A peine avais tu quitté Poudlard que tu as dû t'empresser de trouver un logement pour les vacances. T'as de la chance, un ami habite dans le coin et ses parents sont partis pour deux mois. C'est ton premier été loin de ta famille, tu es assez grand pour subvenir à tes besoins. Normalement tu aurais dû retourner auprès de ta mère et de ta grand-mère pour les mois de juillet et août, mais la possibilité que ton paternel se trouve dans les parages pour te bourrer le crâne t'as grandement aidé à prendre ta décision. Le fuir comme la peste c'est tout ce que tu peux faire, t'es incapable de le confronter et tu le crains autant que tu le hais.
Loin est l'époque où tu cachais ton corps sous des t-shirts à manches mi-longues et des jeans, transpirant à la mort, parce que tu refusais de laisser paraître un bout de chair. Maintenant tu portes des débardeurs et des shorts sans redouter le regard des gens. Tu exhibes même fièrement ton nouveau tatouage sur ton épaule.
Il fait beau et chaud à Londres, c'est une grande ville et tu as décidé de sortir avec quelques amis. Vous faites une pause devant un marchand de glace et tu ne peux résister. Tu fais la queue, il y a quelques personnes devant toi, tu patientes. Tes potes s'éloignent un peu pour ne pas gêner les autres clients. L'attente est plus longue que tu le pensais. Ton regard se perd dans la foule qui marche dans la rue, tu les observes au loin. Perdu dans tes pensés, tu ne te rend pas vraiment compte qu'à quelque pas se trouve une tête familière. C'est lorsqu'elle se tourne vers toi que tu t'en rend compte.
— Lilibel ?
Tu quittes la file pour la rejoindre. C'est la première tête de Poudlard que tu croises en dehors de l'école depuis le début des vacances, et pour une raison obscure ça te fais plaisir de la voir. Tu ne lui as jamais beaucoup parlé, mais c'est la petite sœur d'un de tes amis proches. C'est un début.
— Qu'est ce que tu fais ici ? Tu vas bien ?
Tu lui souris, l'espace d'un instant tu oublies que tu es venu ici avec des amis.
Comme chaque année, la famille Kingsley partait en vacances ensemble, au petit manoir d'été. Cette année n'allait pas faire exception et tu comptais bien faire quelques petites courses au chemin de traverse avant de partir. Tu avais déjà pu acheter ta cape pour l'année suivante ainsi que les ingrédients dont tu avais fait usage au cours de l'année, lorsqu'une tête familière attira ton regard. Robin. Un ami de ton frère très sympathique qui t'accordait plus d'attention que ce dernier. Il quitte la file dans laquelle il se tenait pour venir à ta rencontre et tu lui souris, ravie de cette douce attention.
Robin ! Ma mère est allée chercher ses vêtements qu'elle a donné à réparer et m'a laissé faire mes quelques courses. On est en vacances, comment ça pourrait ne pas aller ? Et toi ? Cette file a l'air épuisante, pourquoi tu n'es pas allé dans un café ? Tu peux avoir des glaces là-bas bien plus rapidement !
Tu t'approches et poses ta main sur son bras, comme une salutation étrange. En vérité avec tout ce monde tu aurais peur que la foule ne l'emporte et que tu te retrouves totalement esseulée. Après tout, il ne te reste presque plus rien à acheter et cela t'embêterait de ne pas profiter de la présence de quelqu'un de Poudlard qui n'est pas ton frère. Après tout, tu ne verras que sa tête pendant les deux mois qui viennent, alors autant essayer de grappiller le plus de rencontres dès maintenant. Il sera trop tard sinon.
Les vacances se passent bien pour toi ? Tu as des plans ?
Robin a toujours semblé assez insouciant et simple, et tu l'imagines bien au bord d'une plage entrain de bronzer. Cela lui correspondrait à merveille ce genre de voyage, comme si c'était indissociable de sa personne. Car c'est à la mer qu'il te fait penser, à la mer, aux vagues insouciantes s'écrasant sur le sable chaud.
Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle soit si bavarde, mais c'est une bonne chose. Au moins tu n'as pas l'impression de parler à un mur. Tu zieutes la file dans laquelle tu étais, elle n'a pas vraiment bougé.
— Mhm ouai, t'as probablement raison. J'ai pas vraiment réfléchi, j'ai pris le premier glacier trouvé.
Hésitant tu te retournes rapidement vers tes amis pour les observer, ils n'ont même pas remarqué que tu t'es éloigné pour parler à quelqu'un.
— En fait je suis venu avec des amis et on pensait à aller ailleurs, mais j'ai pas l'air de leur manquer tant que ça.
Tu lui souris, tu plaisantes bien sûr. Elle te touches le bras, c'est bizarre. T'es pas habitué à être touché par les gens, et t'ose pas lui demander de retirer sa main. Ça serait différent si vous étiez plus proche, t'es quelqu'un de très affectueux avec tes amis. Mais avec les autres c'est étrange ? Pas naturel, et un peu dérangeant. Un de tes pote t'interpelle, ça te fait oublier cette main sur ton bras. Tu lui réponds d'un signe, il comprend immédiatement et n'insiste pas.
— J'ai pas vraiment de plan nan. Je squatte chez un copain pour éviter un max mon paternel. Le plus loin de lui je suis, le mieux j'me porte. Tout ce que je veux c'est être tranquille pour deux mois et me reposer. Et toi t'as des plans ? Tu vas partir quelque part avec ta famille ? Ou à l'étranger ?
De mémoire tu te rappelles que Lilibel a 15/16 ans, alors il y a peu de chance qu'elle parte seule comme toi. Tu ne te souviens plus vraiment ce que c'est les voyages en famille. Ta mère a toujours été trop occupée pour pouvoir t'emmener, la dernière fois tu devais avoir 9 ans ? Il y a eu beaucoup d'été où tu étais resté en Angleterre avec ta tante, rien de passionnant. Avant qu'elle te réponde tu ajoutes :
— Tu veux qu'on aille discuter dans un café si t'as un peu de temps ? Ce sera peut-être mieux qu'au milieu de la foule. Je te paye une glace si tu veux.
Faux gentleman, tu n'as aucune mauvaise pensé à son égard, tu veux juste parler et profiter de la journée. Et surtout tu veux ta glace. A quelques mètres d'ici tu repères un café qui à n'a pas l'air trop bondé comme les autres. Peut-être est-ce parce qu'il est plus grand que les autres, ou sinon ça cache quelque chose de louche.
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