☾ bite my neck and call me angel

Perséphone, Perséphone, princesse des entrailles terriennes, déité des bas-fonds, souveraine des carcasses souterraines. La présence d’une telle entité parmi les mortels ne serait que spéculation de nos chimères ; pourtant, est-il véritablement dément de penser que les enfers nichent parmi les crevasses de nos cervelles, plutôt que de jonchés sous nos semelles ?

L’enfer, c’est la clope de trop lorsqu’on s’est promit d’arrêter ; bout de cancer vissé aux lèvres sans que vos doigts échancrés ne parviennent à la déraciner. L’enfer, c’est le stresse pullulant et infestant le ruisseau de vos pensées ; électrons déroutés véhiculant le mal être aux quatre coins de votre silhouette. L’enfer, c’est tout ce qui persiste à vous dévoiler la vie sous son rideau ébène ; sentiments navrants fleurissant sous votre épiderme tuméfié. Ainsi, l’enfer n’est que conception terriblement humaine, simple mot reflétant les calamités sporadique de nos existences. Et pour Perséphone, l’enfer n’est ni son domaine, ni sa prison. L’enfer, c’est sa bouffe, sa cam, son carburant, Perséphone le consomme, le mache et le crache, en mots fielleux, paroles mesquines et syllabes tranchantes. Perséphone efface frénétiquement les ecchymoses constellant son esprit pour mieux vous les servir, expulsant son mal être sur votre personne sans la moindre vergogne ; better you die than i.

Mais c’est plus qu’une sale personnalité Perséphone, c’est plus que la malice nappant ses prunelles givrées et les risettes insolentes fêlant son faciès ; sa cervelle est une machinerie complexe, muscle en perpétuelle surchauffe et dépouillé de bouton off. Perséphone, c’est une fierté presque puérile pour le carmin serpentant sous sa chair, c’est une loyauté impérissable envers l’emblème familiale, c’est un dévouement sincère envers son patronyme. Pour sa famille, Perséphone se faucherait une jambe comme elle pourrait amputer la votre ; lame à double tranchant des Blackwell, fou de l’échiquier. Car Perséphone scrute votre affliction sans ciller, si cela contribue au bien être de son hémoglobine ; tornade enserrant soigneusement les siens mais ravageant les autres sans la moindre amertume.

Mais il y a aussi cet occultisme imprégant sa personne, ces choses échappant à l’oeil nue, ces fluctuations anormales dans son tempérament que Perséphone éclipse sous un visage figé : un perfectionnisme maladif couplé à une phobie du désordre. Jamais une syllabe de trop ponctuant ses palabres, jamais une tache maculant la soie de ses parures, jamais un plissement dans la cambrure trop raide de sa colonne. Perséphone contrôle son corps et son environnement abusivement ; chaque chose possède sa place, chaque mouvement s’exécute selon un ordre précis. Et lorsque les aléas de la vie perturbe cet agencement méticuleusement élaboré, Perséphone se défigure en un agglomérat de nerfs paniqués, trop perturbée pour seulement raisonner. Rare sont les individus ayant aperçu ce versant maladif de son esprit, inexistant furent ceux ayant divulguer le secret, car la demoiselle à la crinière ébène connait bien des méthodes pour coudre vos lèvres. Et certainement pas les plus douces.

Sweet dreams darling.

facts ✗ met toujours du rouge à lèvres bordeaux •• parfum amalgamant la rose et le tabac •• élève assidue •• tempétueuse •• malicieuse •• atteinte du trouble obsessionnel compulsif •• vérifie au moins 3 fois que sa chambre est bien rangée •• défait les plis de sa jupe tout les quarts d'heures •• fronce perceptiblement les sourcils face aux mauvaises manières •• se transforme en chat pour éviter les gens agaçants •• déteste les bruits trop forts •• se manifeste toujours dans la réflection •• allergique à la niaiserie •• vous juge sans le moindre gêne •• roule des yeux approximativement toute les 5 minutes •• affectionne tout particulièrement les blagues salaces •• resting bitch face

Parcelle d’une même âme, fragment d’un même être, les braillements tonitruants de Perséphone Blackwell s’entrelacèrent aux geignements de son frère lors d’un deuxième décembre gelé ; cacophonie épouvantable vibrant au creux des murs immaculés. Ce crépuscule fatidique s'inscrira péniblement parmi les réminiscences d’Aricie Blackwell ; hématomes violacées agrafant la peau blafarde, nuit damnée tatouant chaque fibre et chaque nerf s’enchevêtrant sous son être. Oui, la génitrice ne ressassait que trop bien l’affliction labourant ses entrailles, les hurlements raclants sa gorge et les respirations tremblantes maugréant entre ses côtes. Mais l’horreur qui sillonnera perpétuellement au creux de sa cervelle, c’était ce déficit de sensation à la plante de ses pieds, cette lacune de douleur au creux de ses jambes ; moment d’effroi où le carmin serpentant sous votre derme congèle, moment où l’on murmure d’un timbre navré que l’accouchement se révéla défectueux.

Madame Blackwell, il est fort possible que vous ne retrouviez jamais l’usage de vos jambes.

En cet instant crucial, son regard lassé crut discerner un faciès convulsant sous l’impulsion d’un rire, une paire de prunelles dardées sur les siennes ; des traits pourtant si sibyllins, si éthérés dans leur raillerie, qu’ils perforèrent son esprit pour ne devenir que cauchemars aujourd’hui. Avait-elle péché ? Dieu serait-il responsable de ce terrible châtiment, se révélant ainsi sous ses yeux embrumés ? Fervente croyante, Aricie en fut longuement convaincu.

