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ce que nous sommes (chanel)

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ce que nous sommes (chanel) Ven 22 Mar - 21:24

La salle d'histoire avait deux avantages : son ambiance maussade était parfaitement adaptée à la situation, et pour cette même raison, elle n'était quasiment jamais fréquentée en dehors des heures de cours - ce qui en faisait un parfait lieu de rendez-vous pour la discussion à venir.
En un sens, cette décision était un aveu, Magnus le savait.
Il doutait depuis quelques temps déjà, et si leurs derniers mois de relation avaient été hachés par le silence et l'incompréhension - du moins, au regard de son scepticisme - il n'était pas certain de comprendre ce qui les avaient menés à une extrémité telle qu'il en venait à remettre en cause ses propres sentiments.

Quelque part, Magnus n'était pas triste.
Il avançait avec une tristesse résolution, tout son comportement hurlant une vérité qui n'était pas encore parvenue à son cœur : les choses lui avaient échappées. En dépit de ses efforts, de sa sincérité et de ce cadeau improvisé pour la fête des amoureux, il s'était rendu à la triste évidence que le conte de fées qu'avait été leur histoire fut aussi éphémère que magnifique.
Magnus ne regrettait rien, à vrai dire.
Tout comme les innombrables malheurs de sa scolarité ; sa désillusion, une enfance tombée à l'eau, le rejet silencieux d'une famille fier, sans pour autant en articuler le moindre maux, les oppressions permanentes des anti cracmol les tristesses la dépression à portée l'envie de partir l'envie de mourir l'envie d'oublier et de disparaître loin de tout tout tout- loin de toi.

L'amour, ironiquement, avait été son plus plus grand malheur, en plus de l'unique soleil d'une vie damnée. Magnus n'avait pas de futur, pas au regard de ses rêves brisés. Mais Chanel avait été son soutien, sa plus grande fierté - et l'épicentre de son univers.
Chanel lui avait tout donné - et elle n'était pas en train de lui reprendre tout ça, du moins, pas vraiment. Elle se contentait de s'éveiller, comme lui, d'un rêve un peu trop beau pour une réalité cruelle. Morne, décevante, accablante.
Magnus n'était pas malheureux, en soi.
Il l'avait été - et il était, en ce jour, incommensurablement attristé par ce qu'il était arrivé, et ce qu'il allait se produire. Ses bras pendaient le long de son corps, et sur son visage, comme dans l'absence de gestuelle transpiraient la déception.

« Les choses ont changé, Chanel, tu ne trouves pas ? ...entre nous, je veux dire. »

Il l'avait croisée dans la matinée. Un maigre sourire, pressé par le temps et son désir de solitude - une façon de se dire, avec son cours d'histoire de la magie comme excuse, qu'il n'était pas totalement dénuée de la moindre envie de lui parler.
À vrai dire, c'était peut-être son hyperactivité, mais Magnus détestait l'indécision. Il avait besoin de tout régler, tout maintenant, tout d'un coup, tout sous le coup de l'adrénaline et du désir d'action. Cette fois-là, Magnus s'était laissé du temps, une réflexion, un besoin de comprendre. Mais la conclusion lui apparaissait doucement à mesure que les secondes défilaient dans un silence immersif, malaisant, décevant.
L'ambiance n'était plus la même. Les sentiments étaient ternis, enterrés, oubliés dans l'immensité d'un monde trop grand pour deux pauvres enfants.

« Je... » t'aime. t'aimais. et t'aimerai, sans doute, si je ne cesse pas d'y penser. « ...ne sais pas si c'est une bonne idée de continuer à nous mentir à nous-même. »

Ce n'est plus comme avant,
Ce n'est plus de l'amour, ce n'est plus nous, ou justement, nous le sommes redevenus.
Ce n'est plus réel, tout ça.
C'est nous, c'est le monde.
Magnus lui avait tout donné - des moindres caprices de son cœur à l'entrevue du bonheur. Le futur, il n'y pensait pas, il ne s'était jamais permis d'être aussi égoïste. Mais ce présent, ces instants qu'ils avaient tant chéris, ils s'étaient envolés.

Pas de haine, pas de colère. Magnus n'avait jamais été un grand méchant.
Pas d'excuse, pas d'explication. Magnus n'était pas un grand bavard non plus.

