à l'aube de la fin de nous — EvanっFenry

dans ces nuits sans lune il trouvait une poésie exquise qui n'existait nulle part ailleurs. le rythme de la musique qui battait donnait la mesure de leurs vies insipides et Evan se serait cru le roi du monde. L'éthanol avait fait son oeuvre et la cocaïne avait terminé le reste - dans ces visions troublées pourtant il percevait encore sa silhouette, unique, qui lui faisait tressaillir le coeur et trembler l'épiderme. Ses mains attrapent la peau douce de la Serpentard et il se confond dans leur étreinte, toujours accidentelle, jamais imprécise. Dans ces rapprochements il allait toujours plus loin, et il frôla son visage contre le sien, là où tout le reste du monde pensait qu'il y avait plus à y découvrir qu'une amitié indéfectible. « il ne fera rien du tout, tu lui fais la moitié de son chiffre d'affaires annuel. » dans un éclat de rire il s'éloigne, sans lâcher les mains de Fenry, et ne met que quelques secondes à la rapprocher encore - leur ivresse envahissait la salle, et ils s'y complaisaient trop pour se stopper net.

« et puis t'es trop belle pour qu'il te vire. » il attrape son verre, triomphant d'une victoire qui n'était pas sienne, et passa sa main autour de la taille de la Serpentard pour les affaler tous les deux contre le banc.
« j'ai besoin d'une pause, viens. » il n'y avait pas la moindre question et partout où il irait, il l'emmènerait avec lui, comme un accord tacite. L'air libre lui claqua au visage et il sortit une cigarette, qu'il alluma pour la placer entre les lèvres de la jeune femme - avant de faire la même chose pour lui. ils venaient de prendre une pause de leur royaume et s'offrir quelques minutes à eux seuls. « j'me demande si un jour on va se calmer. » il n'y avait ni nostalgie ni appréhension pourtant.

ils allaient vivre ce soir.

la pénombre ne lui permettait plus de distinguer les contours les uns des autres - ou peut -être que c'était au compte de l'alcool. Le bruit autour de lui l'embruma un peu plus, jusqu'au contact de la peau de Fenry contre la sienne ; il éclata en un rire insolent - l'insolence de leur débauche et de leurs instants, ceux pendant lesquels il aurait pu défier la mort elle-même. « ne rêve pas Williams, c'est pas ce soir que tu vas me mettre dans ton lit. » il jouait si bien la comédie. comme s'il n'y avait jamais pensé - jamais eu envie. « tu te poses vraiment cette question ou c'est que t'es bourrée ? » il lui sourit - encore - et passe un bras agile derrière ses épaules pour l'attirer contre lui - elle reporte son regard vers lui, et il lève une main professorale.

« ok alors on va faire un jeu » tirant une nouvelle bouffée de cigarette, il regarde vers le ciel dans une attitude d'intellectuel, celui qui pense plus qu'il n'agit.
« t'essaies de savoir à quoi je pense, et inversement, ok ? évidemment si on perd on a un gage. » Evan s'éloigne de leurs étreintes, recule de deux pas, et la fixe droit dans les yeux, sans ciller malgré tout ce qu'il cachait. « et tu triches pas t'as compris ? sinon c'est pas marrant. » il avait défié la mort elle-même.

la fin de ce qu'ils étaient.