[EVENT #8] Antigone & Mégane (première partie)

Déjà toute une année passée à Poudlard. Le temps avait passé si vite, bien plus vite que je ne l’aurais imaginé. J’avais l’impression que c’était hier encore que je découvrais le château, ses escaliers mouvants et la tour de Serdaigle. J’ai d’ailleurs une vague pensée pour mon ancienne école, Ilvermorny. Ils sont bien loin d’ici et, avec de la chance, ces histoires de Corbeau ne leur auront pas gâché les festivités de fin d’année. Enfin, de toute manière ça ne me concerne plus, n’est-ce pas ? Je dois déjà me préoccuper de la soirée ici, du gala. La vérité ? Je ne pensais pas y assister. Certes, il fait bon de célébrer la fin d’une année scolaire, mais je n’avais personne sur mon radar et y aller toute seule était… une idée douteuse. Me tourner les pouces toute la soirée près du buffet en offrant des sourires polis et gênés en espérant que l’on vienne m’offrir une danse, très peu pour moi. Inutile de préciser, du coup, que je fus plus que surprise de voir que, réciproquement, quelqu’un avait pensé à moi. Et ce n’était pas n’importe qui.

Antigone Fawkes m’avait invitée au gala de fin d’année. Était-ce une blague ? Avait-elle besoin d’un amie moins jolie pour se mettre en valeur ? Quoi que, belle comme elle l’était, sans doute que la Gryffondor n’avait pas besoin de contraster avec qui que ce soit pour se démarquer. Forcément, je m’en retrouvais un peu intimidée. Je me devais d’être à la hauteur, de ne pas décevoir. Et, malgré ça, je m’étais sentie obligée d’opter pour une robe modeste, de me laisser oublier. Certaines des participantes de ce soir célébraient la fin de leur scolarité, leur graduation. Les feux de la rampe leurs revenaient de droit et c’est elles qui devaient être les stars de la soirée, se faire remarquer de tous. Raison de plus de se demander pourquoi Antigone m’avait choisie moi. Ou était-ce justement parce que j’étais si peu effrayante ? Peut-être bien, qui sait. Enfin, sans doute que la concernée, elle, savait très bien pourquoi elle m’avait invitée, mais je n’allais certainement pas courir le risque de lui poser la question. J’aurais l’air bien bête si, soudainement, Antigone se souvenait n’avoir aucune raison de passer la soirée avec moi pour mieux me laisser en plan. Scénario catastrophe ? À peine.

Me regardant dans le miroir dans ma robe noire, j’hésite. C’est un peu tard pour ça, n’est-ce pas ? Allez, une dernière retouche du côté du maquillage, un dernier regard à mes boucles lasses et c’est parti, direction la Grande salle. Sur le chemin, je ne croise que quelques duos ou petits groupes de gens qui discutent et semblent déjà s’amuser, descendant sans se presser. Je crois bien que c’est le signe qui ne trompe pas : je suis en avance. Peut-être devrais-je en profiter pour aller chercher Antigone à la tour des Gryffondor, faire preuve de galanterie, tout ça. Sans doute aurait-ce été un plan acceptable si je n’avais pas peur de me perdre en chemin et de galérer pendant une demi-heure dans les escaliers. Difficile de rattraper la soirée après ça, n’est-ce pas ? Autant ne pas prendre de risque et docilement aller l’attendre à l’entrée du gala. Par chance, l’attente n’est pas longue. Je ne suis donc pas la seule à savoir faire preuve de ponctualité et, lorsque je vois l’allure de ma cavalière, je me dis que ça aurait bien valu la peine d’attendre de toute façon. Je la rejoins en bas des marches, lui offrant un sourire doux et amical, mais un peu gêné.

« Bonsoir, Antigone. Tu es vraiment magnifique. Et euhm, ça va sinon ? Prête à passer une belle soirée ? »

T'en as d'autres des questions stupides comme celle-là, petite Mégane ? 10/10 en skills de conversation. Vraiment bien joué.  

La tenue:

Antigone me retourne le compliment et j’en suis ravie, même si mon humilité me hurle de ne pas trop y croire. Peut-être n’est-ce que de la politesse ? Ou peut-être que je devrais me sertir d’un peu plus de confiance en moi, sans doute que cela ne représenterait pas un luxe. Lorsque la rouge et or reprend la parole, ceci dit, je suis frappée d’étonnement. Elle est stressée elle aussi ? Cette crainte de s’auto-saboter inconsciemment, je la comprends. Je sais ce qu’elle veut dire et, tout naturellement, mon regard se charge de compassion et mon sourire s’adoucit. Je ne suis plus une adolescente effrayée, mais bien une jeune femme bienveillante qui espère faire une différence, aussi petite soit-elle. Ainsi, lorsque ma très séduisante cavalière me tend sa main et me demande si je suis prête à la suivre, je sais que je ne peux m’exécuter sans prendre le temps de faire ma petite intervention. C’est pour cela que je pose mes deux mains sur la sienne et que je me plante devant elle, trouvant son regard du mien et lui adressant un air qui se veut réconfortant.

« Avant d’y aller… Moi aussi je suis inquiète tu sais, même que je suis un peu intimidée parce que tu es super belle et que j’espère te faire bonne impression et que moi aussi j’ai vraiment peur de faire foirer cette soirée, mais je pense qu’il y a moyen qu’on s’amuse. On va passer un bon moment ensemble, sans se mettre de pression. Et ce sera une soirée dont on se souviendra super longtemps, en bien. »

En ai-je trop fait ? Trop dit ? Probablement, c’est bien mon genre de chercher à rassurer les gens à outrance et de ressentir le besoin de me rendre utile. D’offrir trop de moi-même, quitte à ce qu’on me trouve insupportable pour cette raison précise. Mais bon, lorsqu’il est question de gentillesse et de prendre soin des autres, d’ouverture et de communication, je me dis que je préfère être de ceux qui en font trop plutôt que pas assez. Satisfaite de mon petit monologue, je libère la main d’Antigone pour plutôt lui offrir mon bras. Parce que n’est-ce pas encore mieux d’arriver bras-dessus et bras-dessous ?

« C’est bon, maintenant je suis prête. On peut y aller. »

Et un sourire rayonnant pour la demoiselle ! En espérant que j’aie réussi à l’aider à se détendre un peu.