haut les cœurs + romeo

tu es un roi, un roi immense fait d'agates, d'émeraudes, d'apatites et de sphènes - un gouverneur verdoyant dont la cape de velours s'étend sur l'empire verdoyant des serpentards. ça, il n'y peut rien. il ne peut faire cesser ta divine comédie en tonnant et en tapant du poing car il ne peut atteindre ces terres-là oui dans ses reflets carmins. il ne peut que se taire pour faire semblant d'oublier. ça ne l'atteint plus ah il aime y croire à cela ! que cet enfant maudit ne se souvient plus de votre prétendue amitié au nom d'une chose aussi laide que l'autosatisfaction.
une plaie déchirant sa carapace, invisible, à l'époque - maintenant il est fait d'acier, lui tu ne peux plus l'atteindre. lui il est au-delà il me semble, de ton joug - il t'a ostracisé de son univers et ne veut plus jamais t'y voir si c'est pour prendre le risque de brûler des âmes qui lui sont chères.
shion a une force tranquille qui ne l'inquiète pas quand vous êtes tous deux non loin mais il y'a une faiblesse commune à ces deux titans, un rubis rosi d'amour et de naïveté bien ciselé nommé marie-lou et que tu veux placer sur ta couronne. hors de question, hors de question !
il en tremble d'effroi.

son coeur est sur le point d'exploser car il est fatigué et triste, ses murailles tombent mais il ne peut pas faire semblant de ne pas voir ce lien qui se ficelle entre vous - il ne peut pas vous laisser, cela serait dangereux de lier à nouveau ces deux univers par une corde d'affection. qu'elle est gentille marie-lou et sûrement bien trop pour toi.
il aurait dû, il aurait dû en parler avec magnolia, aller toquer à sa porte de sa mélancolie puissante, de ce mal qui le chagrine et le bouleverse tout entier pour être adroit sur ses pieds face à toi. il aurait dû oui se débarrasser de ces poids dans le jardin du garde-chasse qui fait fuir les ombres de son âme, ah...
ulysse a peur d'imposer son propre poids aux autres. alors il est là, tout nerveux, les muscles tendus par sa propre existence et l'idée de devoir se confronter à toi. il est là à atteindre devant la porte, maussade et en colère à la fois. il ne t'a pas pas prévenu qu'il viendrait. il compte te cueillir à la sortie en y mettant un rien les formes comme il le fait toujours.

il regarde les ondes s'en aller et veut capter la puissante, la plus théâtrale d'entre elles - il veut l'attraper dans ses mains et la serrer ! la serrer pour le faire taire. mais ulysse ne t'étranglera pas. jamais.
il ne te déteste pas mais il hait l'image que tu renvoies, tout ce que tu lui inspires car tu as le vice de ces serpents venimeux qu'il ne peut jamais se résoudre à tuer.
romeo. tu as terminé les cours non ? salut.
il est là à t'inculper déjà de crimes, en silence, alors que le jugement n'a pas commencé.
 

quelle regrettable situation. ulysse n'a pas envie d'être là et te voilà toi, gorgé d'espoir d'une nouvelle clémence - mais ulysse est rêche comme une feuille de verre et te laisserait bien crever de part son indifférence. ah quelle regrettable situation ! toi, toi le roi à espérer que ce chevalier t'épargne alors que tu rapproches tes mains pernicieuses d'une princesse qu'il aime comme une soeur et qu'il protège comme une reine ! il ferait couler son propre sang pour garder la rivière limpide.

non il a peur qu'elle soit blessée par une hypocrisie trop aiguisée pour son coeur tout mou, elle est si fragile...

d'un geste nerveux mais sec il remet son masque en place comme pour mettre une barrière entre tes prunelles brisées par la surprise. il se gêne de s'avoir qu'il y'a peut-être un peu de sincérité et de se laisser biaiser par l'humanité transpirante. il aurait préféré oui beaucoup d'indifférence pour traiter les affaires comme des affaires, ne pas céder à ce qu'on nomme l'empathie. il détourne le menton pour ne plus te voir.
je te suis si tu sais où on pourrait se poser un peu. je dois te parler.
ça sonne toujours grave avec ulysse, ah pour qu'il vienne affronter ses douleurs adolescentes ! sa première trahison, là où il avait mis tout son coeur. il avait quoi, douze ans ? treize ? quelle cruauté !

tu vois marie-lou ? tout le monde voit marie-lou ! ulysse tente de rester fort comme le serait shion. le ton ferme puisqu'il ne connaît pas l'insolence à dix-sept ans. il l'a oubliée. ne l'approche plus. ça te pose un problème que je te demande ça ?
la question est sincère. es-tu troublé par cette question tout à fait sincère ? dans aucun cas son avis ne changera pas mais il aimerait deviner la vigueur de tes sentiments à son égard à elle en ces instants.