❝ qu’on puisse crier tout bas | Pv. Cassiopée

Les vacances de Pâques ne sont pas encore terminées. Tu avais quitté Felix la veille... Ton petit séjour chez les Gaunt ne t'avait pas laissé un aussi joyeux souvenir que tu l'espérais. Entre intimidations et révélations, c'en était sûrement trop supporté pour cette année. Et les ASPIC qui approchaient à grand pas, et tu ne savais toujours pas si ta demande de retourneur de temps serait acceptées par le ministère, donc tu ne savais toujours pas si tu allais devoir choisir entre les trois licences qui te faisaient de l'oeil.

Mais au diable les études. Au diable les incertitudes.
Posée sur ton lit, observant le plafond comme s'il allait te fournir réponses à tes questions.
Existentielles.

Tu entends la cloche d'entrée retentir et tu te lèves d'un bond. A cette période de l'année, la boutique n'était pas très fréquentée... Et tu attendais quelqu'un.
Une voix s'élève, celle de ton père, pour te prévenir que cette invitée était bel et bien arrivée. Tu sors de ta chambre et tu observes la tête de ton frère qui dépasse de l'encadrement de la porte de sa chambre. Tu souris, un peu gênée.

— « J'ai invité une amie à passer à la maison. »

— « Ah, c'est qui ? »

Tu fronces les sourcils, tu avais appris recemment qu'il avait invité ton amie Aelys à venir au bal. Alors tu revêts le masque de la frimousse de peste et tu balances un sourire au coin des lèvres.

— « C'est pas Aelys. »

Evidemment, Edwyn n'a jamais la réaction escomptée. Sans rien dire et sans aucune expression aucune, il retracte sa tête à l'intérieur de sa chambre et tu entends la porte se fermer.

— « Tu pourrais au moins faire semblant d'en avoir quelque chose à faire ! »

Vexée, tu descends les escaliers pour aller retrouver ton amie.
Et cette amie, c'était Cassiopée Vega.

Une fille que la plupart des gens s'étonnaient de te voir fréquenter. Parce qu'elle n'était pas du genre fréquentable ? Un peu loubarde mais gentille au fond. Et c'était vos deux forts caractères qui vous avaient rapprochés.
Tu arrives dans l'entrée, chevelure au vent et tu l'accueilles de ton plus beau sourire.

— « Hey Cassie ! J'espère que tu n'as pas mis trop de temps pour venir ! Remarque, tu dois pouvoir transplaner désormais non ? »

Toi tu ne le pouvais pas.
Mais étrangement ce n'était pas quelque chose que tu enviais. Et ça te faisait même plutôt peur.

— « On va dans ma chambre ? »

Tu lui fais un clin d'oeil, n'ajoutant rien de plus devant ton père qui souriait naisement en vous regardant. Tu lui intimes donc te suivre, dans l'arrière boutique et lui indique les escaliers étroits et un peu pétés. Elle connaissait déjà le chemin, car elle était déjà venu.

— « Comme tu vois, la déco n'a pas changé. »

Tu tires la langue et une fois dans ta chambre, tu te jettes sur ton lit en arrière. Ta chambre qui était toujours impeccablement rangé était en désordre. Des livres d'un peu toutes les matières étaient empilés au sol, entre des parchemins abandonnés qui jonchaient comme des carcasses oubliées.

Tu te redresses sur les coudes, le visage sincèrement inquiet.

— « Comment tu vas Cassie ? Avec Leo ça se passe toujours aussi bien ? »

Pourquoi on en venait toujours à parler de garçons, dans une chambre de filles? Bordel.

La présence de Cassiopée est rassurante. Elle était plus douce que ce qu'elle laissait paraitre publiquement. Vous vous ressembliez davantage que ce que vous pourriez croire. Des furies, à ce jour indomptées, insoumises devant les autres. Mais si sensibles dans l'ombre.

Elle étire ses lèvres dans un rire cristallin. Sa voix est belle, elle est belle. Tu avais toujours su t'entourer de ses personnes toutes plus magnifiques, comparées à toi. Elles avaient ce charisme qui te manquait tant. une prestance qui donnait l'impression d'arrêter le temps.
Quand on les regardait.

Mais ton sourire admiratif s'éteint au même moment que sa voix.

— « Peut-être que tu te sens ainsi car tu n'as pas mis certaines choses au clair ? Les cours ça va aller, je peux te passer mes notes. Mais tu dis que.. que avec Léo ça ne va pas ? »

Tu te souviens que Léo était son petit ami. Un serpentard à la réputation plutôt obscure Encore plus salies par sa révélation publique. Mais tu ne savais pas si elle voulait vraiment en parler. Tu serais vraiment une mauvaise pote d'oser tenter de lui faire douter du garçon dont elle était amoureuse.

