nothing is as beautiful as love ♡ béring

Assis sur ton siège, tu observes les gens qui rentre dans la salle avec un silence peu commun. L'une de tes mains repose sur ta cuisse, tandis que l'autre tient fermement le poignet de Béring près de toi. Tu avais tant insisté pour qu'il vienne voir ce film avec toi, tu n'allais certainement pas le laisser partir. Oui, c'était dire que tu ne lui faisais pas vraiment confiance, mais tu avais eu tellement de mal à le convaincre de t'accompagner. En fait, tu l'avais presque forcé en lui répétant que ça lui ferait du bien. Plus que s'il était resté seul dans sa chambre, en tout cas. Tu veux simplement l'aider avec ton grand coeur. Depuis le jour où tu lui avais demandé son autographe, vous étiez devenus bons amis. Enfin, avec un peu de persistance de ta part. Cela t'arrache un sourire et tu tournes la tête vers celui occupant la place voisine à la tienne.

- Allez, fais pas cette tête. Tu vas voir, ça va te changer les idées.

Tu serres doucement tes doigts sur son poignet que tu n'oses pas encore lâcher de peur qu'il prenne la fuite. Tu lui offres un doux sourire juste un peu avant que la luminosité de la pièce ne se tamise jusqu'à s'éteindre totalement. Le noir les envahirent pendant à peine plus de cinq secondes avant que l'écran ne s'allume, les aveuglant momentanément. On pouvait encore entendre des murmures alors que le film débutait. Ton attention se porte quelques instants sur le profil obstiné de Béring avant de retourner à l'écran.

Tu n'avais pas prévu que le film soit aussi ennuyeux, comme le prouvait ton bâillement à l'instant. Tu frottes ton visage avec tes mains, libérant ton ami par la même occasion. Tu n'arrives plus à te concentrer sur les images devant toi et sur les sons qui emplissaient la salle. Au lieu de ça, tu fais promener ton regard dans la salle plongée dans l'obscurité à la recherche de quelque chose d'intéressant. Mais tout le monde semble subjugué par ce qui se déroule face à eux. Tu laisses échapper un soupir désespéré en adossant ta tête contre ton siège.

Tu ne peux t'empêcher de ricaner à la réplique de Béring. C'est vrai que tu n'avais pas choisi quelque chose de... bon. Tu ne pouvais pas savoir que le film serait un navet avant d'avoir commencé à le regarder. Pourtant, tu ne lui en veux pas, parce que tu l'avais un peu - beaucoup - forcé à t'accompagner. Tu entends comme lui le son de baisers dans votre dos. La différence, c'est que tu n'y apportes pas trop d'attention et que le serdaigle se retourne sur son siège avec une mine exaspéré que tu devines dans l'obscurité. Cette réaction t'intrigue quelque peu, mais tu n'as pas vraiment le temps de dire quoi que ce soit que ton ami t'adresse la parole.

- Oh, allez, fait pas la tête, c'est juste un film.

Tu tentes de rigoler, mais tu te doutes bien que cette phrase ne rapportait pas seulement à la mocheté du film. Son sarcasme te fait presque éclater de rire et tu portes ta main à ta bouche pour la couvrir afin de ne pas laisser le rire déranger les autres élèves dans la salle. Tu laisses ton amusement s’essouffler avant de reporter ton attention sur Béring.

- Non, parce que je ne sais pas comment ça fonctionne.

Un petit rire à peine dissimulé et tu reprends un peu de sérieux, fixant le visage engloutit d'obscurité du serdaigle. Tu prends une mine un peu trop sérieuse pour toi avant de reprendre la parole.

- Pourquoi ça t'agresse ce rencard? T'as qu'à ne pas y faire attention. Ils sont jeunes et l'amour est quelque chose de vraiment beau.

Peut-être qu'il avait vécu une histoire d'amour tragique? Que ça l'avait déçu? Pour que ça le dérange au point d'en être aussi exaspéré, il devait bien y avoir une raison. Et il faut dire que tu étais bien déterminé à savoir pourquoi ça le rendait maussade.

Tu étais presque pareil à cet âge, alors que tu découvrais l'amour, le vrai. Tu ne cesses de penser à lui qui n'est maintenant représenté que par une vulgaire pierre tombale. Il vit dans ton coeur et jamais tu ne laisseras un événement aussi tragique salir ton opinion de l'amour. Certes, c'est un sentiment qui peut détruire s'il n'est pas réciproque, mais lorsque ça l'est, il n'y a rien de plus beau. Il faut chérir ce genre d'émotion, car il se trouve si difficilement de nos jours. Le soupir de Béring te sort de tes pensées et tu tournes la tête vers lui. Pour le coup, il avait raison sur un point: ils n'étaient pas obligé de le faire dans la salle de cinéma. Question de respect. Par contre, tu ne penses pas que c'est quelque chose qui doit être secret. Oui, il y a des choses qui doivent rester intimes, mais il n'y a aucune obligation d'agir en simples amis si ce n'est pas le cas.

- D'accord. T'as le droit d'être agacé, mais Béring, tu peux voir partout des gens qui se donnent de l'affection. Des gens qui se tiennent la main, se jette des regards amoureux, s'embrassent. Des gens qui s'aiment, alors je ne comprends pas pourquoi ils n'auraient pas le droit de montrer aux autres qu'ils ont des sentiments l'un pour l'autre. J'en conviens que l'endroit n'est pas idéal et qu'ils ne sont pas obligé de se sauter dessus, mais ils ont le droit de vivre leur idylle amoureuse.