E r r e u r.

En observant sa progéniture s’épanouir, ces deux êtres sculptés par sa propre chair, Aricie discerna une nouvelle réponse à sa désolation ; sa punition n’était que le contrecoup de son affront. Affront innocent se modelant sous la forme de deux enfants, frêles bambins qu’Aricie se força à trouver imparfaits, cultivant soigneusement son fiel à leur égard. Tel un peintre ulcéré, Aricie brodait des grimaces fallacieuses sur leurs lippes, greffait une clarté malveillante au creux de leurs pupilles ; imaginant, inventant, concevant, n'importe quelle subtilité la confortant dans ses idées insensées.
Ainsi, Dieu la châtiait pour avoir accouché d’infamies. Ce n’était pas de sa faute, mais bien de la leur.
Et ce ne fut qu’après la révélation de cette réponse, honteuse fabulation de ses songes, qu’Aricie se nicha sereinement parmi les bras de Morphée, après des nuits de constante lucidité.
Sans la moindre amertume.

Poor mommy, where is your faith now that your God has stabbed you in the back ?


Ses lèvres tendrement rosées n’agrippèrent jamais le mamelon de sa génitrice, pas plus que le lait maternelle s’écoula le long de sa gorge dans une caresse velouté. Mais Perséphone se souvient de la tétine mâchouillée par ses canines à peines formées, des multiples mains s’affairant à lui conférer son apparence de poupée ; pommettes rougies par l’émoi, yeux de biches effarés, tresses ébènes chatouillant son épiderme. Si sa mère faisait défaut, son père comblait en gouvernantes pétillantes ; Griselda veillait toujours dans un recoin, Mathilde ne figurait jamais bien loin et Sarah la couvait d’un regard mielleux.

Perséphone n’était jamais seule. Mais jamais véritablement complète aussi.

Après tout, elle n’était que le morcellement d’une même essence, une âme démembrée à la naissance ; seul sa moitié, le calcium à ses os, la chair à ses muscles, la bouffée à ses poumons, parvenait à boucher la crevasse suintante trouant sa poitrine.
Isaiah Graham Blackwell.
I s a.
Expulsé de ses lippes, ce prénom s’apparentait à une prière, oraison élogieuse d’un fanatique zélé. Après tout, Perséphone existe et respire pour son frère. Perséphone enfoncerait ses ongles au creux de sa carotide et sanglerait sa propre gorge en son nom. Mais Perséphone accomplirait le même carnage sur autrui si une oeillade à son encontre s’avérait néfaste ; protégeant son sang avec votre sang.

Car Isaiah et Perséphone c'est, l’envers et contre tout, le brasier et l’essence, la tornade et la tempête, le volcan et la lave ; une fusion explosive, un amalgame parfois malsain.  


Bordeaux nappant les lippes, fumée opaque caressant la gorge, soie de jais drapant les arabesques raffinés ; les rondeurs de l’enfance s’effaçaient sous les traits d’une femme, gommés sous les courbes charnelles d’une Perséphone sensuelle. Aricie savait. Aricie observait. Et Aricie abhorrait.

Incendio.

La plainte qui s’heurta aux murs s’apparentait à un rugissement, le feulement d’une bête blessée. Ses prunelles azurées coulissèrent vers sa main, source de la brutale affliction ; fragrance de chair carbonisée flattant ses narines, épiderme rougie et écorcé par la flamme. Mais ce fut la vision de son hémoglobine ondoyant sur le parquet qui instilla au creux de ses entrailles une fournaise de haine.

Le corps bondit, s’élançant en deux enjambés ; les mains agrippèrent la frêle nuque, enserrant d’une poigne ferme ; les yeux criblèrent sa génitrice, giclant de fiel ; la respiration s’échappa en bourrasques bruyantes, grondant sa peine ; les lèvres se penchèrent aux oreilles, contenant la soif de mordre. Femme domptée devenue bête sauvage.  

Pauvre mère. La vision de ta propre fille t’es t-elle si insupportable ? Tes yeux pures ne peuvent donc observer le fruit de ta propre grossesse ?

Les doigts dégoulinant vinrent caresser sa joue dans une démarche volontairement lente ; souillant la pâleur par le carmin déversé.

Mais laisse moi donc t’inculquer une vérité. Tu n’es pas juste une fautive, Aricie. Tu es la raclure de tous les pécheurs errant sur Terre. Une femme dépouillée de sa qualité naturelle, une mère raté. Et tu te demandes toujours pourquoi les foudres de Dieu s’abattent sur toi ? Pauvre insolente.

Perséphone dut contenir le crachat chatouillant son pallet, s’élevant précipitamment avant d’imploser ; tremblante de rage, de douleur, et quelque part, d’un chagrin incurable. La tristesse d’une fille reniée par sa propre mère.

Ce soir là, une fois isolée dans sa chambre, des larmes silencieuses écorchèrent ses joues.
La première et l’ultime fois où Perséphone s’accordait une gerbe de faiblesse.


Poudlard. Perséphone n’était guère impressionnée par la batisse. Les perspectives sombres du manoir Blackwell la fascinait d’avantage.

Mais le choixpeaux avait prononcé son verdict, scellant son future entre les mains de cette école capricieuse.

Ezekiel 25:17 And I will execute great vengeance upon them with furious rebukes; and they shall know that I am the Lord, when I shall lay my vengeance upon them.