❝ such a shame to believe in escape | Pv. Arya

You came out of nowhere
Stealing my heart and brain
Flaming my every cell
You make me feel myself

Il avait ressenti de la peur et de l'effroi.
Aux annonces des disparitions, priant secrètement son dieu qui n'existait pas que sur la liste ne figurent pas les noms de Lola, Borea ou encore de Lukas.
Mais on avait épelé les deux syllabes d'A-rya.
Et ton coeur fatigué s'était ébranlé, ton monde déraciné s'était écroulé. Car Arya ne pouvait pas paraitre. Elle ne méritait pas la souffrance et peut-être la mort si jeune et si frêle. Confidences à peine murmurées durant des rendez-vous secrets. Arya était cette mélancolie que tu connaissais que trop bien. Elle était ce soulagement qui vient après la pluie et les sentiments après l'envie.

***

Tes pas sont silencieux et précis dans cet hôpital aux odeurs incertaines. Entre la fragrance de la mort elle même qui effleure ton épiderme et celle de l'espoir qui s'impose comme un emblème. Tu avais demandé une autorisation de sortie temporaire pour aller rendre visite à une de tes amis, à Sainte-Mangouste. La mine sombre et l'air solennel, tu ne perdais pas de temps à t'égarer, ni même à te concentrer sur la misère humaine qui vous entourait. Un paquet sous le bras, tu t'arrêtes devant la porte et fait signe d'un geste de la main au médicomage qui t'accompagnait que tu saurais te débrouiller par toi même à partir d'ici.

Tu pousses la porte pour découvrir une Arya endormie. Tu déglutis mais ne perd pas la quintessence de ton intégrité Vega. La souffrance inexistante dans chacun des traits de ton visage. Un poufsouffle, beaucoup plus jeune que vous, se trouve encore à son chevet. Tu t'approches de lui et fronces les sourcils.

— « Est-ce que tu peux nous laisser ? »

Il t'annonce qu'il venait de déposer des fleurs et qu'il partait de toutes les façons. Etirant un rictus mal à l'aise, tu hoches la tête pour t'asseoir à côté du lit.
Tu poses ta main sur le bras de la jeune femme, que tu effleures du bout des doigts dans un silence lugubre. Tu avais appris, à contenir tes émotions, à ne pas te laisser facilement envahir par ceux-ci. Et pourtant, tout ce qui transparaissait de cette scène était de la délicatesse. Perdu de longues minutes, prisonnier de ces pensées sombres qui te hantaient.

— « Bonjour. »

Tu étires un sourire maladroit mais bienveillant et retires ta main de son bras et pose ton paquet sur les draps.

— « J'ai trouvé ça, dans le manoir des Blackwell. J'ai pensé que tu en aurais bien plus besoin que moi. »

Tu aurais voulu lui montrer toute la compassion que tu ressentais à son égard mais tu savais que la pitié n'était pas ce que tu transmettais de mieux. Tu passes une main dans tes cheveux en poussant un soupire et tu te laisses un peu tomber sur ta chaise.

— « Heureux de te revoir, saine et sauve. »

Your own personal Jesus
Someone to hear your prayers
Someone who's there

La question de vie ou de mort ne t'effleurait que de loin. Tu avais, pour ta propre sécurité mentale, détaché toute connexion mentale entre ta raison et ces deux concepts. Tu vivrais, tu mourrais. Et certains ne subsistaient à travers la mort, comme les vampires.

Victime d'une demi-vie, aussi pittoresque et banale était-elle, tu ne pouvais comprendre la volonté de mourir à travers une souffrance que tu ne ressentais pas, de la douce Arya. Tu ne pouvais seulement imaginer, interpréter ce désir d'en finir ou d'y passer tant le souffle vital n'est plus assez conséquent pour assouvir la volonté de faire tourner la machine.

Corps honnête et coeur en miettes. Tu l'observes se démener de la faiblesse qui la dominait. Drôle d'hyperbole.

— « Même si c'est égoïste, ce n'est pas forcément quelque chose de mal. »

Le bien et le mal, encore deux concepts dont la limite est floue à tes yeux. Sa liberté s'arrête ou celle des autres commence n'est-ce pas ?
Tu fronces les sourcils. Si tu acceptais son point de vue, tu savais que le réconfort et le temps la guérirait. D'un mal-être extérieur sans doute.

— « Il n'est pas venu ? » L'amertume tu essaies de la contenir. « Floyd ? » Tu n'avais pas vraiment attendu l'autorisation de qui que ce soit pour te déplacer. Nombreux étaient peut-être les chevaliers d'Arya, au vu des murmures que tu avais pu percevoir, mais tout aussi absents.

Insupportable.

Elle ouvre finalement le présent. Un sourire se dessine au coin de tes lèvres, témoin de sa surprise et de sa gêne.

— « Arrête Arya. Je n'en ai pas besoin. Je suis déjà invisible en temps normal. »

Tu te tapies dans l'ombre, comme un monstre qui les observe.

