" Les plus braves sont ceux qui se taisent et transplanent une fois la bataille terminé "
Ce qu'Edward déteste par-dessus tout, ce sont les menteurs. Il croit sincèrement au pouvoir de la vérité et du travail bien fait. Il est assez exigeant avec lui-même, sans doute parce que l'on attend beaucoup de lui. C'est une personne sérieuse, qui aime apprendre. Toutes ses connaissances sont tant de petits secrets qu'il ne garde que pour lui, ne voulant les partager qu'avec ceux qu'il juge digne. Malheureusement, la timidité du jeune garçon l'empêche de se faire de nouveaux amis. Dans la salle de classe, c'est l'élève que l'on ne remarque pas. Toujours les yeux baissés, toujours à gribouiller sur ses carnets. On apprécie pourtant sa compagnie, car même s'il parle peu, Edward offre toujours une oreille attentive. Il n'aime pas influencer ou forcer quelqu'un à faire quoique ce soit, préférant n'être qu'une silhouette silencieuse. Son temps libre, il préfère le passer à dessiner ou à dévorer des bouquins. Certains de ses camarades affirment ne pas avoir entendu sa voix avant la troisième année. Edward passerait inaperçu s'il n'y avait pas toutes ces rumeurs. Des mensonges qui le rendent plus fort, plus brave qu'il ne l'est. Au lieu de se laisser porter par l'étrange admiration qu'on lui porte, cela lui a fait perdre confiance en lui, ainsi que lui donner une certaine méfiance vis à vis des autres. Edward a toujours peur que des élèves veulent être ami avec lui seulement pour sa réputation, et non pour ce qu'il est vraiment. La déception est une chose qui le terrifie, ce qui le pousse à se trouver des personnes de confiance, sur qui il peut compter. Si vous êtes un de ces proches, il ne vous lâchera jamais et sera prêt à se sacrifier pour votre bonheur.
Très vite découlent les envies, les désirs d'avoir toujours plus. Tout petit déjà, on ne dit que je veux ci, je veux ça. Mais le petit Edward ne voulait qu'une chose : que ses parents viennent le border le soir. C'était petit pour un rêve, vraiment tout simple. Mais peu importe le temps qu'il attendait le soir, jamais il ne croisait ces silhouettes chères. On lui avait répété, jusqu'à ce qu'il le sache par coeur, que ses parents étaient très occupés, que pour de grands sorciers, il y avait toujours à faire. On lui rappelait sans cesse la chance qu'il avait d'être née dans une grande famille. Qu'il avait tout pour lui. C'est vrai, Edward avait tous les jouets à la mode, ceux qu'il voyait bouger sur les prospectus des magasins. Sa bibliothèque était pleine à craquer, mais il avait déjà tout lu. Tout lui était si familier dans cette grande maison vide, où ne circulait presque que des adultes. Il aurait aimé courir dehors, s'amuser avec les gens de son âge. Mais son quartier, bien qu'aisé, était entouré de moldus, ces personnes qu'il devait éviter de fréquenter. Edward n'avait jamais compris pourquoi. Sa tante disait qu'ils apportaient le mauvaise oeil.
Tatie Prudence n'était pas une personne à qui Edward pouvait confier ses secrets. C'était sa préceptrice, certes, mais le jeune garçon était persuadé qu'elle ne lui apprenait que ce qui l'arrangeait. Du plus loin qu'il s'en souvienne, c'était elle qui s'était occupée de lui. Il trouvait cela un peu bizarre, qu'il doive travailler autant alors que Poudlard l'attendait dans seulement deux années. Le jeune garçon savait qu'il n'avait guère le choix, il devait se montrer digne de son rang. Les attentes que sa tante avait posées très tôt sur ses épaules l'embêtaient énormément. Il adorait apprendre, mais ne voyait pas sa connaissance comme une arme ou une preuve de supériorité. Il aimait juste se réfugier dans les livres et espérer, un jour, pouvoir partager tout ce savoir avec quelqu'un.
Ce jour arriva bien plus vite qu'il ne l'aurait cru. Désespérée par les piètres qualités magiques de son neveu, sa tante décida de lui accorder un peu plus de temps libre. Edward n'était pas sûr de la véritable raison, une histoire étrange comme quoi il ne s'aérait pas assez la tête. Il promit de rester devant la maison et de rentrer avant la nuit. Le jeune garçon n'aurait pas rêvé mieux, pouvant enfin agir par lui-même. Dès le début, il ne comptait pas vraiment respecter les règles. Il pouvait enfin se balader, parcourir les rues remplies de monde. C'était un flot continu de bruits, d'odeurs et de visages. Cela lui faisait un peu peur de marcher seul. Cela ne l'empêcha pas d'errer un peu au hasard, dans les rues qu'il connaissait pour les avoir traversé en voiture ou à pied avec sa tante. C'est ainsi qu'il se retrouva les yeux brillants devant les étals des bouquinistes.
