En couple avec : La déception, mais au moins ma maman elle m'aime
Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Sam 6 Juil - 20:22
# Dame du lac La petite sirène aurait pu commencer comme ça
Je ne peux rien dire, j’suis pas un cas aussi « dangereux » qu’Ethan. Dans la roue de l’hybridité, j’ai eu la chance de tomber sur le moins contraignant. Je suppose qu’il y a des avantages et des inconvénients partout, mais, objectivement, ce serait une grosse connerie de me mettre sur un pied d’égalité avec Ethan ou même Hécate. On partage tout le même fardeau, mais à des échelles bien différentes. C’est quelque chose d’un peu complexe et de contradictoire à la fois. Une partie de moi a envie de considérer les hybrides comme un seul et même peuple, unis et homogène. Une autre partie de moi, cependant, hiérarchise mes frères et sœurs comme le ferait un chasseur ou un œil extérieur. Chaque mélange de sang amène à des besoins, des contraintes et des capacités différentes. Un semi-vampire n’est pas un loup-garou, comme un loup-garou n’est pas un semi-être de l’eau ou un semi-géant. Nous sommes un peuple dont chaque individu nécessite une observation et un traitement spécifique. C’est ce qui nous rend aussi peu intégrables dans notre société, c’est ce qui fait de nous des « monstres » dont certains aimeraient bien se débarrasser. Je ne sais pas trop ce que je peux formuler auprès d’Enoch, ce que je ne peux dire ou pas. C’est un sujet vaste, passionnant mais peut-être trop dur pour un enfant. Où commence la créature et ou s’arrête l’humain ? Qui sommes-nous, comment sommes-nous censés exister ? J’avais ma réponse à cette question, j’aspirais à un idéal particulier. Je voulais exister pleinement, en tant qu’hybride. Je me considérais autant humain qu’être de l’eau et inversement. J’étais un mixte, un tout et je voulais exister en tant que ce tout. Je ne me voyais pas renier une de mes parts pour embrasser totalement l’autre. À mes yeux, ce serait rompre un équilibre vital. Nous n’étions ni humain, ni créature. Nous étions quelque chose d’autre. C’est pour faire valoir l’existence de cet autre chose que j’avais choisi de militer de me battre. Mais là encore, c’est peut-être un débat trop complexe pour un enfant.
« On peut être semi-vampire, oui. Il suffit qu’uns de tes parents soient humain et ton autre vampire et voilà ! »
Je gagne un peu de temps, j'avoue. D'autant plus que le cas vampire ne m'est pas inconnu. Clairement, je n'ai pas matière à me plaindre. J'aurais plus clairement plus mal tombé. J'ai eu la chance de tirer la bonne carte quand Ethan à tirer la mauvaise. Je culpabilise un peu, mais ouais, je suis conscient que pour rien au monde, j'aurais aimé être à sa place. Il y a des hybridités plus enviables que d'autre et celle du vampirisme n'en fait clairement pas partie.
Un sourire un peu fatigué aux lèvres, je m'assois au côté du jeune Gryffondor. C'est vrai que l'infirmerie est froide et lugubre comparer à la chaleur de la grande salle ou des cuisines. Je me rends compte, aussi, qu'il a dû être dur pour Ethan de déjeuner dans cette grande salle, avec ses camarades, sans pouvoir même partager un repas. Ce sont des détails en apparence, en apparence seulement. Mes doigts se croisent et mes mains se joignent. J'avoue, je ne sais pas trop quoi répondre à ça.
« Pénible, je ne sais pas trop… Lourd, par contre, ça l’est. »
C’était une confession sérieuse.
« Clairement, je n’ai pas à me plaindre. Comparé à d’autres hybridités, celle des semi-être de l’eau nous rend juste dépendant de la baignade et nous octroie la capacité de vivre sous l’eau. C’est loin d’être horrible à vivre. Ce qui est lourd ce ne sont pas tant les contraintes liées à nos sangs mêlés, mais plus le regard des gens et… La façon dont on doit s’intégrer ici. »
Ça me semble être un bon début d’explication, bien que je ne sois pas très sûr d’être clair. J’essaye de réfléchir à chaque mot, c’est le moment de laisser mes talents d’orateurs briller.
