initial PP - peapolly

Lorsque la dernière rose éclot, l'unique restante au fond du jardin, Polly naît. Depuis son premier souffle, et probablement jusqu'au dernier, Polly sera l'âme d'une plante. Ses parents se sont bien retenus de la nommer Hortensia ou Marguerite, mais sa lignée était déjà toute tracée. Dans les heures qui suivirent la naissance de la jeune pousse, Aoden se sentit obligé de descendre au jardin pour arroser ladite rose. Il s'en occupa plus tendrement que toutes les autres plantes de ce fameux jardins irlandais qui avait déjà accueilli deux des enfants Power en son sein.

Polly, petit cerise sur le gâteau de la douce famille Power, fût accueillie comme une petite déesse, le nouveau présent qui complétait la famille. Petite touche de bonheur sucré ajoutée sur un idéal déjà créé et construit à bout de bras par Ethel et Aoden. Les Powers forment un tout, un précieux cocon ensorcelé. Les enfants eurent cette chance de grandir dans la nature, au contact des éléments et du savoir. Bien vite, on distinguait trois caractères très différents mais complémentaires. Cole, l’aîné, fort de son intelligence, Nia qui évoluait entre joie et oisiveté, et enfin Polly, la petite plante toute douce, incapable de faire de mal à une mouche.

Il y eu, comme toujours, quelques ombres au tableau onirique que la famille avait créé. Polly grandit comme une enfant un peu faible, sujette à la maladie. Il fallu s'occuper d'elle souvent, soigner ses bobos et la protéger de son propre corps, ce qui renforça son statut de petite dernière à dorloter. Ethel la couvait, Aoden la protégeait, et grandissants, Nia et Cole firent de même. Rien ne pouvait se mettre en travers de la force qui s'était installée au sein du cocon familial. Polly ne sut jamais vraiment si sa sœur et son frère était jaloux d'elle ou si cela leur paraissait normal. Il ne le montrèrent pas et restèrent toujours à ses côtés, tels les meilleurs piliers.

Un jour, un mois, ou une certaine année, Polla cessa de tomber malade. Ses allergies disparurent petit à petit, et son corps sembla devenir plus robuste. C'est à cette même période, après Nia, qu'elle découvrit la magie. Elle avait sept ans environ et au cours d'une de ces fameuses promenades que la famille avait pour habitude de faire, elle décida de ne plus marcher sur le chemin. Non, c'était cette falaise qui l'intéressait, l'attirait, le vide la voulait et Polly désirait le vide. Alors elle continua de marcher, plus loin, encore, avant de se rendre compte que sous ses pieds, seule le vide existait. Elle ne réagi pas, tout du moins ne paniqua pas. Ce fut tout sourire qu'elle se retourna vers Cole, qui se tenait juste derrière, au bord de ce qu'il restait de terre, un bras tendu, le regard effrayé. Sa joie se dissipa quand elle comprit. Elle vit l'envie de pouvoir agir dans ses yeux et elle trouva cela triste, elle ne voulait pas lui faire de mal, le rendre jaloux en faisant quelque chose qu'il ne pouvait pas. Calmement, Aoden vint poser une main réconfortante sur l'épaule du jeune garçon, tandis que son autre main tenait sa baguette.

L’événement reste un souvenir un peu triste pour Polly, par compassion pour Cole, si bien qu'elle s'est décidée à toujours utiliser sa magie en douceur, souvent pour faire plaisir à son grand frère. Et pour chaque tendresse, il recevrait un signe. Souvent, quelques pétales de fleur tombaient un peu du ciel, parfois un coup de vent furtif lui caressait la joue, et tout cela Polly le sentait au plus profond d'elle.

Le plus dur fut de laisser partir l’aîné à Poudlard. Puis vint la seconde, et Polly se sentit un peu seule, coincée dans son Irlande natale. Mais elle s'arrangeait, chaque semaine, pour envoyer une lettre pleine de bonnes intentions à Nia & Cole. Une chacun, bien sûr, car les secrets qu'elle partage avec l'une et l'autre n'ont rien à voir. Les premiers regards sur un copain de l'école furent rapidement décrit en long et en travers à Nia, tandis que les petites victoires quotidienne étaient spécialement dédicacées pour Cole.

Le seul détail que Polly oubliait souvent, c'est que tous deux s’échangeait les lettres, et lorsque Cole vint lui parler du petit Sully, Polly tourna rouge pivoine et disparu toute une après-midi dans sa chambre, refusant l'entrée à tous.

Poudlard, enfin, devint son émancipation, le moment où elle décida de ne plus être Pea-Pea Polly. Chose impossible en réalité, mais Polly continue d'y croire, et joue parfois la grande dans les couloirs, dans l'espoir d'impressionner peut-être quelqu'un. Un joli garçon ? Besoin d'attention.