snap out of it // Kenneth et Romeo

Il guette, patient – serpent s'assoiffant à la source des secrets saturniens, que l'on se murmure entre témoins des fantômes.
Il a lu le journal, et sur les visages de pierre, quelques subtiles fêlures en fossettes, de celles qui se coulent en coin de regard avec la langueur tarie des larmes discrètes que l'on ne cisèle pas en public – on dit on dit que Pan de serpentard a l'air tragique ;
Il a entendu les rumeurs et les silences aussi, surtout les silences – ceux que l'on étire en sourires, mine de rien, entre deux soupirs mutins ; ceux que l'on sculpte du bout des lèvres à l'effleurement pierreux des certitudes – on dit on dit aussi – que Kenneth a fini a sainte mangouste pendant les vacances ;

il chasse, patient – les prémisses de son triomphe satyrique.
( il ne se dit rien sur Romeo et son hiver prolongé par les doutes glacials qu'il a fait figer aux cimes effeuillées de sa superbe ; il ne se dit rien de ses sanglots très noirs qu'il a pourtant rageusement portrayé sur les pommettes du prince ; rien sur sa grande haine encore fêlée d'engelures après les premières neiges ; tant mieux, il parlera lui-même).

« Tiens, salut Kenneth ! »

Comme si il ne l'avait pas sagement entendu. Il lui emboîte le pas, traqueur docile, pose ses paumes sur son coude – écorchant subtilement sous sa griffe toutes les fuites possibles.

« Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu tous les deux... Comment tu vas ? Je me suis inquiété pour toi tu sais, il y a plein de rumeurs sur toi, comme quoi tu as dû aller à l'hôpital au nouvel an... J'ai eu peur... Mais c'est vrai que tu n'as pas l'air bien du tout, qu'est-ce qu'il t'arrive ?... »

Il se défile en moues émues, tête penchée sur le côté, œillades lestées d'une inquiétude presque humide aux rivages de ses grimaces, et la bouche toute grande ouverte aux romances bienveillantes – des murmures empressés au fond de la gorge

« ... C'est bizarre, tout le monde semble déprimé depuis la rentrée. C'est la sinistrose, même chez les serpentards... Kingsley, Rhee... tu vois qui c'est, peut-être ? Pan Rhee en neuvième année. Il a l'air tout triste, ça ne lui ressemble pas du tout... A croire que les vacances ont été difficiles pour beaucoup... »

doucement, inexorablement, Romeo resserre ses caresses sur le bras de Kenneth.

« C'est vraiment malheureux comme coïncidence, quand même... J'espère de tout cœur que vous irez mieux très vite, Pan et toi... »

Il scelle son piège – en plongeant très directement son regard dans celui de Kenneth.
Il a tout son temps.