« Comment t’expliquer ça… Être un hybride, c’est comme faire partie de deux mondes différents. C’est comme-ci heu… J’étais à la fois Jedi et Sith ou membre de l’alliance et de la horde. J’ai un pied dans chaque univers. Le souci, c’est que c’est très mal vu. On nous demande de faire des choix, de prendre position, de choisir un camp, c’est comme ça que fonctionne le monde, tu vois ? Pour quelle équipe de quidditch tu es, quel est ta matière préférée, ton chanteur favori… Tu vois, tout est question de choix. Du coup, quand tu es quelqu’un qui biologiquement ne peux pas faire de choix, ça pause un souci. Tu n’es pas « normal », tu deviens une anomalie, un bug dans le programme. Parce que, du coup, tu ne peux pas vivre comme tout le monde, tu ne peux faire de choix. Tes origines font que tu es une part de deux mondes qui ne devraient jamais se mélanger de base. »
J’essaye de prendre mon temps de lui poser le tableau. J’essaye de simplifier les choses mais sans le prendre pour un con. Ce n’est pas forcément une discussion facile pour lui, parce que ce n’est pas un sujet qu’un enfant devrait aborder. Cependant, chaque question mérite sa réponse.
« La chose que beaucoup oublie, c'est qu'on n'a pas choisi d'être comme ça. On est… Né comme ça. Etre hybride ce n'est pas un choix, ça ne l'est jamais. Ce que les gens attendent de nous c'est qu'on fasse un choix. Choisit des camps, assume d'être soit une créature magique, soit un humain mais ne devient pas les deux. C'est un peu ce que la société nous dicte. Parce que sans choix on ne peut pas se faire intégrer. Alors, certains d'entre nous décident de renier une partie leur identité. J'ai une camarade qui assume 100% son origine être de l'eau au point d'en rejeter l'humain en elle. J'ai un ami, qui lui rejette totalement sa part vampirique pour paraître le plus humain possible. En ce qui me concerne, je ne veux pas faire ce choix. Je suis autant humain qu'être de l'eau et… T'sais, ça fait partie de moi. Je pense qu'à partir du moment où tu renies une part de toi-même tu te condamnes à ne pas être heureux. Alors j'essaye de changer les choses. Parce que je pense que chacun est comme il est et que moi, comme tout le monde en fait, on devrait avoir le droit de ne pas faire de choix. Chacun devrait avoir le droit de dire « Je vous emmerde, je suis ce que je suis et je m’en excuse pas »… Mais va pas dire à Béring que je te balance des grossièretés, je vais me faire engueuler sinon. »
Un léger rire, un léger sourire. Une façon de détourner l’attention. Je suis conscient d’être paradoxal, sûrement pas clair. Parce que si mon discours prône l’ouverture et le respect, il n’en reste pas moins que le méprise des gens comme Sobki ou Montgomery. C’est peut-être ça, le plus douloureux au final. Malgré le fait de vouloir rester neutre, j’en viens encore et toujours à faire des choix. Le choix de la haine, le plus souvent. Le pire d’entre tous. Je ne sais pas si ça fait de moi quelqu’un de mauvais ou juste d’humain. Ce côté paradoxal, si j’en ai conscience, je suis mal à l’aise à l’idée que quelqu’un m’y confronte. Parce que dans le fond, je suis aussi paumé que toi, Enoch. La vie d’adulte ce n'est pas simple. Tout serait plus simple si je pouvais rester un enfant.
Je me lève, je le laisse se changer en toute intimité et vais me servir un vers d’eau. J’en ai besoin. J’ai beaucoup parler et je n’ai pas l’habitude d’en dire autant sur ce sujet. Discuter c’est toujours un plaisir mais là ça touche quelque chose de sensible, quelque chose avec lequel je ne suis pas très à l’aise.
Quand je lui tends la sainte bouillote c’est avec hésitation qu’il la prend. Je me rassois, l’observe légèrement soulager de le voir autant manger (c’est bon signe hein ?) et lèves les yeux au plafond.
« Ouaip ! J’en connais un et même que c’est un vrai pote ! » la bise à toi Stoker « Tu parles de Spudmore ? Je le connais de loin, c’est ton pote ? »
C’est une bonne chose qu’il fréquente des hybrides, maman est fière.
