La chambre troublée des volutes de fumée semblait arrêtée dans le temps ; comme dans un espace parallèle, hors des limites du monde mortel, où les secondes sont des éternités et l’espace inexistant en dehors des frontières des murs qui entouraient la pièce. Une musique de fond remplissait le silence entre les discussions éparses et permettait de ne laisser place à aucune pensée non-invitée –du bruit vide pour remplir les creux. Comme disaient les jeunes, Hermès en avait sûrement trop pris.
« J’crois que j’suis en pleine montée là, j’ai l’impression d’avoir les jambes qui fondent, fit-il d’une voix pâteuse dans un ricanement plus idiot qu’il ne le pensait. »
Il avait la tête renversée contre le matelas et trouvait grande fascination à contempler le ballet aérien de son souffle empoisonné qui dansait dans l’air avant de s’écraser contre le plafond. Une fois les volutes dissous, il se redressa pour faire face à Arya et coincer le joint entre ses lèvres délicates avant de récupérer la bouteille qu’elle tenait dans les mains et y boire à même le goulot. Elle était belle, Arya. Mais quand il était défoncé, Hermès la trouvait tout simplement sublime. Quand ils n’étaient que tous les deux, elle devenait son échappatoire, son évasion parfaite, la fuite à tous ses problèmes. C’était dans cette magie qu’elle seule était capable de créer que résidait sa principale beauté aux yeux du jeune homme. Le reste n’était que bonus –très agréable mais pas indispensable. En se rallongeant, il se permit d’appuyer sa tête contre les jambes de la jeune fille pour la simple raison qu’elle sentait bon et qu’il en avait envie. Ils n’étaient plus à ça près de toute façon.
« J’pense que c’est mort pour le cours de droit magique demain matin, hein… »
Il pourrait lui parler de ce qui n’allait pas, lui demander ce qu’il n’aurait pas osé demander devant les autres, profiter de cette intimité précieuse pour échanger les lourdeurs de leurs cœurs et partager avec elle les poids de sa vie –et puis tenter de la soulager des siens aussi. Mais il y avait cette règle tacite entre eux auquel il s’accrochait : on parle pas de ce qui va pas. Quel intérêt de fuir les problèmes si c’est pour toujours s'en rappeler ?
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Dernière édition par Hermès Hayashi le Sam 25 Mai - 13:48, édité 2 fois
Arya Strauss
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mar 26 Mar - 0:46
Escape
Brumeuse, elle faisait la morte. Ses yeux dans le vide, les lèvres entre-ouvertes, il y avait au sol les cadavres de leur déchéance, des cendres, de la poussière, elle avait glissé ses pieds sur le tapis lâchement et s'était échouée sur le lit. Le dos contre le sommier, les souvenirs lui étaient encore flous, la mort avait le visage d'un ange. Elle avait ri et sa voix s'était brisée, étouffée dans la fumée encore épaisse qui planait au-dessus de leur tête. Avec le joint qu'il glissait entre ses lèvres, elle se réveilla un peu, et sa voix grésilla à ses oreilles absentes, un sourire avait glissé et creusé ses joues pâles. Ses pupilles trop larges s'étaient élevées à son visage et dans une lumière fragile elle s'était éveillée.
« Ah... sans doute. »
Elle n'avait plus tant réagi, et son regard s'était laissé tomber contre les murs froids et hantés de sa chambre comme une caverne. Elle avait toujours trouvé cet endroit triste, comme quand elle regardait Hermès, elle voyait quelques déboires et quelques cicatrices, elle pouvait voir les pas malheureux qu'il avait tracé au sol et ses mains qui avaient glissé contre la pierre.
Ses doigts s'étaient emparés du pétard, et son bras s'était avachi près de sa cuisse contre laquelle il était tombé, Hermès aussi. De sa main libre elle était venue caresser son front, puis son crâne, avant de quitter son contact pour passer ses doigts sous la narine qui lui lançait une douleur faible, amère, rejetée par toutes les autres sensations encombrantes qui avaient fait s'endormir ses sens.
Au bout de ses doigts, elle avait constaté de ses yeux morts, du sang qui s'y était dessiné chaudement, et lentement il glissait sur ses ongles, avant de s'évanouir.
La conscience lui manquait pour être alarmée, mais dans les quelques pensées qui avaient vagabondé dans son esprit parsemé de brouillard, elle sentit quelque chose se serrer. Elle avait regardé la fumée s'envoler au bout de ses doigts. Elle avait regardé le corps avachi de son amant de ce soir-là. Elle avait regardé les murs pâles et y avait vu sa détresse peinte en gris et en larmes.
Elle avait tiré une taffe pour chasser ces idées. Le drame de Arya était d'être trop lucide ; il lui en fallait toujours trop pour anesthésier sa conscience et même comme ça, avec toutes les substances qu'elle avait ingéré – inhalé – accepté en son domaine privé – elle finissait toujours par se réveiller. Arya avait toujours les yeux grands ouverts, elle ne pouvait pas fuir. Et Dieu sait qu'elle avait essayé ; qu'elle essayait toujours.
« T'endors pas. »
Elle l'avait un peu poussé d'une de ses jambes, pour être sûre de le réveiller s'il s'était déjà assoupi - c'était léger, mais dans leur état, c'était comme si elle l'avait fait tomber d'une montagne. Elle commença à avoir le tourni, signe qu'il était temps pour elle de se lever un peu. Elle le bouscula sans grand ménagement, se retrouva rapidement debout sur ses deux jambes à peu près stables, et resta là les bras ballants pendant plusieurs secondes, dos au lit, la tête dans le brouillard.
