[CROW FB] l'oiseau en cage ((lukas))

l'oiseau en cage

L'enfermement.
Beaucoup disent qu'être enfermé physiquement en un lieu est une chose terrible en soit, car cet absence d'évasion du corps ne peut qu'entraîner l'aliénation de la pensée, la folie comme disent les autres.
Tu avais tenu bon tous ces mois, avant d'être enfermé à nouveau, tu avais presque eu l'impression de devenir fou en début d'année, tu entendais des choses que personne d'autre n'entendait, des sensations que personne d'autre ne partageait, une vie de sorcier qui te paraissait de plus en plus irréelle, parce que baigné dans cet immondice de médiocrité moldue avait fini d'happer toute once de sorcellerie de ton esprit. Ce n'était que torture de penser à la magie, drogue informe dont tu pensais t'être sevré.

Evidemment, c'était loin de la vérité. Pendant un court instant, pendant cette libération si brève, pendant les quelques heures où tu avais été réuni avec ta baguette, c'était comme si ton corps endormi se réveillait, comme si ton cerveau malade avait tout fait pour étouffer la magie qui sommeillait. Arrachée de nouveau, injustice.

La tête entre tes mains, le corps tremblant, la gorge serrée, tous les signes de l'addiction se répétaient sans cesse.
La sueur glissait de tes pores et la fièvre te gagnait. Les hallucinations auditives n'en étaient que décuplées. Au «Bonjour Lukas »tu ne réagis pas. Pensant tomber du côté de la folie, détenu dans une cellule qui bientôt serait capitonnée tu en étais sur.  

Cette voix, cette foutue voix que tu entendais depuis Janvier maintenant.
« C'est une triste situation dans laquelle tu t'es mise. Sans doute ma voix ne t'est pas inconnue. »
Tu lèves la tête, intrigué par la clarté de cette phrase, c'était l'une des premières qu'il te semblait entendre et comprendre entièrement, et qu'elle fut ta surprise quand de tes yeux tu observa l'étrange silhouette d'un homme aux yeux rouges et à la tête de corbeau. Ah bah génial, maintenant j'ai aussi des hallucinations visuelles, pensée qui traversa ton esprit alors réduit par la médiocrité moldue qui était devenue ta vie.

Ce n'est que lorsque tu l'entendis à nouveau dans ton esprit que tout faisait sens.
Cette sensation.
C'est un leggilimens.

« Sortez de ma tête. »
Réflexe d'un homme brisé, dont le seul rempart était l'esprit.
Toutes ces années à les éviter, ces foutus briseurs de barrières psychiques.
Qui viendrait s'amuser à te torturer, bordel, des ennemis t'en a à la pelle.
« Sortez de ma tête. » tu te murmures à nouveau.
« Qui êtes-vous ? » et tu montres les crocs, si tu pouvais attaquer tu le ferais, tes poings se serrent déjà et écrasent silencieusement le sol froid de béton.
Une chose est sûre, tu es un animal blessé.

l'oiseau en cage

Il ne répondait à aucune de tes questions, pire encore, quand tu lui demandais à sortir de ta tête il ne s'y ancrait que plus profondément.
Merde.
Tu étais devenu faible et pathétique. Tu étais devenu tout ce que tu haïssais, l'impuissance incarnée, la victime dont on aurait pitié. Pourtant tu sens bien que tous tes efforts ne pourraient contrer sa légilimancie, tu n'en avais d'ailleurs pas vu d'aussi puissante à ce jour et tu regrettais d'être incapable de bloquer ton esprit, venant à envier les occlumens, tu donnerais cher pour l'être toi même aujourd'hui.

« Mes angoisses vont très bien merci. » elles font partie à part entière de qui tu es et de ce que tu deviendra.
Tu n'avais pas besoin de t'en libérer, simplement de les transcender. En enlevant les affects liés ces souvenirs angoissants deviendraient ta force, ça l'a toujours été.  

Tu observes alors cet inconnu, celui qui depuis des mois probablement te traquait, te harcelait en entrant dans ton esprit sacré. Désinvolte, joueur, narquois, tu aurais pu te voir à sa place si ce n'est que tu ne te cachais jamais derrière un masque pour briser les autres. Etait-ce vrai ? Est-ce que la piraterie informatique n'était pas affaire d'anonymat ? Tu te secoues la tête et remets tes idées en place lorsqu'il évoque sa haine des moldus. Tu le sens dans son intonation, et tu ne pouvais qu'être en accord avec ce qu'il disait.

Non.
Non je ne suis pas emprisonné pour une bonne raison.
C'est l'incompétence des moldus qui te retient ici.

« Il n'y a rien de plus illusoire que l'altruisme, » réponds-tu à sa question, comme s'il voulait te faire sortir d'ici par simple générosité, non, tu n'y croirais pas même s'il te le jurait « qu'auriez vous à gagner à me libérer ? »

l'oiseau en cage

Plus il te parlait et plus ses paroles résonnaient au fond de ton âme torturée, brisée, tordue. Il t'avait bien choisi, tu te sentais un instant comme étant l'élu, et qu'est-ce que ça te faisait du bien d'être considéré comme tel, qu'est-ce que ça te faisait du bien de ressentir que quelqu'un ou quelque chose de plus grand encore, semblait avoir besoin de toi. Ego surdimensionné, narcissisme exacerbé, ça te grandissait.

Notre idéal.
Voilà qui te semblait plutôt utopique, toi qui n'était que destruction, incapable de construire quelque chose, tu te demandais alors quel serait ton rôle dans tout cela et est-ce que tu accepterais de faire partie de ce quelque chose de plus grand, toi qui n'avais alors agit que pour et par toi-même jusqu'à présent, et où cela t'avais-t'il amené ? Ah oui, en prison. Pour la seconde fois cette année. Il était temps que ça change. Quitte à être un peu manipulé. Après tout, tu étais le premier à user de la manipulation pour faire avancer tes pions sur ton échiquier. Tu avais hâte de voir quel échiquier cet étrange créature avait pu mettre en place, et quelle place t'avais-t'il donné.

Ce que tu veux vraiment ? Tu l'ignorais encore. Retournerais-tu à Poudlard ? Si ça ne tenait qu'à toi tu n'y remettrait plus les pieds mais quelque chose te disait que tu avais des choses à faire là-bas, que tout n'était pas encore terminé pour toi dans le monde sorcier, tu t'accrochais à l'idée que tu ressentirais à nouveau les frissons d'une magie pleine parcourir tes veines, incapable de créer quoi que ce soit d'intéressant sans baguette, contrôlant tes colères auprès des autres détenus car tu pourrais bien les tuer, avec cette forme de magie incontrôlée, tu avais déjà failli tuer Lily, quand vous étiez enfants, ici tu ne pouvais simplement pas te permettre d'exploser.

« Attendez, mes amis ? » drôle de manière de s'éclipser, d'autant plus que ceux que tu appelais amis se comptaient sur les doigts d'une main en ce qui te concernaient, tu réfléchis un instant, un éclair de génie traversant ton esprit tourmenté « Vega. » et probablement Borea avec, même si tu ignorais encore si depuis sa résurrection vous étiez amis, bien qu'elle te rende assidûment visite ici, comme lui.