— « Est-ce que c'est... par rapport à ce qu'il aurait supposément dit il y a quelques semaines ? Sur le fait qu'il se.. se prostituait ? »

T'étais putain de gênée Andy. Mal à l'aise face à cette vérité qui dérange.

— « On a pas eu le temps d'en reparler, c'est le moment. »

Mais avant ça elle dévisage ta chambre du regard, avant de se laisser tomber sur le lit. Ses doigts effleurent les tiens. Sa main glisse dans la tienne. Tu ne réponds, pas ferme les yeux laisse quelques secondes couler à la question qu'elle vient de te poser.

— « Je suis vivante, donc tu en conclues donc que le patriarche des Gaunt ne m'a pas réduit en miettes. Tout va bien ! Je suis juste angoissée par les examens. »

Tu fronces les sourcils, inquisitrice.
Préfète en chef, même à la maison.

— « Ne changes pas de sujet ! Je veux savoir ou vous en êtes avec Léo ! »

Tu ne lâches pas sa main et te laisse tomber en arrière, l'entrainant avec toi au passage. Vos deux longues et désordonnées chevelures étalées sur les draps, tu fixais le plafond, serrant sa main encore plus fort dans la sienne.

— « Tu penses qu'on survivra à l'aube ? »

Tu penses qu'on surmontera encore tout ce qui nous attend dans l'ombre ?

Sa douleur tu la ressentais. Comment pouvais tu être insensible face à quelqu'un sous le joug de l'amour ? Saleté d'amour. Ignoble amour. Désireux amour... addictif amour. Comme une cigarette, vous tiriez dessus... vous le consommiez jusqu'à ce qu'il vous consume. Assassin amour. Amour assassin.
Mais c'est pourtant pas vous les catins.

Ton regard se ferme. Les traits sévères, tu fixes le plafond en écoutant ce qu'elle te dit. Tu connaissais Leo, et pourtant jamais tu ne te serais douté de quoi ce que soit. Un cracmol sans histoire. Mais qui enchainaient les histoires d'un soir. Etait-ce nécessaire ou bien le signe d'une souffrance extrème ? Ce que tu savais surtout, c'était qu'il ne l'avait pas dit à Cassiopée. Peut-on vraiment parler d'un couple sain quand il dissimule mensonges et tromperies ?

— « C'est normal que tu sois bouleversée. Cassiopée. Il n'a aucune excuse. Je ne veux pas lui en trouver. S'il veut parcourir les plumards, et en plus contre de l'argent. C'est son problème. Pas le tien. Tu ne mérites pas quelqu'un qui a préféré l'annoncer au reste du monde en premier plutôt qu'à toi. »

Intransigeante mais certains ne méritaient juste pas ta pitié. Tu en avais assez de la donner à tout va. ça t'avait perdu plus d'une foi. Dave... frissons qui parcourt ton corps et tu retiens un haut le coeur. Une plaie silencieuse qui n'avait pas encore cicatrisé.
Cassiopée aborde le sujet des Gaunt et tu retrouves un sourire béat l'espace d'un instant.

— « Il.. Il ne ressemble pas à son père. »

Officiellement, son grand-père donc.
Cassie t'expose vaguement la situation. Elle n'a pas l'air d'en être sûre elle même. Complètement larguée.

— « Vous ne vous parlez plus ? Si tu ne sais pas ce que tu ressens, il va être compliqué de prendre une décision raisonnable. S'est-il seulement excusé ? Est-ce qu'il mérite ton pardon ? »

Peut-être serais-tu prête à le pardonner à ton tour.
Sa voix cristalline cristallise le moment. Elle arrête le temps, des lyrics s'échappent de ses lippes lyriques, et tu fermes les yeux, bercées par le rythme extatique de son coeur et de la musique.

— « Mais l'aube approche. »

Et l'aube est proche.

Tu l'écoutes sans broncher. Y avait-il réellement quelque chose à dire sur le sujet ? Sans être destructrice. Sans être brutale et dénonciatrice. Tu ne veux pas la briser, tu ne veux pas qu'elle se referme dans cette douleur insatiable que tu as pu ressentir toi même. L'année dernière, au début des vacances.
Tu te souviens avoir pleuré, avoir hurlé, dans ce même lit ou vous vous tenez actuellement.

Comme par flashs étranges, te revient inlassablement cette peine aujourd'hui dissipée. Et elle rampe à tes pieds, jusqu'à ta nuque elle remonte à travers Cassiopée.
Tu frissonnes, tu serres sa main et inspire lentement. Tout ira bien avais-tu envie de lui dire.

Mais pendant des secondes qui paraissaient des heures, tu ne rajoutas rien, l'écoutant simplement.

