❝ hurt me now | Pv. Wilhelmina

Tu ne savais pas pourquoi, mais elle te mettait mal à l’aise cette fille. Elle avait le portrait d’une jeune fleure des champs, mais seulement d’apparence. On sentait à travers ses postures et son regard qu’elle n’avait rien de frais et délicat. Tu lui avais dit de dégager, mais apparemment en plus d’être chiante, elle était sourde. Tu passas une main sur ta tête pour te gratter le haut du crâne avec tes ongles. Il y eut un silence. Tu t’étais figé, le visage sans expression mais ton regard fixait alternativement sur chacun des yeux de la préfète, comme si tu essayais de déceler le mensonge dans l’un d’eux.

— “T’as rien d’autre à foutre que de prétendre me connaître ?”
Sous le coup de l’irritation, une rougeur monta de ton cou vers tes joues un peu creusées. Tes jambes tremblaient et tu t’avança un peu plus vers elle d’un pas vacillant.

— “Tous le monde n’est pas comme moi, ma belle.”

Cet aspect séducteur n’avait rien de flatteur. Tu relevas la tête, ton visage transfiguré. On y lisait un bonheur effréné qui n’ajoutait rien à ta beauté pour autant. Au contraire, tes traits finement dessinés semblaient à présent plus grossiers, une expression presque bestiale.

— “Du coup...”
Ton visage se durcissait fugitivement. D’une voix polie qu’on te reconnaissait pas, clairement hypocrite, tu finis ta phrase.
— “.... Je suis supposé te supplier de croire au fait que je ne recommencerai pas, et de ne pas enlever de points à ma maison ?”

Tu tiquas d’un rire moqueur en croisant tes bras musclés contre ton torse. Tu continuas cependant de l’évaluer d’un regard froid, t’abaissant pour ramasser ton sac de cours qui trônait dans l’herbe fraîchement coupée. Peut-être espérais-tu secrètement qu’elle s’en aille sans demander son reste ? Si tu avais cru en dieu, tu l’aurais certainement prié immédiatement. Sortant une cigarette de ta poche, tu la coinças entre tes lèvres purpurines et ensanglantées, tâchant la longue tige blanche d’une couleur pourpre.

Décidément. C’était mort. Elle n’avait pas dans l’idée de te foutre la paix. Déjà que tu consentais de l’accepter en ta présence… elle se permettait carrément de te faire des leçons de moral. Elle attrapa la cigarette que tu avais coincé entre tes lèvres pour s’en emparer. Fou de rage, déjà qu’on ose toucher à tes affaires, mais en plus qu’elle se permette des réflexions inutiles, tu répliquas d’un ton cinglant.

— “Occupe-toi de ton joli petit cul, avant de me casser les couilles. Je te trouve un peu maigrichonne, et est-ce que je viens exposer une thèse sur les dangers de ta santé ? Non.”

Tu croisas les bras après lui avoir repris la clope d’un mouvement agile.
— “Et tu sais pourquoi ? Parce que j’m’en balance.” Tu eus un moment de blanc pendant quelques secondes en observant d’un air perplexe la cigarette teintée de sang. Tu passas ta main machinalement pour essuyer ta bouche, mécontent.

Tu sortis ta baguette et la pointa sur le bord de la clope et murmura entre tes dents. “Incendio.” Une gigantesque flamme jaillit et tu reculas ta baguette. “REDUCTO !” Encore plus ronchon et irrité que le début, tu marmonnas d’un ton agacé. “Stupide baguette.” Vous n’étiez pas très complice, ta baguette et toi. Des problème d’allégeance, de pouvoir. Tu avais du mal à la contrôler.

Jetant un coup d’oeil vers la fleur aux épines, tu t’approchas pour lui prendre le menton.
— “Les maigres ne sont pas intéressantes. Il y a rien à manger dessus.” Un large sourire charmeur mais perverti vint déformer ton faciès.

