Teacups and Shenanigans - Marguerite

L’humidité dans les cachots se faisait de plus en plus présente, constata Aïssatou en grognant intérieurement. Non seulement l’endroit était triste comme les pierres, mais il fallait en plus que quelqu’un ait eu le bon goût d’y installer son bureau dans une pièce qui évoquait plus la crypte sordide que la joie de vivre du professeur. Aspergeant d’un fond de potions anti-moisissures le tour de la porte, par précautions, elle soupira ouvertement. Il faudrait tout de même qu’elle demande rapidement une relocalisation dans un étage autre, qui aurait au moins le bon goût de disposer de fenêtres, ou alors qu’elle soudoie son amie Marguerite pour envahir de fioles et de parchemins un petit coin dans une serre ou il restait de la place. Jetant un dernier regard peiné vers la lumière minable du chandelier qui éclairait à peine correctement le reste du bureau, elle alluma méthodiquement une rangée de photophores qui, s’ils ne parviendraient pas à rendre l’endroit agréable, auraient au moins l’avantage de montrer à son invitée qu’elle avait tenté de faire quelque chose de cosy pour son arrivée.

Ali, mollement installé sur le bureau, regardait sa maîtresse avec un air tout à fait satisfait, et miaula de dépit lorsqu’elle le porta jusqu’au pas de la porte en lui intimant de sortir. Outré qu’on ne respecte pas plus les chats de son espèce, il s’enfuit en couinant, certainement pour tenter d’aller récupérer des caresses et peut-être même un peu à manger dans la salle commune de serpentard, laissant derrière lui une traînée de poils, une pile de parchemins effondrée, et une maîtresse passablement agacée. Ramassant ses âneries, elle avisa l’heure, et décida qu’il était largement temps de passer à la vitesse supérieure. Rajustant les coussins dans ses fauteuils, agencement coloré et confortable du meilleur goût selon elle, puis mettant son eau à chauffer, elle disposa une boite à biscuits sur la petite table la plus proche et regarda son ouvrage. Ce ne serait pas la serre, évidemment, mais Poudlard saurait que même avec si peu de moyens, elle recevait correctement ses collègues, et, à plus forte raison, Marguerite.

Elle avait tout de suite accroché avec l’excentrique professeur de botanique qu’elle tenait haut dans son estime, et avec laquelle elle appréciait de travailler : professionnellement, c’était un véritable bonheur de pouvoir aller dans les serres chercher ses composants directement sous la houlette d’une spécialiste dans le domaine, et personnellement, c’était plaisant, une fois la récolte du mercredi après-midi faite, de pouvoir s’installer pour une tasse de thé avec la personne qui se rapprochait , à l’heure actuelle, le plus d’une amie. Et Merlin savait qu’une amie était nécessaire lorsque l’on exerçait une activité dans les eaux troubles de l’éducation des adolescents. Si ces jeunes souffraient, riaient, pleuraient, s’écharpaient joyeusement la gueule et venaient de temps en temps en cours, le personnel enseignant avait d’autres préoccupations au moins aussi graves (majoritairement causées par les jeunes susnommés), et il était bon d’avoir une épaule sur laquelle se reposer en cas de coup dur.

La Réserve étant néanmoins pleine jusqu’à déborder un peu dans la salle de classe, des orties séchant un peu partout au dessus des paillasses à l’heure actuelle, le thé avait néanmoins été maintenu dans ce charmant cocon qu’était donc le bureau d’Aïssatou, et l’heure était presque arrivée. L’enseignante défroissa d’une main sa robe turquoise brodée de jaune, et défit son wrap avec soulagement, appliquant à la lettre son propre adage : « Mercredi pépère, Afro à l’air ». Enfin à l’aise chez elle et prête à recevoir son invitée, elle céda à la tentation et avala en deux bouchées un peu trop grosses un biscuit au gingembre, avant d’entendre un son assez familier à sa porte.

« Jgne... »

Avaler, avant de parler.

« Entre, Marguerite, c’est ouvert ! »

Finalement, un peu de repos loin des élèves, avec du thé et une amie. Qu’elles étaient douces, ces tasses de thé du mercredi après-midi.

