Daddy Issues || Wilhelmina Llewellyn

C'est avec un soupir d'aise que tu t'installes dans la salle de cinéma quasiment vide. En entrant, tu as aperçu un couple, tout en haut, dans les rangées du fond. Tu n'as pas fait exprès de laisser trainer tes yeux, mais le gars avait un joli tatouage. À un endroit très bien caché, pardi.
Ayant aperçu le titre du film qui allait s'afficher à l'écran, un film moldu que tu appréciais bien qu'il soit totalement faussé, tu t'étais dit que personne n'irait le voir, surtout avec ceux qui essayaient désespérément de se remettre du Bal survenu la veille. ar après tout, c'était mieux de décuver au fond de son lit que regarder "Entretien avec un Vampire", n'est-ce pas ?
L'écran affiche quelques publicités et la lumière s'éteint enfin. Tu es plongé dans le noir et tu poses confortablement tes pieds sur le siège devant toi. Tu serais même tenté de fumer une cigarette, mais tu sais que les détecteurs de fumée en auraient vite fini de ta pause clope.
C'est pour ça qu'à la place tu sors une boite de bonbons de ta poche. Parfois le sucre remplace assez bien le manque de nicotine et tu as découvert que les bonbons à la menthe étaient les meilleurs pour ça.
Le dragée craque sous tes dents au moment où tu entends la porte en haut de la salle s'ouvrir. Un rayon de lumière pénètre l'obscurité, avant de disparaître.
Tu entends des légers pas, puis soudain tes narines sont assaillies par une odeur sucrée de vanille. Tes lèvres esquissent un semi-sourire alors que tu la sens tomber juste à côté de toi.

Alors, tu es curieuse de voir ce que les moldus pensent de ton genre ou tu cherchais juste toi aussi un endroit où être un peu à l'écart des autres ?

Tu te tournes finalement vers elle. Wilhelmina. Ses cheveux roses paraissent d'une couleur presque normale dans la pénombre alors que sa peau pâle se détache toujours autant. Tu secoues la tête et penche vers elle le sachet de bonbons.

Tiens, sers-toi si tu aimes la menthe. Comment s'est passé ta semaine ?

Tu sous-entends le Bal, mais tu sais bien qu'elle va saisir l'allusion. Tu te demandes comment vous en êtes arrivés là, à vous apprécier, alors que vous êtes si différents. Mais le film commence et t'interromps dans tes questionnements.

Sa main fine se glisse dans le paquet et tu suis le mouvement de tes yeux, jusqu'à ce que le dragée disparaisse dans sa bouche. Tu te rends alors compte de ses yeux cernés, de sa mine déconfite, de sa pâleur morbide totalement inhabituelle. Ta main fuse et se pose tendrement sur sa joue avant de retomber.

Chez nous, Wil'. Je reste un moldu, oublie pas. Et ce n'est pas tant une mauvaise réputation. Juste une peur terrible de ce qui n'est pas connu.

Tu lui souris légèrement, inquiet de sa mauvaise mine. Tu entends le bonbon crisser entre ses dents lorsqu'elle le croque avant de s'enfoncer plus profondément dans son fauteuil. Le film cesse d'avoir de son importance et ton attention est désormais focalisée sur la jeune femme. Son cavalier lui a posé un lapin et elle en est si affectée, que tu t'interroges sur la nature de la relation qu'elle entretient avec l'homme en question.

Qui était-ce ? Peut-être qu'il avait eu trop peur de ne pas être à ta hauteur et a passé sa soirée enfermé quelque part ?

Tu lui donnes un petit coup de coude, railleur. Tu essaies de lui remonter le moral, Earl, mais t'es pas le genre de personne qui sait faire ça, qui sait aider, compatir, être bienveillant. Tout ce que tu connais c'est le chaos et la destruction.
Tu détournes les yeux lorsqu'elle te demande comment s'est passée ta semaine. Tu ne sais pas quoi lui répondre, tu te frottes la nuque, gêné. Tu n'as pas encore assimilé tous les évènements, tout ce qui s'est passé. Et il y a une chose surtout que tu n'arrives pas à comprendre.

