Le mystère et la poussière se conjuguaient dans la chapelle abandonnée. Tout récemment découvert par un élève curieux, l'endroit évoquait les lieux de cultes moldus, mais ses vitraux presque tous entièrement effacés par les ravages du temps ne laissaient aucun indice quant à la divinité qu'on y adorait. Était-ce le dieu unique sous une de ses variantes ? Un ajout d'un élève né-moldu qui désirait partager sa foi ? Une pensée de l'un des fondateurs envers les plus religieusement inclinés ? C'était plutôt en vogue à l'époque.
Le mystère restait entier. Quant à la poussière, c'était son affaire. Son ami Béring avait beau le considérée – à tort, bien entendu – comme un être bordélique, il n'en restait pas moins conscient de l'importance d'une bonne hygiène. Il commença par retrousser ses manches et se lança dans une révision complète des divers sortilèges de récurage de sa connaissance. Et, habitué aux saletés causées par les expériences de potions et l'usage d'une forge, on pouvait dire qu'il s'y connaissait largement. Dans une tornade de propreté qui aurait probablement fait fantasmer son camarade de dortoir, il s'attaqua sans pitié à la chapelle. A défaut de lui redonner son aspect d'antan, il comptait bien lui rendre son éclat.
***
Un bon quart d'heure plus tard, il était assis nonchalamment sur l'autel, aussi récuré lui-même que le reste de l'endroit – même sa cravate semblait légèrement délavée. Visiblement, il avait eu la main lourde, mais le cadre était parfaitement accueillant lorsque son amie Ene fit son entrée.
L'endroit n'a pas été trop difficile à trouver ?
Un miaulement outré les interrompit et il leva les yeux vers un félin tigré en lévitation. La raison de l'existence d'un chat volant sur les lieux l'intrigua un bref instant avant qu'il ne se rappelle des faits. Se passant une main dans les cheveux, il s'expliqua auprès de son invitée.
Il était dans le chemin quand je nettoyais...
Un peu honteux et amusé malgré lui, il fit redescendre ce nyancat amateur sur le plancher des vaches. Celui-ci, ayant connu assez d'émotions pour la journée, s’en fut sans demander son reste.
Quelque chose a changé, au fond d'elle, elle le sait. Même si personne ne le remarque, elle a changé. Son appartenance a aussi changé mais c'est un fait qu'elle ne peut pas révéler. C'est un poids plus lourd à porter qu'elle ne l'aurait pensé. Ne pas attirer de soupçons, rester naturelle, ne pas baisser sa garde et en même temps écouter attentivement ce qu'il se passe. Ne jamais se déconcentrer pour ne pas être piégée. C'est dur et épuisant de ne pas se confier, c'est lourd à porter mais elle croit en sa décision alors, elle reste attentive et concentrée sur ses cours bien que maintenant, ils ne lui semblent plus autant importants qu'avant. Elle qui ne les a jamais délaissés en vient à rêvasser. A hésiter.
The Crow va t-il pouvoir continuer sur sa lancée ? Ou, des sorciers avides de justice vont-ils se mettre sur son chemin ? Est-ce qu'elle va devoir se battre contre des proches ? Est-ce qu'ils vont la juger comme inutile et perdre confiance en elle car elle a choisi un chemin différent ? Assise dans son lit, elle soupire, pose son front sur ses genoux, entourant son visage de ses bras. Alors qu'elle était si confiante lorsqu'elle avait rencontré les autres membres, seule elle venait à avoir peur. Personne sur qui compter. C'était sa situation. Sa force mais aussi sa faiblesse. Personne ne pouvait la trahir car elle n'en parlerait à personne mais personne ne pouvait la sauver car personne ne le saurait. Un cercle vicieux.
Ene relève sa tête, détourne le regard vers son réveil pour y lire l'heure. Elle doit bientôt aller le rejoindre, remettre un masque ou du moins, tenir son comportement habituel. Se concentrer à la maîtrise des sortilèges informulés comme cela avait toujours été le cas, avec lui -quand ils ne parlaient pas d'autres choses. Elle se lève, se regarde dans le miroir, réarrange sa frange, brosse de nouveau ses longs cheveux et boutonne correctement son chemisier. Elle est prête, elle prend une sacoche, y glisse quelques gâteaux -pas qu'elle a fait, ils seraient bien trop mauvais- ainsi qu'un livre et sa baguette. Elle descend les escaliers, quitte le dortoir et erre au rez-de-chaussée, cherchant la fameuse chapelle. C'était légèrement excitant. Elle cherche, marche dans l'herbe puis tombe dessus et pousse la lourde porte encore piégée par quelques plantes pour rentrer. Elle referme la porte derrière elle et s'approche, apercevant la chevelure familière du garçon.
« Non, ça va... Mais je m'attendais à ce que l'endroit soit plus... poussiéreux...? »
Personne n'est censé y avoir mis les pieds depuis un moment. Pourtant, il n'y a pas de poussière dans l'air ou très peu. L'endroit semble avoir été nettoyé et quand elle l'observe de plus près, elle constate qu'il doit y être pour quelque chose... Son regard fixe le chat. Le chat qui flotte. Il est trop mignon. Les yeux brillant, elle le regarde avant qu'il ne s'éloigne, une fois le sortilège rompu. Il confirme de lui-même ce qu'elle pense, ce n'était pas la peine de se donner tant de mal, elle aurait pu supporter un peu de saleté (ou pas du tout).