Mais contrairement aux contes de Beedle le Barde ou aux énormes encyclopédies qu'il avait longuement parcouru, toutes ces pages contenaient des histoires qu'il ne connaissait pas. De ses doigts, il effleura les tranches, se perdant entre les titres et les illustrations étrangement statiques. Il se laissa bercer par cette odeur de papier qui avait bien vécu, ouvrant et lisant quelques pages, pour s'imprégner de ses histoires qui lui tendait les bras.
"Ah ah, on dirait que tu n'as jamais vu de livres toi ! T'inquiètes, ils ne vont pas s'envoler."
Un garçon souriant, qui semblait avoir son âge, le regardait avec intérêt, assis de l'autre côté de la table improvisée. Doutant qu'il s'adresse véritablement à lui, Edward continua à explorer les tas de bouquins amassés devant lui.
"Je suis sûr que tes parents t'ont offert une liseuse depuis longtemps et que tu n'as jamais tenu un livre dans tes mains ! Eh oh, je te parle !"
Edward esquissa un sourire forcé, mais n'arriva pas à sortir un mot. Il était comme crispé, son coeur battait la chamade. Il avait peur que l'autre garçon le juge. Et puis, c'était un moldu. Non pas que ça le dérange, mais il ne savait pas vraiment quoi lui dire. Pour autant, l'apprenti bouquiniste ne se laissa pas démonter, et prit les choses en main.
"T'es pas obligé de me parler, c'est pas grave. Je te laisse tranquille. J'ai l'impression que tu aimes les livres d'aventure, vu ce que tu regardais. J'ai peut-être quelque chose de sympa pour toi, pour commencer. Ya eu un film dessus."
Et Edward se retrouvera la bouche ouverte, les yeux écarquillés, avec, entre les mains, un livre abimé où l'on arrivait à peine à distinguer le titre. Il déchiffrait aisément le mot arche, ce qui semblait prometteur. Avant qu'il ait eu le temps de répliquer, le garçon aux cheveux sombres et aux yeux bleus était parti conseiller quelqu'un d'autre. Il aurait voulu payer, mais le petit malicieux lui fit comprendre que c'était un cadeau qu'il ne pouvait refuser.
S'enchaînèrent les mots, lus à la hâte avant de se coucher. Les discussions aussi, quand le jeune sorcier se sentait suffisamment à l'aise. Tant d'histoires de trésors maudits qui ne duraient guère longtemps entre les mains du petit Edward. Ryan, ainsi s'appelait le petit-fils du bouquiniste, lui prêtait en douce tout ce qui pouvait l'intéresser. Le seul ouvrage qu'il avait gardé, c'était le premier livre que Ryan lui avait offert. Il le relisait très souvent. Des croquis d'aventuriers et de statues dorées trainaient un peu partout, et il en offrait souvent au petit bouquiniste.
Cet intérêt soudain pour les histoires d'explorateurs s'accompagna d'une nouvelle passion, plus magique cette fois : celle des runes. Sans vraiment s'en rendre compte, il s'absorba totalement dans cette écriture et son histoire. Edward était fasciné par leurs pouvoirs, ainsi que par leurs utilisations. Il commença à faire des rêves où il déchiffrait des écritures anciennes menant à des trésors, où il portait un lasso et un chapeau pointu.
S'il se passionnait pour les histoires moldus, il y avait toujours une histoire qui marchait à tous les coups. Sa mère, quand il était plus jeune, lui racontait presque tous les soirs. Quand ce n'est que son absence qui prit place à côté du petit sorcier, il prit l'habitude de se lire à voix haute le conte, comme une sorte de prière.