Je crois que... Je crois que je suis ... Tu sais... Amoureux.

Tu te mords la lèvre et fixes l'écran déboussolé. C'est étrange de dire cela. Toi qui ne croyait pas en l'amour, tu te confrontes à une situation où tu es obligé d'admettre que tu n'es pas indifférent. Que malgré cette forte conviction que les sentiments sont des faiblesses, tu n'arrives pas à rester fort. Tu secoues la tête.
Qu'as-tu encore foutu, Earl ?

Elle semble nier totalement la possibilité de plaire et tu secoues la tête. Pourtant elle est belle Wil', d'une beauté légère et noble, une beauté rare qu'on ne voit plus trop. Le bruit du paquet plastique te signale qu'elle a replongé sa main dans les bonbons à la menthe. Décidément elle y deviendra vite accroc, comme toi. Tu secoues la tête, et lorsque le prénom de son cavalier fuse, tu fronces les sourcils. Castiel... ça te dit quelque chose en effet, tu penses même visualiser son visage. Un autre amphisbène amer à la langue fourchue et acide. Tu la contemples quelques instants avant de soupirer.

Fais attention Wil'... Il n'a pas l'air d'une bonne personne pour toi.

Tu tournes de nouveau le visage vers l'écran, lorsqu'elle te poke de son doigt à ta déclaration. Oui, c'est surprenant de ta part, tu le sais très bien. Mais tu secoues la tête à ce qu'elle dit. Non, ce n'est pas une bonne chose. C'est une faiblesse, quelque chose qui va te faire baisser la garde, fragiliser tes murailles, tes ramparts et tes défenses.

Ce n'est pas une bonne chose... Je déteste me sentir aussi vulnérable, tu comprends ? Et il est... Il est si doux, si différent. Il m'aime mais je suis incapable de lui dire les mêmes mots car je ne veux pas... Je ne fais que détruire tous ceux que j'aime Wilhelmina, comment oserais-je prendre le risque alors qu'il est là ?

Tu n'en dis pas plus, mais tu sais qu'elle comprendra. Que tu as peur de le blesser autant que d'être blessé par sa faute. Que cette situation te dépasse, te surpasse, te détériore les connexions neuronales qui n'avaient jamais été utilisées par des émotions avant. Tu te plaisais à être objectif, à être ouvert d'esprit, à savoir tout évaluer de sang froid, mais qu'en sera-t-il désormais ? Tout sera guidé par lui, tes décisions, tes préférences, tes choix. Tu pourrais aussi bien devenir un pantin entre ses mains que son bourreau. Et tu refuses de le détruire, mais il est trop tard. Le retour en arrière signifie autant sa destruction que les pas en avant.

Elle a compris et un soulagement profond, terré au fond de toi, un apaisement sourd t'envahit. Au moins une personne, enfin, qui comprends ce que tu ressens. Ou plutôt pourquoi tu refuses de ressentir.
Et pourtant, elle essaie de t'en montrer les bons côtés des émotions, mais tu n'arrives pas à les cerner. Elle se perd dans les mots, dans ses paroles comme si elle essayait de se convaincre elle même. Tu finis par poser ton regard sur elle, surpris par autant d'émotivité, autant d'entrain quand il s'agit de ça.
Tu mérites bien un peu de bonheur, Earl.
Tu secoues la tête, tu n'es pas d'accord. Pour le sang qui macule tes mains d'enfant, tu ne mérites qu'une longue et sinueuse descente aux Enfers. Tu ne mérites même pas de voir les champs de l'Asphodèle, sans même mentionner les Élysées. Tu mérites de tomber au cœur des champs de châtiment pour y passer le reste de l'éternité, tantôt bourreau, tantôt victime.
Mais ça, personne ne comprendrait. Personne ne pourrait saisir l'étendue de ta condamnation sempiternelle. Personne ne saisira jamais que pour avoir ôté toute possibilité d'avenir à ta sœur, tu t'es privé du tien.
Dans douze jours, cela fera neuf ans que tu vis dans l'abstinence.
Tes yeux s'attardent de nouveau sur l'écran, lorsqu'elle te dit que lui aussi doit être faible. Que lui aussi vit la même chose que toi. Et c'est la culpabilité qui t'assène un coup dans le ventre, culpabilité que tu ne croyais plus connaître, dont tu te pensais débarrassé pour toujours. Tes mains se serrent sur l'accoudoir lorsque tu t'en rends compte.

