dortoir le long de ta nuque. tu relèves la tête, puis la repose dans le creux des orbites du poufsouffle.
il semblait si fébrile et accessible que tu lui aurais sauté au cou pour l'étrangler dans l'instant.
sûrement qu'il fallait que tu calmes tes pulsions, de temps en temps - mais tu étais de moins en moins contrôlable, et chancun des bleus le long de tes doigts le prouvait.

la colère te ronge, trésor, et chaque jour, elle te rapproche de la mort. elle causera ta perte ; je l'ai décidé.

« et toi, pourquoi tu es là? tu ne m'as pas répondu. c'est secret? tu attends que quelqu'un vienne t'arracher des plaisirs dans un coin de la remise, ou tout autre chose? »

ft. trésor & renard

un malaise dissimulé
tu n’arrivais pas à saisir la moindre information qui ferait de toi le chat de cette partie,
mais sans choir et uniquement car ton avenir ne t’importe pas,
tu restes ici à côtoyer les ténèbres, serein.

son souffle trahi un amusement,
peut être fictif,
mais le silence qui domine la pièce
te cajole d’une impassibilité efficace,
et tu le regardes, toujours
de ton air blasé de presque adulte démuni,
comme si la vie s’était jetée,
de tout son poids, sur tes épaules, solides.

ses questions qui n’attisaient que rarement tes réponses
commençaient néanmoins à se faire insistantes
que cela pouvait-il bien lui faire ?

l’art de la conversation t’échappes, renard, et si tu pouvais vivre sans mots tu vivrais surement mieux.

« je lisais. »

quoi de plus normal dans une bibliothèque.

tu te défiles. t’as pas envie qu’il s’immisce dans ta tête,
ses interventions ne seraient que plus destructrices
dans ce vacarme incessant qui martèle chacune de tes nuits.

sans ignorer les ecchymoses qui teintent sa peau, tu comprends les dangers
et son ombre qui te surplombe semble te rendre plus fragile,
mais tu tiens tête,
t’es fort, au fond,
(tu l’espères tellement)
pourtant t’es qu’une souris face au piège.
et tes milles refuges.

alors les tirades te prennent et ta seule arme en cet instant ces tes mots saillants
parce que tu passes ton temps muet à valser avec le silence
sans jamais t’endormir.

« ta réputation te précède comme la peste. nu sur un balcon, à califourchon, pourquoi pas aux toilettes, même ? et tu l’auras, leszczynski. tant qu’apostolo reste à portée de main, tu peux vivre, pas vrai… je repense d’ailleurs aux deux points que tu a dérober à ma maison. »

« bien renseigné », qu'il disait,
ah,
t'aurais voulu rire.

tu te lèves, presque brave, un peu fier

« les choses se savent trésor. et si personne n’est là pour en parler, moi j’ai toujours des oreilles pour entendre, des yeux pour regarder. tu m’auras, c’est sûr. tu m’auras parce que mon corps ne vaut pas un sous, et qu’en offrande, il me sauverait peut être. tu m’auras, tu peux déjà t’en réjouir. mais pas mes sentiments. »

les passions sibyllines que tu réserves au passé
tes ternissures défendues qu’aucun être ne pourrait caresser,

tu savais devenir le sournois renard
celui prêt à attiser les passions violentes, celles qui cognent et laissent des traces
pourvu qu’il ne touche pas à ton corps,
pas maintenant.

et d’un pas lent, tu contournes ta chaise,
tes yeux fixe le sol

si froid,
tu récupères les livres que tu lisais, t’apprête à les ranger et pourtant,
tu en sélectionne un nouveau, en déposant trois.

« on peut jouer longtemps, trésor. »

te débarrasses du reste de tes bouquins, revenant lutter contre son regard
au péril des potentiels coups
t'espères secrètement que ce jeu trop simple le dégoûte.

« mais tu n’as rien à gagner avec moi. »

car il lui faudrait te connaître et jamais un sentiment ne t’as trahi
(si ce n’est l’arrivée de marie-lou)

le voilà,
le renard, le vrai, celui qui s’était tu pour mieux tuer,
l’intrépide indomptable poufsouffle qu’on pourrait prendre pour serpentard,

dont la peur se libère pour mieux revenir.