Rien, et ce ne serait jamais plus rien.
Rien, parce qu'ils n'étaient réduits qu'à ça maintenant.
Des amis, peut-être d'ici demain.
Mais les débris du bonheur obstruaient ses pensées et le rendaient imperméable au moindre optimisme.

Le monde s'écroulait, aujourd'hui.
Chanel A. Tudor
@joacquimtudor
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Chanel A. Tudor
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En couple avec : Le seum.
Re: ce que nous sommes (chanel) Mar 26 Mar - 23:54

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Il y avait Doudou qui traînait, la tête ballante, le regard (ses billes noires) vide et le silence. Il y avait Chanel au bord du précipice qui pensait sans mettre de mots, qui ressentait avec ardeur chaque sentiment qui traversait son présent. Elle avait fermé les yeux et ses mains s'étaient mises à trembler doucement.

Dans son coeur s'était invitée la lassitude, vicieuse et mauvaise, elle s'était dessinée au bord de ses lèvres qui n'osaient prononcer aucune syllabe, et avait pris le costume du silence. La lassitude avait fini par empoisonner son coeur aventureux qui demandait à respirer encore de nouvelles expériences.

Je veux vivre ! disait-il.

Il y avait Doudou qui était tombé au pied du sommier en même temps que les draps, le visage triste et jamais un sourire qui étirait les coutures de son museau. Il y avait Chanel debout, les pieds nus devant son miroir, qui se regardait et se demandait quel monstre elle était, de ne plus aimer comme elle aimait, de ne plus être pleine de ce sentiment merveilleux.

Elle s'en voulait, Chanel, de ne plus être amoureuse.
Elle ne l'était plus, c'était un fait. Il n'y avait pas vraiment eu de raison.
Un matin elle s'était réveillée, et c'était comme ça, les démons avaient mangé sa joie.

C'étaient les cauchemars, et toutes ces pensées parasites qui lui prenaient la tête, toutes ces voix qui lui reprochaient en silence et seulement dans sa conscience. C'étaient les fantômes qui lui disaient Vole, va plus loin, ici il n'y a plus rien à voir, ici il n'y a plus rien à découvrir. Ton cœur vagabond ira chercher le bonheur un peu à droite, un peu à gauche, mais jamais au même endroit.

Oh, Chanel n'aimait pas ça.
L'innocence glissait au bout de ses doigts.
Elle commençait à comprendre pourquoi les adultes étaient si las.

Avec le temps, tout s'en va.  

Il était toujours question de temps, et au cours d'histoire, les années paraissaient courtes. On parlait de centaines et de milliers en quelques heures parfois des secondes. Elle se disait que dans cette longue lignée de moments, celui qu'elle avait passé à aimer était dérisoire, et quelque part un certain désespoir s'était logé, car elle se sentit triste de ne pas aimer assez comparé à toute la haine dont le monde était noyé.

Elle aussi maintenant, elle avait arrêté d'aimer.
Mais elle n'avait pas commencé la haine. Alors qu'est-ce qui n'allait pas ? Elle s'était tant rongée.

« Changé ? »

Elle baissa les yeux. Elle ne feintait aucune ignorance, mais elle n'aurait sans doute pas utilisé ce mot là. Ça avait l'air si doux, dit comme ça, alors qu'en elle elle se sentait dévastée.

« Oui, je suppose qu'on a changé. »

Un hoquet avait pris sa gorge. Elle n'oubliait pas les sentiments qui avaient pris sa poitrine, elle n'oubliait pas tout l'amour qu'ils avaient échangé, et elle l'aimait encore, un peu, Magnus, mais pas comme elle aimerait, pas comme des amoureux. Alors elle était restée en silence, et songea qu'elle n'aurait pas du laisser Doudou dans la chambre, ce matin-là.

Elle aurait eu besoin de le prendre dans ses bras. Elle se sentait fragile, prête à s'effondrer.

« Je ne mens pas. »

Elle baissa les yeux dans une mine affreuse. C'était vrai, elle ne mentait pas. Et c'était peut-être pour ça ; cela faisait une semaine qu'elle n'avait pas dit Je t'aime.

« Non, c'est vrai, tu as raison. Magnus. »

Il n'y avait pas de mots à poser, elle le savait. Ils le savaient tous les deux, en se regardant dans les yeux.
Leur amour avait des allures de passé. Le deuil commença à la faire pleurer.

