Tel est pris qui croyait prendre - Lucie

Eden grognait tout en zieutant avec attention le moindre bruissement de feuilles.
Malgré les apparences, elle n'était pas en colère à cause de sa situation actuelle mais plus contre elle-même. Après tout, c'était sa faute si elle se retrouvait maintenant à arpenter les parcs et tout les espaces verts du campus...

Un peu plus tôt dans la matinée, l'un de ses cours avait été annulé. Trop heureuse d'avoir un peu de temps libre, la jeune étudiante ne s'était pas interrogé sur le pourquoi ni sur le comment qu'elle avait déjà filé vers des horizons plus amusants. S'étant glissée dans la salle de soins aux créatures magiques, elle s'était joyeusement mise à s'occuper des êtres peuplant l'endroit. Bien sûr, elle ne venait pas là de façon totalement interdite. Elle avait obtenu de Mme O'Sullivan le droit de venir s'occuper des bêtes quand elle le pouvait et ce, à sa plus grande joie. Les pensionnaires de l'endroit changeaient fréquemment et de façon assez aléatoire. De ce qu'elle avait compris, les petits gardés ici ne l'étaient qu'un temps, juste assez pour qu'ils reprennent du poil de la bête avant de repartir sur les terres d'origines.

Depuis quelques jours, la jeune fille s'était prise d'affection pour deux petits botruc, soigneusement choyés et conservés sur un grand arbre à tronc creux qui leur servait momentanément de refuge. Ils avaient été victimes de la perte de leur arbre suite à un orage particulièrement violent qui avait incendié leur forêt d'origine. Découverts bien mal en point par un élève de Poudlard, celui-ci les avait ramené ici dans l'espoir de les soigner. Il avait eut une excellente idée car ce petit couple reprenait des couleurs au fur et à mesure que le temps passait. Assurément, leur temps en ce lieu touchait à sa fin.
Tendant le bras vers les deux êtres de bois et de feuilles, Eden laissa échapper un petit rire amusé en les voyant gambader sans se faire prier sur sa main avant de passer sur ses épaules, pour se perdre dans ses cheveux. L'un d'eux réussit à remonter jusqu'à ses bois et, appréciant visiblement autant la vue que le confort de l'endroit, s'allongea paresseusement sur l'une de ses ramure. Quand à l'autre, beaucoup plus énergique, il glissa de sa robe de sorcière jusqu'au sol, se dirigeant d'un pas mal assuré vers la porte.
La semi-cervitaure le rattrapa aisément, prenant une mine faussement contrariée pour le gronder gentiment. Le petit être, tout penaud, baissa la tête d'un air désolé qui fit fondre le cœur de l'hybride.
Le regardant d'un air joueur, elle lui proposa alors d'aller un peu se balader en dehors de la salle de cours, à condition que lui et son compagnon ne reste sur elle et ne s'éloigne en aucun cas. Frétillant de joie dans la paume de sa main, le botruc fila se réfugier à son tour sur les bois de l'étudiante.  

Au début, tout se passa pour le mieux.
Eden avait vite délaissé les couloirs froids de l'académie au profil des espaces verts des différents parcs. Elle ne doutait pas que cet environnement verdoyant plairait bien plus à ces êtres terrestres que des intérieurs fait de pierre. Et elle eut bien raison. A peine eut-elle posé un orteil sur l'herbe, qu'elle sentit s'agiter dans ses cheveux ses deux compagnons de route. Souriant d'un air amusé en les sentant remuer et courir dans tout les sens, la jeune fille continua sa route tranquillement.
Déambulant entre les arbres et les parterres de fleurs, la brune ne fit pas attention au prédateur qui, intrigué par les remous de sa chevelure, s'était mis en chasse. Restant caché, avançant à pas de velours, le gros chat blanc et noir ne quittait pas de ses yeux jaunes les deux petites brindilles animées gesticulant sur la tête de l'humaine. Il continua à la suivre attentivement avant de la voir s’asseoir sous un arbre. Profitant de l'occasion, le matou contourna de loin le trio et grimpa dans le dit arbre sans que personne ne le vit. Là encore, il observa silencieusement avant de passer à l'action.

D'un geste rapide et sur, le chat dévala le tronc de l'arbre et, prenant appuie sur l'écorce, il sauta sur la tête de la jeune fille, donnant un coup de patte bien sentit à l'un des deux botruc. Si le premier réussit à échapper à la patte griffue en se cachant dans les cheveux de la sorcière, le second fut éjecté dans un buisson en un couinement.
Eden poussa un juron de surprise et de colère. Saisissant le chat, elle l'envoya valser à son tour dans la trajectoire opposé au buisson dans lequel était tombé son protégé. Le chat retomba sur ses pattes d'un geste souple et repartit à l'assaut du buisson. La semi-cervitaure se mis à râler et à pester, se jetant à son tour dans le buisson pour faire déguerpir le chat sans douceur. Finalement, le félin abandonna et fila ventre à terre entre les arbres.
Soupirant en regardant cette engeance démoniaque à poils partir, la sorcière ne perdit pas de temps et se mis à fouiller énergiquement dans le buisson à la recherche du second botruc. La colère laissait petit à petit place à l'angoisse de ne pas retrouver son protégé feuillu et les scénarios catastrophes commencèrent à défiler à une vitesse grand V dans son esprit. Se mordant la lèvre inférieure, elle tenta de faire taire son imagination, se concentrant sur ses recherches.
Ironiquement, malgré la détresse dans laquelle elle se trouvait, si quelqu'un s'était retrouvé à passer près du buisson, il aurait eut droit à un spectacle assez comique. En effet, la jeune fille était totalement cachée par le buisson et les diverses broussailles alentours de telle façon que seuls ses bois dépassaient des feuilles. Deux bois aux multiples ramures qui bougeaient de façon sporadique.