Let's play a game ((ft Kain))

Une esquisse qu'il t'avait adressée, sincère quoiqu'un peu crispée, à l'apparence presque timide pour cacher les déboires de son coeur qui ne savait plus que penser. Kain avait décidé de faire semblant, de faire semblant pour tout et avec tout le monde, pour atteindre un but qu'il avait rêvé depuis des années. Pour pouvoir se créer une liberté il avait embrassé la main de Satan, et sans un mot, lui était dévoué. Il avait décidé de vous mentir, à toi, à Owain, à tous ses amis. Une carte qu'il pose par-dessus la tienne, l'air satisfait, un peu moqueur parce que tu viens de te faire avoir Kate, il a presque gagné.

Lui sur ce canapé, toi à ses côté l'air enjoué. Entre vous un abîme qu'il ressent immensément grand, de quelques centimètres réaménagé en terrain de jeu rapide et bon marché. Piocher dans du vide pour créer avait toujours été une bonne idée, mais Kain se questionnait. Se fier au vide pour exister, était-ce seulement la plus raisonnable des idées ?

« T'es sérieuse ? et il avait rit de ce rire sincère et attendrit qui lui prouvait qu'il avait un coeur lui aussi. On avait dit qu'on restait cool aujourd'hui. »

Oui, aujourd'hui vous ne deviez rien faire de plus que vous retrouver de la plus simple des façons. Comme tout êtres normaux, jouer sans frasques et discuter sans failles pour finir de vous apprivoiser. Il avait posé sa dernière carte, ça faisait une partie en plus de gagnée. Dans ses yeux l'ombre fugace d'un doute qui s'efface presque aussitôt, imperceptible à d'autres que lui, suffisamment subtile pour ne faire que le désemparer plus encore. Il avait gagné. Et cette victoire il ne la savourait même pas pleinement, il faisait semblant. Ça se voyait, à son sourire fatigué. Il l'était, fatigué.

Il n'avait pas envie de partir affronter le monde pour l'instant, et de loin préférait-il la chaleur de ta présence à toute autre activité rocambolesque auxquelles vous étiez habitués.

Le paquet est à nouveau mélangé, par ses soins cette fois puis les cartes sont redistribuées. Il t'avait adressé un regard alliant moquerie et une certaine compassion, sachant parfaitement qu'il ne résisterais pas si longtemps à tes demandes. Même s'il n'avait pas envie. Il allait essayer. Juste un tout petit peu.

Une simple concession.

« Si tu gagnes la prochaine, je suis tout à toi pendant une minute. Une seule petite minute, avait-il prit soin de repréciser, le regard défiant et le sourire fier, tu pourras me demander ou m'faire c'que tu veux. »

Clairement, il jouait avec le feu.

Elles ont ce sourire, tes lèvres, ce sourire malicieux et doux, celui qui invitait à la tentation; et parfois dans des pensées qui lui échappaient, il se demandait sans comprendre si ce sourire n'était qu'à lui, ou si tu le partageais à d'autres. À d'autres comme à Renard, à d'autres comme à ces gars qui filaient entre tes draps -il le savait, tu t'en vantais presque à chaque fois sans qu'aucun ne vous deux ne remarque à quel point ça le blessait, lui qui devenait de plus en plus jaloux. Il se demandait si ce sourire il avait le droit de l'enfermer pour que seul lui ait le droit de bénéficier de sa chaleur et de la tendresse qu'il dégageait. Il n'en faisait jamais rien, et préférait de loin te le rendre en vérité. Là au moins il était certain qu'il ne fanerait jamais, du moins il l'espérait.

Vous aviez reprit le jeu et lui tentait de passer outre l'enjeu, esquisse presque vilaine aux lèvres, il répondait à tes bluffs par d'autres encore, et à tes ruses bien trop dignes de lui par quelques rires ou des soupirs, presque, agacés. Presque charmés. Il perdait, il le sentait, ça se voyait à des milliers de kilomètres et pourtant, pourtant Kate, il ne fit rien pour t'arracher la victoire malgré le trop bon jeu qu'il possédait. Il ne voulait pas de cette victoire.