— « On veut entendre qu'il serait prêt à mourir plutôt que de nous trahir de nouveau. »

Tu tournes la tête vers elle, lentement.
Tes yeux se cherchent dans les siens et finalement tu soupires.
C'est alors qu'elle trouve que c'est le moment le plus opportun pour te faire une révélation. Tu te redresses, et au moment même, tes livres s'effondrent de leurs étagères. D'un seul coup dans un vacarme assourdissant. Tu restes sans voix, avant de lui demander comme si tu voulais te rassurer.

— « Est-ce que... c'est toi ? »

Tu serres les poings mais décide de ne pas aller les ramasser. Tu avais l'intime conviction que c'était par ta faute qu'ils étaient tombé. Mais tu préférais te convaincre que c'était elle. Car seule elle avait des pouvoirs magiques.

Mais tu secoues la tête, comme choquée par ce qu'elle venait d te dire, qui venait enfin d'atteindre tes neurones.

— « Sérieusement ? » Tu soupires. « Pourquoi ça ne m'étonnes pas ? Tu as toujours été brillante en potion. Surtout dans celle-ci. »

Tu la toises mais sans méchanceté.

— « Je ne suis pas ta préfète en chef. Ta maison ne dépend pas de moi. Et nous ne sommes pas à Poudlard... Tu es mon amie donc je ne dirais rien. Mais sache que je ne cautionne pas. »

Tu te laisses tomber à nouveau à côté d'elle.

— « Pourquoi ? »

Elle était vulnérable dans sa férocité. C'était un des points ou tu te sentais proche d'elle Andy. Tu te sentais connectée à cette fille via vos forces et vos faiblesses. Dans la douceur de vos douleurs, dans l'agressivité de vos finesses. Et pourtant, quelque chose t'échappait. Un sentiment qu'il ne t'était possible de repousser. Une déception amère dans la trahison d'une confiance aveugle et naïve, ainsi qu'une compréhension que tu t'efforçais de réfréner. Il n'était pas question de pitié mais de droits et de lois. Il n'était pas question de faiblir face à l'adversité.

— « L'amour c'est un sentiment incontrôlable. On ne peut pas claquer des doigts et arrêter d'aimer quelqu'un, même si ça nous brise entièrement. »

Tu marques une pause, relevant légèrement le menton sans lâcher ton regard du sien. Tu voulais qu'elle comprenne.


— « Et on ne peut pas se forcer à aimer quelqu'un. Simple. »

Basique.
Les sentiments amoureux constituaient la source de toute motivation primaire, instinctive.
Pas assez instructive,
à ton goût.

Tu poses une mains sur son épaule.

— « Je ne te juge en aucun cas Cassie, et je comprends qu'on puisse prendre des décisions absurdes dans l'espoir d'un réconfort. » Tu lèves la tête pour fixer le plafond et les poutres.
— « Hm.. Et l'attrait du gain peut être vicieux également. »

Tu finis par sauter du lit pour aller ramasser les livres au sol, les empilant un à un sur ton bureau. Tes tocs compulsifs n'entaillaient en rien tes doutes sur l'évènement qui venait de se produire.

— « Oui, Ned est là mais dans sa chambre. Il n'a aucune raison de faire ça d'ailleurs. Je pense tout simplement que les vis ont lâché ! »

L'explication la plus pourrie mais la plus raisonnable.

Tu la savais coupable.
Déjà parce qu'elle s'était soi même dénoncé... Mais également parce qu'elle portait sur elle le masque de la culpabilité. Que seuls ceux qui ont dérapé arborent... Ils se cachent derrière, dissimulant leurs souffrances. Mais si tu comprenais alors pourquoi elle te l'avait caché, tu ignorais la raisons de ses aveux. Tu continuais de ne pas comprendre pourquoi elle te l'avait finalement dit. Etait-ce pour se confier ? Ou pour chercher le pardon chez une personne qu'elle estimait impartiale ? Mais elle se trompait. Tu avais du mal à être intransigeante, impassible face à tes amis, face aux êtres que tu aimais. Et dans ce cas là, tu avais également du mal à en leur en vouloir par la même occasion.
Même si cela nécessitait une leçon de vie.

— « Au moins tu en es consciente. Que cela n'a rien à voir avec l'amour. »

Ta voix retrouve un peu de chaleur, tu n'arrives même pas à être sèche face à la tristesse que dégage son visage.
Tu t'assois alors sur le lit et pose ta main sur la sienne.

— « Je suis sûre que tout va s'arranger. Cela s'arrange toujours. Et si tu as besoin d'argent cet été tu peux venir travailler à la boutique, je suis sûr que Papa sera d'accord. Tu ne rendras plus des gens malheureux mais au contraire, tu pourras voir des jeunes sorciers resplendir de joie en achetant leur première baguette ! »

Tu lui fais ton plus beau sourire.
Sourire qui disparait d'aussitôt quand elle remet sur le tapis le sujet des étagères.
Tu fuis son regard, mal à l'aise.

