back to you — andy

Réservée Andy. Fatiguée Andy.
La colère est encore forte et le traumatisme encore grand. Declan n'était pas encore revenu à l'école et tu te sentais terriblement coupable. Pourtant, il avait tenté de te tuer non ? Encore un qui s'ajoute à la liste de ceux qui auront au moins essayé. Alors pourquoi tu culpabilises Andy ?

— « Je culpabilise parce que je suis égoiste ! Je veux qu'il soit vivant pour sauver ma peau, et pour qu'il retienne les conséquences de s'attaquer à moi ! »

Ton poing s'était abbatu sur la pierre de l'école. Un instant immobile comme si de rien n'était, tu t'étais courbé en deux pour frotter ta main blessée. Aie aie, ça fait mal ces conneries.
Tu souffles sur tes phalanges irritées et un vent s'engouffre dans les couloirs extérieurs. Tu aperçois au loin une tête blonde allongée dans l'herbe.
Ta mine se ferme car tu connais ce parfum : Cassiopée.

Menton relevé, tu décides de ne pas te démonter. Tu ramasses les livres que tu avais lâché et tu les serres contre toi. La démarche assurée, tu passes derrière elle sans lui adresser un regard. Mais alors qu'elle prononce ton nom, tu t'arrêtes et la surplombes. Tu hésites mais finalement tu cèdes à son charme et t'asseois à côté d'elle.

— « Hey Vega. Comment vas-tu ? »

Tes yeux scrutent les siens mais elle les tient fermés. On a surement des choses à se dire, tu souris et hausses un sourcil éloquent.

— « Sûrement oui. Je t'en prie, commence. »

Tu l'observes, tu détailles les traits de son visage et la pureté de ses yeux, comme pour déceler sa sincérité à son égard. C'était ton arme infaillible pour la détecter : t'ouvrir à ton tour sans te dissimuler.
Mais Cassiopée Vega, malgré toute l'affection que tu lui portais, t'avais déçu à un moment ou tu aurais eu le plus besoin de ton soutien. Tu avais pardonné au début, posant ça sur le compte de la peur, et de l'autoprotection, mais vous vous étiez éloigné depuis. Et tu regrettais.

Alors qu'elle s'excuse, tu poses ta main sur la sienne, un sourire rassurant au visage.

— « Faute avouée, totalement pardonnée. Je m'excuse également. »

Tu n'étais pas legilimens, réussir à capter les vrais raisons de sa discorde relevait d'un miracle que tu n'avais pas pris le temps d'essayer d'accomplir.
Assise dans l'herbe encore fraiche du mois de mars, tu lèves les yeux vers elle alors qu'elle te raconte un peu ses dernières aventures. Elle a rencontré quelqu'un... Tu comprends mieux désormais pourquoi son esprit était aussi reposé. Tu penses fort qu'elle le mérite, elle qui désirait si cher partager quelque chose avec un garçon bien.

Tu continues de sourire avec bienveillance, serrant tes doigts autour des siens.

— « Comment s'appelle t-il ? » Avant de capter trop tard qu'elle avait lu dans tes pensées. « Attends- quoi ? Tu es devenu legilimens ? »

Impressionnée, presque inquiète, tu la détailles sans désormais plus savoir quoi penser. Et tu ne réponds même pas à sa question. Elle était heureuse, hors de question de casser l'ambiance avec tes escapades foireuses et tes prises de tête avec tous le monde.

Un sourire doux vient écarter tes lèvres. Cassiopée semblait vraiment en harmonie avec elle même, comme si elle avait trouvé la paix intérieur qui apaisait tout ses maux.
Et au final, tu n'étais pas envieuse non, tu étais sincèrement heureuse pour elle même. Vous vous étiez enfin retrouvé pour parler potins comme à votre habitude. Il fallait dire que ça t'avait manqué.

Tu écarquilles les yeux à l'énonciation de l'élu de son coeur. Tes pieds s'enfoncent un peu plus dans le sol et tu réprimes un rire.

— « Lui... hahaha ! Décidément pourquoi ça ne m'étonne pas ! » Tu te tiens le ventre alors que ton rire se propage telle une symphonie cristalline. Du bout des doigts, tu t'essuies les larmes de joie qui picotaient tes yeux. « Il y a quand même une correlation entre tout tes crushs. Blond, cracmol, mystérieux. »

Tu lui donnes un petit coup sur l'épaule pour l'embêter, un rictus significatif aux lèvres.