Pas si elle signifiait ne pas avoir cette minute avec toi.
Pas si elle signifiait ne pas savoir ce que tu ferais de lui.
Trop curieux.

Trop heureux.

Il avait flanché, trahit son envie de simplicité par égoïsme et appât du gain. À cause de toi, et pourtant il ne le regrettait pas le moins du monde pour le moment. Il t'avait adressée une moue dépitée, à la fin de cette rude partie, un peu moqueuse et énigmatique sans te dire à quel point il avait lutter pour ne pas gagner. Car Kain luttait pour perdre, jamais pour vaincre, sans que tu ne puisses t'en douter. Alors en bon comédien il jouait cette douce comédie, et t'attirant à lui dans une douce étreinte de réconfort il murmurait à tes oreilles de tendres mots que tu fus la seule à entendre.

« Que puis-je faire pour vous, votre altesse ? avait-il demandé ensuite avant de glisser une main dans tes cheveux. »

Kain au bord du gouffre cherchait à s'abandonner dans tes bras, peut-être pour être sauvé, sans réalisé qu'il s'était déjà écrasé.
En bas.
Tout au fond.

Il aurait voulu se tuer.

Kain... murmuré.
Kain... susurré si faiblement et il s'enivrait Kain, de l'odeur de ton parfum, de la douceur de ta peau. Il ne saurait le comprendre ni comment l'avouer, mais il n'y avait que toi pour lui retourner le coeur si fort qu'il voudrait se l'arracher pour ne plus avoir à souffrir autant. Il le voudrait, il le souhaitait de toute son âme. Ne plus avoir mal, ne plus penser, ne plus douter. Jamais. Ne plus. Ne plus-




?




?




Il- Il ne s'y attendait pas. Kate ? Kate Kate Kate. À quoi tu joues ? Pourquoi l'embrasses-tu si tendrement, pourquoi Kate ? Pourquoi gâchais-tu la beauté de cet instant qu'il s'était juré ne de jamais oublier, pourquoi en faire un cauchemar ? Il ne comprenait pas, il ne comprenait plus rien du tout, et de tes lèvres sur les siennes il n'avait retenu que la douleur de son coeur qui s'était brisé. En mille morceaux. Poignardé, fracassé comme l'on cognerait dans un miroir à s'en briser les phalanges. Oh il se tordait si fort son coeur et dans sa tête l'esprit se perdait, il n'en trouvait plus les mots. Et même les tiens, même tes mots Kate, il ne les acceptait pas. Tu l'aimais ? Est-ce que tu l'aimais ? Était-ce bien vrai ? Alors pourquoi ? Pourquoi pourquoi pourquoi... ? Pourquoi Kate. Tout ça.

C'était quoi, tout ça ?

La main dans tes cheveux n'avait plus bougée depuis quelques temps, et ses iris écarquillés semblaient figées à ta contemplations, brillants, effrayés. Amour-non. Non.

Non ?

Il ne t'aimait pas et tu ne faisais que jouer avec lui, pas vrai ? Comment pouvait-il se laisser perturber à ce point par quelque chose comme ça. C'était... Habituel, pas vrai ? Tu ne l'aimais pas, Kate, tu te fourvoyais tandis que lui se noyait.

« Qu'est-ce que tu fous..., avait-il murmuré de sa voix légèrement cassée, Kate, c'est quoi ça ? »

Il s'était reculé (aurait préféré s'avancer), il t'avait regardée (aurait bien voulu t'embrasser) avec la crainte de ne plus savoir si ce que vous viviez actuellement était un rêve ou non. C'était bien trop dur à assimiler, il ne comprenait pas. Quand est-ce que votre relation avait bien pu changer à ce point ? C'était quand, que son coeur, et puis le tien sans doute, s'était dit qu'il serait amusant de le faire battre plus fort, plus fort plus fort! dès que tu apparaissais à ses côtés ? C'était quand putain, le jour où il s'était convaincu qu'il ne pouvait pas t'aimer. Qu'il ne devait pas. Que c'était idiot. Pourquoi ?

C'était simplement idiot.
Il se trompait, et tu te trompais aussi Kate.