Ignorante et insouciante. Derrière ses airs de femme accomplie et sûre d’elle, se cachait une enfant qui allait regretter de s’être approché du gros méchant de trop près. Apparemment, elle ne se laissait pas dépasser par tes remarques et tes attaques. Imperturbable, une lueur te dérangeait dans son regard. Malicieuse et presque joueuse, ça t’agace. Tu n’as ni le temps ni l’envie de répondre aux provocations d’une gamine qui pète plus haut que son petit cul justement. Froid, tu rétorques d’un ton qui se voulait cassant.

— “Tu as tort de vouloir jouer avec moi sur ce terrain là, gamine. ça fait à peine un mètre et ça veut jouer les provocatrices.”

Elle attrape soudainement ton menton, te tirant le visage avec une force que tu n’aurais pas soupçonné. Ce que tu avais pris pour un baiser se transforma rapidement, trop brutalement en un suçon plutôt dérangeant. Ta plaie s’était réouverte, à vif et te piquait comme si on y avait versé du vinaigre. Ses yeux pourpres qui te fixaient avec appétit, tu compris immédiatement à qui tu avais affaire. Ou plutôt à quoi.

— “Je t’ai mal jugé, t’es pas une simple gamine. Plutôt une de ses monstruosités qui sont acceptés à Poudlard.”

Cette fois, tu as trouvé un point ou appuyer, pour faire mal. Vu qu’elle semblait insensible aux autres railleries. Peut-être que de te voir te comporter comme si elle avait une maladie pouvait la déstabiliser.

— “Evite de me toucher sans me demander la prochaine fois. Pas que ça m’a dégouté mais un peu quand même. Quit à sucer, je préfèrerai un autre endroit tu vois ?”

Une image horrifique se faufila dans ton esprit et tu manquas de tourner de l’oeil.  Elle n’arrêtait pas de t’appeler par ton prénom, avec sa petite voix suave. Et tu ne connaissais même pas le sien. Après tout, tu t’en moquais un peu. C’est pas comme si vous alliez vous recroiser, si ?

Tu la dévisages avec un haussement de sourcil, ne comprenant pas pourquoi elle avait changé de comportement aussi vite ? Elle jouait les provocatrices il y a quelques minutes, et était désormais boudeuse, les joues gonflées. Tu l’écoutes, la mine fermée. Ne sachant pas si tu devais ressentir de la compassion pour elle et sa condition, tu te contentas d’un vague haussement d’épaule désintéressé. Sa voix te berce un peu. La fluidité de ses élocutions sonnait comme une chanson mélancolique.

— “Et bien travaille mieux, je ne suis pas ta réserve personnelle de sang, gamine.”
Et elle se remit à t’accabler d’accusations. Finalement, son rôle de préfète lui allait à merveille. Une rabat-joie insupportable. Cependant, elle prenait un malin plaisir à te rappeler des règles qu’elle même ne respectait pas.

— “C’est vrai que de sucer le sang des autres élèves, cela vous est totalement autorisé.” Sarcasme bien sûr, mais surtout moyen de pression obtenu pour avoir la paix. “Lâche moi avec cette histoire de bagarre et on sera quit, ok ?”

Tes yeux flamboyants la détaillent quelques secondes et tu t’approches d’elle, ton sac sur l’épaule. Tu avances tes doigts pour passer une main dans ses cheveux avec une tendresse inhabituelle. Ce n’était ni malveillant, ni bienveillant pour autant. Un geste neutre que tu te perdit à accomplir avec une certaine mélancolie.

— “Je suis peut-être un monstre, juste parce que j’ai frappé un connard, et alors ? ça ne va pas m’empêcher de bien dormir cette nuit.”

Tu lui tires la langue, serrant un peu plus la lanière de ton sac de sport.
— “Le Quidditch est un sport, c’est tout. Et les connards sont des connards. Ne vas pas chercher plus loin, minimoy.”

Elle recule, elle t’échappes, s’éloigne des filets qu’elle a elle même installé en s’approchant de toi. La femme fatale redevient une enfant, fragile, aux émotions instables.  Son rire cristallin caresse tes tympans avec une douceur amère. Elle te ressemble un peu, c’est étrange. Quand tu la regardes, un miroir invisible apparaît pour te rappeler ton problème face à l’autorité, ta fâcheuse tendance à t’en foutre de tout, comme si rien n’avait d’importance. S’inquiéter, c’est souffrir deux fois plus n’est-ce pas ? Tu la regardes, elle te regarde. Tu prends ton temps pour répondre, la jaugeant de tes pupilles sombres. Tes cheveux havanes s’agitent à la brise légère. Le soleil est à son zénith, frappant ton corps à grands coups de rayons mortels.