« Merci... Tu aurais pu m'appeler, je t'aurai aidé. »
C'est fou. Avec naturel, elle parvient à lui parler. Elle n'a pas l'air louche ni étrange, rien ne la trahit si ce n'est son visage fatigué mais elle peut facilement trouver une excuse. Elle pose son sac sur l'un des bancs, découvre le lieu sans émettre un son. Elle n'est pas religieuse mais, cet endroit inspire la quiétude. C'est agréable, reposant. Elle lève la tête, fixe le plafond en voûte qui est si agréable à regarder. Dommage que les vitraux soient abîmés. Elle finit son inspection, revient en face de lui.
« Cet endroit... donne envie de jouer de la musique... »
Elle sourit doucement, ses doigts se replient dans l'air comme si elle tenait les cordes de sa harpe. Elle s'arrête, sachant que ce n'est pas le moment. A la place, elle s'assoit sur l'un des bancs, il grince quand elle reprend doucement la parole, le regard fixant le sol, sans but.
« Beaucoup de choses arrivent en ce moment... »
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C'était nécessaire. Pour lui. Il avait eu besoin de se changer les idées, depuis la création des foxes, ces deux jours et deux nuits de création ininterrompue, la chasse aux plumes, tout ça. Mais il ne pouvait pas vraiment clamer haut et fort "je suis la Némésis de The Crow, mais il l'ignore encore et cela signera le début de sa fin." Déjà, c'était outrageusement dramatique, comme formulation. Tout membre du club de théâtre qu'il était, lui-même pouvait reconnaître ce genre de surjeu. Ensuite, c'était un secret qu'il se devait de garder. Même si la charmante Ene n'avait probablement aucune implication dans ce genre d'histoire sordide. Justement parce qu'elle n'en avait aucune. Inutile de la mêler à cela.
Je ne pouvais t'inviter dans une chapelle poussiéreuse, quel genre de gentleman ferait cela ?
Quel genre de gentleman invitait les demoiselles dans des chapelles abandonnées ? Certes, il n'était pas très conventionnel, comme garçon. Cela n'empêchait pas d'avoir un minimum de manières.
Même si, à la réflexion, ç'aurait été un excellent exercice pratique.
Peut-être qu'un jour il finirait professeur dans cette école ? Il prévoyait une longue existence. La quête de l'immortalité lui aurait permis d'enseigner un moment sans que cela ne change grand-chose à ses projets. Il aimait Poudlard, même avec Scamander à sa tête.
Tu peux jouer, si tu veux. Ce n'est pas moi qui m'en plaindrai. Ce serait... une touche agréable en ces temps troublés.
Doux euphémisme. C'était potentiellement la fin du monde magique qui risquait de leur tomber dessus. S'ils échouaient. Mais s'ils échouaient, cela voudrait dire qu'il ne serait plus de ce monde pour le voir. Maigre consolation.
Ses mots la font doucement sourire. D'habitude, Ene n'aime pas être considérée comme une petite chose fragile mais, cette fois cela ne la gêne pas. Elle ne le prend pas mal, c'est comme s'il se préoccupait de son bien-être et c'est réconfortant. Cependant, c'est d'autant plus douloureux car elle le trahit, alors qu'elle l'apprécie autant. Elle n'a plus rien de pur, elle n'a plus rien d'adorable, elle est juste méprisable. Cette pensée la hante sans cesse. Pourtant, elle ne veut pas que le regard des autres soit un frein mais en même temps... Peut-elle retourner en arrière ? Veut-elle le faire ? Non. Elle est sûre d'elle, elle doit se faire confiance, vouloir changer le monde n'est pas une erreur. Elle le fera à sa manière, sans tuer, sans se battre, simplement en... Obéissant...? Est-elle autant libre qu'elle le croit ? Elle ne vient pas de perdre ses ailes en jurant loyauté à The Crow ?
Il suffit d'un silence pour qu'elle y repense. Et Edwyn. Qu'est-ce qu'il en pense au fond ? Elle l'ignore, elle aimerait le savoir, elle aimerait le questionner. C'est dans la nature des Serdaigles d'être curieux, cela ne sortira pas du contexte, elle peut se le permettre. Elle joint ses mains, tourne ses pouces et ravale sa salive.
« Qu'... Qu'est-ce que tu penses de... tout ça...? C... C'est arrivé si vite... Je crois que... j'ai un peu peur. »
Ene ne ment pas. Elle est vraiment terrifiée par l'avenir. Elle ne peut hélas pas lui en dire plus. A la place, elle se tourne, farfouille dans son sac et sort le sachet contenant des cookies. Elle s'approche pour le lui donner, il ne risque pas de s'étrangler avec, ils ont l'air plutôt bon. Un jour, elle en fera des identiques. Un jour... Quand elle cessera de les faire brûler.
A sa dernière phrase, elle sent une épine dans son coeur. C'est The Crow la cause de ce mal-être. Elle en a conscience mais une part d'elle lui murmure que c'est la société qui l'a créé. C'est ce monde l'erreur... non ?
« T... Tu es sûr...? Je peux...? »
Dans sa voix, il y a une pointe d'inquiétude mais aussi de joie. Elle aime jouer, elle n'est pas à l'aise devant un public mais tant qu'elle ne chante pas, elle devrait en être capable. Elle attrape sa baguette et sort un objet miniature qui n'est autre que la fameuse harpe dont la taille a été réduite. Elle murmure doucement un « Reducio » et l'instrument reprend sa taille originale. C'est plus facile à transporter de cette façon. Elle s'assoit, reste immobile un instant pour réfléchir à ce qu'elle peut faire... Elle aime les musiques douces. Alors, c'est ce qu'elle vient exécuter en glissant ses doigts contre les cordes, coupant le silence de l'endroit pour imposer les notes d'une chanson sans aucune parole. Simplement le son délicat propre à cet instrument si encombrant. Avec lui, les soucis s'en vont comme s'ils n'avaient jamais existé. Elle fredonne par moment, s'interrompt puis reprend sans s'en rendre compte. Peut-être que cela pourra le détendre un peu, le soulager de cette ambiance si lourde qui plane.
