[EVENT #8] Arsene & Darcy (première partie) Ven 21 Juin - 22:52
Arsene & Darcy
Contexte
Le soleil ne s'est pas encore éteint totalement. L'école est baignée d'une lumière chaude, le crépuscule frappant la pierre brute et ancestrale de Poudlard. Les esprits chauffent et les corps dansent, dans un rythme endiablé, entrainé par une musique essoufflée ! Essoufflé comme les chevaux des cavaliers qui se sont mis en route. Ce soir, personne n'a envie de penser au corbeau, ni à ses manigances ni à l'école de Beauxbâtons qui ne danse surement pas. Car eux n'ont plus de soleil depuis longtemps. La promo des dixièmes années fit un discours émouvant pour l'ouverture du gala, car cet évènement annuel fêtait plus que la fin des examens, mais également la fin d'un cycle, d'une aventure qui se renouvelle sans cesse. L'heure des adieux. L'heure des renaissances. L'heure des regrets comme l'heure de l'espoir. Les regards se perdent et s'excusent pour certains, d'autres n'ont que le sourire aux lèvres car c'est leur seul moyen de célébrer.
Instructions
ㅡ Ici, vous pourrez rp avec votre partenaire mais uniquement jusqu'à 21h30. Arrangez vous comme vous voulez pour ne pas déborder trop tard dans la soirée. ㅡ Orphan et Aileen ont fait un léger discours en début de soirée pour ouvrir le gala (vers 19h) afin de féliciter les élèves ayant passé leur DEMA. ㅡ Les tables ont été collées au mur, et un buffet y a été dressé. ㅡ Pensez à décrire en spoiler avant votre premier post votre tenue de bal (ou de mettre une image) afin que votre partenaire puisse mieux se visualiser). Amusez-vous bien !
Darcy Montgomery
Eleve sang-mêlé
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Points : 64
Re: [EVENT #8] Arsene & Darcy (première partie) Dim 23 Juin - 11:29
18h30. Il me semblait que c'était beaucoup trop tôt pour être sur le pied de guerre. D'autres élèves tournaient pourtant autour de la Grande Salle, impatients, ou peut-être nerveux ? Je patientais sagement à deux pas de là, aussi fidèle et immobile qu'une armure enchantée, à l'exception des quelques salutations que j'adressais de loin à ceux que je reconnaissais.
Tout le monde était si bien habillé, il était parfois difficile de mettre des noms sur ces visages autrement plus transparents les jours ordinaires. Les élèves les plus jeunes semblaient particulièrement excités, peut-être était-ce leur premier gala ? Pour moi, cela avait une odeur familière et nostalgique à la fois. Après quatre ans ce n'était plus très impressionnant, mais le rituel annonçait la fin de l'année et avait le goût des vacances anticipées.
Un rapide coup d'œil à ma montre m'informa qu'il était à présent 18h45 et que ma cavalière ne tarderait pas à arriver. Elle avait insisté sur la ponctualité, j'étais bien sûr venu assez en avance pour ne pas la décevoir. Mon costume sombre était accordé à sa tenue, j'avais promis une danse mais je m'étais préparé à plus si elle le désirait, disons tant qu'elle supporterait ma présence à ses côtés. Nous n'avions jamais passé autant de temps seuls, même si nous serions bien entourés, c'était une expérience étrange. Probablement intéressante en d'autres circonstances, ici surtout nécessaire.
Quoi qu'il en soit, il ne serait pas dit que Darcy Montgomery n'était pas un gentleman, et je ne tenais pas à mourir dans les atroces souffrances qu'Arsene Priest avait promis.
Je scannais méticuleusement chaque élève qui passait pour me préparer à l'arrivée de ma cavalière et me redressai à son passage, un léger sourire aux lèvres.
─Bonsoir, Arsene, comment vas-tu ?
J'avais insufflé un peu d'enthousiasme dans ma voix, parce que j'espérais au fond de moi passer une bonne soirée. Mais j'ignorais si Arsene avait accepté par pure politesse ou parce que nous avions les mêmes intentions. Et je savais que la priorité n'était pas de danser.
J'hésitai un instant à complimenter sa robe. Elle était très jolie, et sa propriétaire la portait bien, mais je l'avais déjà vue, en photo, et je ne tenais pas à paraître insistant. Arsene me connaissait depuis assez longtemps pour sentir venir mes compliments forcés à trois kilomètres. En définitive, je préférai me rabattre sur ma propre tenue, lissant ma veste.
─Ça le rassure de te voir, il avait peur de ne pas choisir la bonne teinte.
J'aurais utilisé le même ton pour m'excuser, mais je souriais, au fond simplement amusé. Cette photo avait été un véritable défi. Quelques incultes argueraient que "du noir, c'est du noir". Ces personnes n'avaient probablement jamais eu à différencier une chemise ébène d'une cravate aile de corbeau.
Je me tournai vers l'entrée de la salle et proposai mon bras à Arsene, dans une question muette.