Elle tira une autre taffe, et laissa le joint au bord de ses lèvres avant de se retourner sur Hermès, et de lui grimper dessus comme elle avait sûrement déjà fait la veille, dans ses illusions cosmiques – elle les appelait ainsi, ses délires éveillés. Elle l'avait forcé à rester allongé, et s'était couchée à moitié sur lui, avait craché la fumée à côté.
« Continue de parler, et t'endors pas. »
Elle avait écrasé le mégot dans le cendrier à côté, et avait glissé une main sur sa joue. Ses doigts commençaient à détailler les courbes de son visage qui lui paraissaient floues. A cette distance, il ressemblait à un portrait abstrait.
« Et me parle pas d'amour. Ce soir j'ai pas envie qu'on m'aime. »
Hermès Hayashi
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mar 26 Mar - 18:27
» escapearya & hermès
« T'endors pas. »
La voix éteinte d’Arya avait commencé à tirer Hermès de sa léthargie somnolente tandis que le mouvement de ses jambes sous sa tête avait fini le travail. Elle avait fini par se lever du lit et presque aussitôt, Hermès se senti un peu plus seul dans sa décrépitude quand il ne l’avait plus contre lui. Ses paupières qu’il n’avait même pas senti se fermer plus tôt se rouvrirent et il se redressa légèrement, juste assez pour observer la silhouette de dos de la jeune fille. Tout en buvant une nouvelle gorgée à même la bouteille de vodka bien entamée, il décrivait chacune de ses courbes du regard, mais étrangement, sans arrières pensées –à vrai dire, il ne pensait pas vraiment, et c’était une très bonne chose. Quand Arya se retourna, la trace rouge sous son nez, au milieu de son visage tout blanc, lui sauta aux yeux –mais il n’en fit rien, se contenta de plonger dans le trouble polaire de ses yeux tandis qu’elle se rapprochait de nouveau de lui –c’était mieux ainsi– jusqu’à s’allonger contre son corps avachi. Presque par instinct, la main d’Hermès s’en alla glisser contre son dos et s’échouer au creux de ses reins
« Continue de parler, et t'endors pas. — Je dors pas. »
Hermès dormait peu –et parfois trop d’un coup pour rattraper le sommeil perdu durant les nuits suffocantes qui le ramenaient sans cesse à sa chute sans fin. Si Arya le voulait alors il ne dormirait pas.
« Et me parle pas d'amour. Ce soir j'ai pas envie qu'on m’aime. »
Un ricanement éraillé vibra au fond de sa gorge.
« T’as de la chance, pas parler d’amour c’est un truc auquel j’excelle. »
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Hermès n’avait jamais été à l’aise avec l’amour, avec l’intimité qu’un humain pouvait partager avec un autre ; ironiquement il avait dû attendre de tomber de son piédestal pour s’y réfugier, tout en sachant pertinemment qu’il n’était toujours pas doué pour ces choses là. Il tourna la tête vers elle et avant de faire quoique ce soit, il se redressa et de sa main libre, vint essuyer du bout du pouce les restes de rouge qui tachaient le visage d’Arya, sans dire un mot à ce sujet –il savait qu’elle n’aimait pas être prise de pitié et préférait lui témoigner une attention silencieuse et ironiquement pudique vu la nature de leur relation depuis quelques temps. Comme si de rien n’était, Hermès se rallongea contre le matelas sans cesser d’effleurer doucement le dos de la belle –tendresse machinale.
« J’crois que je me suis planté en choisissant artisanat magique comme licence, fit-il d’un ton dénué de toute émotion en fixant le plafond d’un regard troublé d’alcool et d’elle –elle lui avait demandé de parler alors il disait ce qui lui passait par la tête. J’aimais bien bricoler des trucs avec mon père quand j’étais petit mais maintenant j’suis pas foutu d’avoir des idées pour le projet COMPI de mes deux là... »
La vérité était qu’Hermès avait beau aimer bien des choses, il n’y avait que sur un balais, au milieu des nuages, qu’il était vraiment heureux ; et quand Hermès n’aimait pas ce qu’il faisait, il devenait bon à rien. Parfois, dans ses propres doutes, il se surprenait à craindre de ne pas aimer ce qu’il faisait avec Arya et de lui faire du mal en n’étant bon à rien.
« J’ai proposé de faire une bouteille qui change l’eau en alcool mais j’crois que la prof' est pas très sensible à mon humour. »
Il n’attendait pas spécialement de réponses de la part d’Arya –elle lui avait demandé de parler, pas de discuter, et la nuance était parfois importante. Mais Hermès appréciait le son de sa voix, alors il aimerait bien qu’elle lui parle elle aussi.
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mar 26 Mar - 20:12
Escape
Son visage s'était échoué au creux de son cou mordu par la fièvre. De sous ses longs cils noirs son regard fendu de quelques ironies s'éffondrait sous ses paupières mi-closes. Elle l'avait écouté d'une oreille absente, et ses paroles avaient traversé son esprit avant de s'y dissoudre lentement, et disparaître dans une frontière qui lui posait toujours problème, à Arya. Elle ne savait plus ce qui était réel, ce qu'il avait vraiment dit, ce qu'elle avait vraiment entendu, si c'étaient des souvenirs ou des rêves. Tous les événements s'étaient alignés dans un ordre aléatoire et aspirés par un brouillard épais qui constituait sa masse neuronale ; un nuage d'une fumée lourde qui sentait l'asphyxie.
