tout ça pour de l'eau chaude + shion

les lèvres serrées dans un mystère troublant, s'apprêtant à affronter un terrain hostile, il a les doigts tendus de savoir devoir combattre ; tu es bien une des rares personnes à qui il a tiré les cheveux - au sens littéral du terme -  et qu'il considère littéralement à exterminer de son univers.
existence futile qu'on dit et pourtant omniprésente puisque tu t'inscris dans le patrimoine familial et qu'il ne peut pas t'ignorer dans ses équations de perfection.
pour une fois pan se plie à une terrible frayeur, une qui engendre des tonnerres de terreur dans son coeur et avec qui il ne sait pas jongler - il a toujours su faire de ses craintes des lames mais ne sait pas comment considérer ce tranchant-là.

il n'a jamais maudit la rivalité et les œillades traîtres envoyées par les adultes pour vous comparer puisqu'il a toujours considéré être meilleur ; s'il avait une insolence née déjà jeune, on le décrivait comme brillant et bien aimable quand il le fallait. on ne reprochait jamais grand chose à pan puisque c'était toujours lui qui avait les larmes aux yeux, peu importe toutes les insanités qu'il t'assénait.

joueur, jamais timide face à toi, il méprisait et méprise toujours tes ires sanguines, ne s'en réjouit pas parce qu'il n'apprécie pas cette douleur irréelle et cette manière dont tu peux le frapper si fort, avec une violence brusque que personne ne se permet envers un être aussi précieux ; c'est inconnu et terriblement familier à la fois.
pour une fois il veut s'immiscer tout doucement et agit comme il agit avec les étrangers, avec la douceur de ceux qui ont quelque chose à demander et implorer ; un secret bien gardé dans l'enceinte de l'école.

pan l'impétueux, sucrerie écœurante, indomptables ronces déboule et s'impose dans ton univers, la robe de sorcier toujours sur le dos. il t'observe de son oeil tendre bien que dans son éclat résonne son misérabilisme inadapté, apparenté à un mépris permanent à ton égard.
au-delà de ça, encore plus vibrant, une peine factice, suintante et théâtrale est son arme face à toi ; il transpire un désespoir surjoué et qui le ferait s'écrouler sur le sol si les lits étaient un public et le plancher celui d'une scène. il t'observe de son regard torve dans sa misère et souhaite t'agacer suffisamment pour te faire taire.

oh shion... j'espère que ça va bien !
pan ne prend jamais de tes nouvelles. il n'en a jamais eu rien à faire. il reste non loin de la porte et n'impose pas encore tout son corps près de toi.
alors, tu appréhendes comment noël ?
pan tourne toujours autour de l'essentiel pour avoir le temps de tendre la corde de son arc.

même pas un peu ? même pas dans un recoin de ton coeur ? ne trembles-tu jamais, même intérieurement, à l'idée de retrouver les face-à-faces de l'honneur ? n'appréhendes-tu aucunes des futures remarques, aucuns des futurs regards, aucuns des faux sourires ? toi l'enfant terrible ? pan en est presque triste.
ce qu'il veut - pas grand chose, pan veut justement que tu te taises ou que tu disparaisses ; que tu te portes malade ou disparu pour une nuit ou deux. pour l'épargner de ta présence et de ce que tu sais (ou du moins il imagine ce que tu sais). ce n'est pas grand chose rien du tout mais avec toi la demande semble terrible.
est-ce qu'il appréhende ? oui, beaucoup plus qu'il ne se l'avouerait. il ne sait comment prévoir si la nouvelle éclate, si la famille sait, s'ils comprennent que cet ami qu'il va voir pendant quelques jours est un amant de minuit et de jour à la fois. que l'ombre singulière qui emplit ses songes n'a rien d'attendu pour un garçon comme lui.
c'est terrible que tu laisses deviner ainsi la possibilité de ton savoir sur ce qu'il se trame et il maudit secrètement tes mystères cruels.