Il était un sorcier blanc, qui était grand et bon. Partout, on pouvait entendre son nom, ses grands exploits. On l'a vu déplacer des montagnes, vaincre des dragons. Mais personne ne le connaissait vraiment. Des enfants essayèrent bien de retirer son grand chapeau, pour pouvoir lui sourire. Mais dès que ses affaires étaient réglées, le sorcier disparaissait comme il était venu. Ne restait de son passage qu'un épais brouillard blanc, aux vertus inconnues. On racontait tant de choses à son sujet, mais on ne savait plus lesquelles étaient vrais. Certains, des envieux, racontaient que ce n'était que des bobards, qu'un artefact ou une vilenie était à l’œuvre. On accusa le sorcier de posséder la baguette de Sureau ou de créer des illusions. Mais jamais on ne put prouver quoi que ce soit, et le sorcier blanc continua à apparaître pour ceux qui en avaient besoin. Si un jour vous le croisez, il vous dira sans doute que ce n'est pas puissance et force qu'il apporte aux démunis, mais bel et bien de l'espoir.Le temps passa lentement, entre ses retrouvailles secrètes avec son meilleur ami et ses études acharnées. Quand le jour du départ à Poudlard sonna, le coeur du petit Edward se serra. Il n'approuvait toujours pas les projets que les autres avaient pour lui, mais il s'y était fait. La veille de son départ, sa tante lui fit la surprise de l'emmener à une exposition sur les runes. Il remercia celle qui l'avait élevé en lui faisant un timide bisou sur la joue. Ils étaient rarement d'accord sur tout, mais Edward savait que sa tante ne voulait que son bien. Quant à ses adieux à son Ryan, il n'y eut pas beaucoup de mots. Il est superflu de parler quand tout a été dit. Le petit sorcier ne s'ouvrait que rarement aux autres, et même si son meilleur ami était une exception, se fut bref. Ils s'étreignirent avec force, se murmurèrent des belles choses qui ne regardent qu'eux.
C'est avec un petit serrement au coeur qu'Edward se laissa porter par le courant, entassés avec plusieurs élèves au gré du courant. Ils étaient si petits dans leur embarcation, face à ce fameux château, celui pour lequel on l'avait tant préparé. Même s'il l'avait déjà vu en photo, rien ne pouvait être comparable à ce moment. Edward profita du paysage qui s'offrait à lui en silence. Même s'il espérait se faire des amis, il savait très bien pourquoi il était là : pour étudier. Tout ce monde autour de lui, le bruit de leurs pas, de leurs conversations, cela l'étourdissait quelque peu. Il redoutait le moment tant attendu où il serait au centre de l'attention.
"Gryffondor !"
C'est avec soulagement qu'Edward rejoignit, avec un certain empressement, sa maison. Il n'y avait pas vraiment réfléchi, vu que sa famille était réputée pour engendrer des Gryffondors ou des Poufsouffles. Avec cette cérémonie importante, commençait sa scolarité à Poudlard. Sa première année fut tranquille, jusqu'à ce fameux premier jour d'avril.
"Ed ?"
La robe était faite de soie et de satin, elle semblait coûteuse. Elle était ornée de roses en tissu. Comme la robe, les chaussures étaient à sa taille."Eddie ? Ed le grand ? Hé l'intello !"
Si Marion ne trouvait pas confortable de traverser le désert en haut talons...Le livre que le jeune sorcier était en train de lire fut sans prévenir arraché de ses mains, sous les gloussements de ses camarades.
"Tu l'as déjà lu dix mille fois ce livre, tu n'en as pas marre ? Viens avec nous, en plus c'est à ton tour de relever un défi !"
Soupirant à l'évocation du système de pari stupide de ses "amis", il alla les rejoindre. Il avait toujours espéré que son tour ne viendrait jamais. Edward s'était laissé entraîner dans leur petit groupe, sans vraiment savoir pourquoi. Ils n'avaient pas les mêmes centres d'intérêt. Ses camarades passaient leurs soirées sur le magic web, à répandre des rumeurs et à jouer à je ne sais quoi. Il préférait avoir un bon vieux livre entre les mains. L'avantage de leur association était que pour une raison étrange, les trois autres lurons n'acceptaient pas que quelqu'un l'humilie. Timide comme il était, il ne pouvait dire non à une vie tranquille. Il allait le regretter plus tard.
Son défi en comportait en réalité deux :
- trouver le mot de passe d'un tableau du deuxième étage, qui était censé, selon les rumeurs, mener à un passage secret gardé par un monstre.
- voler un cheveu à une fille dont il avait vaguement entendu parler. Une certaine Charlie Rosenbach, la serdaigle la plus inquiétante de Poudlard. On racontait tant de choses sur elle, la demie-vampire, celle qui pouvait tuer en un regard. Edward ne préférait pas savoir quelle sorte de sort ou de potion ses amis avait en tête une fois le cheveu récolté.