« Tu veux bien le redire... une dernière fois ? »

Elle avait gloussé nerveusement, et les larmes désormais noyaient ses yeux boursouflés.

« "Je t'aime". Comme la première fois. »
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Re: ce que nous sommes (chanel) Dim 31 Mar - 20:30

Ce n'était pas censé se passer ainsi, pensait-il.
Ce n'était pas censé faire si mal.
Mais c'était ainsi, comme il était écrit.
"Avec le temps, tout s'en va."
Magnus aurait dû le réaliser, et réfuter de suite. Magnus aurait dû l'assumer et oublier son scepticisme qui, à lui seul, faisait allure de souffrance.

Mais Magnus avait un problème. Il le savait, depuis longtemps déjà, depuis les coups qu'il prenait pour sa simple nature de cracmol, pour les aides non-méritées, pour les amitiés à sens unique. Il avait changé des gens, parfois.
Certains avaient commencé à l'apprécier, cessant de le prendre pour un punching-ball. D'autres le respectaient pour sa force de caractère.
Magnus s'était battu ; contre l'injustice envers les autres, contre la solitude, mais jamais contre lui-même. Et cette vérité commençait à le prendre à la gorge, pour lui rappeler cette indéniable vérité. Car Magnus avait un sérieux problème.

Magnus était gentil. Bien trop gentil.

Il aurait voulu lui dire, et il sentait son cœur hurler, au nom de leurs belles semaines, de leurs moments partagés : il sentait remuer les échos de ces sentiments, ce "Je t'aime" qui menaçait, comme un poison permanent.
Magnus se tenait au bord du vide, si proche des regrets et d'une décision tentatrice. Ce serait si simple, au fond. Au nom de leur amour défunt, de ce qu'il restait, au fond ; cette amitié étrange, peut-être un peu gênante, maintenant que leurs lèvres ne serviraient plus qu'à se parler.
Magnus était perdu, lui.
Et son visage se décomposait sous le doute incandescent d'une question sans réponse, comme un chemin dédoublé dont l'issue demeurait unique.

Ses larmes montaient, également.

« Je... ne peux pas, Chanel. »

Sa voix se brisait. Et, dans le même temps, tout son être, aussi.
Magnus n'avait plus rien, à présent.
Et il luttait, luttait pour échapper au fantôme de ce sentiment merveilleux et tentateur ; à cette euphorie des retrouvailles, à la vue splendide de son visage pourtant malheureux. Chanel était belle, en toutes circonstances, et Magnus peinait à se le rappeler, comme une ultime décision. "Je t'aime" aurait-il pu dire ; "Je t'aime", et j'ai peur d'en oublier le son, la tonalité, le sens dans quelques années.
Magnus, lui, n'aimait déjà plus.
Et ça le tuait, ça le tuait rien que d'y penser.

« Parce que, je ne veux pas avoir à te mentir. »

Parce que, ça pourrait redevenir vrai.
Parce que, c'est déjà trop tard, pour nous deux ; et parce que je ne pourrai pas, une fois encore, faire face à l'extinction de mes sentiments.
Parce que, parce que je t'aime peut-être encore, quelque part, au fond ; parce que je t'aimerai toujours, pour t'avoir autant aimé.
Parce que Magnus est comme ça, au fond.
Lâche, faible, incapable de se défendre seul.
Courageux, fidèle, incapable de blesser.

Magnus se détestait, pour bien des raisons. Et aujourd'hui, son cœur se serrait face à la blessure qu'il lui infligeait, forgeant leur histoire, pour de bon, dans les entrailles d'un passé oublié. Le regard embué, se refusant à laisser couler des larmes injustes, Magnus lui tourna le dos et s'en alla, aussi simplement que ça, comme si rien n'importait.
Le cœur lourd, les yeux humides.
La fin d'une histoire, d'un conte rattrapé par la réalité.

"Je t'aime" avait-il dit comme une éternité.
Il y croyait, à l'époque. Et c'était vrai, tellement vrai, et c'est parce que ce n'était plus le cas que ça faisait si mal.
Il n'empêche, Magnus avait menti.

Menti, à celle qui avait le plus compté.
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