Marguerite était là, et Aïssatou, afin d’avoir l’air relativement présentable, balaya d’un revers de main les deux trois miettes de biscuit qui s’étaient égarées sur l’étoffe de sa robe avant de l’accueillir avec un large sourire et de jeter un coup d’oeil fort intéressé au contenu du panier qu’elle avait déposé d’office sur son bureau. Incapable de résister à la tentation, elle plongea la main directement dedans pour examiner de plus près les petites merveilles annoncées.

« Bon sang, elles sont vraiment superbes, ces jeunes pousses. Je vais finir par faire faire du thé aux jeunes et garder tout ça pour moi. »

Elle eut un petit rire.

« Par contre, je vais mettre la moly à sécher tout de suite, je ne sais pas ce qu’a le chat en ce moment, mais il essaye de bouffer tout ce qui traîne, et ça me ferait mal qu’il essaye de s’attaquer à ces petites merveilles. La semaine dernière, il a trouvé le moyen de coller son museau dans du mucus de Veracrasse, je te raconte pas la panique après. »

Joignant le geste à la parole, elle sortit d’un tiroir de son bureau une petite ficelle pour attacher les fleurs en bouquet avant de les suspendre au plafond d’un geste de la main. Là, Ali n’aurait aucune chance de les atteindre, et ne vomirait pas partout comme ces derniers jours. Elle jeta un regard gourmand aux pommes, qu’elle percha mit directement dans une corbeille posée sur le bureau afin de libérer le panier.

« Merci, en tout cas. Je suis super gâtée. »

La sorcière prit le chapeau et l’écharpe de son amie qu’elle accrocha en bas de son portemanteau, pour lui laisser plus de place, avant de s’approcher de la bouilloire qui venait poliment de lui indiquer par un « pshhhhiiiit » sonore que l’eau était chaude.

« Tu parles, on pèle, c’est une catastrophe. Je vais remettre une bûche dans le poêle, tu me fais penser, sinon on va mourir de froid. »

Aïssatou se saisit de la bouilloire avant de la déposer sur la table, pour rajouter ladite bûche dans ledit poêle en fonte qui ajoutait un peu de chaleur dans son bureau, et amena finalement sur la petite table une boite en fer décorée contenant un mélange sentant le thé, l’orange, et l’hibiscus avant de s’écrouler à son tour dans son fauteuil. Enfin, la conversation pouvait commencer sereinement, maintenant que tout était fait.

« Ça va, ça va. Les jeunes sont un peu excités, en ce moment, je trouve, mais après, c’est peut-être qu’une vue de l’esprit. Puis la rentrée de cette année a pas tellement aidé, de toutes façons. Enfin, c’est pas bien grave. Comment tu vas, toi ? »

Ce n’était pas tout à fait vrai, et les cernes un peu marqués qu’elle portait sur le visage en attestaient : si elle avait pour habitude de dormir peu , les nuits précédentes avaient, pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, été sources de nombreux cauchemars et, par extension, d’abus de caféine. Mais il ne fallait pas trop y penser, pas trop y réfléchir, ne surtout pas en parler, et ne pas trop peser sur l’ambiance générale de l'après-midi. C'était la période, de toutes manières, qui voulait ça. Elle ne fêtait pas l'anniversaire de son départ, mais chaque année, elle traversait ce moment désagréable en veillant la nuit et en attendant que ça passe.

Et donc, en s’occupant sainement les mains. Versant en pluie une large poignée de mixture florale dans une théière bariolée, elle huma les vapeurs chaudes émanant du récipient, et se composa un sourire un peu faux pour meubler.
.