« T’en fais pas, c’est normal. Les amis de Béring sont amis et sa famille la mienne. Compte sur moi si t’as besoin de quoi que ce soit. »
Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Ven 12 Juil - 22:36
dans les mailles de mon filet
Pourquoi les images défilaient-elles dans la tête d’Enoch ? Pourquoi fallait-il qu’il s’imagine les choses ? Une version un peu différente de Dracula par exemple. Un vampire pas gentil qui séduit une humaine pour en faire son repas, les choses progressent vite, et quand le vampire veut la croquer SURPRISE elle est enceinte ! Ca voudrait dire que les vampires travaillent leurs victimes au corps à corps ? Genre “oulala ce steak est encore un peu filandreux, laissons-le se détendre quelques jours avant d’attaquer le morceau” ? Ou bien était-ce une comédie foireuse à la Twilight, dont les gamines de son école n’avaient pas arrêté de parler quand il était encore gosse ? Des gentilles petites bestioles pleines de remords, … qui du coup mettaient en cloques des humaines histoire de bien pourrir la vie de leur progéniture. Quelque soit le cas de figure, Enoch ne trouvait ni réponse satisfaisante, ni happy ending.
Le Leszczynski observe Serafim, la bouche pleine de toasts. Il s’assoit. Il joint les mains … il ne va quand même pas prier ?! De toute façon ces choses-là c’est avant de commencer à manger. Là c’est trop tard ! Et puis Enoch n’a pas de temps à perdre avec ça ! A moins qu’il ne veuille demander à un pseudo Dieu d’aider les semi-vampires ? Non, encore une fois, à côté de la plaque Enoch. Le Gryffondor avait pris sur lui pour ne pas rire aux révélations du semi-être de l’eau. C’était pas drôle. Clairement. Et pourtant imaginer Serafim en plein cours avec Andersen, le Dark Sasuke de Poudlard, lever la main pour “aller faire trempette svp ? Question d’instinct, tout ça” était plutôt amusant. La fatigue devait également peser dans la balance. L’évocation du regard des gens stoppa toute envie nerveuse cependant.
Oui, Enoch comprenait. C’était différent de son cas, mais il connaissait le poids des prunelles pleines de jugement. Ca se dépose lentement sur vos épaules, et une fois que vous êtes passés ça commence à forcer, à appuyer, pour tenter de vous rabaisser. Faut serrer les dents. Serrer les poings. Canaliser sa rage pour la changer en énergie et ne pas ployer le genoux sous ce poids supplémentaire. Plusieurs fois ceux d’Enoch avaient frôlé le carrelage. Encore qu’il avait la chance de toujours voir surgir Béring pour le rattraper et le redresser. Serafim avait-il quelqu’un de ce genre là lui aussi ? Dans le cas contraire, Enoch le plaignait sincèrement. Jamais le gamin n’aurait pu accepter son corps sans son cousin, jamais il n’aurait voulu quitter sa demeure, son refuge.
La première ref, Enoch ne l’avait pas. Un jeudi, c’quoi ? En revanche la Horde et l’Alliance, ça lui parlait davantage ! Le contraire aurait été honteux vu le temps qu’il passait en compagnie de Billy ! L’angoisse le saisit peu à peu, lui coupant presque l’appétit. Voir s'enchaîner les questions de la part des deux camps. Devoir trancher. Assumer ses choix. Jongler entre deux univers. Se retrouver sur un monocycle avec des dossiers différents, qui s’empilent sans fin. Enoch se serait cassé la gueule. Ses épaules n’étaient pas assez larges, il aurait sombré dans la folie depuis longtemps. Il se surprit à admirer Serafim. Et tous les hybrides du Château. Et de l’extérieur, aussi. Parce que visiblement les poids s’ajoutaient tout au long de la vie, sans jamais délester. Le Leszczynski déglutit. C’était pas cool. Y avait le blanc, et le noir. Et Serafim faisait un gros fuck aux deux teintes, optant pour du gris. Ou plutôt pour du bleu fluo vu sa manière d’exposer son propre avis.
