❝ i said "bye" like a fly to a spider | Pv. Uriel

Quel jour étiez-vous déjà ? La troisième semaine de juillet, ton père, ta mère et ta soeur étiez parti sur l'île de Krymméno pour passer quelques jours de vacances en famille. Vous partiez tous les ans à la même période, car ton père partait souvent en aout avec sa maison d'édition, et ta mère travaillait même en été.
C'était donc votre petit moment de pause, même si vous ne vous parliez pas beaucoup.

Ce que tu aimais le plus sur cette île, c'était son calme. Elle avait beau être touristique, elle l'était beaucoup moins en juillet qu'en août, et le soir tous le monde se rendait aux activités du centre de la ville. La plage demeurait idyllique et silencieuse, pour les quelques élus qui voulaient se baigner au clair de lune, observer les coraux étincelles et les sirènes vous faire coucou au loin sur leurs rochers.

Tu y allais généralement avec ton père, qui trouvait l'inspiration pour ses livres, pendant que ta mère et ta soeur allaient au karaoke. Et finalement quand il fut parti se coucher, tu étais restée allongée à la belle étoile, écoutant de la musique sur ton pineapple.
Jordan et Jay te manquaient. Renard aussi, tu te demandais depuis fin juin ce qu'il pouvait bien faire en prison pour s'occuper. Cela hantait tes rêves, si bien que tu ne voulais plus t'endormir. Et à raison.

Alors que tu manques de passer de l'autre côté, bercée par le chant incessant des vagues s'échouant sur le sable, tu finis par t'enrouler dans ta serviette de plage et remonter le petit talus fleuris dans les dunes qui s'élevaient pour séparer la mer du reste de la ville. Tes pieds s'enfonçant dans le sable encore chaud, tu finis par apercevoir une silhouette dans l'obscurité, qui surgit au dernier moment devant toi.

— « Ah, Ah ! Désolée ! »

Tu lui avais marché sur le pied quand même.
Ton menton se redresse, wah il était grand quand même.
Et ton sourire disparait d'un coup, tes yeux se figent sur ce visage qui faisait aussi parti de tes cauchemars. Uriel...

— « .. Borgia ?! »

Tu détournes automatiquement les yeux pour regarder ailleurs, ressemant machinalement la serviette autour de toi et trépignant sur place. Allez, bouge, bouge maintenant !
Tu le contournes avec vivacité sans même lui dire quoi que ce soit, tu risquerais de l'insulter.

Il se tenait devant toi. Serein. Tout allait bien surement dans sa vie à lui. Alors que la tienne se trouvait sûrement être un vrai chaos. Tu ne savais pas s'il avait fait du mal à Renard et pourquoi celui-ci t'avait demandé de te méfier de lui mais... tu prendrais en compte ses mises en garde.
Uriel tapote son livre, et alors que tu comptais le dépasser, il te questionne. Comment ne comprenait-il pas que tu ne voulais pas lui parler ? Ses mensonges, tu y étais cette fois préparée.

— « Il.. n'y a.. aucune agitation. »

Tu te tournes vers lui, cheveux au vent, du sable collé sur tes joues creusées. Tu ne voulais pas non plus te le mettre à dos, c'était étrange comme ressentiment. Celui de la vengeance mêlé à de la lâcheté.
Non, il ne devait pas comprendre que tu savais.

— « Je ne pensais pas tomber sur toi à l'autre bout du monde. J'étais juste polie. »

Polie mais surtout distante. Comme s'il était plein de maladie, tu te résolvais à ne pas l'approcher. Ton coeur battait fort, tu ne savais pas mentir, contrairement à lui. Mais du moins, cette fois, tu essaierais.

Cet homme était un bon acteur. Car de toutes tes forces, même en sachant pertinemment qu'il était sûrement l'une des pires personnes de cette école, il arrivait à t'arracher de la sympathie. Comment pouvait-il calculer autant toute sa gestuelle, ses mimiques, la tonalité de sa voix ? Tu te trouvais être une piètre actrice à côté, malgré le rôle pour la série Netflix que tu avais décroché début juillet. Tu ne l'avais dit à personne, pas même à tes meilleures amis. C'était la seule chose qui te rendait heureuse et tu voulais le partager à personne, tu t'y raccrochais comme un rêve qui te paraissait si loin.

— « Excuse-moi, je ne voulais pas te donner cette impression. »

Tu retrouves le sourire instantanément. Tu t'entrainerais sur lui, ce n'est pas grave. Le but était qu'il ne se rende compte de rien. Tu essaierais de glaner quelques informations pertinentes, et tu rentrerais à l'hôtel sans encombre.
Même si vous étiez perdu au milieu de nul part, The Crow n'allait pas débarquer pour te tuer ou quoi que ce soit. C'était tranquille, et la balle était dans ton camp.

— « Oh... Oui c'était affreux. Je ne veux pas en parler, si ça te dérange pas. Ça m'a beaucoup affecté et j'ai encore du mal à le supporter. »

C'était vrai, en soit. Tu avais au fond eu l'impression que Renard avait voulu te punir, en se sacrifiant. Tu lui avais demandé d'être heureuse, mais sans lui il n'en était pas question.
Pour l'honorer ((l'idée même qu'il se trouve actuellement à Azkaban te dégoutait)), tu écouterais ce qu'il t'avait demandé avant de partir.

— « Et toi alors ? Tu n'as pas de plans pour cet été ? Des personnes à aller voir ou je ne sais pas ? »