deep down the unseen - lumi

Si je devais regarder le miroir de Risèd, j’y verrais un enfant patiner sur un lac gelé avant que celui-ci ne cède sous son poids et l’emporte dans ses abysses glacées.

Si je devais me retrouver face à l’Épouventard, celui-ci se transformerait en gigantesque loup - une gueule pleine de dents, un pelage hirsute et des grondements infernaux.

Si je devais décrire les parfums de mon Amortentia, je dirais qu’ils oscillent entre celui de la neige, du feu de bois et des myrtilles.

Si je devais choisir ma matière favorite, je dirais qu’il s’agit de l’astrologie… Quoique j’aime beaucoup la botanique et les défenses contre les forces du mal.

Si je devais avoir un bonbon de prédilection, disons que ce serait probablement de la réglisse - et la bière au beurre, ça compte comme péché mignon ?

Si je devais avoir une créature comme source d’inspiration, je choisirais le Kraken pour sa force, son mystère et sa capacité à nager au plus noir des océans.

J’ai comme animal de compagnie une petite hermine blanche du nom de Silk - elle me suit partout, c’est une glue vivante dotée d’un caractère bien trempé. Généralement elle se loge dans une de mes poches ou sur l’une de mes épaules.

Mon patronus prend la forme d’un grand loup gris - une curieuse ironie qui se rit de ma phobie la plus profonde.

O Rose thou art sick.
The invisible worm,
That flies in the night
In the howling storm:

Has found out thy bed
Of crimson joy:
And his dark secret love
Does thy life destroy.

Je me souviens de la main chaude de maman sur mon front et des volutes de buée qui sortaient de sa bouche lorsqu’elle me parlait. Elle était belle maman, avec ses cheveux noirs comme le corbeau, sa peau pâle comme la pierre et son nez pointu comme la branche. C’est papa qui disait ça, qui disait qu’elle était belle comme ça - il pointait le corbeau, il pointait la pierre, il pointait la branche et il répétait comme elle était belle, il énumérait comme elle était belle. C’est vrai, elle était belle maman et lorsque je vois un corbeau, une pierre ou une branche, je me souviens comme elle était belle.

Je me souviens du chapeau de pêche vert et froissé de papa qu’il ne rangeait jamais et qui traînait toujours sur le tas de bois devant la maison. Il y accrochait des hameçons et parfois des plumes, il était vieux comme le monde et sale comme la terre. C’est maman qui disait ça, qui disait que son chapeau était sale comme la terre et vieux comme le monde. Elle ajoutait après, avec un sourire, que ce sont souvent les objets sales et vieux qu’on chérit le plus. C’est vrai, il était sale et vieux, vert et froissé, mais si je l’avais en mains ce chapeau, je le serrerais très fort contre moi.

Je me souviens du petit dinosaure en plastique qui trônait sur sa table de nuit comme un conquérant. Il avait la queue rongée et les pattes un peu abîmées, il était usé et démodé. Il me faisait penser à un lézard qu’on aurait oublié au soleil et dont la dernière expression faciale aura été la colère. Je me souviens qu’il y tenait beaucoup et qu’il l’appelait Zazar. Je me souviens de maman qui lui criait parfois d’aller ranger Zazar. Je me souviens de papa qui se moquait parfois en agitant Zazar en l’air, si haut qu’il ne pouvait pas l’atteindre. Mon petit frère. Je me souviens de mon petit frère et de son dinosaure en plastique, Zazar, qui trônait sur sa table de nuit comme un conquérant.

Je me souviens de l’odeur des fleurs de tilleul que maman faisait sécher à côté de la cheminée du salon. Je me souviens que cela faisait comme un tapis de parfum, et je me disais alors que le parfum ça se touche, ça ne fait pas qu’être senti. Je me souviens avoir passé des heures devant le tapis de parfum de fleurs de tilleul et que parfois je m’endormais et que les rêves que je faisais alors étaient doux. Je me souviens de mon petit frère qui m’en jetait à la figure en me surnommant « miss pot pourri ». Je me souviens que mes cheveux sentaient alors les fleurs de tilleul. Je me souviens de l’odeur des fleurs de tilleul que maman faisait sécher à côté de la cheminée du salon.

Je me souviens des nuits d’été chaudes où nous dormions sur les chaises longues de la terrasse. Je me souviens qu’on prenait les coussins et les couvertures de nos lits et qu’on aménageait les chaises longues en cocon. Je me souviens du bonheur qu’on partageait en même temps que des biscuits et du soda en comptant les étoiles filantes. Je me souviens de ses questions sur les étoiles filantes et l’univers, je me souviens qu’il m’avait une fois demandé si, lorsque nous mourrons, nous devenons des étoiles. Je me souviens des réponses que je n’avais pas mais des sourires qu’il m’offrait tout de même. Je me souviens des nuits d’été chaudes où, mon petit frère et moi, dormions sur les chaises longues de la terrasse.