Can I dream again ? | Croyance

Il y avait ces gens qui parlaient tout autour et ces voix qu'elle n'écoutait plus. Il y avait cette envie plus que brûlante qui la prenait aux tripes de les forcer à se taire et cette mauvaise humeur ambiante qu'elle ne prenait même plus la peine de cacher. Ils avaient l'habitude après tout, elle aussi et c'était certainement le plus difficile à avouer. Nuit sans rêve, coutume depuis des années qu'elle ne croyait plus pouvoir changer.

Il y avait ces phrases qui circulaient et ce nom qui revenait, entouré de beaucoup d'autres et d'un peu de délicatesse. Ce nom seul qu'elle avait retenu, d'un instinct encore plein d'espoir face à la fatalité écrasante de sa défaite. Elle y croyait autant qu'elle n'y croyait pas, n'avait jamais tenté à vrai dire ce genre de solution beaucoup trop décalée. Alors elle s'était dit que peut-être, finalement, si l'éventualité d'un succès était envisageable... Pourquoi pas ? Il y avait en son cœur à cet instant une once de peur mêlée à cet embrun de curiosité. L'envie de s'en sortir qui la tirait si rarement hors des couloirs, où elle passait le plus clair de son temps à chasser les autres, pour la pousser cette fois à aller de l'avant.

Elle avait peur de regretter Valentyne.
C'était bien la première fois.

Mais la belle silhouette s'obstine à ne plus penser et parcours les chemins en quête d'informations. À la recherche de ce visage et de cette voix douce décrite par tous ces gens. Elle file à travers Poudlard, se retrouve à l'extérieur, elle avance lentement Valentyne, bien plus vite pourtant qu'habituellement. Pressée. Pressée de saisir cette chance de peut-être évoluer, de peut-être, peut-être oui, pouvoir oublier les insomnies. Elle espérait sans doute trop, elle en avait bien conscience. Et c'est dans ces moments-là qu'elle se détestait d'être si faible et si Humaine mais que personne ne pouvait le voir. À part peut-être Caïn, peut-être Castiel aussi, ils la connaissaient si bien tous les deux. Seulement ils n'étaient pas là et c'était beaucoup mieux comme ça.

Au détour de ce petit coin de verdure elle croit l'apercevoir alors elle se stoppe à quelques pas, l'observe sans un mot, emmitouflée dans son écharpe de laine verte et neige pour tenter de subir le moins possible l'agression de cet automne trop fois et de son vent qui ne parvient qu'avec peine à faire bouger ses mèches coincée dans l'étoffe. Elle ne saurait dire pourquoi elle l'avait trouvé magnifique une brève seconde durant, elle avait reprit ses esprit. Fermé les yeux et secoué la tête. Puis lorsqu'elle les avait rouverts, ils s'étaient plantés dans les siens.

Tout droit dans les siens.

Alors elle a commencé, salué poliment en silence comme elle a prit l'habitude de le faire avec le temps.

« C'est bien toi Halloway ? »

Trouble dans la voix qu'il ne pourrait déchiffrer car bien trop caché par sa droiture habituelle, elle attendait.
Simplement.

Rien de plus que la réponse qu'elle n'espérait plus avoir.

Elle sentit les traits de son visage se détendre si rapidement et elle en fut surprise, ne s'attendant pas le moins du monde à un tel soulagement. Il était bien la personne qu'elle cherchait, oui, Croyance était peut-être cette personne, ce garçon capable de l'aider. Jamais elle ne serait venue autrement, jamais probablement ne se seraient-ils parlé. Alors Valentyne s'était approchée encore, doucement, et d'un geste gracieux avait prit place sur le banc, juste à côté. Proximité nécessaire pour ne pas que les mots s'envolent trop loin parce que personne n'avait besoin de savoir ce qui amenait ces deux âmes à se rencontrer enfin.

Mais Croyance dans sa douceur semblait craindre que quelque chose de mauvais ne se produise, elle l'avait remarqué, Valentyne, son regard étonné. Mais elle n'avait rien dit. Elle n'avait rien dit parce que c'était normal, et bien qu'elle se refuse à l'admettre, elle ressentait bien la même chose. Comme un sentiment de paranoïa qui s'insinuait doucement dans sa peau pour s'en aller la bouffer jusqu'à l'âme. Il ne fallait pas qu'elle y prête attention. Non, non il ne fallait surtout pas.