— “Décidément, tu ne manques pas d’air. Tu viens me faire la morale, mais tu te défiles.”

Elle te parle de maladie de vampirisme et tu éclates d’un rire franc. La mauvaise humeur des minutes précédentes semblent s’évaporer à travers le rythme de tes esclaffades grossières.
Tu baisses tes mains et les fourrent dans tes poches, fronçant les sourcils sans perdre ton sourire facétieux.

— "En effet, et met ta main devant ta bouche quand tu parles. Si on respire le même air, je risque d’être contaminé.”

Elle semble vouloir abréger votre conversation. Du moins c’est ce que tu compris sur le coup. Etant un garçon et plus particulièrement un sportif, on ne pouvait pas dire que tu n'excellais pas dans le côté bourrin et sur-interprétation des sentiments féminins.

— “Je crois que tu ne comprends pas, Miss Je-pense-avoir-raison-meme-quand-jai-tord. Je t’ai déjà répondu. Je l’ai frappé parce que c’est un connard et que j’avais envie de le frapper. Alors peut-être que je l’ai frappé tout simplement parce que je suis un connard ?”

Tu t’approches d’elle cette fois avec plus de vigueur et la pousse d’une seule main en arrière, sans réelle force, mais suffisamment pour la faire tressaillir et reculer de quelques pas.
Ton visage s’était à nouveau renfermé. Tes traits creusés s’étaient à nouveau durci, motivés par ce besoin de ne rien révéler, de ne pas s’ouvrir à n’importe qui. Tu ne supportais pas cette intrusion de sa part, son insistance face à ton mutisme.

— “On a fini, maintenant…. ?”
Tu attendais qu’elle te donne son nom, impatient, outrageux. Mordant, orageux.

Elle te menace de ne pas recommencer. Son aspect autoritaire te provoque des petits piques électriques sur ta peau. C’est si stimulant que tu deviendrais presque addict. Refusant de dévoiler son identité, elle fait naitre ce désir de curiosité que tu hais tant. Que tu rejettes. Tu es un homme qui a juré de s’en foutre de tout, jusqu’au bout. Et pourtant, ce bout de femme insupportable attisait ta convoitise, brillait au loin comme une friandise.

Alors qu’elle tournait les talons d’un air résolu à partir, tu soupiras un grand coup, un peu soulagé de te retrouver seul, mais agacé de t’avoir pris autant de temps pour finalement te lâcher d’un air désintéressé. Soudain, sa voix qui depuis tout à l’heure n’avait pas changé de la fréquence “je te fais la morale et j’ai l’air hautaine” semblait augmenter d’un décibel. Tu t’étais déjà tourné pour partir quand son “hey !” t’incita à te retourner.

C’était Caïn, ton meilleur ami, qui était venu te chercher, car tu mettais trop de temps. Tu m’étonnes, vu que cette canaille de semi-vampire t’avait harcelé de questions pour ensuite vouloir partir comme une diva. Cependant, quelque chose te frappa. Ils semblaient assez proches, et pourtant Caïn ne t’avait jamais parlé de cette fille. Ou alors, il t’en avait parlé et tu n’avais pas écouté. Fouillant dans ta mémoire, tu te souvenais vaguement qu’il parlait à une fille mais ils ne se parlaient que rarement hormis par messages.

— “Salut Caïn. Désolé, j'arrive.”
Les toisant à tour de rôle, tu ne pus t’empêcher de lâcher un grand sourire, donnant une tape dans le dos de ton ami, et jetant un dernier regard à la préfète. Une fois que vous furent assez loin pour discuter tranquillement, tu pus lui demander avec toute impunité.

— “Tu la connais, cette fille ?”
Ce triangle imprévu s’annonçait plus stimulant que prévu. Les chocs électriques revenaient embrasser, embraser chaque parcelle de ta peau dénudée. Les papillons dans l’estomac c’est pour les petites pucelles.