Elle s'était parée d'un rire absurde et hoquetant qui se pavanait d'une tendresse même pas feinte. Elle avait relevé la tête pour mieux le voir au travers des brumes devant ses yeux, et le sourire sans être dessiné par ses lèvres se lisait dans les lumières fragiles au bord de ses joues et sous ses cils.
« Qu'est-ce que tu racontes? »
Ses mains étaient allées chercher sous son haut le contact avec sa peau, et elles glissaient le long de son torse en des mouvements délicats qui auraient arraché des rires s'ils n'étaient pas si hauts. Ses doigts mordaient ses courbes et elle l'avait enlacé. Ses mouvements étaient impulsifs, et désordonnés, chaque caresse qu'elle lui offrait lui était ensuite retirée, et déjà elle s'était dégagée de cette emprise pour mieux respirer. Elle s'était relevée, et s'était étirée en craquant sa colonne vertébrale.
Une jupe était tombée à ses pieds, elle avait fait un pas en avant, puis son gilet avait tracé son chemin lui aussi, elle avait tendu le bras vers son paquet de feuilles et de tabac, elle les avait attrapé avant de se rasseoir dans le lit. Ses mains n'étaient pas bien précises et ce qu'elle roulait aurait sûrement pas la même tête que d'habitude, mais ça lui convenait bien. Rapidement elle avait fini par avoir un nouveau bâton entre les lèvres, et elle l'avait allumé avant de se remettre sur le corps avachi de Hermès, ses jambes placées de chaque côté de son bassin.
Elle l'avait regardé avec une certaine forme de dédain – juste parce qu'elle se sentait puissante, à cette place privilégiée, tout au-dessus de lui et le toisant d'une hauteur confortable. Un sourire avait abîmé le bord de ses lèvres.
« Je t'aiderai, si tu veux. »
Elle cala le joint entre les lèvres de Hermès, et s'empara de la bouteille dans sa main – c'était leur danse à eux. Elle avala une gorgée brouillonne, et s'essuya négligemment les lèvres d'un revers de bras. Désormais elle n'était plus habillée que de ses sous-vêtements et son t-shirt blanc, et même comme ça, elle avait trop chaud.
« Moi j'ai toujours voulu devenir avocate. Même quand je ne me savais pas encore sorcière, je voulais utiliser les mots comme une force. Et je peux être rudement efficace. »
Arya avait toujours eu conscience de ses forces, autant que de ses faiblesses. Peu importe combien elle se flagellait, se culpabilisait pour des tas de raisons, elle restait consciente d'elle-même ; lucide. La fausse modestie ne faisait pas partie de ses habitudes.
« Je vais te confier un secret, mais tu le répètes pas. »
Elle avait ri un peu naïvement. Elle ne s'en rappellerait pas demain.
« Je dis toujours que ce que je vois dans le miroir de Risèd, c'est moi qui suis avocate au Magenmagot. Mais dans le miroir de Risèd, je vois un Fennec. Je suis animagus, tu sais ? C'est pour ça qu'ils m'ont mutilée, l'année passée. »
Elle s'était laissée tomber.
« Je me suis toujours pas retransformée depuis. Et je suis pas retournée devant le miroir. Dis voir, tu m'accompagnerais, un jour? »
Ses lèvres étaient arrivées à quelques centimètres des siennes. Elle était restée là, tout près de son visage, pendant quelques secondes à peine, avant de se relever et lui voler le joint, pour tirer une taffe à son tour.
Hermès Hayashi
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mar 26 Mar - 23:32
» escapearya & hermès
Elle avait rit d’un rire tendre et essoufflé et ça avait suffit à étirer un sourire amusé au coin des lèvres d’Hermès. Le rire d’Arya, c’était comme un cadeau précieux et rare, qui ne vibrait que trop peu de fois au fond de sa gorge à ses yeux –dans son égo d’homme, il aimait à se congratuler d’être l’instigateur de ces éclats ; dans son âme d’enfant, il se contentait d’apprécier le fait qu’elle savait rire encore, et qu’elle voulait bien le faire si près de son oreille. Entre ses mains délicates qui s’étaient glissées contre sa peau, ses vêtements qu’elle avait laissé choir au sol et le vide soudain qui s’était de nouveau créé entre eux quand elle s’était relevée, Hermès ressentait le tressaillement désormais familier quand ils n’étaient que tous les deux s’agiter dans son ventre et au creux de ses reins –les gestes d’Arya étaient imprévisibles, ne lui laissaient pas de répit malgré la lenteur embrumée de leurs gestes, et quelque part il adorait ça. Ça le rassurait un peu d’avoir l’impression de ne pas être le seul à ne pas vraiment savoir ce qu’ils étaient en train de faire. Quand elle revint contre lui, trônant au-dessus de sa tête avec un petit sourire aux lèvres, il espéra un instant que les substances ingérées plus tôt suffisaient pour empêcher son propre corps de réagir trop vite aux provocations d’Arya. Un sourire similaire au sien alla se nicher au coin de ses lèvres quand joint et bouteille changèrent de nouveau de mains –et de bouches– et pendant qu’il l’écoutait parler, il inspira une longue taffe dont l’exhalaison tira un instant un épais rideau de fumée entre leurs deux visages. Il ne doutait pas une seule seconde de ce qu’elle avançait –à ses yeux, Arya était d’une force phénoménale quand lui était tombé pour si peu en comparaison aux successions de malheurs qui lui étaient tombées dessus.