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Dernière édition par Ene Reiss le Sam 25 Mai - 18:16, édité 1 fois
Edwyn Ollivander
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Re: Enjoy the silence ♪ Ene Jeu 2 Mai - 0:20
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ft Ene
Le sujet fit disparaître toute trace de joie de son visage. Lui aussi avait peur. Probablement pas pour les mêmes raisons, la plupart des sorciers ne comprenaient pas. N'avaient pas envie de comprendre. Il allait lui en faire part, mais le sachet de cookies fut une distraction plus que bienvenue. Cela pouvait attendre.
Je veux bien faire le ménage plus souvent, si c'est le genre de récompense qui m'attend.
Il se força à sourire, essayant vainement de chasser ce qui troublait son esprit. Puis, elle sortit sa harpe, un usage élégant du sortilège de réduction. Ene était une fille intelligente, curieuse aussi, deux traits qui contribuaient grandement à ce qu'il l'apprécie.
Elle se mit à jouer et il ferma les yeux, laissant la musique l'atteindre. Ça, c'était de la véritable magie. Trop souvent ignorée par les gens de leur monde. Il y avait une véritable force, une beauté, qui transcendait les émotions. Elle chassait ses craintes, ses doutes. La peur de ne pas être à la hauteur, celle de perdre l'un des 'renards' sous sa responsabilité, la peur de voir son monde annihilé par la folie d'un seul homme. Il savourait juste la musique, apaisante, en harmonie avec la sérénité des lieux.
Il ne rouvrit les yeux qu'à la fin du morceau. Alors seulement, il répondit à la question de la jeune femme sur ce qu'il pensait de tout cela.
J'ai peur pour notre monde, Ene. Parce que, même si ce "corbeau" mène son projet à bien, nous risquons la destruction.
Il y avait de tristes vérités et l'une d'entre elles semblait invisible pour la plupart de ses contemporains.
Les moldus sont devenus puissants. Ils sont allés dans l'espace et y ont placé des machines qui observent le monde et leur permettent de communiquer sur de grandes distances, ils ont des armes qui peuvent détruire des villes entières. Et ça, ça ne date pas d'hier. Ils évoluent très vite alors que nous stagnons depuis des siècles. Ils sont six milliards et nous sommes quoi ? Quelques millions ?
Il haussa les épaules, c'était plutôt évident lorsqu'on connaissait un peu les moldus, même superficiellement. Beaucoup de sorciers les considéraient comme des enfants, mais ces enfants là avaient vécu sans magie. Et ils en avaient fait une force, développé d'autres talents, créé les sciences. Des sciences qui surpassaient la magie dans certains domaines et finiraient probablement par l'égaler dans les autres.
Nous ne sommes plus au Moyen Âge. Le secret nous protège d'eux, pas l'inverse.
Un jour, en s'y prenant en douceur, en ne cherchant pas à précipiter les choses, les deux mondes pourraient n'en former qu'un seul. Pas aujourd'hui et pas avec un premier contact hostile.
Malheureusement, la musique ne dure pas éternellement, juste le temps d'un morceau bien trop court. Le doux son apaisant s'estompe, elle ouvre doucement ses prunelles turquoise et ce sujet si néfaste revient comme une vague. C'est elle qui a commencé, c'est normal qu'ils continuent. Ses doigts sur une corde, elle la tire et la relâche un peu trop violemment, faisant vibrer les autres. Ce qu'il vient de lui avouer, elle n'y avait pas pensé et cela la choque. Elle n'y croit pas. Mais ce n'est pas le genre de Edwyn d'aborder des sujets aussi importants, simplement pour plaisanter.
« La destruction...? Pourquoi...? Ce n'est qu'un petit groupe d'arrivistes, ils courent droit au suicide non...? Personne ne va prêter attention à quelques idiots... »
Ene baisse le regard. Elle a peur d'eux mais se permet de les traiter d'idiots. Elle a peur des membres alors qu'elle les fréquente ; non. Elle a peur de The Crow. De ce qu'il prévoit de faire, de ce qu'il mijote sans rien dire pour le moment. Impossible de lire dans les pensées de cet être sombre, masqué. Alors que lui sait ce qu'elle craint le plus, il sait son traumatisme, il sait comment lui rappeler et comment faire mal.
La demoiselle écoute silencieusement les propos de son ami, elle recule l'instrument pour se lever. Ses mains sont jointes, elle les fixe et étire ses doigts, le regard se levant vers celui de son interlocuteur. Elle parle avec un peu plus de courage, un peu plus de détermination.
« Il y a peut-être un écart de chiffre et de technologie mais... Les sorciers ne sont pas bêtes. Ils savent être unis entre eux et se défendre les uns des autres, ils savent quelles sont les valeurs à protéger, celles qui comptent vraiment. Les moldus ont toujours aimé se battre entre eux, ils ne savent pas ce que c'est, l'entraide. Ils ne savent que se disputer des territoires et de l'argent... Alors, tant que nous restons unis et soudés, nous n'avons rien à craindre, même si... The Crow déclare une guerre. E... Enfin... je crois... »
A la fin, elle se sent gênée, détourne le regard et joue avec une de ses mèches. Elle a parlé sans réfléchir... Elle n'a rien dit de bizarre ? Les pensées sont difficiles à contenir, surtout quand on est aussi franche qu'elle. Elle est bien trop sincère pour se trouver dans l'autre camp, dans ceux qui vont détruire ce monde.
« Ce sera... un combat entre la science et la magie... Si cela arrive... Il y aura beaucoup de morts... »
Elle en frissonne. La mort, elle ne réalise pas ce que cela représente car elle n'a jamais perdu réellement quelqu'un. Mais, quand elle sera face au massacre, sera-t-elle encore capable d'avancer en sachant qu'elle ne sera pas innocente à cela ? Ses mains tremblent, elle les resserre, force un sourire pour ne pas l'inquiéter.