N'est-ce pas ?

« Je-, et pour la première fois il ne savait plus quoi dire, tu l'avais complètement déboussolé, J'comprends pas... ? »

Ah non ?
Non.

Il se souvenait avoir déjà vécu bien des situations difficiles, il se souvenait la peine et la douleur qu'il avait ressenti à la mort de sa sœur, cette même peine qui aujourd'hui animait un désir de vengeance bien trop important. Il se souvenait, en te voyant ainsi, de toutes ces mauvaises choses qui avaient contribué à le détruire ainsi et plus tard, plus tard Kate, lorsqu'un autre instant comme celui-ci arriverait, il se souviendrait de toi comme de celle qui avait aidé à sa chute. Il ne t'en voudra pas, Kain était bien incapable de ça après tout.

Il ne comprenait plus vraiment pourquoi son coeur battait autant ni même pourquoi son estomac s'était noué si fort qu'il en avait la nausée, ses doigts avaient glissés sur l'une de tes joues sans qu'aucun mot ne parvienne à franchir ses lèvres, pour qu'il, d'un geste plus délicat qu'il ne l'aurait cru, en essuie tes larmes qui roulaient. C'était comme un couteau qui tranchait sa peau, le sel le brûlait il avait l'impression de suffoquer. Toujours choqué et prit entre cette envie de te rassurer (et de te dire ô combien il t'aimait) et celle de s'en aller (pour te faire comprendre que tout n'était pas si vrai).

Je t'aime, Kain balbutié la voir brisée.
Il t'avait serré dans ses bras, il ne lui en avait pas fallut plus que ça pour réaliser que malgré ses doutes il savait à quel point tu ne méritais rien de tout ça. Tu ne méritais pas d'aimer un gars qui te faisait pleurer comme ça. Sa tête s'était déposée au sommet de la tienne puis ses bras t'avaient entourés, lui avait fermé les yeux pour tenter de se calmer.

Tu ne pouvais pas.
L'aimer.

Tu ne devais pas.

Il ne t'aimait pas (se voilait la face) pas comme ça (oh non bien plus fort). Il lui fallait fuir maintenant, et te blesser pour ne plus que tu t'approches de lui, pas vrai ?

(tu ruinais ses idéaux de vengeance)
Ça ne pouvait pas durer.
(non pas durer)

« Tu te mens à toi-même, souffla-t-il d'un ton qu'il força plus froid sans pourtant quitter tes bras, tu crois seulement m'aimer c'est tout. »

Une main dans tes cheveux pour t'obliger à ne pas bouger tandis qu'il continuait à vous détruire tous les deux.

« C'est qu'un jeu, tu crois m'aimer mais c'est qu'un jeu Kate. Tu m'aimes pas, j'suis comme tous ces gars qu'tu fréquentes tu sais. il n'en croyait pas un mot, quelque part au fond de lui espérait sincèrement se mentir en se convaincant du contraire. J't'aime pas, j'peux pas t'aimer... Comme ça. »

C'était tellement faux.

« J'éprouve pas ce genre de chose. »

Il n'en saisissait d'ailleurs toujours pas le sens, de cet étrange verbe aimer.

Elle était partie le coeur en larmes. Elle l'avait poussé pour se dégager et l'avait laissé là, les yeux grands ouverts et le coeur déchiré. Elle était partie, et lui, lui se sentait si vide tout à coup. Incapable de comprendre le mal qu'il avait fait, incapable de réagir à temps pour la récupérer. L'attraper elle ou ne serait-ce que sa manche son poignet ou son bras, ne serait-ce que la retenir pour tenter de savourer quelques instants de plus en sa compagnie. Il n'avait pas réussi alors elle était partie, elle lui en voudrait, pas vrai ? Il ne la méritait pas. Elle avait le détester.

Et dans un ultime appel, sa main s'était tendue, lentement, dans le vide. Elle s'était refermée dans le vide il n'avait pu retenir que du vide. Du vide du vide du vide. Alors il s'était mit à pleurer, et sans doute pour la première fois de sa vie, il en avait marre de lutter.

Il avait perdu.