— « Tant mieux pour toi. J'espère que ça va durer du coup. »

Et son sourire s'efface alors qu'elle te demande des nouvelles. Tu n'as pas envie de parler, pas de ça. Ni de raconter tes malheurs. Tu souffles du nez, le coude sur ta cuisse, tu te tenais la tête, gagnant du temps en pensant à ce que tu pourrais raconter.

— « Des trucs cools, des trucs moins cools. Tu sais quoi... Tu n'as qu'à regarder par toi-même. »

Et alors tu fermes les yeux, lui montrant des flashs de ce que tu pouvais te souvenir. Le regard de Samuel te toisant, et disparaissant dans une ruelle de Londres. Les mains de Declan serrant ton cou, et son visage mortifié par le sang et la douleur. Tes mains brisant sa baguette. La bague que t'avait construit Ned que tu caresses du bout du pouce. Les bras d'Ezra. La réunion des renards. Felix te faisant face, te jugeant comme il ne l'avait jamais fait. Sa colère.

Tu vois dans ses yeux que la lueur de bonheur s'éteint doucement. Tu baisses le visage, presque honteuse d'avoir osé brisé sa si belle mélancolie. Elle s'excuse presque et tu voudrais lui hurler qu'elle n'y est pour rien. Mais c'était déjà trop tard, aucun son ne s'échappait d'entre tes lèvres.

Elle t'enlace et tu fais de même. Ses bras sont réconfortants, ils t'ont manqué. Comme sa présence à tes côtés, tu peux te l'avouer désormais. Ta seule crainte en cet instant était d'imaginer une vie sans son sourire.

— « Ne t'en fais pas. Ce n'est rien. Je te l'avais demandé. »

C'était plus facile qu'elle voit par elle même car tu n'aurais pas su trouver la force d'en parler toi même, de l'exprimer avec des mots. Les images sont plus honnêtes, et elles ne peuvent pas fuir. Tout comme toi, d'ailleurs.

Cassiopée te parle de sa legilimencie, et de ce fameux lien d'empathie qui peut lier deux personnes. Tu as longtemps cru être liée à Fenry d'une manière ou d'une autre, mais désormais tu n'en es plus trop sûre. Tu n'oses plus l'appeler, quand elle est loin de toi.

— « Tu.. Je ne savais pas que tu pouvais choisir la personne que tu veux marquer. »

Tu rougies un peu, gênée par cette proposition.

— « Je ne veux pas être un poids pour toi Cassi. Et je ne veux pas... abuser en t'appelant trop souvent. J'ai déjà vécu ce genre de pacte empathique. J'avais plus l'impression d'être intrusive. Je veux que tu sois heureuse moi, avec Haemon par exemple. »

Cassiopée t'ouvrait son coeur. Peut-être qu'à ce moment là, t'as pris un peu peur. Car ce n'était pas son genre. Elle te rappelait tout ce dont tu craignais : le temps et son effet sur les gens. La mort et ce qu'elle pouvait provoquer chez certains.
Ta main se pose sur la sienne à mesure qu'elle déballe son sac. Tu rougis un peu Andy, tu pensais pas être aussi importante pour elle. En un instant, elle avait balayé toute la pseudo rancune que tu pouvais lui porter.
Cassiopée méritait vraiment d'être heureuse, et cette insécurité qu'elle avait sur elle même la rendait parfois à coté de la plaque. Parce que comme toi, elle avait peur d'être au centre de cette plaque.

— « Cassi. Je serais toujours là tant que tu auras besoin de moi. Je... Je ne pensais pas que tu me considérais de cette manière. »

Tu détournes le regard, repliant tes jambes vers ton ventre. Dans ton délire d'ambition, tu perdais de vue l'objectif principal : prendre soin de tes amis. Ceux qui comptent vraiment à tes yeux, et qui s'efforcent de te le faire comprendre.

Elle te parle de camp et tu comprends tout de suite qu'elle parle des Renards. Si elle n'était pas prête à s'engager, qui étais-tu pour lui en vouloir ?
Certains n'étaient pas fait pour ça. Se battre est un fardeau. Et elle porte déjà celui du don qu'elle a choisi d'apprendre.

— « J'ai compris. Ce que tu as besoin au fond de toi, c'est d'être aimée, d'être reconnu à la juste valeur que tu es. Qui que tu choisis d'être dans le futur, tu resteras mon amie. Et tu resteras précieuse. »

C'était peut-être le moment de la prendre dans tes bras, tu ne sais pas. Vous aviez l'air de de deux crushs qui n'osent pas se serrer l'une contre l'autre. Finalement, tu fais le pas et l'enlace contre toi, ton visage enfouis dans ses cheveux blonds.

— « Si tu veux établir le lien avec moi, c'est d'accord. »