« Je vais te confier un secret, mais tu le répètes pas. »
Et son rire encore.
« Je dis toujours que ce que je vois dans le miroir de Risèd, c'est moi qui suis avocate au Magenmagot. Le joint toujours aux lèvres, Hermès hochait la tête tout en traçant du bout des ongles des lignes abstraites sur les cuisses de la jeune fille. Mais dans le miroir de Risèd, je vois un Fennec. Je suis animagus, tu sais ? C'est pour ça qu'ils m'ont mutilée, l'année passée. »
Elle s’était laissée tomber sur le côté et Hermès préférait ne pas commenter la dernière phrase –que pouvait-il bien dire de censé et pertinent à ce sujet maintenant ?
« Je me suis toujours pas retransformée depuis. Et je suis pas retournée devant le miroir. Dis voir, tu m'accompagnerais, un jour ? »
Son visage n’était plus qu’à quelques centimètres du sien –il pouvait sentir son souffle enfumé contre sa peau– et il l’aurait bien embrassée si elle ne s’était pas écartée une nouvelle fois tout en lui subtilisant le joint au passage. Un ricanement s’échappa d’entre ses lèvres ; ses mains n’avaient pas cessé de courir le long de ses courbes.
« Ça marche. »
Il refusait de poser les yeux sur ce foutu miroir, mais voulait bien l’accompagner si elle le lui demandait.
« Par contre, compte pas sur moi pour regarder dedans aussi... »
Il craignait trop d’y voir ce qui lui crevait le cœur depuis des mois, d’y voir ses rêves brisés n’être plus que vision figée et intangible sous le verre réflecteur ; supplice de Tantale.
« On peut y aller cette nuit. Ou demain, ou quand tu veux. »
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mer 27 Mar - 1:14
Escape
Son asthme encore lui jouait des tours, elle sentait ses poumons s'atrophier et l'air lui manquer. Elle se serait laissée crever, un peu par manque de volonté, mais surtout parce que la douleur était noyée par les substances malades qu'elle avait inhalées, et qu'elle avait mis du temps à se rendre compte qu'elle avait besoin de respirer. Ainsi, sortir ne lui parut pas une mauvaise idée. Le sourire fané, elle resta plusieurs secondes sans répondre, à juste le regarder du coin de l'oeil.
Elle s'était à nouveau retournée vers lui, et lui avait fait tirer une fois avant de lui laisser le joint, décidée à ne plus s'enfumer. D'un mouvement las elle s'était éloignée et avait fait le tour de la pièce lentement, en glissant ses doigts sur les murs de pierre.
« Un jour tu me diras pourquoi, d'accord? »
Elle avait vagabondé un instant, puis avait collé son dos contre un des murs froids. Un frisson avait pris sa peau brûlante. Et elle l'avait regardé de là, où elle avait échoué, un peu comme si elle cherchait à unir sa conscience et son corps qui n'étaient pas toujours au même endroit. Elle ne réfléchissait pas trop, Arya, elle avait laissé ses jambes, et ses jambes avaient décidé.
« Un jour tu me diras plein de trucs sur toi parce que t'auras fumé ton orgueil et que t'auras plus peur de te livrer. »
Elle ne le regardait plus vraiment, ses yeux s'étaient perdus dans un vide au même endroit qu'il était couché. Son esprit s'était déconnecté, on aurait pu voir au travers d'elle tant elle se sentait spectre.
Un nouveau sourire s'était abandonné à ses lèvres lorsque ses yeux reprirent leur couleur ; leur éclat maladroit et fragile.
« Ce jour-là je l'attendrai et quand il viendra je pleurerai. »
Elle était revenue sur ses pas, elle s'était de nouveau hissée sur lui. Elle avait abandonné la bouteille vide, elle avait volé le bâton au bout de ses lèvres et l'avait laissé mourir dans le cendrier, et l'avait déplacé là où il ne tomberait pas, même si les draps venaient à se retourner. Car elle le retourna, Arya, pour qu'il soit au-dessus d'elle, cette fois, et l'entoura de ses jambes. Son dos s'était enfoncé dans le matelas, et elle abandonna son corps à la flannelle.
« On ira. Cette nuit, mais pas tout de suite. »
Hermès Hayashi
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Jeu 28 Mar - 18:10
» escapearya & hermès
« Un jour tu me diras pourquoi, d’accord ? »
Hermès, le joint de nouveau entre les lèvres à lui brunir les poumons, s’était péniblement rassis sur le matelas pour suivre des yeux la silhouette d’Arya déambuler mécaniquement dans la chambre. Il y avait une sorte de beauté tragique dans ses gestes désordonnés –quelque part, il culpabilisait de la trouver ainsi belle. La douleur n’avait jamais rien de beau, elle était laide et répugnante, et il s’en voulait d’avoir sans cesse le réflexe de se voiler la face en tentant inconsciemment de poétiser leur déchéance. Il réalisa maintenant qu’elle se tenait loin de lui qu’il était en sueur d’avoir trop chaud, et en profita pour l’imiter et retirer son tee-shirt pour l’abandonner au pieds du lit.