Il avait compris. Enfin il pensait avoir compris. Encore que sans être l’un des leur, c’était difficile de juger. Comme pour se faire un mémo, le Gryffondor décida de conclure l’exposé. ”En clair : être hybride, c’est être sous pression constante. Et ça craint ! Mais t’es quand même pas le seul à t’opposer à cette vision binaire des choses, si ??” le contraire serait rageant. Enoch éluda même le passage sur Béring : de toute façon en terme de grossièreté, personne ne pouvait battre Oisin. ”Mange un gâteau, ta leçon philosophique a du te vider de toute ton énergie !” philosophique mais pas moins intéressante. Si paradoxalement Enoch s’intéressait assez peu aux conditions de vie des Cracmols et Moldus, le cas des hybrides venait soudainement de le faire réfléchir davantage.
Donc Serafim avait bel et bien un ami semi-vampire. Enoch ne s’étala pas sur le sujet. Pas envie de rencontrer un type aux canines acérées. Manquerait plus qu’il se fasse croquer tiens ! Un gars brûlé au visage et sur le corps, Cracmol, et calice ! La totale bonsoir ! Non, le Leszczynski avait assez de soucis comme ça ! D’autant que Béring referait la tronche de ce prédateur, finirait en prison, Enoch se mettrait à boire, à écumer les bars, il boufferait tout ce qui lui tomberait sous la main, serait aussi envoyé à Azkaban et … oula, on part un peu loin. Surtout que le semi-vampire en question n’avait rien d’un psychopathe sanguinaire apparemment. En revanche il rebondit plein d'entrain en entendant le nom de son ami. ”Ouais, Oisin Spudmore ! Il est grave cool ! Même qu’il me donne des conseils en botanique et tout … lui je pense par contre qu’il s’en balance de tout le côté “choix à faire” que tu m’as exposé.”. Enoch n’avait jamais lancé le sujet avec son mentor, mais Oisin ne semblait pas du genre à s’encombrer de ce genre de débats populaires. Oisin il faisait des doigts d’honneur aux gens, et préférait taper la discut’ aux arbres. C’était son tempérament, c’est tout.
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Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Sam 13 Juil - 20:27
# Dame du lac La petite sirène aurait pu commencer comme ça
C’est une bonne conclusion. Être hybride, c’est être sous pression. Je ne saurais pas dire si c’est le cas de tous mes confrères et consœurs, cependant. Il y autant de façon de vivre son hybridité qu’il y a d’hybride. À l’image de la sexualité, du genre, du corps, chaque être à sa vision, un ressentit qui lui est propre. L’homme aura beau ériger des barrières, créer des cases pour classifier tout ce petit monde, le fait est qu’il ne pourra jamais totalement mettre tout ce petit monde dans un même sac. C’est ce qui fait des relations humaines un domaine riche et en même temps un putain de casse-tête. On ne s’en plaint pas, parce que ça serait stupide de s’en plaindre. Je ne peux pas dire à Enoch si mon combat est partagé ou vain. C’est peut-être moi qui me prends trop la tête, qui use de mon temps et de mon énergie inutilement, c’est peut-être moi qui cherche des soucis, des explications, des analyses et des comparaisons là où il n’y en a pas. Ce combat, c’était le mien, celui par lequel j’avais choisi de me définir. Ce serait mentir de dire qu’il n’y a pas beaucoup d’égoïsme et d’ego dans mon engament. On choisit tous de se donner dans quelque chose pour avoir la sensation d’exister. Dans le fond, j’avais juste choisie une voie parmi tant d’autre.
« Je… Je ne sais pas si je suis le seul ou pas. T’sais, certains vivent très bien la situation actuelle. Certains arrivent à se contenter de ce qu’ils ont déjà. Moi j’y arrive pas. Tu peux appeler ça de l’entêtement ou de la connerie. C’est probablement un peu des deux. »
Moi, j’ai la sensation que sans ça je ne suis rien. Que cette image de militant, c’est ce pourquoi j’existe. Que si je ne suis pas Serafim le pro hybride, je ne suis rien. C’était peut-être une image malsaine, une prison dans laquelle je me suis enfermé tout seul. Ce ne serait pas la première fois qu’un con s’enferme dans ses propres délires. Cependant, je ne peux pas comparer ma lutte à un caprice. Ce que je dis, je le pense. Ce que je dis, j’y crois réellement. Je pense qu’il y a de choses à faire, des chantiers sur lesquels travailler. Je pense qu’il y a encore du travail pour faire du monde un endroit beaucoup calme et vivable pour nous autres semi. Je pense qu’il y a des gens qui souffrent du monde tel qu’il est maintenant et que, ne serait-ce que pour ses personnes, il est important de leur montrer qu’il y a des gens qui se dressent, qui se battent contre cet état de fait. Je ne veux être ni membre d’un camp, ni membre d’un autre. Je veux créer mon propre camp. C’était peut-être là mon erreur.
