Son téléphone en main, assis sur son lit, Hermès n’avait de cesse de se repasser en tête le film de ses souvenirs récents ; notamment celui où il éclatait la gueule de Declan Bergling à coups de poing. Si la chose avait été fort satisfaisante –voire limite jouissive– pendant cinq minutes, l’euphorie s’était dissipée aussi vite qu’elle était venue pour ne laisser place qu’à un sentiment latent de malaise.
Pas qu’il regrettait son geste, loin de là –il avait mérité sa correction et sûrement plus encore. Mais c’était de Declan qu’il s’agissait, et Hermès avait compris depuis longtemps qu’il n’était qu’une vipère vicieuse prête à tout pour arriver à ses fins.
Il avait promis qu’il se vengerait, et maintenant qu’il se posait pour y réfléchir, Hermès ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était parfaitement capable de s’en prendre à ses proches innocents pour l’atteindre.
Et ça le répugnait.Il avait donc songé à prévenir ses amis les plus proches –Bonnie, Vega et Arya en particulier– mais il s’était trouvé hésitant devant l’écran en appuyant sur le contact de son meilleur ami.
Il avait remarqué depuis quelques temps que Vega était devenu étrangement distant ; qu’il passait tout son temps aux côtés de Borea et qu’il semblait même délaisser sa propre petite amie par la même occasion. Ça l’inquiétait, Hermès, surtout vu le climat actuel à l’école et dans le monde magique en général, mais dans son égoïsme habituel, il avait fait passé ses propres problèmes et ses recherches sur ses souvenirs oubliés avant de s’enquérir de l’état de son meilleur ami.
Peut-être l’avait-il fait pour repousser inconsciemment de mauvais pressentiments qu’il ne souhaitait pas affronter pour le moment.
Tu parles d’un meilleur ami.Ça l’emmerdait d’être comme ça ; et Vega aussi l’emmerdait à s’éloigner de lui. À croire qu’Hermès avait toujours besoin du prétexte de l’agacement pour enfin faire bouger les choses, mais le sentiment de colère injuste qui venait de monter en lui le força hors de sa léthargie contemplative pour enfin taper sur le clavier les quelques mots qu’il voulait pouvoir dire à haute voix à son ami.
***
Il n’était pas tout à fait l’heure du couvre-feu et le soleil prenait son temps pour se coucher maintenant que les jours étaient plus longs. Assis sur un rebord de marche dans la grande cour, le jeune homme attendait patiemment l’arrivée de Vega tout en se grillant une cigarette en toute discrétion. Il lui avait répondu, mais pour une raison qu’il ignorait il redoutait vaguement que le gryffondor lui ait posé un lapin –encore une fois, ça l’emmerdait, il avait l’impression d’être une ado de dessin animé pour gosses anxieuse avant un rendez-vous.
Putain.
C’est donc avec un certain soulagement non exprimé qu’il distingua la silhouette de Vega se découper dans l’ombre projetée des arches de la grande cour, et d’un hochement de tête, il salua sobrement son ami quand celui-ci arriva à sa hauteur.
«
Tu dates, chacal, fit-il en levant les yeux vers lui entre deux taffes –il avait beau parfois trop penser, dès qu’Hermès ouvrait la bouche, le naturel revenait au galop–
ça va ? »