« Un jour tu me diras plein de trucs sur toi parce que t'auras fumé ton orgueil et que t'auras plus peur de te livrer. »
Hermès planta ses yeux dans ceux de son amante du soir et un sourire sans joie étira comme toujours le coin de ses lèvres. Mon orgueil... –je suis pas sûre d’en avoir un quand t’es dans le coin, ma belle.
« Ce jour-là je l'attendrai et quand il viendra je pleurerai. »
Et une fois encore, Arya revenait vers lui après s’être éloignée –et Hermès l’attendait avec la certitude de celui qui sait que le jour finit toujours par se lever. En se hissant sur lui, elle avait retiré le joint de ses lèvres pour l’écraser dans le cendrier et laissé tomber la bouteille vide, et l’avait entraîné dans ses gestes pour se retrouver en-dessous de lui. Sans un mot, il avait suivi le mouvement imposé, et ses mains retrouvèrent presque instinctivement le chemin vers le dessous de sa cuisse et le creux de ses reins. Il alla nicher son visage dans le cou de la jeune fille et trouvait un étrange réconfort à respirer le parfum à la fois doux et enfumé de ses cheveux blonds.
« Et si je te le dis maintenant, tu vas quand même pleurer ? fit-il d’un ton plus doux au creux de son oreille. »
Hermès ne voulait pas qu’elle pleure –ce n’était pas pour ça qu’ils se voyaient. Il se redressa pour mieux la regarder.
« Je sais très bien ce que je vais voir dans le miroir si j’y regarde et c’est ce que je n’aurais peut-être plus jamais. Je me sens pas encore prêt à m’infliger ça pour le moment, c’est tout. »
Il craignait également de ne pas y voir le plus évident, mais la vision d’un autre de ses désirs intimes –savoir enfin pourquoi ses parents gardaient tant de secrets vis-à-vis de lui.
« Et si jamais j’y voyais autre chose, j’ai peur de savoir ce que c’est aussi et ça me fout les glandes rien que d’y penser parce que ça fera que me frustrer sans me donner de réponses. »
De nouveau, il plongea le visage dans son cou et vint caresser sa peau du bout des lèvres –se concentrer sur elle pour ne plus penser à autre chose que son parfum entêtant.
« J'ai pas trop envie d'en parler là, maintenant. »
Il n'y avait qu'elle dont il avait envie sur le moment.
Quelque chose, une lumière, une étoile peut-être, fendu de tendresses et habillé d'une sincérité malheureuse, avait traversé les yeux de Hermès, et avait fait danser des mots sur ses lèvres. Ces mots elle les avait suivi de ses pupilles brumeuses, ils avaient dansé au-dessus de sa tête et s'étaient pendus au plafond pour devenir le nouveau papier-peint plein de souvenirs. Elle avait ri sans émettre le moindre son, quelques éclats au visage et au bout de ses cils.
Elle ne s'y attendait plus ; aux émotions et aux tendresses. Elle ne s'attendait plus à être émue ou touchée, surtout pas lorsque ses pensées étaient aussi désordonnées. En fait elle ne s'attendait pas à grand chose, sinon à se défoncer, et à répéter les mêmes rires, les mêmes pas de danse, toute la nuit, avant de tout oublier. Les sentiments la rendaient vulnérable, ils réveillaient le coeur déjà assassiné qu'elle essayait de faire taire.
« On est pas obligé de parler. »
Elle avait baissé les yeux. Arya ne jouait plus, ne riait plus non plus, et les fausses euphories qui s'étaient battues dans ses yeux défoncés avaient cessé d'être. Et alors que le silence avait rendu son corps lourd, ses mains glissèrent le long du cou de Hermès, rejoignant ses joues et caressant son visage d'un mouvement lent et fluide.
Puis ses lèvres rejoignirent les siennes, ses jambes pliées, le dos cambré. Un souffle chaud avait caressé sa peau, et les rires s'étaient transformés en murmures. Ses mains avaient fait leur chemin le long de sa colonne vertébrale, ses doigts se refermant un peu. Et son corps était devenu si bouillant de désir que les seuls fourmillements au creux de ses reins avaient suffi à lui faire fermer les yeux.
Le reste de ses vêtements était tombé au combat.
Arya, nue, s'était relevée avec paresse et avait attrapé ses feuilles, son tabac, ...
La fumée avait repris place en ses poumons vidés d'air. Elle avait baissé la tête, recroquevillé son dos, relevé une de ses jambes sur laquelle trônait son bras au bout duquel pendait le joint qu'elle avait roulé trop vite – il ne ressemblait à rien.
« T'endors pas. »
Elle se sentait en pleine sécheresse, ses yeux lui faisaient mal. C'était d'eau dont elle avait besoin, pas de vodka, mais il était hors de question de redescendre sur Terre. Elle allait avoir trop mal. Elle passa sa main libre dans ses cheveux et approcha le joint de ses lèvres. Elle se releva non sans peine, et attrapa les fringues de Hermès, qu'elle lui lança avec négligence.
« On y va maintenant. »
Elle attrapa sa jupe et son haut, se chaussa sans prendre la peine de mettre ses chaussettes, et laissa le joint dans le cendrier (elle le récupérerait bien plus tard, se disait-elle) avant de prendre sa cape.