ainsi laisse-t-il retomber sa divine comédie et ses grands airs pour se morfondre en une tristesse simplette, à peine habillée pour sortir, drapée de noir dans une nuisette d'intimité ; elle ne veut pas te séduire mais te dévoiler sa sincérité dans son plus fade apparat. vous n'avez jamais été proches et il espère pouvoir te toucher par un éclat moins brillant - peut-être en te donnant lui-même la carte de sa douleur pourras-tu compatir et la garder dans ta manche.
oui te donner ce que tu sais déjà semble bien plus raisonnable plutôt qu'attraper ta colère et la brandir pour te faire lâcher... il ne sait pas où s'arrêteront les dégâts.
oui, c'est vrai.
c'est aussi simple et pan fait mine de ne pas savoir où se mettre mais toi comme lui vous savez ; pan est le plus grand des falsificateurs quand il est question des morfondes.
en fait... je peux entrer hein ?
il ne te laisse pas le temps de répondre qu'il continue son drame en deux actes et s'avance un peu, la mine morne.
j'ai peur que vous pensiez que ce soit vrai, toi et ceres, la rumeur du stupeshit.

et parce que tu te lèves tu lui donnes une raison de se faire tout petit face à toi, tu lui facilites la tâche pour t'agacer ; tu lui donnes la possibilité encore une fois de pleurer ton âme trop dur, et ton corps trop grand, et ta quiétude alors que lui semble si las de toute cette mascarade. de ton indifférence mêlée de colère en te levant tu lui donnes toutes les raisons du monde d'être l'homme le plus malheureux de cette terre puisque pire qu'être sourd, tu entends sans faire mine d'être compréhensif ; tu es une cruauté allégorique qu'il peut maudire bien tranquillement.

il lève deux billes plaintives qui t'implorent toi qui l'as souvent poussé, toi qui l'as fait hurler - d'oublier un instant vos différends puisqu'il en a besoin. pan veut tout sans jamais rien donner puisqu'il n'a jamais possédé de fierté.
bien sûr qu'elle est fausse !
il gémit l'évidence dans un mouvement à la fois craintif et plaintif. son excès est à gerber mais une colère toute nouvelle fleurit dans son désert sentimental, avec la panique créé par ce nouvel oasis nommé amour. il a peur de cette végétation inconnue faite de ronces provoquée par les flots de son affection pour son amoureux.
s'ils le savent ça sera forcément à cause de toi ! ceres me trahirait jamais comme ça.
peut-être car elle a la décence de ne pas être aussi exécrable que son frère et que dans son sang ne coule pas ce poison vénéneux.
si tu en parles ça prouvera encore une fois que tu peux pas exister dans la famille sans répandre ta haine jalouse. si tu me blesses comme ça c'est juste que tu peux pas répondre aux attentes par toi-même... ça a toujours été comme ça ! il faudrait que tu grandisses !
car pan a l'art d'accuser là où il n'y'avait que du silence parce que tu n'avais rien dit, parce que tu n'avais rien fait et que tu n'avais plus existé que d'habitude ; mais cet enfant-là à qui on a accordé trop de caprices n'a pas peur de détruire ; il a toujours ce qu'il veut. le fait que ses yeux soient amarrés par la tristesse lui donne une sincérité culpabilisante dont il a le secret.

elle est là la belle réaction et qui lui permet de dire sans aucun doute que vous êtes au début de cette fin et que vous entrez dans le dernier chapitre de cette histoire ; le coup sonne le démarrage du dernier acte.
il encaisse et se rappelle soudainement de la saveur de la douleur, familière, âcre mais pas aussi désagréable qu'aurait pu être la certitude d'être brisé. il ne se serait peut-être pas relevé de l'humiliation attablée des nouvelles révélations - celle d'être un grand malade il entend.

il préfère, de loin, se recevoir quelques brusqueries tant qu'il n'y'est encore question que de vous deux.

les vaisseaux éclatés de sa joue qui font naître un splendide bouquet de roses sont bien le signe de ton ire que tu ne maîtrises jamais et que tu appliques sur une peau pêchue, comme innocente du moindre vice. le carmin fait apparaître ses vraies teintes de gris presque noir qui se cachent habituellement dans les recoins de sa blancheur crème.
il ne te regarde plus dans les yeux et se laisse malmener comme un enfant pris la main dans le sac.