Aïssatou fronça les sourcils imperceptiblement à l’évocation de la rentrée scolaire, qui avait été pour le moins chaotique. Détraqueurs, membre du ministère et premières années faisaient rarement bon mélange, et elle se demandait encore ce qui avait bien pu se passer, et, d’une façon plus générale, ce que les directeurs Scamander avaient bien pu foutre pour qu’une telle délégation arpente le Poudlard Express avec des airs de propriétaire. Un instant, elle regretta de ne pas avoir fait comme sa collègue, et de ne pas avoir transplané directement à Pré-au-Lard pour aller boire une tasse de thé au lieu de contempler une telle débâcle. Mais Marguerite la rappela sur terre rapidement en s’inquiétant de l’état de son iguane, qui avait apparemment un souci aux écailles. Ce n’était pas Maurice, au moins, qui était malade, si ? Pauvre petite bête. Si les reptiles n’étaient pas suffisamment affectueux pour le goût de la sorcière, elle n’avait pas pu s’empêcher, néanmoins, de s’attacher personnellement à la charmante animalerie de sa collègue , et elle aurait été triste d’apprendre que quelque chose était arrivé à l’un de ses petits pensionnaires.

Avec un sourire qu’elle voulait rassurant, elle regarda son amie.

« Il m’en reste, je te le donne avant que tu parles. J’en referais bientôt, comme ça on ne sera pas a court en cas de besoin. »

Concentrée sur les volutes de thé, Aïssatou entendit à peine la réflexion de Marguerite sur l’automne et sur le thé. Ce n’était pas que la conversation ne l’intéressait pas, loin de là, mais elle venait de repartir ailleurs, dans les méandres de ses pensées, et elle n’aimait pas forcément ce qu’elle y trouvait. Ma chérie, tu réfléchis trop. Mais comment est-ce qu’on éteint un cerveau ?

Meuble ta vie de choses positives, ça chasse le mauvais sort et les mauvaises pensées, lui avait un jour suggéré Fatou alors qu’elle faisait la même tête devant le même mélange de thé. Et si jamais ça ne marche pas, au moins, tu auras pensé à quelque chose de positif, en soi, c’est jamais perdu.  

Le tout, c’était de s’y mettre.

« C’est peut-être les couleurs, qui veulent ça. C’est reposant. »

Sans même réaliser qu’elle était un peu à cote de la plaque, Aïssatou fit tournoyer un second biscuit entre ses doigts avant de planter ses dents dedans. Marguerite avait raison, dans un sens. C’était bien meilleur ainsi. Sa réflexion sur les cours la fit pouffer, vaguement, et lui rendit le sourire. Il fallait qu’elle arrête de faire des pics, comme ça. Un jour, ça finirait par se voir.

« Qu’est-ce que l’avenir du monde magique à bien encore pu faire, ce coup-ci ? Les serres étaient encore debout la dernière fois que je suis venue, j’espère que c’est toujours le cas ? »

Les jeunes avait tout de même une spécialité pour faire un tas de conneries, songea t’elle en visualisant avec émotion le visage du petit Catwright couvert de substance verte puant la mort, ainsi que le nombre de chaudrons qu’elle avait du remplacer dans sa salle. Encore quelque chose qui contribuait à son état de fatigue grandissant, les élèves.

Shh.

Il ne fallait pas y penser.
Elle se brûla la langue avec élan en avalant une gorgée de thé trop chaude, et laissa échapper un vague juron en français en reposant vivement sa tasse.

« Tu feras gaffe, c’est brûlant, je crois que je viens de perdre à tout jamais le sens du goût.  Tu me disais, quelles sont les dernières nouvelles de l’école des champions ?»

Aissatou écouta attentivement l’anecdote de Marguerite, et retient de pouffer au début de l’histoire, pour mieux fondre de rire l’instant d’après. Bon sang, ce que les jeunes pouvaient être cons. Se rouler des pelles en plein milieu d’un cours, c’était quand même formidablement idiot, et les deux jeunes n’en auraient certainement pas fini d’en entendre parler, songea t’elle en essuyant une petite larme d’hilarité.