« En vrai, on ne peut pas savoir ce qui fait ou non est objectivement juste. Ce qui est vrai pour un camp est faux pour un autre et inversement. Tout ce qu’on peut faire, en définitive, c’est se battre pour ce qu’on croit être juste. C’est ce que je fais. Certains des miens trouvent ça stupide, d’autres admirent ça. Mais j’ai envie de te dire que sans ça je suis plus grand-chose, alors je continue et si ça doit un jour porter ses fruits et éviter à d’autres hybrides de connaître les difficultés qu’on a aujourd’hui, alors j’aurais tout gagné. Si ça ne marche pas… Au moins je pourrais me vanter d’avoir essayé. C’est peut-être le plus important dans la vie, essayer. »
Au final, ouais, c’était ça le plus important. Je ne suis pas sûr que cela fasse trop de sens, mais j’aime croire que ça en a. En tout cas, pour moi, ça en a. Essayer, c’est le seul droit dont personne ne peut nous priver. Réussir n’est pas toujours une option, faire le premier pas en revanche, toujours. Parfois il suffit d’un pas, pour voir une armée se lever.
« Et il a raison. S’il trouve son équilibre autrement que dans la lutte, c’est une bonne chose. Vivre en harmonie avec soit ce n’est pas simple, s’il arrive à le faire, je suis hyper admiratif. Et toi, Enoch, y a quelque chose que tu voudrais essayer ? »
Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Mar 3 Sep - 22:07
Dans les mailles de mon filet
Se contenter de ce qu’on a déjà. Voilà quelque chose qu’Enoch avait déjà entendu. Plusieurs fois. Constamment. Laisse tomber Enoch, t’es pas sorcier, tu le seras jamais. Tout ce qu’il y a de magique chez toi, c’est ta gueule, et clairement c’est pas du féérique. Jamais tu voleras. Jamais t’auras de baguette. T’es condamné à rester un pauvre Krakmou, encore moins racé qu’un Moldu, un pauvre lâche qui se défendra avec des petits cailloux auxquels on confie un poil de magie. Enoch avait toujours l’impression d’être un sans-abri à qui on jette un reste de sandwich au thon, par pitié plus que par compassion. Voilà ce qu’on essayait de lui rentrer dans le crâne. Sous une version plus embellie, mais le message restait le même dans l’esprit du Gryffondor. Et ça lui plaisait pas. Ca lui plairait jamais. Le Leszczynski ne cesserait jamais de courir après cette dose de sorcellerie qu’on lui avait refusé à la naissance.
Donc s’il avait été un hybride, Enoch aurait sûrement été dans le camp de Serafim. Ou du moins du même tempérament. Parce que se faire marcher dessus, sûr que même les tapis leader price n’aiment pas ! ”... J’imagine que ceux qui s’en contentent ont des ascendances un peu plus glamour aux yeux des autres ?” décidément, il parlait bien ce soir Enoch. Ca le surprit même, cet élan de maturité qu’il ne se connaissait pas. Il guetta un instant la soupe, songeant qu’on y avait peut-être glissé un peu d’intelligence au passage. Non, erreur, l’intelligence c’est pas encore pour aujourd’hui. Il prend une mine boudeuse. ”Essayer c’est pas réussir. Essayer c’est ne pas fournir assez d’efforts pour atteindre ses objectifs. C’est tolérer qu’on te marche dessus sans donner assez d’élans pour te relever. T’as vu la taille que tu fais ? Va falloir pousser pour t’écraser sans que tu ne puisses te relever. Tu peux pas “essayer”, Serafim, tu peux que réussir.” un jour Enoch serait directeur de propagande pro-hybride. Vuala.