Alors ne tourna pas plus longtemps autour du pot, et s'en un regard pour toi, le sien perdu dans la verdure au loin, elle s'élança.

« Es-tu capable d'aider les esprits à s'endormir ? »

Ce sont les rumeurs qui couraient depuis tout ce temps sur lui sans qu'elle n'ait osé l'aborder jusqu'à lors. Seulement elle ne tenait plus Valentyne, et de ses lèvres fatiguées les mots sortent, forment les explications dont il avait sans doute besoin. Ainsi la situation éclaircie elle avait soupiré, avant que ses iris ne rencontrent à nouveau les siens. Si beaux de près, si fragiles aussi. Elle avait cette impression de ressemblance malgré les différences et se dit que Croyance était bien intriguant.

Bien qu'elle ne soit pas venue ici pour ça.

« Si tu as des conseils, j'aimerai les connaître. »

Sans avouer clairement qu'elle avait besoin d'aide.
Ah ça jamais.

Le silence des alentours et la fraîcheur de l'air, brise légères caressant les peaux, avaient contribué à l'apaisement infime de son cœur le temps d'un instant. La méfiance qui s'échappe mais prudence pourtant toujours aux aguets, Valentyne écoute avec attention les interrogations, observe l'esquisse rassurante de ses lèvres et la douceur de ses traits. Croyance était surprenant et elle fut étonnée de penser que même de part sa présence il semblait parvenir à l'attendrir un minimum. Calme dans l'air qui persiste tendrement, elle en était troublée néanmoins, de ses questions qu'il lui posa le regard fuyant. Les sourcils qui se haussent à la réaction, ses lippes à elle qui se pincent tandis qu'un souffle à peine soupir les transpercent la seconde qui suit. Doute qui revient au galop, chevauchant Hésitation comme un preux Chevalier venu la sauver.

Tu parles, l'assassiner oui.

Valentyne serre un poing doucement, sentant la frustration de ne savoir que répondre, ni comment, grimper en flèche plus vite que jamais. Il n'était pas difficile de deviner à son expression qu'il avait vu juste, mais l'avouer de vive voix malgré qu'elle soit l'initiatrice de cette démarche lui semblait impossible. Pourtant cette fois elle avait décidé de ne pas mentir, par égoïsme, pour son propre bien.

« Généralement je m'endors d'épuisement... Et la plupart de mes nuits sont sans rêves, seulement des pensées qui s'entrechoquent d'horribles façons. »

De bien belles paroles pour désigner ces cauchemars qui la hantent si souvent. Le regard qui vrille de la blanche chevelure à la verdure du sol, un peu honteux et douloureux de ces aveux qu'encore jamais elle n'avait su concéder. Soupir plus net cette fois, plus bref qui s'envole tandis qu'à nouveau les iris croisent leurs confrères pour s'y perdre juste un peu. Une seconde de répit, rien d'autre que ça pour une fois. Valentyne se perd encore dans les virages de son esprit, elle se demande ce que ça fait d'être Croyance si souvent. Elle se questionne parce qu'il est doux Croyance, il est tendre et gentil là où elle n'est que rancœur et colère, ennui et lassitude. Est-ce si compliqué d'être comme ça ?

Qu'avaient bien donc pu louper ses parents lors de sa conception ?
Et elle alors.
Elle, Valentyne.
Qu'avait-elle fait ?
La réponse ne vint jamais.

Alors le décor tortueux des méandres de l'âme s'efface pour laisser place à la réalité. Elle et Croyance, les ténèbres et la nuit, pensa-t-elle sans remarquer à quel point elle était si proche de la vérité. Depuis combien de temps, questionna-t-il. Vraiment ? Elle n'en savait rien.

« Depuis toujours, je suppose. »

Ou quelque chose comme ça.

« Y a-t-il seulement quelque chose à faire ? »

Un murmure pour elle seule plus que pour lui, ses pupilles se détournent vers le ciel. Doux frissons qui parcourt l'échine à la sensation de l'air sur la peau, voilà qu'elle se remettait à douter. Comme si elle avait abandonné.

Seulement, Valentyne.
Elle n'abandonnait jamais.

« Je te remercie de bien vouloir m'accorder ton temps, Halloway. »

Un mince sourire qui orne les lèvres, illuminant des traits qui pourtant ne le regardent pas. Elle avait peur de regretter Valentyne, c'était bien la première fois. Mais elle allait se lancer, par curiosité des effets déjà constatés.

Son humeur avait changée.