« Dans quel monde on vit, hein, si au lieu de se concentrer sur les bienfaits du Moly tout le monde se roule des gadins. T’imagines que dans dix ans les mômes ils sont sortis de Poudlard et les gamins sont en roue libre, on va se ramasser un pic de natalité on va rien comprendre à ce qui se passe. »

Elle but un peu de son thé, désormais à la bonne température, et s’amusa de voir Marguerite scandalisée des affronts faits à la noble créature qu’était son bébé baobab. Il y avait des gens qui préféraient la compagnie de la nature à celle des humains (et à plus forte raison, celle des jeunes humains qui s’embrassaient), et Marguerite en faisait partie. Et elle pouvait la comprendre, bien qu’elle ne soit pas du même avis : les plantes offraient une certaine sérénité qu’on ne retrouvait pas chez l’adolescent moyen. Mais Aïssatou aimait justement ce tumulte dont sortaient finalement toujours de bonnes idées et d’incroyables actions. Soucieuse de faire preuve de compassion, elle étendit ses lèvres en un grand sourire.

« Si tu veux, je peux tenter de faire un baume d’amnésie pour bébés baobabs. Evidemment, c’est compliqué à contrôler, mais je mettrais deux trois trucs dedans qui le protègeront des saletés hivernales, si le cœur t’en dit. »

Son sourire ne la quitta pas lorsqu’elle entendit que les jeunes n’avaient pas moufté après l’incident. Evidemment, qu’ils n’avaient rien dit. Quinze points de perdus, et une humiliation en prime…

« Fais gaffe en croisant Andersen dans les couloirs, par contre. Quinze points contre sa maison, il risque de faire la gueule pendant un petit temps. »

Elle réfléchit alors, tasse en main, à quoi lui répondre. Marguerite avait bien vu qu’elle boitait, de toutes façons, et ça lui ferait certainement du bien d’en parler un peu au lieu d’enfouir bêtement tous ses ressentis. Elle la toucha du bout des doigts, et pinça les lèvres C’était douloureux.

« Ca va. Ma jambe me fait de plus en plus mal, en ce moment, mais c’est supportable. Je sais pas si c’est le froid, mais j’espère que je n’aurais pas besoin d’une canne pour tenir l’hiver. Puis les cachots en cette saison, c’est tellement humide, on a pas de lumière naturelle… Je crois que ça joue un peu aussi. Même sur le moral, je veux dire. Je suis pas une taupe, moi… »

Aissatou se retint de sourire a l'évocation du vomi sur baobab, discipline olympique des élèves une fois l'hiver venu. Et Soukup pouvait bien faire tout ce qu'il voulait pour contrer toutes les maladies sorcières et classiques, rien ne pouvait arrêter une bonne épidémie de gastro-entérite des familles lorsque celle-ci se développait. Et quand bien même, elle avait eu elle aussi son lot de vomissements lors de la première potion à base de foie de crocodile qu'elle avait pu proposer: elle en avait d'ailleurs tiré les enseignements qui s'imposaient, et se faisait un devoir de le proposer déjà préparé a ses élèves après le premier cours sur la découpe de celui-ci. Et elle avait surtout doté le laboratoire de potions de bavoirs colorés destinés à protéger les robes et qui, selon elle, amenaient un peu de gaieté sur ses élèves.

La réaction de Marguerite face à Isaac la fit néanmoins beaucoup moins sourire. Si la française était courageuse, sans nul doute, elle avait largement la capacité de rentrer dans le lard d'Andersen et d'attiser l'éternel conflit entre les maisons. Elle ne répondit pas, mais fronça vaguement les sourcils. Elle s'inquiétait certainement pour rien.

Sa jambe douloureuse la relança encore, et elle ferma vaguement les yeux en entendant parler de l'essence de dictame. Ce serait agréable, bien sur, et permettrait de refermer les plaies superficielles avant qu'elles ne se rouvrent d'elles-mêmes quelques jours plus tard. Mais ça ferait du bien.

"C'est sympa, Marguerite, merci. J'en mets souvent, mais ça règle le souci qu'en surface, et ça tient jamais très longtemps. C'est pas comme...pas comme un genre de coupure."

Et jusque là, si l'on avait réussi a diminuer l'ampleur de la catastrophe, mais jamais à l'arrêter totalement. Le fait qu'Aïssatou ne soit pas certaine du sort qu'elle ait reçu, ni même de la composition exacte de la potion qu'elle avait employée , n'avait pas pu aider beaucoup Patrick, Yaroslav, ni même le personnel de Sainte-Mangouste. (Le fait qu'elle ait attendu des semaines pour aller se faire soigner n'ayant pas tellement aidé.)