C’était plutôt enfantin. Puéril. Naïf. Mais Enoch y croyait dur comme fer. Pour tout. Si on ne se donne pas les moyens d’écraser ce qu’on estime injuste, c’est qu’on se complait dans sa propre merde. Radical mais ainsi. Ca lui donnait parfois des frissons dans le dos. Un discours digne de Serpentard. Le Leszczynski n’en fréquentait pourtant pas tant que ça. Il faisait de mauvais rêves parfois. Le Choixpeaux l’envoyait chez les vert et argent. Béring était déçu. Sa mère doutait. Son père se méfiait. Sa gueule lui donnait une réputation d’autant plus sordide. Il devenait profondément mauvais. Il sympathisait même avec Orphan Scamander, chose impensable ! Et il se réveillait, Retro pendu à ses cils, prétextant que c’était ça qui l’avait fait hurler, et non ses songes.
La question de Serafim sort le Gryffondor de ses réflexions. Quelque chose qu’il voudrait essayer ? Ouais. Lancer un sort, un vrai. Jouer au Quidditch. Trouver une potion qui lui refilerait une peau de bébé. Défoncer Béring aux examens. Bref, que des trucs inaccessibles. Ca le mine, ça le plombe. Enoch se roule dans ses draps, coquille éphémère. Il attrape sa tortue et la place au dessus du bol de soupe, l’observant nager dans le vide. ”Non rien de particulier.” bah si, Enoch. ”Jouer au Quidditch. J’voudrais vraiment jouer au Quidditch, jouer sous les couleurs de Gryffondor.” une fierté encore plus grande que surpasser Béring ! Ca devient lourd. Ca devient pesant. Alors Enoch fait le con, comme toujours pour glisser hors d’une situation gênante. ”Et puis avoir une copine, chopper le Croquemitaine, organiser des grosses fêtes dans la salle commune, faire pousser des patates dans le dortoir …” ça vient naturellement les conneries, sans effort !
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Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Sam 7 Sep - 21:31
# Dame du lac La petite sirène aurait pu commencer comme ça
Ce sont des mots dures qui sortent de sa bouche, a Enoch. Il est jeune, il ne devrait pas dire des choses comme ça. Un esprit aussi libre, aussi frais, aussi jeune ne devraient pas se mettre la réussite en objectif, il ne devrait pas se mettre autant la pression. Pour autant, c'était compréhensible. Son parcours à lui aussi ne doit pas être facile, la dureté du monde ne lui a pas été épargné. Il a dû s'y confronter plus tôt, plus violemment que la plupart des enfants de son âge. Des mots comme les siens, on les retrouve dans la bouche de type comme moi, on la retrouve dans la bouche des gens plus vieux, dessus par la vision mensongère de l'enfance. Cette vision idyllique qu'on voudrait véridique, celle qu'on voudrait imposer en guise de réalité. C'est aussi pour ça qu'on se bat. Mais qu'un tel combat soit celui d'Enoch aussi, a quelque chose de triste, d'injuste. Un gamin comme lui ne devrait en arriver à dire de telles choses.
« Je ne suis pas d’accord, essayer c’est réussir en soit. Peut-être pas totalement, mais c’est en faire plus que la plupart des gens qui acceptent et se soumettent à une réalité qu’ils trouvent injuste. Essayer, c’est prouver qu’on a le courage et une force que peu de gens ont. Réussir, ça ne fait pas forcément de toi un héros, parce qu’on peut réussir sans avoir rien mérité. »
Comme les sangs purs qui ont déjà gagné sans s'être jamais battu. Comme ces personnes à la chance insolente qui triomphe sans n'avoir jamais rien surmonté. Essayer implique d'avoir été confronté à la difficulté et c'est parce que cette difficulté existe qu'on avance, qu'on peut accomplir de grandes choses et surtout en retirer un véritable bien être, une véritable avancée tant du point de vue personnel que du point de vue générationnel. Enoch est beaucoup trop jeune pour être aussi dur envers lui-même. Réussir n'est en soit qu'une destination, hors une destination n'est rien sans le voyage qui va avec.