Alors je suis entrain de le blesser.

Tes yeux se tournent vers ton amie aux cheveux roses et tu soupires en prenant un nouveau bonbon vert. Tu joues avec quelques instants. C'est drôle, tu as l'impression que les couleurs du monde se sont éveillées. Ton amie a la chevelure aux couleurs des fleurs, les fauteuils vermeils du cinéma te rappellent le sang, ton blason est vert émeraude, et celui de Wilhelmina bleu comme le sien... Avant toutes ces couleurs n'avaient aucune importance pour toi, le monde était blanc et noir, indifférent. Mais son éclat a changé.

Son nom c'est Silas. Je sais que tu meurs d'envie de le savoir. Mais c'est à moi de te poser des questions. Qu'est-ce qui t'arrive ? Ce n'est pas seulement le Bal, n'est-ce pas ? À quel point ce fameux Castiel a-t-il bouleversé ton existence ?

Tu la regardes attentivement, distinguant dans la pénombre les traits de son visage grâce à la pâle lumière de l'écran. Tu as une mine inquiète, car étrangement, Wilhelmina elle te fait un peu penser à ta sœur. Juste un peu, quelques traits de caractère, quelques vagues souvenirs qui reviennent en lui parlant. et le fait qu'elle soit une sorcière, n'est pas si gênant finalement. Comment pourrais-tu la détester si ta sœur, elle, tu l'avais aimée ?

Un silence s'écoule avant que sa main ne vienne ébouriffer tes cheveux. C'est avec un léger rire que tu échappes à sa caresse railleuse, repoussant sa main en secouant la tête. Mais ses paroles te rappellent l'inévitable. Il va partir, s'en aller. Tu ne le reverras peut-être plus jamais. Tu te demandes si tu ne pourrais pas lui demander de passer les vacances ensemble, mais pour l'instant, tu es trop perdu pour oser lui demander quoi qu'il soit. Comme de peur que l'illusion s'effondre.
Elle recule sa main, elle est chaleureuse. Celui qui l'a changée devrait se rendre compte quel trésor il a sous les yeux. Tu apprécies énormément Wilhelmina, et bien que la voir baisser ses gardes te rend vigilant pour elle, ce qui se cache derrière n'est que tendresse, bonté et douceur.

Grâce à lui. J'espère qu'il a conscience que tu es incroyable. Sinon je me ferais un plaisir de le lui signaler.

Tu craques tes phalanges d'un geste sans équivoque. Oui, tu serais prêt à aller tabasser n'importe quel sorcier qui oserait faire du mal aux rares qui te sont proches. Et la semi-vampire en fait définitivement partie. Et puis tes mains retombent, lorsqu'elle te parle d'insomnies, de réflexions tardives. Tes mains retombent car sa voix est pleine d'un liquide doux-amer que tu as si longtemps connu. Elle est pleine d'espoir, et ça suite par tous ses pores, elle en regorge. C'est donc cela, l'odeur de l'espoir. Une douceur amère qui savonne les yeux et aveugle.

Wil... Ne te fais pas de faux espoirs, je t'en prie. Oublie le, qu'est-ce qu'il est pour toi ? Il t'a permit d'évoluer, mais ce n'est pas le seul gars qui existe. Je suis sûr que tu peux tomber amoureuse de quelqu'un bien meilleur que lui.

Tu poses ta main sur son avant bras, tes sourcils légèrement froncés. Tu veux qu'elle t'entende, qu'elle t'écoute. Mais tu sais que ce n'est pas si simple. Si quelqu'un te demandait là d'oublier Silas... Tu n'y parviendrais pas. Enfin, si, peut-être, mais au fond il resterait un peu de lui, un peu de sa lumière et de sa chaleur et tu sais, oh trop bien, que la lumière corrompt mieux que les ténèbres. On peut s'enfoncer dans l'obscurité jusqu'au cou mais si un seul rayon vous caresse l'échine, tout doit être repris du début. Tout doit être détruit de nouveau.