« Alors... Il suffit que cela n'arrive pas et tout ira bien n'est-ce pas ? Il suffit de l'arrêter ! »
Il suffit que tu m'arrêtes. Mais ça, elle ne peut pas le dire. Elle ne peut que le penser.
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Il n'était pas tout à fait d'accord sur tout. Notamment l'incapacité des moldus à s'unir. Leur Histoire avait de nombreux cas où des groupes ennemis s'alliaient pour venir à bout d'un adversaire commun. Et les sorciers, s'ils se montraient agressifs, avaient tout de l'ennemi parfait pour le reste de l'humanité. Ils étaient différents, ils étaient des monstres, des êtres maléfiques dans la plupart des religions aussi. Mais il y avait un autre point aussi.
Les sorciers ne seront pas unis. Combien ont des parents moldus ? Des époux ? Des amis ?
Techniquement, il n'existait aucun sorcier qui n'ait de sang moldu dans les veines. Même les prétendus "sang-purs" avaient des ancêtres moldus lorsqu'on remontait un peu leur arbre généalogique dans le bon sens. Il se voyait mal s'en prendre à sa grand-mère, même si elle faisait un thé plutôt effroyable.
Et puis, même si The Crow parvenait à gagner totalement, à avoir le monde qu'il désire. Tu voudrais vraiment y vivre ? Un monde où les impardonnables sont légaux ? Un monde où, à tout moment, tu peux être tuée, torturée ou changée en marionnette privée de volonté par le premier venu. Sans conséquence.
Et puis, il s'infligea une gifle mentale. Il avait l'habitude d'être un peu trop à côté de la plaque pour remarquer ce que ressentaient les gens autour de lui, mais le tremblement dans les mains d'Ene ne lui avait pas échappé. Et, comme un idiot qu'il était, il avait continué sur le sujet, trop pris par ses arguments pour s'arrêter. Retenant un soupir face à sa propre idiotie, il se leva et approcha d'elle, lentement. Arrivé à sa hauteur, il s'agenouilla, prit l'une des mains déjà moins tremblantes de la jeune femme et y déposa un cookie. Lui accordant un sourire qui se voulait rassurant, au passage.
Pardon si je t'ai perturbée avec mes réponses. Je devrais faire plus attention, c'est juste que...
Comment trouver les mots, comment expliquer ce côté un peu Gryffondor mêlé à son ego et ses rêves qui constituaient le cœur de ses réactions face au Corbeau ? Ou le fait qu'il s'enflamme un peu vite, ces derniers temps ?
Tout ce qu'il promet, c'est le chaos et la mort. Alors, oui, on l'arrêtera. Parce qu'un jour, j'aimerais raconter cette histoire à mes petits enfants et je n'aime pas les tragédies.
Bon, ça c'était en considérant qu'il réussirait et plein d'autres choses, mais ce serait quand même sympa. "Les aventures de papy Ned", il voyait ça d'ici.
Plus elle se heurte à ce mur qu'il façonne avec toutes ses connaissances, plus elle se sent mal à l'aise. C'est comme si, la situation était vraiment mauvaise (pour eux), pas pour elle. Cependant, elle a une petite pensée pour sa mère, si les moldus savent qu'elle est différence, vont-ils la chasser, se venger sur elle ? Non, il n'est pas question de combattre ou de provoquer un génocide. Tout ce qu'elle désire est ce qu'elle a énoncé ce soir, autour de cette table. Rien de plus et elle ne donnera rien de plus pour enclencher ce conflit. Elle soupire, secoue la tête et lui répond avec conviction bien qu'elle manque d'arguments. Elle est trop naïve sur ce sujet, elle ne veut pas voir la dangerosité des choses. Elle a déjà goûté une fois à l'enfer, elle en a conscience et ne veut pas y replonger. Pas dans ce genre de désespoirs.
« M... Mais nous n'attaquerons pas les premiers... S... Si les moldus prennent les devants, nous serons assez unis pour nous défendre et éviter des pertes... Et... avec des Protego, pas besoin de... combattre...? »
Sa voix tremble autant que son corps, elle ne sait même plus ce qu'elle dit, c'est ridicule. Elle se pince les lèvres, déplace lentement sa main pour glisser sa mèche derrière son oreille. Un geste destiné à l'aider, à prendre du recul. Pourtant, il en rajoute une couche, elle secoue encore son visage, de droite à gauche. Ce n'est pas ce qu'il va se passer, ce n'est pas ce genre de monde qu'ils vont créer. Ils vont permettre aux sorciers de devenir indépendants, d'être libres et non piégés derrière des barreaux pour leur sécurité. Elle sent sa vue se brouiller et essuie vivement ses yeux. Il n'y a aucune raison de pleurer.
« J... Je ne veux pas de ce monde... »
Ene le murmure, avec difficulté. Elle ne sait pas. Elle ne veut pas croire ce qu'il décrit, ce serait un enfer et ce n'est pas ce que le corbeau a promis. C'est totalement différent. Elle comprend bien qu'elle ne peut pas avoir confiance en cet inconnu mais, il n'est pas assez stupide pour causer leur perte. Elle a juré fidélité, elle a cru en ses idéaux, le mieux à faire est de le garder à l'oeil pour s'assurer de la véracité de ses promesses. Et ensuite, d'agir en conséquence.
