La fragrance de sa chevelure t’enivre. Les vagues rose saumon chavirent. Contre ton torse tu la serres, comme si tu ne voulais pas qu’elle parte, comme si elle pouvait disparaitre à n’importe quel moment. C’était sûrement les effluves des potions anesthésiantes de Soukup qui provoquaient cet élan soudain d’affection envers Wilhelmina Llewellyn. Car généralement, tu n’es pas câlin. Habituellement, tu n’es qu’un orphelin. Sans amour ni tendresse à délivrer. Juste pour l’ivresse à déverser.
Sans la libérer de tes bras, tu l’écoutes parler de ses vacances, essayant de la visualiser dans ses diverses activités. Tu ne savais pas qu’elle faisait du violon, en fait tu ne savais pas grand chose. L’idée de la voir cuisiner te fait sourire un instant, oubliant sa condition de vampire. A croire que sa vie n’était pas très différente d’autres adolescentes, ormis son breuvage favori.
— « Tu me cuisineras des choses alors. Comme.. de la viande par exemple. »
Tu ne sais pas pourquoi tu as pensé à ça en premier mais depuis ta morsure, tu as faim de viande. Sûrement ton instinct de prédateur qui se réveillait. Même la peau de Wilh, que tu caressais du bout des doigts durant votre étreinte te semblait appétissante.
Alors tu t’écartes nerveusement, te laissant retomber sur le lit, assis à son bord. Tu te met à réfléchir sur tes projets. Qu’est-ce que tu comptes faire ?
— « Je vais sûrement partir quelque part avec Caïn. Et faire du quidditch, beaucoup de quidditch. Et dormir. Beaucoup dormir. Et.. »
Tu percutes. Dormir. La nuit. Mais une nuit dans le mois il faudra que tu gères seul. Cette idée t’angoisse sans que tu le laisses paraitre.
C'est étrange ce que cette étreinte se prolonge. Tu te doute bien qu'il n'est pas du genre à éterniser ce genre de contact mais tu ne le repousses pas pour autant. Il te serre un peu plus fort, ça fait battre ton cœur dans ta poitrine. Son corps est chaud et confortable, il a une odeur bizarre mais ce doit être à cause de l'infirmerie et de sa blessure. Un rire s'échappe quand il te demande de cuisiner de la viande pour lui. « Si tu veux... Mais je ne te promets rien, je n'ai jamais touchée à une... gazinière avant. » Tu as eu un doute sur l'outil mais c'est bien comme ça que ça s'appelle. Il s'écarte, tu recules et tu le fixes en train de se poser sur le lit.
Peut-être qu'il a eu un vertige suite à cet effort ? Ou bien il n'a juste plus eu envie de ce contact. Tu ne dis rien et il prends la parole. Caïn, Quidditch et dormir. Est-ce que tous les garçons font ce genre de choses ? Tu espères simplement que son statut ne va pas l'empêcher de jouer. Loin de là. « Peut-être oui. Si tu es sur Londres pendant les vacances. » Un sourire, tu t'étires. Vous verrez bien ce qu'il se passera. Peut-être que vous passerez du temps ensemble, peut-être pas. Tu espères bien sûr le voir mais il devait avoir des choses à faire depuis sa transformation. Avoir d'autres chats à fouetter comme le disait l'expression. « On verra bien ce qu'il se passera. » Et cela vaut pour tout. Pour vos vacances, pour vos moments, pour vous simplement. Tu ne veux rien précipiter, laisser les choses aller comme elles vont.
Tu as tes propres problèmes existentielles à gérer mais tu es étrangement optimiste. Un changement n'est jamais bon ou mauvais, cela dépend entièrement de la façon dont on le vit. Pour Castiel, ça va être dur mais il est fort. Plus qu'il ne le pense. Tu poses tes yeux sur lui, ton regard est remplie de bonnes choses et ton sourire montre ta bonne humeur soudaine. Tu lèves ta main pour la poser sur ses cheveux en bataille. « … Tu vas t'en sortir. » Juste de la bienveillance. L'encourager n'est pas un mal, non ?
Tu commences à être fatigué Castiel. Et l’infirmier venait de revenir, faisant comprendre que l’heure des visites était terminée, d’un simple regard. Tu jettes un coup d’oeil vers Wilhelmina pour ne pas la laisser s’en aller comme ça. Elle te parle de Londres. Tu laisses échapper un rire nerveux.
— « Ma famille habite aux alentours de la capitale. Mais on ne restera pas sur Londres indéfiniment, notre manoir secondaire se trouve en écosse. »
Tu as une mine effrayante, mais narquoise. Tu sais très bien que ce château est réputé hanté par les moldus. Mais peut-être parce qu’il l’était vraiment en réalité. Les manoirs d’Ecosse, surtout possédé par une famille de sorciers, le sont généralement la plupart du temps.
— « Je t’y inviterai si tu veux. Si tu n’as pas peur des spectres et de leur inventivité spectaculaire dans le but de te faire peur. »
Tu croises les bras, la jaugeant du regard. Tu ne peux t’empêcher de la teaser avec un amusement railleur.
Tu entends l'infirmier revenir mais tu ne te retournes pas pour vérifier. Ton regard reste planté dans celui du jeune homme alors qu'il continue de parler. Un manoir secondaire en Écosse ? Tu penches la tête, pensive à cette idée. Il est vrai que la famille de Castiel devait être riche, il te semble que c'est une ancienne famille très connue. Il prends une mine pour te faire peur et tu fais la moue. Les fantômes et les spectres... Ce ne sont pas des choses que tu aimes particulièrement mais il devait plaisanter. Peut-être pas dans son invitation.
Tu hoches la tête. « Si tu es là pour me protéger, je n'ai pas de raisons d'avoir peur. » Tu lui tires la langue avant finalement de reculer un peu. « Je vais te laisser te reposer. Je repasserais si tu veux mais je crois que Soukoup veut que je file. » Tu lui fais un sourire avant d'hésiter. Puis tu lèves la main et tu lui caresses doucement la joue. « Prends soin de toi Castiel. » Tu retires tes doigts de sa peau pour prendre tes affaires. Tu as bien fait de venir, ça ne s'est pas si mal passé finalement, tu as même l'impression que ça vous a un peu rapprochés.
L'infirmier fait un toux bruyant derrière vous et tu soupires avant finalement de partir en faisant un dernier signe de la main au brun. Tu espères qu'il va s'en remettre, tu espères qu'il va aller mieux. Et surtout que vous allez vous revoir bientôt.
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