Quelque chose n'allait pas, et les instincts de Arsene ne mentaient jamais. Lorsqu'elle essayait de trouver la fausse note des partitions de son existence, elle finissait toujours par lister à l'intérieur de sa tête tout ce qui était disgracieux, mais ce soir-là, rien ne voulait faire sens.
C'était elle qui avait mis fin à sa relation avec Hennessy, et elle ne le regrettait pas, même si y penser était toujours douloureux. Ce qu'elle lui avait dit ce soir-là avait fait son chemin à l'intérieur d'elle et même si elle ne l'admettait pas, ce n'était pas le sujet de son malaise. Darcy Montgomery ferait un très bon cavalier, et puis elle lui avait promis de se faire écourter si ça n'était pas le cas, alors le problème ne venait définitivement pas de là non plus. Atlas était un imbécile mais ça n'avait jamais changé.
La vie bien rangée de Arsene Priest était peut-être des plus froides et déplaisantes mais rien ne pouvait justifier cet appel à l'intérieur d'elle qui lui disait de rester dans sa chambre.
Elle y était allée pourtant, à l'affût du moindre signe - présage - qui expliquerait l'odeur mauvaise qui s'était annoncée à son flair. Ainsi plus préoccupée que d'habitude, elle se contenta d'une salutation vague à son cavalier, avant de lui attraper le bras d'une main serrée - nerveuse.
Sois sur tes gardes ce soir. Je crois que je suis en danger.
Arsene avait une totale confiance en ses intuitions, car c'étaient elles qui lui avaient permis de savoir pour Olympe, ou pour Mae, pour toutes ces personnes maudites qui ne méritaient pas d'exister. Elle était sûre qu'un loup-garou ou un vampire allait tenter de lui arracher la tête ce soir, c'était forcément ça. La présence de Darcy était d'autant plus sécurisante.
Tu voulais me parler, pas vrai ?
Arsene n'aimait pas le suspense, à peine ils étaient entrés dans la grande salle que déjà elle mettait les pieds dans le plat. Et pour la première fois depuis qu'elle était autorisée à participer au bal de fin d'année, elle n'avait pas guetté les regards ; n'avait même pas cherché à briller ou à paraître, signe qu'elle était réellement inquiète, perturbée.
Arsene n'était pas dans son état normal. Sa réaction trop vague réduisit instantanément mon semblant de gaieté à un sourire factice et figé, et ses mots achevèrent de m'alarmer. L'avertissement était clair. Arsene avait hérité de l'intuiton des Priest, plus précisément de sa mère si je ne m'abusais, et ce talent était reconnu au sein de la communauté de chasseurs. Les Montgomery ne le remettaient pas en question.
J'acceptais sans douter son affirmation et hochai la tête, visiblement plus tendu. J'avais bien fait d'emmener ma baguette avec moi. Nous entrâmes dans la salle, aux aguets. Les élèves qui se dévoilaient sous leur meilleur jour me semblaient soudain moins intéressants à observer. Ils ne représentaient plus qu'une distraction, au même titre que les danses, la musique, les ornements et les discours... La foule s'amassait docilement pour écouter les directeurs. Je les laissai commencer le speech traditionnel avant de me tourner vers Arsene.
─Si on restait à l'écart ?
J'étais incapable de fixer mon attention sur autre chose que la foule, trop compacte à mon goût. Je devais pourtant me concentrer sur ce que j'allais dire. J'aurais aimé présenter les choses délicatement, mais une partie du discours que j'avais préparé en amont reposait sur un détail : qu'Arsene soit déjà au courant. Or, cela ne semblait pas être le cas. Je revoyais mentalement toute la procédure.
─Il a reçu une lettre de sa mère.
Pas un sms. Pas un appel. Un hibou. Elle craignait peut-être de m'entendre lui répondre en face.
─Elle voulait lui parler de la situation de son père, de tout ce que fait ta famille pour l'aider et de ce que ce soutien représente pour les Montgomery.
Je n'avais parlé de son arrestation à personne, mais je savais qu'Arsene était au courant. Nos familles étaient trop proches. Et ma mère n'avait cessé de répéter, depuis janvier, à quel point le soutien des Priest dans cette situation était remarquable et apprécié.
Très cyniquement, je me demandais si c'était une bonne façon de les remercier.
─Nella est extrêmement reconnaissante. Il est persuadé que l'idée vient d'elle. Pardon...
Je n'avais pas remarqué que mon ton s'était fait acerbe en mentionnant ma mère. Arsene n'avait pas à subir mon ressentiment.
─Il est conscient qu'il tourne autour du pot, mais c'est assez délicat à dire. Il se demandait si tes parents t'avaient prévenue toi aussi. Il s'excuse si ce n'est pas le cas.
Ce n'était pas à moi d'annoncer cela. Je me tournai vers Arsene et enfin je réussis à détacher complètement mon regard de cette foule absurde, ce discours redondant, ces applaudissements de circonstance. Tout cela faisait partie du script de la soirée.
─Nella a parlé d'une alliance officielle entre les familles, et on serait tous les deux concernés.