"Je t'ai jamais montré la tête que ça avait, je crois? Peut-être que t'auras d'autres idées que tout le monde en regardant , tu me diras. Mais attention. C'est...vilain."

Lentement, Aïssatou relèva un pan de sa grande jupe, et elle croisa le regard de Marguerite, en lui adressant une moue désolée. Et lorsqu'elle redescendit avec lenteur sa grande chaussette, elle-même grinça des dents devant l'ampleur des dégats.

Il ne restait plus grand chose d'intact sur cette jambe, qui, si elle en gardait à peu près la forme globale, était striée de la cheville jusqu'au genou de larges cicatrices, d'environ un demi centimètre d'épaisseur, qui se rejoignaient en plusieurs points névralgiques semblables a de gros cratères boursouflés. Si la plupart étaient refermées, certaines d'entre elles commençaient à se rouvrir, laissant apparaître une chair noircie dans un assez mauvais état.

"....Voilà voilà. C'est moins pire que ce à quoi je m'attendais, mais je t'avoue que si il te reste de l'essence de dictame pour refermer celle là, là, je suis preneuse. J'aimerais bien ne pas passer ma vie a quémander à l'infirmerie ce qu'il me faut pour ne pas boiter tout le temps."

Elle lui adressa un regard désolé, et passa la main délicatement sur les ouvertures. Ça ne saignait plus, depuis longtemps. Mais c'était tout de même douloureux.

Aïssatou ferma les yeux, en attendant avec appréhension la réaction de Marguerite devant sa blessure. Soukup n'avait rien dit, en la voyant pour la première fois, mais Patrick n'était pas resté de marbre. A Sainte-Mangouste, les médicomages avaient eux-mêmes fait une drôle de tête, lorsqu'elle avait finalement accepté de s'y rendre. Et cela ne s'était pas fait attendre.

La pitié, toujours. C'était moins pire que ce a quoi elle s'attendait, et elle observa la petite bouteille d'essence de dictame venir dans les mains de sa légitime propriétaire. Et rapidement, les remarques reprirent. Quelle horreur. La sorcière savait que son amie ne pensait pas à mal, mais elle n'aimait pas l'idée même d'avoir une horreur sur la jambe. Alors, elle prit un petit temps, pour réfléchir a ce qu'elle pouvait répondre, sans avouer totalement ce qui avait bien pu se produire, même si elle connaissait bien Marguerite. Elle comprendrait, tout de suite, que cela ne pouvait pas être un simple accident.

"C'est...oh. Il y a quelques années, maintenant. Quelques mois avant d'arriver à Poudlard. J'ai eu un accident, un sort qui a ...entaillé ma jambe, et qui a fait exploser mon sac de potions juste à coté. Il y en avait plus d'une dizaine dans le sac, et tout s'est mélangé, et avec la magie, ça a mal réagi."

C'était déjà beaucoup d'informations à ingérer d'un coup. Lorsque l'essence de dictame se posa contre sa jambe, elle poussa un petit gémissement de douleur, largement ravalé par l'habitude et l'envie de ne pas déranger outre mesure. Les plaies s'étaient refermées, pour le moment, mais ça ne durerait pas.

"Merci, Marguerite. Ca ne tiendra pas plus de quelques jours, malheureusement, mais c'est déjà ça de pris. Les médicomages n'ont pas trouvé d'explication, pour le moment, et ne savent pas exactement ce qui s'est passé. Mais...ça ne se soigne pas, pas pour le moment. Alors on bricole avec des bouts de ficelle, en attendant, tu vois?"

Maigre sourire.

"Mais si jamais des élèves demandent, il faut dire que j'ai affronté un troll a mains nues."

Elle tenta de rire, mais le coeur n'y était pas. Mélancolique, elle regarda son amie, et tenta de reprendre une contenance.
Elle détestait cette jambe.
Elle le détestait lui.