Dans le regard d’Arya, il avait cru voir s’allumer un éclat qu’on voyait rarement briller au coin de ses yeux ; si rare qu’il se demandait si ce n’était pas l’alcool et la drogue qui jouaient des tours à son esprit embrumé et ses yeux vitreux –mais pendant un instant, il l’avait vu, et mirage ou réalité, ça avait confirmé son idée qu’Arya était quand même mille fois plus belle encore quand on voyait la lumière en elle. Si c’était vrai, il espérait un peu que c’était grâce à lui.
« On est pas obligé de parler. — Ça me va bien, ça. »
Et ils avaient arrêté de parler. Il n’y avait plus que leurs souffles qui s’entremêlaient, leurs peaux qui se frôlaient, et les éclats s’étaient éteints pour ne laisser place qu’aux braises fumantes, suffocantes, enivrantes. Dans les bras d’Arya, et l’esprit à dix milles lieues de là, Hermès trouvait enfin la paix quelques instants avant de redescendre ici bas.
« T'endors pas. »
Un sourire narquois s’était étiré sur ses lèvres avant qu’il n’ouvre les yeux pour les lever vers elle qui s’était déjà redressée.
« Je dors pas. »
Il s’étira, souffla un soupir en se redressant tandis qu’elle lui lança négligemment ses vêtements tombés au sol plus tôt, et se frotta les yeux comme pour se forcer à sortir de l’agréable léthargie dans laquelle il s’était plongé et n’avait pas vraiment envie de quitter –mais il le fallait. Il se releva et s’habilla aussi rapidement que son état le lui permettait.
« C’est au troisième étage, c’est ça ? Il rabattit la capuche de son sweat-shirt sur sa tête et rangea sa baguette dans sa poche –il se sentait toujours mieux de l’avoir sous la main. Je te suis. »
A pas de loups dans les couloirs déserts, la marche aussi délicate que le velours. Ils se faisaient amants de la nuit, caressés par l'obscurité qu'ils ne se seraient pas permis de déranger. Ils s'étaient à peine inquiétés à propos des immenses pupilles de Misa qui auraient pu les arrêter, et comme s'ils avaient toujours fait ça, ils étaient entrés dans la salle du miroir.
Arya avait tourné sur elle-même, dans une danse un peu maladroite qui témoignait non de trépignement mais de tournis. Elle perdait pied, et n'avait pas marché droit de toute la soirée – nuit ; elle commençait à toucher du bout de ses doigts les limites de son corps déjà fatigué. Puis elle s'était arrêtée, à quelques pas du miroir, heureusement pas dans son axe. Elle avait levé sa baguette en un informulé de Lumos et ses paupières s'étaient plissées.
Un rire secret avait scellé ses lèvres.
« Tu crois qu'il peut être brisé? »
Elle fronça les sourcils, prise de migraines, et s'affaissa, accroupie et le bras toujours tendu, pendu dans le vide. Elle avait baissé la tête en signe de faiblesse, et avait soufflé le reste de son asthme crevé au bout de ses lèvres. Une toux rauque lui échappa, et elle passa nerveusement sa main sous son nez, et tout ça en quelques secondes à peine, avant de se relever et secouer la tête, comme s'il ne s'était rien passé. Elle s'approcha d'un pas du miroir.
« Ce serait étonnant que personne ne l'aie fait, si c'était le cas. »
Elle tourna la tête – et la lumière – vers Hermès, et son regard fiévreux – mais mort – l'avait transpercé.
« Toi, par exemple. »
Arya n'était pas particulièrement supersticieuse, mais dans le cas d'un miroir magique, elle se disait qu'elle n'était pas prête à risquer les sept prochaines années de sa vie. Elle avait déjà assez avec celles qui venaient de passer.
Elle baissa sa baguette, et se retourna vers le miroir. Elle n'était plus si sûre de vouloir s'y voir. C'était pour ça, qu'elle avait demandé à Hermès ; pas qu'il lui donnait du courage, mais le regard des autres l'obligeait à en avoir.
« Est-ce que tu as peur ? »
Elle avait regardé ses mains et les avait vues troubles. Arya ne se plaignait pas de la vie qu'elle menait, elle ne croyait pas qu'elle en méritait une meilleure. La seule chose dont elle se plaignait, c'était d'elle-même ; de ne pas avoir été assez forte, assez courageuse, assez heureuse. Alors qu'est-ce que le miroir pouvait bien lui apprendre sur ce qu'elle voulait être, sinon morte ?
Arya avait peur d'y voir un cadavre. Et elle s'était figée là.
Ils n’avaient pas fait un bruit en quittant la chambre malgré leur état d’ébriété et leurs démarches mal assurées ; seul le bruit de la lourde porte se refermant derrière eux en grinçant un peu avait trahi leur présence dans les couloirs de l’école en pleine nuit. Mais ils se fichaient bien du règlement, de la menace de Misa et de directeur –c’était comme s’ils n’existaient plus dans leur bulle de vide où ils n’étaient que tous les deux. Tandis qu’Arya s’approchait du miroir en s’éclairant à l’aide de sa baguette, Hermès, les mains dans les poches, s’assit à même le sol poussiéreux en prenant garde de ne pas se mettre dans l’axe du miroir –Arya était tout ce qu’il voulait bien regarder dans cette pièce.