« Par exemple, regarde le quidditch. Tu ne peux pas y jouer normalement mais tu peux y jouer par des moyens détournés. Tu savais que les technomages travaillent sur des prototypes de balais basés sur le fonctionnement mécanique des voitures ? J’ai lu ça sur le net. Peut-être pas aujourd’hui, mais peut-être que tu pourrais vraiment jouer un jour. En attendant, tu ne veux pas tenter l’hippoball ? »
Un léger sourire face à sa tentative de cacher son complexe.
« Oh, une copine. Vrai que c’est bien. T’as une fille en vue ? Je ne dirais rien à Béring promis, ça restera entre nous. »
Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Dim 8 Sep - 12:54
Dans les mailles de mon filet
Réponse de perdant. Essayer n'est pas réussir, essayer c'est partir avec l'optique qu'on peut échouer. Mais le débat pourrait être sans fin, alors Enoch garde sa propre opinion pour lui. De toute façon les adultes ne comprennent jamais. Même les adultes à demi-sirène visiblement. En revanche oui, le Leszczynski est d'accord sur la seconde partie. On peut réussir sans faire d'efforts. Ou en en faisant un peu moins. Et cette idée lui fait serrer les dents, au jeune Gryffondor. La vie est injuste, il en a conscience, alors pourquoi se met-il toujours dans un tel état ? Ça l'agace. Ca l'énerve. Ca le débecte. La plupart de ces "sangs-purs", fruits d'inceste et d'unité génétique, font partie de cette catégorie. Ils n'ont pourtant pas de quoi se vanter, la consanguinité n'a jamais vraiment été mise à l'honneur. Mais voilà, la société a décidé que ces êtres là sont plus propres, plus intelligents, plus ... parfaits. Et c'est pour ça qu'ils se permettent de péter plus haut que leur cul. Ayé, il est colère Enoch. Du coup il finit rageusement son plateau, et se retient de justesse de le balancer par terre. Parce qu'il ne voudrait pas faire sursauter Serafim. Parce qu'il ne voudrait pas le mettre en colère. Lui qui est gentil et doux comme un bonbon.
Peut-être un peu naïf, aussi.
La suite en revanche lui fait avaler de travers. Il en a dans le pantalon, Serafim. Lui rappeller qu'il ne peut pas jouer, comme ça, spontanément, sans craindre la tempête Enoch ! Et pourtant le Gryffondor peine à s'énerver. Il a prononcé ces mots avec douceur, sans jugement, sans moquerie. Il n'empêche que le Leszczynski digère mal. "... merci de me rappeler que je suis incapable de jouer à mon sport favori. C'pas cool la petite sirène.". Il réfléchit. Des balais mécaniques. Mouais. Comme les voitures électriques, ça claque moins que les essences bien polluantes mais ... ça peut être une alternative. Le regard collé au plafond, Enoch s'imagine niché sur un balais, tout là-haut dans le ciel. Il va chopper le vif d'or et ... "ahah t'as pas fait le plein", chute libre, mort, honte. "Je ne savais pas non. Ca peut être cool. Mais je ne sais pas si ça se fera un jour, remplacer la tradition par la modernité ... rien que l'accès à Poudlard aux Moldus et Cracmols, regarde le scandale que ça fait chez certains." il broie du noir aujourd'hui, Enoch. "Mais oui, clairement, j'aimerai. T'imagine ? Je pourrais m'entraîner comme un dingue ! Je deviendrais Poursuiveur comme Béring, ou même attrapeur ! Et Gryffondor enchainerait les victoires !" ayé, on l'avait perdu, debout sur son lit, brandissant la coupe invisible.
Quant à l'Hippoball ... "L'Hippoball j'ai du mal. J'aime pas les animaux. J'aime pas trop les chevaux. J'aime pas non plus l'eau. Et c'est quand même vachement moins fun. Je sais pas, à voir ..." il avait bouché les oreilles absentes de Rétro, histoire de ne pas la blesser. C'est vrai qu'il ne l'avait jamais envisagé. Enoch apparentait ce sport à une danse aquatique, une version leader price du Quidditch. Pas très vendeur.