Je ne lui ai pas parlé... Pas de ça.. Je lui ai proposé d'essayer, au Bal, tu sais, d'être en couple... Mais j'ai peur qu'il croit que c'est car il est semi-vélane... Mais il y a tant de plus, son intelligence, sa générosité, son charisme. Au début ce n'était pas ça, ce n'était que le plus délicieux des hommes ayant partagé mon lit, mais c'est vite devenu tendre... Tu secoues ta tête en reculant ta main, un léger soupir s'échappant de tes lèvres. Je ne sais même pas si tu saisis. Même moi je n'y arrive pas.

Elle a un petit rire, elle ne te crois pas. Tu soupire légèrement. Tant pis, tu n'as jamais été très fort pour dire aux gens leurs qualités et ce n'est pas aujourd'hui que tu vas le devenir. Pourtant, elle semble quand même réfléchir sur tes paroles. Tu l'observes, le temps que tout se mette en place dans son esprit, le temps qu'elle énonce à voix haute ses doutes. Et tu secoues la tête car elle se croit imperméable, elle croit que tu ne vois pas ce qui se passe avec elle. Tu te saisis de son menton et ton regard plonge dans le sien.

Je ne le connais pas, Wil. Mais je te connais toi. Et ça me suffit pour dire qu'il t'a blessée. Qu'as-t-il fait ? J'espère qu'il ne t'a forcée à rien ... ?

Tu bouillonnes rien qu'à cette idée. Qu'un homme se serve d'une femme sans son accord... Cela t'horrifie au plus haut point. Tu n'imagines même pas les tortures que tu ferais subir à ceux qui ont eu l'audace de se croire tortionnaires. Tu la lâches, alors qu'elle s'étire, ton regard happé par la flexibilité de ses muscles. Elle doit avoir une force qui n'équivaut aucune autre, alors tu ne t'inquiètes pas trop pour elle.
Tu l'écoutes parler, tant de mots dont les significations t'étaient étrangères jusqu'à présent. Tu l'écoutes et tu ne peux qu'admettre qu'elle a raison quelque part. Il est trop tard pour faire marche arrière, trop tard pour regretter. Tu ne peux qu'avancer, en espérant que l'univers ne soit pas trop cruel pour toi, pas trop cruel pour lui. Mais les dernières paroles de Wilh te font tiquer. Peur. Tu as peur, Earl et tu détestes cette sensation.

Je ne veux pas de cette peur. Je n'ai jamais rien craint car j'avais déjà tout perdu. Je ne veux pas que ça recommence. Mais cessons un peu de parler de moi, et explique ce qui t'arrive à tonton Grace.

Tu lui fais un clin d'œil amusé, essayant de détendre l'atmosphère, de te détendre toi.

Soulagement, détente, allègement de la conscience. Tes épaules se relâchent et tu expires. Il n'a pas abusé d'elle et tu sais que c'est vrai. Car tu crois en elle, en ce léger sourire qu'elle a aux lèvres. Et tu finis par te dire qu'elle n'a pas couché avec lui. Sinon elle ne serait pas hésitante, pas aussi émotive.
Elle rigole à ta remarque et tu es satisfait de retrouver la Wilhelmina souriante. Tu aimes bien son rire, léger, non envahissant, doux. Mais ce n'est qu'une façade et sa mine s'assombrit lorsqu'elle commence à parler.
Tu te rappelles le premier jour où tu lui es tombé dessus. Elle était là, fière, ses cheveux roses au vent. Tu te souviens encore de ce recul que tu avais eu. Deux ans de plus qu'elle et tu n'avais pas eu le courage face à sa nature. Et cela t'avait pris un peu de temps avant de t'habituer à ce que des êtres qui semblaient aussi menaçants puissent intégrer l'école. Ça t'avait pris plus longtemps qu'aux sorciers de ne plus avoir peur.
Mais aujourd'hui, lorsqu'elle mentionne ses problèmes d'alimentation, tu n'as pas peur de saisir sa main et jouer avec ses doigts en l'écoutant. Tu comprends ses non-dits. Sans sang elle pourrait ne pas survivre. C'était une partie élémentaire et primordiale nécessaire au système nutritif de son corps. Indispensable.
Mais tu es interpellé, Earl, par un détail, par un bout de phrase énoncée à moitié, hésitante. Tes yeux se lèvent sur les siens, bleus, que tu as pourtant déjà vus rouges.