— « Et au vu de ce que je peux entendre, tu en auras plus besoin que moi. Pour te dissimuler à leur jugement. Et au tien. »

La percussion anormale et dissonante de son deuxième coeur, détraqué, amoché. Tu flairais d'un instinct hors du commun que t'avait transmis la nature de ta mère, l'anomalie qui régnait dans les entrailles de ton amie. Qui déraillait les rouages d'une magie pure mais indomptable.

— « N'aies pas honte de toi. Tu vas vivre et tu vas guérir. »

Et tu vas aimer, tu aurais aimé ajouter.
Mais la colère à cette idée ne ferait que déchainer la tempête et les marées. de tes propres convictions et de l'innocence de son visage auquel tu ne peux pas résister.

Your own personal Jesus
Someone to hear your prayers
Someone who cares

Arya est blessée. Elle a mal. Mais son visage qui se ternit pourtant reste solaire. Arya t'éblouit, de cette aura d'une fausse pureté. Elle éclate toutes tes barrières avec sa sincérité. Tu ne plisses pas une seule fois les yeux, debout à son chevet, partageant cette danse intime du regard qui vous relie en cet instant.

— « Elles ne me voient pas réellement, Arya. »

Son amertume, tu la ressens. Elle pouvait parler, avec tout ses prétendants, ses princes maudits. Et pourtant, elle ne pouvait que te comprendre. La voyaient-ils vraiment ? Comme toi tu peux la voir, derrière son bouclier d'ivoire.

— « Oui, tu es lâche. »

Ton visage se ferme, et tu croises les bras pour la toiser.

— « Tellement lâche.. »

Tu t'avances, tes jambes heurtant le bord du lit. Tu te penches alors à son visage, pour qu'elle puisse être la seule à jamais l'entendre.

— « Mais la lâcheté est-elle vraiment un mal ? »

Tu veux qu'elle comprenne, tu serres sa main.

— « N'aies pas peur de tes douleurs. Et si tu dois les supprimer, tu es seule maitre cette décision. La mort est une fausse libération car il n'y a plus personne pour ressentir le soulagement. »

Tu recules, assez pour pouvoir t'asseoir sur le lit.

— « Tu n'as pas à regretter d'être toi même, car la fille devant moi est la plus vrai qui m'a été donné de voir. »

C'était à elle de poser des questions auxquelles tu n'avais malheureusement pas de réponses. Pourquoi étais-tu là ? Pourquoi toi, surtout ? Alors que tu n'avais jamais eu d'autres intérêts que ceux que tu portais à toi-même, à ton propre bien-être. Mais l'âme souffrante d'Arya t'avait touché, elle avait réussi à percer ta coquille. Car dans sa monstruosité tu te retrouvais beaucoup. Deux êtres solitaires et égoïstes, qui voudraient parfois juste arrêter de ressentir plutôt que de souffrir inutilement.

— « Parce qu'il faut bien que quelqu'un le soit. »

Tu la toises, et tu recules. L'ouverture fut de courte durée, voilà à nouveau que tu te renfrognes sur toi même. Que tu avais été stupide de déblatérer ces longs discours imbibés de niaiseries et autres empathie de placard.

— « Ce cadeau n'est inestimable qu'entre les mains de celui qui le considère ainsi. Je n'en ai aucune utilité. Je te dis des gentillesses parce que j'ai pitié de toi. »

Immonde connard.

— « Si c'est ça ce que tu veux entendre, je peux te le dire. »

Tu tournes les talons, comme pour lui signifier brutalement que tu n'avais désormais plus rien à faire ici.

— « Tu es impossible Arya. Cesse de rejeter ceux qui tiennent à toi, et cesse de courir dans les bras de ceux qui ne prennent même pas la peine d'être là quand il faudrait. Tous le monde n'est pas amoureux de toi Arya, et on peut s'intéresser à toi pour autre chose que ta plastique. »

Tu attrapes ton manteau et te diriges vers la porte, furieux contre elle et surtout contre toi même. Furieux contre ceux qui avaient osé s'en prendre à un être aussi fragile. Furieux d'être impuissant face à sa décrépitude.

— « Je ne suis pas le seul à être venu ici. » Tu l'ouvres, prêt à sortir. Floyd était passé également, comme un fantôme, errant sans jamais choisir de direction précise, rentrant au bercail sans avoir eu le courage de... Quel courage ? C'était un serpentard, après tout.

— « A croire que je suis le seul à avoir osé te regarder. »

Le temps s'arrête progressivement.

— « Pour ce que tu es vraiment. »

Et quand les aiguilles se remettent en marches, tu étais déjà parti.
Mains dans les poches de ton uniforme, tu fixais le sol avec cet aspect toujours boudeur et désemparé.
Qu'est-ce qu'elle était vraiment ?
En piteux état, dans tous les sens du terme.