« Tu crois qu'il peut être brisé ? »
Il allait répondre mais s’interrompit avant d’émettre le moindre son quand elle s’affaissa devant ses yeux –elle semblait peiner à respirer, et il fallut au jeune homme un instant pour se rappeler de son asthme, et de l’état de ses poumons. Il laissa une seconde flotter, le temps de voir si elle allait se relever où s’il devait intervenir. Elle se releva.
« Ce serait étonnant que personne ne l'aie fait, si c'était le cas. Elle pointa sa baguette vers lui qui plissa les yeux, éblouit. Toi, par exemple. — J’avoue, il ricana en plaçant une main devant ses yeux pour les protéger de la lumière, mais j’sais pas si j’serais très chaud pour me taper sept ans de malheur encore… »
Hermès aimait bien se donnait de méchants airs de garçon capable de casser des trucs dès qu’il ne lui plaisent pas car c’était plus facile d’être un cliché ambulant plutôt que d’être soi-même –depuis l’accident, il en savait plus vraiment ce que c’était d’être vraiment lui, et il en arrivait même parfois à se demander s’il l’avait jamais été.
« Est-ce que tu as peur ? »
Arya s’était figée devant le miroir, le bras baissé et semblait maintenant hésiter à y regarder son reflet ; et Hermès malgré ses sentiments morts sentait son coeur se serrer dans sa poitrine à la regarder ainsi troublée –s’il avait parfois laissé tomber pour lui, il avait encore un espoir secret pour les autres.
« Pas vraiment, fit-il après une courte pause où il avait pris le temps de réellement se poser la question. »
Il n’avait pas peur de ce que le miroir du Risèd pouvait lui renvoyer ; il en était jaloux. Il savait d’avance qu’il crèverait d’envie de casser la gueule à son reflet fictif s’il pouvait lui rendre ce qu’il avait perdu, et c’était une rage ardent qui lui brûlait les veines.
« Et toi ? »
Il se remit sur ses pieds et s’approcha d’elle jusqu’à ne laisser qu’une courte distance entre eux, toujours sans se placer dans l’axe du miroir ; peut-être plus pour se rassurer lui-même que la rassurer elle.
« Te force pas à regarder cette merde si t’es pas prête, Arya. »
Il voyait le joint qu’ils avait laissé dans le cendrier dans sa chambre et regrettait d’un coup de ne pas l’avoir terminé avant de venir ici.
Elle aurait presque senti sa chaleur l'envelopper. Si près d'elle, ainsi les bras ballants, il avait engagé un pas qu'elle considéra sans bouger. Elle se laissa apprivoiser doucement, ou lui fit croire que c'était le cas, se retournant lentement face à lui, le regard fiévreux, et le souffle chaud trahissant son mal.
Un nouveau sourire avait écorché ses lèvres, avait baladé dans ses yeux une musique silencieuse.
« Non. »
Impérieuse, elle s'était retournée vers le miroir, fière et naïve, le pas décidé. Elle s'y était plantée avec une conviction niaise, et un frisson parcourut sa colonne vertébrale, ébranlant sa pauvre détermination.
Des larmes s'étaient mises à couler seules de ses yeux embrumés, sans même les sentir, impossible de les retenir. Elles coulaient tendrement sur ses joues d'abord sèches, et traçaient des sillons discrets sur les couleurs roses de sa peau brûlante. Son sourire à nouveau avait creusé ses fossettes.
« Je... Je ne comprends pas ? »
Sans doute était-elle émue de ne pas voir un cadavre. Mais ça n'était pas ça, c'était autre chose. La Arya du reflet tenait en ses bras non plus une mais deux boules de poils ; un fennec blanc et un chat.
Elle se figea. Regarda ses mains qu'elle trouva tout à coup sales. Se retourna vers Hermès qui la regardait encore, ou peut-être pas.
« On avait dit qu'on parlerait pas d'amour. »
Oh, il n'avait rien dit. Elle n'entendait pas des voix, non plus.
Mais son cœur s'était mis à battre très fort, et l'alcool, la fumée, tout ça avait rendu sa réflexion confuse, absurde, incohérente.
« J'ai froid. »
Elle ferma les yeux quelques secondes puis les rouvrit, s'éloigna du miroir, et s'approcha de Hermès, en posant paresseusement son front contre son épaule.
« Il y avait un chat. Il n'y a jamais eu de chat. »
Elle se referma, les sourcils froncés. Arya avait toujours été seule, dans ce miroir. Que quelqu'un s'y soit fait une place représentait énormément pour elle.
« J'ai vraiment froid. »
Et sans s'en rendre compte, Arya avait complètement perdu pied, son cœur ralentissant, sa tension en chute libre. Au bord de sa narine droite, une nouvelle trace de sang s'était invitée.
Hermès Hayashi
Eleve sang-mêlé
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mer 22 Mai - 22:28
» escapearya & hermès
Hermès avait vu les larmes d’Arya qui comme des perles s’étaient soudain mise à rouler sur ses joues rosies, mais il n’avait pas esquissé un geste –comme une intime conviction qu’il devait lui laisser de l’espace et que la rejoindre l’empêcherait tout à coup de respirer. Inquiet, il avait scruté son visage avec difficulté dans le noir de la pièce et le trouble de son regard, à la recherche d’un air de désespoir, d’un chagrin inconsolable devant lequel il serait impuissant, dans l’espoir de ne jamais les trouver.