Quand Edwyn s'agenouille, elle recule d'un pas, ne sachant pas pourquoi il fait cela... Il n'y a qu'ainsi qu'elle peut se sentir plus grande que lui, c'est un peu dérisoire. Elle le laisse glisser le biscuit entre ses doigts et lui rend timidement son sourire. Il n'a pas besoin de s'excuser. Il n'a rien dit de mal, il lui a juste montré la réalité qu'elle essayait tant bien que mal de nier.
« Non, c'est moi qui ai commencé, tu n'as rien à te reprocher. »
Par contre, s'il pouvait se relever ou s'asseoir ou devenir plus petit ou retourner sur l'autel ce serait avec plaisir. Car là, elle se sent comme victime d'un sort Reducto et c'est affligeant. Néanmoins, cette pensée disparaît bien vite en l'entendant. Elle cligne des paupières, plusieurs fois alors que ses joues s'empourprent. Elle est jalouse, qu'il soit aussi mature, qu'il sache déjà ce qu'il veut sur le plan familial. C'est... tellement magique à ses yeux.
« T... Tes petits enfants...? T.. Tu as déjà... hum... quelqu'un qui compte... au point d'envisager un tel... avenir...? »
Elle détourne le regard, c'est injuste. Non. C'est normal. Elle devrait plutôt se réjouir de son bonheur. A moins qu'il soit visionnaire et espère juste vivre tout cela. C'est un beau projet et elle ne peut s'empêcher de lui tirer la langue.
« Je... t'envie juste un peu. »
Puis, elle croque le cookie. Oh. Ils sont vraiment bons. En même temps, ce n'est pas elle qui les a fait.
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Dernière édition par Ene Reiss le Dim 5 Mai - 11:17, édité 1 fois
Edwyn Ollivander
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Re: Enjoy the silence ♪ Ene Ven 3 Mai - 15:15
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Il fut surpris de « nous » qu'elle employa. Avait-elle été séduite par le discours qu'ils avaient tous entendus ? Certains arguments pouvaient séduire, il voulait bien l'admettre. Le problème, c'étaient les autres choses autour et cette sensation qu'il avait eue en les écoutant. The Crow était un mage noir typique se cachant derrière une idéologie alors qu'en réalité, il désirait la même chose que tous les autres, le pouvoir. Il pouvait prétendre le contraire, se mentir à lui-même peut-être, mais c'était presque certain.
Enfin, il la voyait mal rejoindre l'autre emplumé, de toute façon. Elle était assez maligne pour voir que ça sentait le traquenard à plein nez. Elle non plus ne voulait pas de l'Enfer sur Terre que promettait The Crow et c'était une bonne chose. Il fallait être complètement dérangé pour croire qu'un monde où les impardonnables volaient était une bonne chose.
Il s'installe sur une banquette proche et grignote un cookie. Ils sont plutôt bons. La prochaine fois, il devrait apporter le goûter. La pâtisserie, ce serait une nouvelle expérience culinaire, pour lui. Il savait s'en sortir aux fourneaux, maîtrisait plutôt bien certains plats asiatiques qui lui avaient plu lors de ses vacances sur place, mais les desserts, ce serait une première. Une part de lui avait presque déjà envie d'être à leur prochaine réunion. Et cela lui rappelle l'un des sujets dont il désirait lui parler aujourd'hui.
Ene... Je pense qu'on va devoir espacer un peu nos réunions pendant un moment. J'ai pas mal de choses à gérer pour l'instant...
Il n'entrerait pas dans les détails, ça ne ferait que remettre le sujet douteux sur le tapis. Et puis, il ne tenait pas à révéler l'existence des foxes. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne resterait pas les bras croisé et c'était mieux qu'elle s'imagine une initiative entièrement personnelle. Alors, il se focalise sur le reste, l'avenir et sa future descendance. Dit (pensé ?) comme ça, ça avait l'air si sérieux.
Je ne sais pas, mais j'envisage une très longue vie, alors ce ne seront pas les occasions qui manqueront. L'avenir est plein de possibilités, celle de trouver une sorcière qui me supporte assez pour accepter de m'épouser doit exister.
Le ton employé montrait le peu de sérieux qu'il accordait à cette affirmation. C'était plutôt lui qui était difficile dans le choix de ses partenaires. Il avait besoin de quelqu'un qui sache suivre son rythme et n'ait pas peur d'être franche lorsqu'il s'apprêtait à faire n'importe quoi. Une personne pas trop casanière, il aimait trop voyager pour ça. Même s'il se calmerait peut-être un peu dans les premiers temps, pour fonder une famille tranquillement, élever ses enfants. Mais lorsqu'ils seraient grands, il reprendrait sûrement ses expéditions autour du monde. Il y avait encore tant de choses à découvrir.
Et toi ? Tu as des rêves ou des projets pour quand tu auras quitté Poudlard ?
La première chose qu'il ferait, ce serait sûrement de retourner voir les sorciers croisés il y a deux ans, il leur avait promis de revenir apprendre correctement leur art, une fois diplômé. Et de leur montrer certaines de ses créations aussi.
Le sujet est clos, elle n'a plus envie d'en parler pour le moment et ne s'y risquera pas. Edwyn est intelligent, si elle persiste, il va trouver cela louche et commencer à se méfier. Plus tard ses proches appendront ce qu'elle cache et mieux ce sera. Elle veut préserver ses liens le plus longtemps possible avant de les briser, si cela est nécessaire ? Elle ne veut pas y penser. A la place, elle l'écoute et se mordille la lèvre inférieure. Elle n'a pas envie. Que leurs réunions soient moins nombreuses. Mais, avec le climat qui règne, elle ne va pas faire l'enfant égoïste. Elle hoche doucement de la tête et acquiesce.