Tout cela était très loin de le rassurer. Mais pour que ces imbéciles le laissent tranquilles et lui rendent son précieux livre, il n'avait pas le choix. Il se débrouillerait pour qu'il n'arrive rien de spécial à celle qu'il était censé affronter. Il détestait par-dessus tous l'humiliation et les moqueries.
Le tableau ? Il essaya un peu tous les mots qui lui passèrent par la tête face à ce portrait relevant de l'art contemporain. En tournant un peu la tête, il eut l'impression que le tableau représentait un hipogriffe, de manière cubique et bancal. Par chance, Hippogriffe tordu se révéla être le bon mot de passe. Derrière, aucune créature ne l'attendait. Il comprit que des élèves se réfugiaient là autrefois pour éviter le couvre-feu ou pour faire tout autre activité proscrite. Par terre, il trouva un mélange de bric-à-brac, dont quelques crochets de serpent. Sans doute prévu pour faire une potion de l'Oeil Vif, très apprécié des noctambules.
Le sorcier timide, les mains salis par le dépotoir caché, se contenta de poser sur la table ses trouvailles sans un mot. Ces camarades commencèrent à imaginer mille histoires, comme un serpent à trois têtes, mais ne pouvaient véritablement y croire. Même si Edward avait réussi à entrer derrière le tableau, jamais il ne pourrait s'approcher à moins de 50 mètres de Charlie la demie-vampire.
Edward devait passer à la bibliothèque de toute urgence, ayant des livres en retard. Évitant de courir dans les couloirs, il marchait tout de même d'un pas pressé. Avant qu'il ne s'en rende compte, il percuta une autre élève. Baissant les yeux pour ramasser les livres éparpillés sur le sol, il bredouilla des excuses. Quand il releva la tête, il la reconnut. Charlie Ravenbach l'observait, un certain agacement sur son visage. Le temps s'était comme arrêté. Tout le monde les observait, attendant avidement la suite. Ne disant rien, la jeune fille au regard inquiétant indiqua les toilettes un peu plus loin. Edward la suivit, sentant que son heure était venue. Les spectateurs aussi étaient persuadés que le pauvre allait disparaître mystérieusement, ou même pire, servir de garde-manger.
Personne ne sut jamais ce qu'ils se dirent ce jour-là, mais ils leur semblèrent discerner des cris. Au bout d'un très long moment, la jeune fille au teint blafard sortit, les larmes aux yeux. Un peu plus tard, un sorcier trempé, avec un cheveu serré dans son poing, sortit timidement de sa cachette. Une légende était née. Pourtant, entre nous, la réalité n'était pas aussi héroïque. Edward avait juste timidement expliqué la situation à Charlie, qui avait trouvé cela très amusant. Ils avaient commencé à discuter, et elle l'avait convaincu de la laisser gérer ça. Sans prévenir, elle avait aspergé le sorcier d'eau, et il cria de surprise en riant à la fois. Quand la sorcière sortie des toilettes, c'était des larmes de rire qui perlaient sur sa joue. Pour le cheveu, ce n'en était pas vraiment un. Juste un poil du vieux Lestat, le chat de Charlie...
A chaque année ses peurs, à chaque année ses rumeurs... Après cet incident, Edward devint la mascotte de Gryffondor, celui pour qui rien n'était impossible. Quand il fallu lui trouver un surnom, certains élèves trouvèrent logique de le surnommer le Sorcier Blanc, pour la couleur de ses cheveux autant que pour le conte.
"Le sorcier blanc s'est encore battu en duel avec Charlie Rosenbach, dans la forêt interdite ! Il a croisé un loup garou et a survécu ! Si on ne voit plus les créatures du lac, c'est parce qu'elles ont trop peur de se montrer devant lui."
"C'est vrai qu'Edward peut entendre le cri d'un Mandragore adulte sans mourir ? Et il a vraiment vaincu un troll à lui tout seul ?"
"A ce qu'il parait, Edward peut parler aux Hippogriffes. Et même qu'il a fait une partie de foot avec des centaures. Et il a battu un détraqueur aussi, il est trop fort"
Vraiment, il ne pensait pas que les voeux de sa tante se réaliserait. A Poudlard, on ne parlait que de lui. Edward espérait vraiment que cela se calmerait pendant son DEMA. Mais avec son amie Charlie qui sera sûrement dans sa classe, il en doutait vraiment...