Tu penches légèrement la tête sur le côté en regardant le serdaigle à tes côtés.

- Je t'ai connu d'humeur plus joyeuse... qu'est-ce que t'as?

Parfois, tu es tout simplement trop direct. Soudain, les lumières se rallument et tu clignes des paupières, surpris. Quoi? Le film est fini? Tu tournes la tête vers l'écran et tu vois le générique défiler et les gens sortir de la salle. Le temps est passé tellement rapidement... Vivement, ta main se referme sur le poignet de Béring pour l'empêcher de filer. Bientôt, il n'y a plus que vous deux dans la place et le silence n'est maintenant dérangé que par la musique du générique de fin du film. Ton regard rejoint celui de ton ami.

- Hors de question que tu partes d'ici maintenant. J'crois qu'on doit causer.

Ton sérieux en est presque déconcertant, mais il ne dure que le temps de ces simples petites phrases. Un sourire agréable et chaleureux étire tes lèvres et tes doigts se resserrent un peu autour du poignet de Béring.

Tu rigoles aux paroles de Béring et tu relâches son poignet. Tu as tendance à te laisser emporter par ce genre de chose et tu commences à le connaître Béring. Tu as un peu peur qu'il s'enfuit, surtout que tu l'as tiré de force ici alors que le film s'est avéré vraiment... moche. Pourri, vraiment. En plus de tout ça, il y avait eu ces jeunes derrière vous qui se bécotaient un peu trop intensément. Donc pas étonnant que tu ne prennes pas de précautions. Cependant, tu décides de faire confiance à Béring. Tu as confiance qu'il ne s'enfuira pas tout bêtement. Peut-être es-tu trop naïf, aussi, mais seul les prochains événements te le diront. Tu ne comprends pas pourquoi le serdaigle ne veut plus de ce sentiment. Ou en fait, tu le sais trop bien et tu ne veux pas qu'il devienne comme tout le monde; à se laisser abattre par une mauvaise histoire d'amour. Tu lui offres une moue mécontente.

- J'suis sûr que tu dis ça à cause d'une relation amoureuse qui s'est mal terminée.

C'est direct, mais tu lui fais clairement savoir ton point de vue. Toi aussi, l'amour t'as déçu. Il t'a arraché le coeur plus d'une fois, mais jamais tu n'as voulu cracher dessus et abandonner. Tu trouves ça beau, mais ça ne t'empêche pas d'être célibataire. Trouver ça extraordinaire ne veut pas dire de courir après et de le pourchasser. Toi aussi, tu ne sens pas le besoin de tomber en amour, tu te contentes simplement de l'admirer. Parce qu'au fond de toi - tout au fond, vraiment dans les abysses - tu as peur de subir la même chose qui t'est arrivée auparavant. Cependant, tu ne laisses pas cette peur enfouie prendre le dessus et tout gâcher lorsque le moment viendra.

- C'était si moche que ça? Je veux dire, ta rupture. Parce que c'est clairement la raison pour laquelle tu ne veux plus de l'amour.

Et tu pourrais tout lui dire. Lui dire à quel point ce sentiment t'a déchiré, mais que tu persiste à croire que c'est la plus belle chose au monde. Sauf que tu ne le fais pas. Pas tout de suite. Tu veux connaître ses raisons; son histoire.

Sa réponse dégoulinant de sarcasme te fait grimacer de dégoût. Il a raison de ne plus vouloir tomber amoureux si son mec lui a fait une chose pareille. Jamais tu n'as vécu une telle chose, alors tu ne peux qu'imaginer le mal que ça doit faire. Néanmoins, tu considères que ça reste un deuil à faire, car au final, il suffit de trouver la bonne personne. Toi, tu l'avais déjà trouvé, mais il a fallu que le destin en décide autrement en te l'arrachant. Tu as envie de l'attirer contre toi pour le serrer dans tes bras, mais tu te contentes d'attendre la suite de son récit. Tes prunelles détaillent les traits las de son visage, alors que le tien n'exprime que de la compassion. De savoir tout ça te rendait reconnaissant. Il aurait pu se braquer et ne rien te dire, mais il semble que ça ne lui avait pas été possible.

- Ouais, pour le coup, c'est vraiment dégueulasse.

Tu plonges ton regard dans le sien, l'air sérieux.

- C'est normal de vouloir s'accrocher quand on aime quelqu'un, faut pas s'en vouloir pour ça. Il ne te méritait pas, c'est tout!

Tu lui offres un sourire chaleureux, sincère.

- Cet appareil photo doit être drôlement utile! Tu peux prendre pleins de photos compromettantes.

Tu essaies de lui remonter le moral au mieux en blaguant un peu. Tu n'aimes pas le voir comme ça, même si tu peux comprendre pourquoi il est dans cet état.

- Mais tu sais, un jour, tu trouveras la bonne personne! Ça peut être demain, comme ça peut être dans 10 ans! Tu mérites quelqu'un qui te respecte.

Tu poses doucement ta main sur la sienne pour la serrer doucement.

- Pour l'instant, on s'en fiche, faut pas que tu regardes derrière. Oh! Si tu veux, on peut troller pleins de gens! Genre leur balancer des ballons d'eau.

Tu rigoles tout seul. La simple idée de voir les réactions des victimes de ce tour te fait sourire.

- J'aime faire des mauvais coups, alors on fait ce qui te tente!