« D'accord, je comprends. Je continuerai de m'entraîner de mon côté ! »
Du moins, elle essayera. Car si elle passe moins de temps avec lui, elle en passera plus de l'autre côté... Son regard se détourne vers lui pour l'écouter. Oui, elle est admirative, il sait où il va et ce qu'il veut devenir. Alors qu'elle, elle piétine et reste sur place à stagner. Sa dernière phrase parvient à la faire rire, elle pose sa main devant ses lèvres. C'est tellement spontané qu'elle ne peut que venir ajouter quelque chose.
« Comme si cela allait être compliqué pour toi ! »
Franchement, il ne peut qu'être ironique. Il est grand, intelligent, agréable et il est facile de parler avec lui. En quoi est-ce difficile ? Elle est sûre qu'il doit plaire. Parce qu'il est grand. Beaucoup trop grand... C'est un peu agaçant. Elle hausse les épaules et lève les yeux au plafond.
« C'est plutôt moi qui devrai dire ça. Je suis tellement insupportable qu'aucun garçon ne m'approche ! »
En temps normal, Ene ne serait pas amusée de cela car elle espère réellement pouvoir tomber sur son prince charmant mais, elle consent à sourire. Mieux vaut en rire qu'en pleurer. Elle sait elle-même qu'elle a mauvais caractère ; dès qu'un garçon l'approche, elle le regarde méchamment et le juge sans se cacher. Elle est sur la défensive, presque invivable. Cette carapace forgée à cause de son passé ne l'aide pas à aller de l'avant.
Quand il la questionne, elle se met à réfléchir. Son rêve, son avenir... Brusquement, son visage s'éprend d'un rouge vif, elle secoue plusieurs fois sa tête. Non, non c'est ridicule. Elle n'a pas l'assurance pour lui dire tout cela. Elle détourne le regard et murmure fébrilement.
« J... Je ne peux pas dire quelque chose d'aussi embarrassant ! »
Cependant, il s'est confié alors, elle pourrait faire de même... Elle soupire, s'assoit sur le banc, pose ses talons dessus et croise ses bras sur ses genoux. Elle appuie sa tête dessus, les joues rouges. Ce n'est pas comme si c'était un inconnu, elle pouvait bien lui en parler. Juste un peu...
« J... Je veux découvrir une créature inconnue, pouvoir la dessiner et la faire découvrir au monde entier. Pas forcément pour la rendre populaire mais pour... montrer aux autres sorciers qu'il y a encore des choses que nous ne connaissons pas... »
Jusqu'ici c'est normal. Rien qui puisse la gêner. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle marque une pause... Elle n'ose pas le regarder, elle fixe le sol, sent son coeur s'emballer sans raison.
« J... J... Je veux... fonder une famille... »
Sa voix est tellement montée dans les aiguës qu'elle ignore s'il a compris. Elle laisse échapper un petit rire, tentant de se détendre.
« C'est bizarre... Alors que je n'ai personne à mes côtés, de penser ça... »
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Elle semblait déçue, mais il ne pouvait pas y faire grand-chose. C'était encore une chose qu'on pouvait reprocher au Corbeau. On aurait pu arguer qu'il avait décidé de lui-même de mener l'opposition, avec toutes les difficultés que cela impliquait, mais il ne pouvait pas changer sa façon d'être d'un claquement de doigts. Et il ne l'aurait voulu pour rien au monde.
Tu as prêté attention, récemment ? Il y a beaucoup de garçons - et certaines filles aussi - qui semblent plus qu'intéressés.
Il y en avait même qui avaient été prêts à le payer pour qu'il lui parle d'eux. Ce qui faisait qu'elle était seule devait plus tenir au fait qu'elle soit très sélective qu'autre chose. Elle était jolie, intelligente et avait son franc-parler. Ce dernier point n'était peut-être pas au goût de tout le monde, cela dit.
Je suis sûr que tu n'auras pas beaucoup d'efforts à faire si tu trouves une personne à ton goût.
Clairement, elle n'aurait aucun mal. Il faudrait probablement enseigner quelques sorts de défense à l'heureux élu, vu le nombre de jaloux que cela créerait. Sa réaction face à une question bien anodine le fit sourire. C'était assez inhabituel comme réponse. D'habitude, les gens disaient qu'ils ne savaient pas encore ou avaient une grande ambition. Peut-être avait-il fréquenté trop de Serpentards ? Il se demanda un instant ce que Fenry voudrait faire plus tard. Leur dernière conversation avait très vite tourné autour de ce maudit volatile qui leur compliquait inutilement la vie.
Notre monde est plein de magie et nous n'avons fait qu'en gratter la surface. Je pense que tes chances sont plutôt bonnes.
On avait découvert encore un paquet de créatures magiques, ces dernières années. Tout était possible. Et sa seconde ambition était quelque chose de tout à fait compréhensible pour le rouquin.
Ce n'est pas étrange, on a tous notre vision du bonheur et une famille est une source de joie plutôt évidente. J'espère que nos enfants iront ensemble à Poudlard, ça pourrait être marrant.
Même si toute personne un peu saine d'esprit conseillerait probablement à ses enfants d'éviter ceux du savant fou qu'il risquait de devenir.
Après s'être confiée, elle se sent un peu plus détendue. Finalement, ce n'est pas aussi dur que cela. Le blocage est simplement dans sa tête. Elle ose pivoter sa tête pour le regarder, c'est agréable qu'il ne la juge pas, qu'il la prenne au sérieux. C'est sûrement une des raisons pour laquelle elle peut discuter aussi facilement avec lui. Elle chérit réellement cette amitié qu'ils entretiennent et ce serait bien qu'elle continue jusqu'à ce qu'ils aient des enfants. Enfin, elle sait que ce ne sera pas possible car elle a pris une direction qu'il n'appréciera pas.