Et soudain Enoch perd l'équilibre et retombe sur le lit. C'est quoi cette question ? Une fille en particulier ? Etait-il déjà cramé, sans mauvais jeu de mot ? Et s'il ne répondait pas, est-ce que Serafim le considèrerait comme trop pudique, ou s'imaginerait-il autre chose ? Qu'il puisse aimer les garçons par exemple ? Trop de choses mettait le bordel dans sa tête présentement. Serafim l'avait surpris. Et il peinait à reprendre pied. "Non." ... mais encore ? "Si." ... "Peut-être". Il se sent tout brûlant Enoch. Ses joues s'embrasent, il le sait. Reste à savoir si c'est visible, avec sa peau craquelée. "Y a bien une fille. Mais j'crois pas que ce soit réciproque. Soit elle me considère comme son pote, soit elle en a un autre en vue." et il hausse les épaules Enoch. Comme si ce n'était rien. Comme si ça ne l'atteignait pas. C'est faux. Mais en soit il n'arrive pas à être en colère. Juste un peu déçu, grandement jaloux. Immensément protecteur. Ce gars-là avait plutôt intérêt à assurer.
Un regard inquisiteur transforme le visage du Leszczynski. "Et toi ? Parce que c'est bien beau de me tirer les vers du nez mais ..." chacun son tour !
@Serafim H. Marinos du coup j'ai pas pu rep avec mon ordi, désolée si le correcteur automatique a fait nawak ;;
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Re: Dans les mailles de mon filet + Serafim Lun 16 Sep - 0:17
# Dame du lac La petite sirène aurait pu commencer comme ça
« Pour le moment. Mais c’est une vérité qu’il faut regarder en face, Enoch. »
Se mentir à soi-même, c'est pas l'idéal, surtout dans son cas. Il fallait savoir accepter la chute pour se relever et avancer de nouveau. Ça n'avait rien de simple, ça ne l'était jamais en vérité. Qu'on ait dix ou quarante ans ça n'y changeait rien. Les coups étaient toujours durs à encaisser. Il rage, Enoch, sa vérité à lui le révolte. Ce que je vois me renvoie à ce que je suis et ça ne me plaît pas. La colère est un moteur parfois bénéfique mais si destructeur, Enoch. Tu peux l'utiliser à condition de ne pas la laisser dominer. Mais, à ton âge, c'est une subtilité qu'on n'a pas. Et je ne suis pas rassuré par ce que je vois. Mais comment lui dire ? Je suis probablement le plus mal placé pour lui tenir ce genre de discours. Où est Béring quand j'ai besoin de lui, putain ?
« Aujourd’hui ce n’est peut-être pas possible mais la technologie elle existe. Regarde nos portables, nos ordi, Netflix putain. Y a que les vieux cons qui sont contre et spoiler : ils sont vieux. » C’était un sous-entendu un peu gore, ça. « Moi, je viendrais te voir à ton premier match, avec les pancartes et tout. Tu verras, je vois ça d’ici, Enoch Leszczynski, la légende cracmol. Tu vas faire un malheur, les filles seront folles. »
Je ne suis pas fan d'hippoball aussi. Je veux dire, les chevaux c'est quand même des créatures hyper vicieuses. Ça fait les beaux, les filles elles adorent, mais un cheval ça mord, ça a des sabots, ça peut te démonter le crâne sans le moindre effort. Franchement, on dit que le quidditch est un sport dangereux mais l'hippoball c'est sûrement un tripe pour suicidaire. Du coup, je ne peux qu'hocher la tête.
« Je vais te faire une confidence, j’aime pas les chevaux. »
La question qui suit le déstabilise, le petit Enoch et ça me fait sourire. Ooooh, alors comme ça monsieur avait quelqu’un en vue ? Une amie visiblement, mais avec qui la partie était loin d’être gagné. Je vois. C’est étrangement familier comme situation, l’histoire de ma vie en vérité.
« Pourquoi ce ne serait pas réciproque ? Elle t’a foutu des vents ? » Grosse commère que je suis. « Moi ? Aaaaah, tu as devant toi un homme casé. Presque 80 râteaux au compteur, mais j’ai enfin trouvé chaussure à mon pied. N’abandonne pas Enoch, si un boloss comme moi a pu séduire une fille j’ai aucun doute que t’auras un fanclub et des groupies dans le futur. »
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