personne ne lui a dit que tu en parlerais. personne après tout ne représente une union entre vous deux, un lien, car vous avez fait le choix calculé de vivre dans deux univers totalement différents ; vous avez pris cette décision de grandir avec un mur qui s'arrête aux frontières du sang. il disparaît quand vous êtes sur le terrain familial et uniquement là.
il ne répond pas.

tu renchéris en le saisissant, en secouant son existence vile après avoir bafoué ses origines - mais c'est ce qu'il veut ! c'est lui le martyr, ne l'oublie pas. il apparaît soudainement comme un petit frère détestable - alors que vous avez presque le même âge - qui implore au plus expérimenté de porter un poids car les siennes sont trop frêles, et que pan ne sait pas ce que cela fait d'être descendu plus bas que terre. il suppose que toi si dans sa médisance régulière.
ses jambes encaissent ta violence et pourtant il ne bouge pas, il reste là, immobile, le visage toujours bas, et personne ne sait, même lui, s'il mime la honte tapissant son épiderme.

les larmes coulent d'abord doucement puis en flots, il n'a même pas besoin de se faire prier, d'exaucer le vœu qu'elles le fassent parce que son corps s'est tendu que tu l'aies brusqué d'une telle manière. il a de piteux sanglots qu'il peut faire passer pour ce qu'il veut alors qu'ils résultent tout simplement de la douleur soudaine. il peut les laisser s'écouler bien tranquillement.
j'bouge pas tant... tant que tu m'as promis que tu dirais rien...
ses salines disent beaucoup et lui permettent de prétendre un manque de force soudain à parler ; elles sous-entendent qu'il reconnaît ses torts sans jamais le dire.
ce n'est pas le cas mais il est bon qu'on puisse en penser ainsi.
que tu comprennes ce qui t'arrange l'arrange lui - entre temps il a relevé son minois barbouillé. il impose sa tristesse et a déjà entendu une faille dans ta méchanceté-miroir ; maintenant qu'il s'est mis les genoux à terre en laissant retomber son arme tu serais l'antagoniste à l'achever - c'est ainsi qu'il amène son plan de cruauté.

ton mépris l'arrange puisqu'il ne se prend pas le besoin de répondre à ton unique question. silencieux. las. fatigué. pan est bien gris maintenant qu'il a pleuré son panel de couleurs.
c'est toujours comme ça et il n'y'a que quelques âmes qui peuvent prétendre avoir aperçu son creux, la famille et puis selene sûrement, et puis harper, et c'est sûrement déjà bien ; il y'a des moments où il n'a pas besoin d'être beau face au tranchant des lames. il n'y'a pas assez de public pour qu'il s'évertue dans une comédie éternelle qui impliquerait de reprendre contenance ou de continuer à pleurer, de rire ou de sangloter ; il ne ressent pas grand chose de plus qu'un immense soulagement. s'il est tranché et que le sang coule il n'en fera rien, et le regardera juste former une immense flaque d'amarantes. alors tu peux l'insulter le traiter qu'un moins que rien, il ne répondra pas ; son cynisme intime est presque glaçant à côté de ses airs de bon gamin.

il tique tout de même avec sa langue au coup, et fronce les sourcils.
arrête ça fait mal.
il essuie son visage de lambeaux lamentables, misérables et tout cela avec ses manches. il renifle un bon coup et fouille à sa ceinture pour récupérer sa baguette, sans plus vraiment se soucier de toi.
accio mouchoirs.
il chope le paquet qui vient jusqu'à lui, sans se soucier de son propriétaire, range sa baguette, se mouche et s'essuie paisiblement le visage, observant si le vermeil coule - et constate que non. il serait fâcheux de gâcher à ce point un tendre minois.
je me débarbouille un peu et je retourne dans ma chambre.
il n'a pas un cran de reconnaissance et maintenant tu sembles tout à fait invisible, tout à fait apte à être ignoré, puisqu'il n'a même pas hoqueté à ton mépris.
lui aussi se fout de toi si tu te mêles de tes affaires. il ne veut pas revenir totalement détruit à son dortoir - parce qu'il n'apprécie pas plus castiel qu'il t'apprécie toi - et qu'il ne veut pas partager cette grande tristesse avec autrui. si cet échange s'est fait à la limite du secret c'est que pour une fois, il ne veut pas s'exposer au grand jour.