A nouveau, il la fait réagir au quart de tour. Elle se redresse comme un I, pose ses pieds au sol et le regarde en clignant des paupières. Il plaisante ? C'est vrai. C'est juste un mensonge. Elle n'est pas aussi aveugle quand même... Ou alors, elle met tellement de distance envers les autres qu'elle ne s'aperçoit pas que certains voudraient se rapprocher ?... Ene entrouvre sa bouche mais, elle ne sait pas quoi dire. Il l'a vraiment prise de court. Elle relève le menton, tire sur une de ses mèches et laisse les mots sortir sans réfléchir.
« D... Des filles...? Je ne suis pas au courant. Mais si aucun n'a le courage de venir me parler directement, c'est juste ridicule. »
... Ce n'est pas très aimable. Elle est mal à l'aise. Et elle n'a pas de phrases du même type à lancer pour le mettre dans le même état. De toute façon, elle doute que le rouquin soit aussi... timide qu'elle. Il a bien plus d'assurance. Elle, elle panique devant une personne lorsqu'elle est observée alors, il ne faut pas imaginer le résultat devant une foule. Chanter ? Impossible. Jouer d'un instrument ? Les doigts tremblants mais faisable. Danser ? En tombant oui. Elle est irrécupérable. Elle ne croit pas entièrement ce qu'il dit mais lui offre tout de même un petit sourire pour murmurer.
« ... Tu es trop gentil Edwyn. »
Elle ne lui dira pas mais, d'une certaine façon, il lui faisait penser à un grand frère. Pas seulement parce qu'il était grand mais parce qu'il était digne de confiance. Et à l'écoute. Quoiqu'elle dise, il n'allait pas l'ignorer. Doucement, elle glisse sa main sur les cordes de son instrument qui émet un son, court mais toujours aussi mélodieux. Elle réitère ce geste, tirant plus fort, sur une autre corde qui crée une note plus grave. C'est à ce moment qu'elle reprend, le regard lointain comme si elle voyageait dans son rêve.
« ... Oui ! Et je défendrai les espèces en voie d'extinction contre les braconniers ! J'espère croiser des licornes aussi ! Et je voyagerai dans le monde là où on aura besoin de moi ! »
Ah. Mais si elle fait cela, elle ne pourra pas créer un foyer car elle ne sera jamais chez elle... Elle n'y avait encore jamais réfléchi... Deux désirs différents, l'aventure ou la famille. Cela ne l'inquiète pas, d'une façon ou d'une autre, elle y arrivera.
Un petit rire lui échappe, elle essaye d'imaginer la tête qu'auraient les enfants et surtout la maison dans laquelle ils seraient... C'est abstrait.
« C'est vrai que ce serait amusant ! Peut-être qu'ils ne s'entendront pas du tout ! »
Après tout, ils seront différents de leurs parents. D'ailleurs, il sait ce qu'elle veut faire plus tard mais, lui ne s'est pas exprimé sur le sujet.
« Ah ! Tu ne m'as pas dit ! Quel métier tu voudrais faire ? Homme au foyer ? »
Bien sûr, elle plaisante. Une petite taquinerie légère, sans méchanceté.
enjoy the silence with Edwyn notes Once a thief, always a thief
Sa réaction lorsqu'il lui parle des intéressé(e)s suffit à lui arracher un rire. Reprenant un peu son sérieux, il répondit, comme si c'était une évidence :
Pourquoi ce seraient à eux de faire le premier pas ? Si quelqu'un te plaît, va lui parler.
S'il ne l’encourageait pas un peu, la pauvre ne pourrait jamais fonder une famille. Et avec qui ses enfants joueraient, alors ? Ceux d'Andy... d'accord. Mais la famille, ce n'était pas pareil. Il se prit un moment à imaginer les enfants de ses divers camarades. Oh, ce serait terriblement fun.
On se croisera peut-être, qui sait ?
Ça aussi, ça pourrait être sympa, de tomber sur elle à la recherche d'un ancien temple Maya, au détour d'une jungle ou l'autre. Il regardait peut-être trop de films moldus.
Et on pourra les embêter en leur disant qu'ils formeraient un beau petit couple.
Son rire résonna encore une fois. Pauvres enfants, ils ne seraient pas au bout de leurs peines avec lui comme père. Au moins, ils ne pourraient pas se plaindre de l'ennui. Et ils en sauraient plus sur la magie que les élèves de quatrième année en entrant à l'école. Peut-être qu'il leur apprendrait un peu de magie sans baguette ou des bases d'occlumancie ? On verrait bien.
Tu dis ça parce que tu ne m'as jamais vu en tablier de cuisine...
Il lui accorda un clin d’œil coquin pour la peine. En toute honnêteté, il ne se voyait pas vraiment dans une vie de fonctionnaire ou même dans un métier où il aurait un patron. La boutique familiale ne le tentait pas trop non plus.
Je vais sûrement faire un peu de recherche, vivre des inventions magiques que je ferai breveter, explorer d'autres cultures. Et peut-être faire une pause quand j'aurai des enfants pour m'occuper d'eux jusqu'à ce qu'ils soient à Poudlard. Écrire un livre ou deux si j'ai le temps, aussi.
Il se faisait déjà un joli petit paquet de gallions avec ses créations publiques du moment, alors ça ne lui paraissait pas vraiment inconcevable. S'il devait faire tourner la boutique familiale un moment avant de pouvoir déléguer, c'était envisageable. Tant qu'il ne s'y retrouvait pas piégé. Les baguettes, il les connaissait par cœur et ça avait beaucoup perdu de son attrait. Rien de fantastique à découvrir dans un domaine qu'on explorait depuis deux millénaires.
Ce qu'il dit est une évidence. Il a raison, si elle est intéressée, peut-être qu'elle devrait faire des efforts pour parler aux autres plutôt que de les juger et leur répondre méchamment. Sauf que ce n'est pas aussi facile. Elle ne lui a pas parlé de ce qui lui est arrivé. Peut-être un jour ou peut-être jamais. C'est un frein de plus. Elle lui adresse un petit sourire.