— « C'est rien, c'est rien, je t'ai dis. »

Tu savais la réponse, au fond de ton coeur, tu te touches frénétiquement le bras, celui dont tu avais encore des veines noires et ce depuis des mois, même si les médicomages avaient réussi à extraire ce liquide étrange, du moins le plus possible, vous saviez tous, vous les cracmols, au fond de coeur que c'était trop tard. Qu'il avait déjà pénétré vos tissus et changé quelque chose à jamais.

Etait-ce si dur d'affronter cette étrange vérité ? En tout cas, elle gangrène ton coeur. Tu serres les poings, fuyant son regard en lâchant des petits soupires. Comme si elle t'avait prise au piège de sa réthorique.
Elle te parle de sa propre expérience et tu souris ironiquement. Une goutte de sueur perla le long de ta tempe, avant que tu te décides à parler.

— « Je ne veux pas que tu en parles. Encore moins à ma famille. »

Tu fronces les sourcils. Etait-ce pour éviter les complications ? Ou était-ce en réserve du fait que tu te trompais peut-être. Mais tu y croyais, tu le sentais. Et Harry aussi. Et Finn aussi. Nassim et Samuel allaient finir par le réaliser eux aussi.

Tu t'assois à côté d'elle et tu tires la manche de ton gilet. On pouvait encore voir la cicatrice de ta piqure, encore un peu noircies des mois après l'enlèvement.

— « J'ai une théorie. Je pense que Dave voulait devenir un sorcier. Je pense que son père, le premier ministre, a prélevé du sang de sorcier afin de le ... trafiquer ? »
Tu ne t'y connaissais pas énormément en médecine moldue.

— « Les moldus appelent nos gênes, ceux qui sont uniques un A-D-N. »
Et tu prenais bien le soin d'articuler sous peur de dire des bétises. Et aussi pour qu'elle comprenne.

— « Je pense qu'ils ont voulu changer nos gênes, réveiller celui de sorciers que nous, cracmols nous n'avons pas. »

Et c'était là que les choses devenaient, autant intéressantes que perturbantes.

— « J'ai l'impression de pouvoir pratiquer des actes de magie. Aléatoirement. C'est plus qu'une impression. Je le sens, partout en moi, que quelque chose a changé. Que je ne suis plus la même. Mais j'ai peur de cette chose et les recherches médicales n'avancent toujours pas. Ou si elles avancent, on ne nous les communique pas ! ça me rend folle, je n'ai aucun moyen de prouver quoi que ce soit et je ne sais pas si ça peut nous rendre malade... »

Tu avais fini par tout déballer.
Comme un gros secret qui te rongeait.
Comme un virus que tu essaies de ne pas répandre afin de vous protéger.

Elle semble comprendre, pas vraiment surprise. Mais elle te soutenait. Elle te l'avait dit.
C'était dans ce genre de moment, ou ils t'étaient tous si loyaux, que ça te donnait envie d'en pleurer. Tu te sentais enfin aimée, de ceux qui t'étaient chers. Suivies de prêt de par ceux qui te l'avaient juré. Ses mains tout contre tes joues, tu te sens rougir un instant, la fixant d'un air vulnérable.

— « Merci, Cassiopée.»

Tu fermes les yeux, d'un sourire bienveillant, tu recules la tête. Tu pouvais lui faire confiance.

— « C'est arrivé à tout les cracmols enlevés en janvier. Finn Tudor, il est chez serdaigle tu dois le connaitre, Harry mon meilleur ami... Nassim, le beau brun qui traine souvent avec nous à Gryffondor. A Samuel Hassan aussi sûrement mais je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler. Il est vraiment bizarre.. je veux dire encore plus que d'habitude.»

il y avait Sloan aussi, qui avait été enlevé. Mais il avait quitté Poudlard en cours d'année à ton plus grand regret. Pour des jobs humanitaires.
Tu soupires, une main sur ton front comme pour t'empêcher de défaillir.

— « Je le sais bien Cassie, mais je ne veux pas t'amener encore plus de problèmes que tu n'as déjà. Et je ne mérite pas qu'on s'appitoie sur mon sort constamment.»

Tu fronces les sourcils, réfléchissant rapidement avant de revenir au moment présent au moment ou elle te confirme sur sa volonté de travailler cet été.

— « ça serait super ! Et au moins, en te faisant de l'argent avec décence, j'espère que ça te passera l'idée de ce trafic stupide.»

Tu redevenais dure, mais c'était pour son bien.
Et celui de l'école...