❝ when it's cold i'd like to die | Raffaello

Cannelle tu l'observes d'un rire songeur, alors qu'il attrape ton bras au moment ou tu allais partir. L'onomatopée qu'il prononce comme pour se calmer ne te surprend même plus. C'est comme une mosaique de sons qui flotte dans ta tête alors que tu le suis d'abord sans résister.

Alors que vous traversez les couloirs, tu ne prononces pas un mot.
Alors que vous dévalez les escaliers, tu ne prononces pas un mot.
Et le silence continue même au dehors alors que les hiboux hululent dans la nuit. Tu sens que vous allez vous faire allumer, mais Poudlard est si beau dans l'obscurité. Les lucioles qui éclairent le parc guident les pas pressés de Raffaello.

Tu sais déjà ou il va car après le parc, c'est le lac. Et Raffaello a besoin de se calmer. Mais pourquoi t'emmener ? Pourquoi te trainer dans toute l'école pour te lâcher sur les graviers et aller plonger dans l'eau glacée.

Sans rien dire tu l'observes un moment, tu t'assesois en tailleur et tu retires tes talons pour les mettre à côté. Tu le regardes nager et tu te demandes si tu dois aller le rejoindre. T'hésite Cannelle, t'as les cheveux magnifiquement propres et des vêtements qui viennent de quand même de chez Dior.

Ah non, c'était du simple ZARA.
Alors c'était bon. Tu retires ta cape de sorcière pour la laisser tomber au sol et t'avances vers le lac avec une mine un peu dégoutée par le froid quand les vaguelettes vinrent chatouiller tes orteilles. Tu finis par plonger sans réfléchir, hurlant à la lune à quel point cette putain d'eau était gelée. BORDEL !

Son menton sur ton épaule, tu frissonnes. Le regard nébuleux perdu vers le soleil maltaise qui se couchait à l'horizon du lac noir. Les pieds enfoncés dans la vase, tu ne trouvais rien de rassurant à l'idée de ne pas voir ce qui pouvait se trouver dans tes pieds. Et ta baguette demeurait posée sur ta cape au bord de l'eau. Alors qu'il est si proche, tu sais qu'il peut t'entendre. Alors en claquant des dents, tu te ratatines encore plus sous l'eau, ne laissant que la tête en sortir.

— « Comment fais-tu.. pour ne pas geler sur place ? »

En seule réponse des girouettes aquatiques. Une danse que tu trouves étrangement belle, habituellement insensible à toute forme d'art humain, passionnée des objets et de l'artisanat. Mais ses courbes idylliques qui se cambraient en des arc voluptueux te tiraient presque les larmes au bord de tes yeux trop maquillés.

— « C'est très beau, Oreo. »

Tu descends encore plus sous l'eau vaseuse, immergeant ta bouche pour en faire des bulles, tes iris inexpressives suivant toujours du regard le semi être de l'eau. Une fois sorti, tu admires ses branchies frémissantes et répond d'un air distrait.

— « Plutôt.. enfin. De l'argent poche, je suis loin d'être riche mais les gens semblent de plus en plus intéressés. C'est sympa de voir ses prototypes reconnus. M'enfin, le reniffleur est passé à l'étape supérieure ce mois-ci. Ces sales rumeurs, mêmes si elles ne sont pas de lui.. ça doit faire mal à certaines personnes je suppose. Je suppose, car je m'en fiche un peu à vrai dire. Ce n'est pas comme si les sentiments des gens m'avaient jamais franchement intéressé. »

Tu plonges cette fois toute entière, te forçant à rouvrir les yeux pour observer ce qu'il pouvait bien se passer sous le lac. Vision d'horreur irrirant tes rétines, l'éclate écarlate dans tes pupilles. Le cristallin de la nappe si pur et si transparente. Les algues et la vase dominaient, ce qui te rendait malade au point de vouloir dégobiller dans les abysses. Mais c'était les étranges créatures qui vous fixaient, dans l'ombre des précipices marins. Alors tu remontes à la surface, dans une grande inspiration. Tu colles tes cheveux à la tête, les remettant en arrière.

— « Je sors d'ici, moi ! Je te laisse avec tes petits copains ! »

Furieuse et surprise de devoir te donner raison, plus jamais tu refous un pied là dedans. Les vêtements collants et moulants chaque partie de ton corps, tu t'empresses de t'enrober de ta cape de sorcière.

— « En profite pas pour mater. »

Alors que tu mourrais littéralement de froid au crépuscule de vos damnations… Orea continue de patauger dans la marre, t’impressionnant de ses innombrables plongeons. Il t’explique son point de vue quant à sa résistance au froid, tu hoches la tête silencieusement. Cette explication te semble en effet vraisemblable. Peut-être même que les êtres de l’eau affichait une thermie différente des êtres humains. Comme si leur corps produisait une chaleur naturel quand ils embrassent les vagues.

— « Je pense surtout que l’eau te protège de toute température, trop élevée ou trop haute pour protéger ton corps. »

Tu marques une pause.

— « Dis Oreo, ça te dérangeait que je prélève un morceau de ta peau ? Pas beaucoup hein, ne t’inquiète pas. C’est pour une expérience. »

Tu t’assoies par terre sur les caillasses alors qu’il est déjà reparti sous l’eau. Il sort et allume un feu, tout en se justifiant concernant sa haine pour le blog de l’école. Tu étouffes un rire moqueur.

— « Tu as sûrement raison, oui. »

Tes doigts viennent s’emmêler dans ses mèches brunes mouillées. La musique t’apaise, rythmée au crépitement du feu. Tu fixes la fumée s’élever vers le ciel étoilé. Tu espère secrètement que ça ne va pas attirer des préfets ou des professeurs. D’une voix douce, tu chantonnes des hits au rythme de ses grattements frénétiques.

Et tu t’arrêtes.

— « A part toutes ces merdes. Les amours la famille ça va ? »

Quoi ? C’est pas comme ça qu’on demande des nouvelles en société ? Tu savais tellement pas comment t’y prendre que tu avais un réservoir de phrases toute faites pour paraitre naturelle en publique. Pour éviter qu’on pense que tu n’es qu’une poupée sans âme.

— « T’aime botter des culs dans tout les sens du terme à ce que je vois. Mais est-ce que le grand et méchant Raffaello King pourrait se ranger ? »