« Je ne suis pas aussi confiante, si je fais le premier pas et que ça ne fonctionne pas je... serai juste déçue. »
En plus, les rumeurs vont vite dans les couloirs, si c'est pour être pointée du doigt car elle s'est fait remballer, elle préfère être seule pour le moment. Et, elle n'est pas si seule, elle a quelques personnes de confiance avec qui discuter, comme lui. C'est suffisant.
L'enthousiasme revient vite quand ils abordent l'avenir. Elle hoche la tête. Pouvoir entretenir une telle amitié lui ferait déjà plaisir mais si par hasard, ils se trouvaient au même endroit pour mener des aventures communes, ce serait vraiment rassurant et encore plus amusant.
« Peut-être ! Et nous partirons explorer des vestiges et -... »
Elle pose sa main sur ses lèvres pour s'interrompre, elle ne sait pas si elle peut autant s'emporter, c'est un projet. Rien ne garanti qu'il verra le jour alors autant ne pas le mentionner pour éviter de se donner des obligations. Et profiter de le découvrir quand ce sera l'heure. Sans rien prévoir.
A son tour, elle rigole, essayant de se retenir un peu derrière sa main. Les pauvres ! Ils vont en voir de toutes les couleurs et elle ne l'arrêtera pas. Ou peut-être s'il est trop taquin ? Qui sait...!
« Ce n'est pas gentil pour eux ! »
Elle calme son doux rire, l'écoutant s'exprimer sur son avenir. Il a bien plus d'idées qu'elle et c'est agréable de les entendre. Elle en apprend sur lui. Et réciproquement il en apprend sur elle.
« Hum... C'est un programme chargé mais... J'ai hâte de voir tes inventions ! Et de lire tes prochains livres ! »
Et elle aimerait tester ses inventions aussi... A condition que ce soit sans risques sinon elle passe son tour. Elle est de bien meilleure humeur qu'à son arrivée. Parler de tout et de rien lui a fait du bien. Elle lui en est reconnaissante car après cette rencontre, elle devra s'éloigner pour éviter d'attirer son attention. Edwyn comprend vite les choses, si elle n'est pas prudente, il cernera tout de suite qu'elle fait partie de ce groupuscule. Et cet avenir joyeux ne sera qu'un rêve parmi tant d'autres. Inatteignable.
enjoy the silence with Edwyn notes Once a thief, always a thief
Oui, bien sûr. À ce rythme elle finirait en vieille dame aux chats.
Et alors ? Ce n'est pas la fin du monde. Sais-tu combien de fois je me suis fait rembarrer ? Combien de fois j'ai refusé ? Combien de fois je me suis trompé en croyant être tombé sur la bonne personne ? Je suis encore là pour en parler. Et chaque fois, j'ai appris un peu plus.
S'il s'était arrêté, découragé, à ses premiers échecs, amoureux ou pas, il n'aurait jamais rien fait.
Il y a un proverbe japonais qui dit "Tomber sept fois, se relever huit." Ce sont nos échecs qui nous font progresser.
Réussir tout ce qu'on entreprend, c'est probablement plus une malédiction qu'une bénédiction. Impossible d'apprendre quand on vous offre la réussite sur un plateau. Mais il n'insista pas plus sur ce sujet. Il verrait de la vapeur lui sortir des oreilles, s'il continuait dans cette direction.
Les voyages étaient toujours source d'enthousiasme, pour lui. Il s'apprêtait à lui faire la proposition d'aller explorer une chose ou l'autre pendant l'été, comme avec Melusine, l'année précédente, mais s'interrompit avant même d'avoir ouvert la bouche. Si The Crow était encore actif après la fin de l'année scolaire, il ne quitterait pas l'Angleterre. Il devrait veiller à ce que les Foxes poursuivent leurs entraînements et que la collecte d'informations continue. Éventuellement surveiller les ennemis déjà identifiés et mettre au point de nouvelles créations pour leur faciliter la vie. Il répondit plutôt à son commentaire vis-à-vis des enfants hypothétiques avec un poil trop de malice dans son ton.
C'est le rôle d'un parent, d'être embarrassant.
Il avait eu de la chance, son père ne l'avait pas trop embarrassé lorsqu'il était plus jeune. Mais il savait que ce n'était pas le cas de tout le monde et il attendait avec impatience son tour.
Mes créations les plus impressionnantes sont également les plus secrètes. Même si je serai peut-être forcé d'en dévoiler plus que je ne le voudrais pour arrêter l'emplumé, s'il met ses menaces à exécution.
Une petite part de lui souhaitait que tout cela ne soit que du vent, un élément d'un test tordu élaboré par Scamander et ses collègues des autres écoles. Peu probable. Une autre part de son être trépignait d'impatience à l'idée d'une confrontation où il pourrait déployer l'A.R.G.O.S. en conditions réelles. Le reste était paniqué à l'idée que ceux sous sa responsabilité ne soient pas prêts ou blessés dans le conflit. Il soupira intérieurement. Il les mènerait à la victoire. Ce n'était pas négociable.
Pardon... On devrait trouver les autres dans les bonnes boutiques sous peu et j'ai un petit commerce ici, aussi.
Il devait avoir eu l'air d'un autre, à ruminer de sombres pensées. Aussi changea-t-il rapidement de sujet en sortant une fiole remplie d'un liquide ambré aux reflets changeants de son sac de cours.
Tu ne t'es jamais demandée ce que ça ferait d'être un garçon pour quelques heures ?
Il laissa échapper un léger rire. N'empêche, il vendait ces trucs comme des petits pains.
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