Ma voix était calme et plate. Je croyais que si je lui insufflais ce que je ressentais, ça ne ferait que dramatiser la situation. Arsene devait savoir que je prenais cela au sérieux, pas que je m'impliquais émotionnellement. Elle devrait encaisser la nouvelle, elle n'avait pas à subir ma réaction. J'avais eu quelques semaines pour me faire à l'idée. Elle me semblait paradoxalement injuste, absurde et parfaitement sensée.
Arsene avait toujours eu du mal avec les autres. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais sa façon d'aborder chacune de ses relations de manière stratégique et dénuée de sentiment ou d'empathie rendait toujours le contact tendu et l'intimité impossible. L'amitié et l'amour n'avaient eu de cesse de la tourmenter par leur mystère et la tension électrique qu'ils faisaient naître en elle, comme une maladie. Darcy rendait ça un peu plus facile, parce qu'elle n'avait pas le sentiment de devoir se justifier d'être froide ou directrice. Ce n'était pas tant qu'il était docile – l'était-il? - mais puisque son esprit était plus affuté que la plupart des idiots qu'il lui avait été donné de côtoyer, il comprenait.
Elle hocha positivement de la tête d'abord, et porta son attention sur lui qui lui sembla tout à coup plus soucieux. L'avait-elle inquiétée ? Non, ce n'était définitivement pas ça. Elle plissa les yeux, légèrement.
« Une lettre? »
Plus il avançait dans son récit, plus elle eut des difficultés à placer chaque information dans le bon ordre. Aux dernières nouvelles, leurs parents étaient toujours sur la même longueur d'ondes, alors il ne s'agissait pas d'une longue justification en guise de pommade pour la blessure que leur trahison aurait causé – et puis quand bien-même, ça n'aurait pas tant affecté leur relation à eux, si leurs parents voulaient se disputer. Qu'allait-il lui annoncer de si grave ?
« Me prévenir de quoi ? viens-en au fait. »
Et la sentance tomba gravement dans un mélange de surprise et d'incompréhension. Elle commença à saisir ce que le mot alliance voulait dire venant de la gueule de Darcy Montgomery. Elle resta muette, le regard bas sous ses longs cils noirs et le souffle mort au bord de ses lèvres condamnées.
Elle repensa à l'amour, à ce concept imbécile qui lui échappait toujours, à ces pulsations frénétiques qui prenaient sa poitrine, à tous les instants heureux qu'elle n'avait jamais vécu mais qu'elle voyait défiler dans les yeux des autres. Aux tendresses décrites dans les livres maudits ; oh, pas les encyclopédies qu'elle avait l'habitude d'analyser ; non, les autres, les histoires pleines de miel et de coton qui faisaient rougir les rêveurs. Elle avait étudié l'amour, elle en avait fait des potions et les avait testées, elle avait tout essayé pour comprendre, mais rien n'y faisait, ça lui échappait. Darcy, elle ne l'aimait pas ; ou si, elle l'aimait à la manière dont Arsene aimait les autres ; bref elle ne l'aimait pas. Mais elle n'aimait personne, et n'avait jamais aimé personne.
A cette pensée une dissonnance, elle commença à avoir la migraine. Chaque fois qu'elle s'y aventurait un peu plus loin – un peu plus proche de la porte aux démons (ses souvenirs exilés) – elle se sentait tomber malade. Elle soupira, s'efforçant de reprendre ses esprits, de chasser l'idée de l'amour dans un coin de sa tête, de l'isoler et de l'affamer jusqu'à ce qu'elle y crève. L'amour était un trop grand danger pour qu'elle se le permette.
« Tu n'as pas l'air enchanté. »
Elle releva les yeux vers Darcy. Elle comprenait pourquoi ses parents ne lui en avaient pas parlé au préalable ; elle comprenait qu'ils avaient confiance en elle, car elle savait toujours où était son devoir. Elle ne les avait jamais déçus, et ils comptaient sur le fait qu'elle continuerait à ne pas le faire.
« Je n'avais pas été prévenue. C'est bien que tu m'en parles. »
Elle aurait quand-même aimé savoir qu'elle était désormais fiancée. Allaient-ils lui annoncer lorsqu'elle rentrerait chez elle ? Ils auraient pu lui envoyer une lettre, à elle aussi. Pensaient-ils qu'elle aurait contesté, si ça venait directement d'eux ? Elle ricanait intérieurement ; même ses parents avaient peur d'elle. Parfois elle se demandait si au moins une seule personne sur Terre la comprenait vraiment. Arsene n'était pas si dangenreuse, c'étaient les autres qui étaient trop faibles.
« J'ai du mal à concevoir que des fiançailles soient la solution à vos... problèmes mais s'ils ont jugé cela judicieux c'est qu'ils doivent avoir leurs raisons. »
Arsene comprenait surtout que les Montgomery avaient donné leur fils en cadeau, et que, si ça avait enchanté les Priest, ils se fichaient bien de savoir si ça enchantait leur fille. C'était ce qu'il y avait de mieux et ils resteraient figés sur cette croyance absurde. Arsene songea qu'ils n'avaient peut-être pas tord dans un sens.
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