« Je... Je ne comprends pas ? »
Il manqua de tourner la tête en direction du miroir à son tour, mais se retint au dernier moment en se rappelant qu’il n’y verra pas les visions d’Arya mais les siennes à lui ; et il ne savait pas quoi penser du fait que son aversion pour ce miroir surpassait son état d’ébriété.
« On avait dit qu'on parlerait pas d’amour, fit-elle en se retournant vers lui. — …C’est ce que tu as vu ? »
Hermès ne comprenait pas vraiment ce qu’elle disait mais songea qu’elle non plus semblait ne rien y comprendre –ne l’avait-elle pas dit-elle même deux minutes plus tôt ? Alors il tenta de ne pas l’assaillir de plus de question quand bien même ses mots lui avaient laissé un arrière-goût de doute dans la bouche ; est-ce qu’elle l’avait vu, lui, dans le reflet du miroir maudit ? Il espérait bien que non, pour son bien à elle.
Elle s’était ensuite approchée de lui pour poser la tête contre son épaule, et Hermès se risqua à passer une main dans son dos, qui remonta le long de sa colonne pour aller se loger dans ses cheveux blonds qu’il empoigna tendrement, juste assez pour se donner la sensation qu’elle était bien réelle et pas un reflet intangible qui le hantait. Elle marmonna des choses qu’il n’entendit pas bien, et le jeune homme réalisa à quel point elle lui semblait fébrile entre ses bras.
« Arya… fit-il d’un ton soucieux en essuyant de nouveau le sang sur son visage ; il l’écarta un instant de lui pour avoir assez d’espace afin de retirer son sweatshirt. Arya lève les bras, enfile ça on rentre. »
Il jugeait –sûrement à tord– préférable d’attendre que leurs corps aient un tant soit peu purgé les substances diverses qu’ils avaient ingérés avant de l’amener à l’infirmerie ; tant que ses symptômes s’en tenaient aux saignements de nez et aux frissonnements, il pouvait gérer tout seul –il l’avait déjà fait. S’il avait perdu tout intérêt pour sa scolarité et que se faire virer pour consommation de drogues illégales ne l’apeurait pas tant que ça, il n’en allait peut-être pas de même pour Arya.
« Tu peux marcher jusqu’au dortoir ? »
Dans le doute, il se jugeait probablement assez lucide pour pouvoir la porter jusqu'à sa chambre. Probablement.
made by miss amazing.
Arya Strauss
Arya n'est pas grande
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Re: escape ♔ (arya & hermès)(nc-16) [FINI] Mer 22 Mai - 23:17
Escape
Son corps enveloppé, voûté, lourd, Arya rêvait. Les paupières fermées, les lèvres marmonnant de temps en temps quelques songes incertains au bord de l'oreiller un peu humide juste à cet endroit. Le soleil était entré par les fenêtres dont les rideaux n'avaient pas été tirés et avait dessiné sur son visage engourdi de douleur les esquisses de l'aube. Dans sa flemme elle fronça les sourcils et les paupières, se retourna dans les draps qu'elle emporta entièrement avec elle, et après quelques secondes, s'ouvrit lentement à la lumière. Elle releva le haut de son corps de ses bras las et monta son visage doucement pour constater les dégâts autour d'elle.
Le cendrier était à l'abandon sur la table de nuit et un demi joint y trônait encore en maître, deux bouteilles en verre, vides, étaient couchées sur le tapis au pied du lit et les draps dans tous les sens sentaient encore leurs odeurs moites. Ses yeux fatigués se posèrent sur le corps allongé - avachi - à côté d'elle, et un sourire, maigre, se dessina au bord de ses lèvres.
Elle ne put s'empêcher de faire la comparaison avec Floyd. L'idée la rendit un peu triste. Elle s'imagina son ancien amant assis contre le mur de la chambre, la dévorer du regard et la prendre en otage avec ses discussions acerbes. Aussi douloureux était l'échange, il manquait toujours de lui arracher le cœur. Hermès ? Hermès, c'était différent.
Elle passa ses doigts le long de sa joue, par réflexe, et espéra qu'elle ne le réveilla pas. Puis elle glissa ses jambes en dehors du lit, rejeta la couverture lâchement, et après une longue réflexion - quoique peu de pensées avaient vraiment occupé son esprit pendant cette durée - se releva, pleine de courbatures, pour rejoindre ses vêtements qui avaient volé ici et là.
Et sans plus de formalités, elle était partie rejoindre les dortoirs de sa maison.
Accueil
Brumeuse, elle faisait la morte. Ses yeux dans le vide, les lèvres entre-ouvertes, il y avait au sol les cadavres de leur déchéance, des cendres, de la poussière, elle avait glissé ses pieds sur le tapis lâchement et s'était échouée sur le lit. Le dos contre le sommier, les souvenirs lui étaient encore flous, la mort avait le visage d'un ange. Elle avait ri et sa voix s'était brisée, étouffée dans la fumée encore épaisse qui planait au-dessus de leur tête. Avec le joint qu'il glissait entre ses lèvres, elle se réveilla un peu, et sa voix grésilla à ses oreilles absentes, un sourire avait glissé et creusé ses joues pâles. Ses pupilles trop larges s'étaient élevées à son visage et dans une lumière fragile elle s'était éveillée.