On t'a... Ouvert les yeux.

Ta voix a des inflexions ironiques. Il lui a ouvert les yeux, tu ne peux en douter. Cela semble si évident. Tes doigts s'attardent sur sa bague, ornant un de ses doigts. Tu réfléchis, tu essaie de comprendre. Tu évites de faire des comparaisons avec le monde moldu, mais cela ne te rappelle que les narcomanes. Mais un qui, sans sa dose, mourrait.

Est-ce... La façon de te nourrir qui te pose problème ?

Tu ne fais même pas semblant de la croire innocente à ce point. Le sang humain appelle, tu en es sûr. Elle, et tous les autres d'ailleurs, ont dû succomber au moins une fois à la tentation. Cela te semble d'une évidence absolue. Alors tu tournes la tête vers l'écran quelques secondes, pensif. Louis le Vampire contemple l'étendue d'eau, conscient de ne plus jamais revoir le soleil se lever. Peut-être est-ce ça le problème ?

Tu avais goûté le sang humain avant ? Peut-être en connaître la saveur te fait peur ? Savoir que tu pourrais encore y succomber ?

Tes yeux se posent de nouveau sur elle, inquisiteurs.

Car c'est cela qui s'est passé, n'est-ce pas ?

Pan. Tes yeux s'écarquillent de surprise et tes mains s'immobilisent.

Lui ? Comment... ?

Elle dit qu'il l'a aidée mais il te semble qu'elle n'est pas très satisfaite de ce déroulement des choses. Mais tu la laisses parler, tu serres ses doigts en signe de soutien. Car même si elle n'est pas humaine, elle l'est plus que certaines personnes. Et tu l'apprécies. Au point de lui offrir un jour ta jugulaire si elle en aurait besoin.
Elle aussi, elle découvre le monde, les sensations, les goûts et les couleurs. Et peut-être que ces changements ont été déclenchées par la plus simple des émotions. L'affection. Cela ne t'étonnerait guère à vrai dire que ce soit ça. Bien que son tempérament un peu fort, effrayant, indifférent, te manque un peu, elle reste une bonne amie malgré tout. Et envers tout.
Loyauté, depuis quand tu me tiens ?
Mais elle semble si perdue, et tu ne peux pas la regarder ainsi se morfondre, ainsi tomber en cendres en face de tes yeux. Ce n'est pas ce mythe là et il n'y avait pas assez de soleil pour que ce soit crédible de toute manière.
Alors tu te penches vers elle, et tu regardes dans ses yeux qu'elle a baissés, empreints d'une émotion que tu ne lui avait pas vue.

Hé, ho, ma Wilhemina, qu'en as-tu fait ? T'es amoureuse toi aussi ou ça se passe comment ?

Tu as un sourire légèrement sarcastique qui se dessine lorsque tu dis cela, comme si tu n'y croyais pas toi-même.

Tu sais, ce n'est pas ton alimentation qui te rend animale. Ce sont tes choix à toi. Et le sang... Eh bien, corrige moi si je me trompe, mais je doute que tu puisses faire sans. Sans jeux de mots pourris. Et franchement, si tu dois passer en mode "je me balade avec une flasque de sang humain car j'ai faim", je veux bien être ton donneur, Wil. Mais là, il ne s'agit pas de ça. Tu associes le sang à ta nature de vampire, et c'est normal. Mais le truc c'est que tu n'es pas humaine et vampire. Tu es le parfait mélange des deux races opposées, de l'agneau et du loup, du prédateur et de la proie. Et il faut que trouve ta place dans ce mélange, humaine sans excès et vampire sans excès.

Tu soupires et lui donnant une légère tape sur l'épaule. Elle aura du boulot à faire.