Have a little drink on me girl and lap up everything I say [Elenore & Lloyd]

Wanna drink with me ?...

La journée touchait à sa fin, les cours également. Simple supposition à voir les mines déconfites, harassées ou simplement hagardes de mes camarades tant je ne voyais guère la lumière du soleil ces dernières semaines.
Tout semblait s'accélérer à l'approche de la fin d'année. Je comprenais alors pourquoi une licence était déjà largement suffisant pour ne pas avoir le masochisme de s'en rajouter une deuxième par dessus. Après m'être massé les sinus de l'index et du majeur, c'était ma main qui s'attardait quelques instants sur mon visage entier, comme pour chasser de ce simple geste la fatigue accumulée.
Au lieu et place d'aller gravir les étages jusqu'au nid douillet des Serdaigle, je m'enfonçais dans les tréfonds de l'école, là où la vermine reptilienne s'y terrait, direction la salle des potions. J'espérais juste ne pas tomber sur mon lourdaud de frangin qui ne manquerait assurément pas de faire son intéressant si près de ses quartiers.
Je marchais le long des couloirs sombres sans jeter le moindre regard vers celles et ceux que je croisais. Technique ô combien efficace pour s'éviter des discussions futiles. Cela me fit penser de saisir mon téléphone, vérifiant qu'aucun nouveau message n'était apparu depuis ce matin - la belle affaire - mais pour le mettre en mode vibreur, histoire de ne pas être dérangé une fois concentré sur ma mixture.

Je vis au loin la salle des potions et accélérait sans trop de raison le pas. L'endroit ne pouvait pas être considéré comme un havre de paix où il y faisait bon vivre. Cela étant, j'aurai au moins la paix.

J'ouvre la porte grinçant sur ses gonds, levant les yeux au ciel en me disant qu'avec toute la magie imprégnant les lieux, personne n'avait encore réussi à percer ce mystère des couinements de porte et tombait nez-à-nez avec une fille déjà installée sur une table à préparer alambics, chaudrons et ingrédients. Je marquais un temps d'arrêt sur le seuil, surpris de trouver vie ici à pareille heure, avant de détailler de haut en bas la demoiselle en question.
Il ne me fallut pas beaucoup de temps avant de me rappeler son nom, une demoiselle aux cheveux roses dans l'enceinte de l'école ça ne courait pas les couloirs, sauf quand un élève avait subi une malédiction. Visiblement elle le faisait par choix, à moins qu'il ne s'agisse de sa couleur naturelle ?

Secouant la tête pour chasser ces idées débiles, j'engageais une pseudo discussion par une phrase qui était à la base plus pour moi-même qu'à son attention.
- Hé bien, une Gryffondor qui fait des heures supp', tout arrive.

Pourquoi viens-tu de dire ça abruti, ignore la, on a pas élevé les hippogriffes ensemble que je sache ... Je ne peux cependant m'empêcher de me regarder pour vérifier que l'aspect extérieur est irréprochable. Même si elle est légèrement froissée à cause de la journée passée, la chemise reste impeccablement rentré dans le pantalon, le pull où trône les couleurs et l'écusson de ma maison parfaitement propre. Je m'étais assuré en sortant des toilettes que mes cheveux - noirs cette semaine - étaient soigneusement coiffés en arrière, laissant errer quelques mèches barrant mon visage de chaque côté.

Je réalise soudain qu'elle s'est installée pile sur la table à côté de la mienne, ma table porte bonheur, celle où j'ai réalisé avoir les meilleures statistiques dans la réussite de mes potions. Je soupirai entre mes dents avant de me diriger vers elle, posant mon sac en bandoulière sur un coin de la table.

Jetant un rapide regard vers ce qu'elle faisait, je déballais mon propre livre avant de me baisser pour attraper les instruments de décoction. Chaque seconde qui passait me confortait dans l'idée que la concentration s'évaporait aussi vite qu'une goutte d'eau dans un volcan en activité.

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Wanna drink with me ?...

Alors que nos regards se croisent à quelques mètres de distance, je ne peux m'empêcher maniaquement de vérifier que le col de ma chemise dépasse bien de mon col, avant d'hausser un sourcil à demi amusé à sa réflexion.

- "Aujourd'hui" ? Tu ne dois pas me voir tous les jours dans ce cas. Ça va, t'es pas trop mal non plus, toujours aussi ... "visible". Petit clin d’œil entendu en la détaillant de haut en bas avant de reprendre mon sérieux. À voir sa surprise lors de mon entrée, nous étions deux à nous étonner de voir âme qui vive dans les sous-sols de Poudlard hormis soi-même.

Tiquant quant à me retrouver juste à côté d'elle dans la salle des potions, la demoiselle prend la peine d'expliquer sa présence dans les tréfonds de l'école. J'opine légèrement de la tête, c'était une excuse comme une autre. Le fait est qu'elle faisait ses propres expériences avec son matériel hors de la salle des potions donnait une idée du genre d'apprentissage auquel elle s'adonnait. J'étais bien placé, je faisais exactement la même chose. À la différence de ceux de la maison des rugissants, nous autres Serdaigle étions habitués à travailler tard, tous les jours de la semaine. En tout cas ceux dignes de porter les couleurs de notre maison.

- Hé bien, l'idée de m'enterrer près des serpents ne m'enchante guère, mais la salle des potions s'y trouve. Nouvel haussement d'épaules négligé. De nous deux, tu fais plus tache que moi ici je dirai.

Alors qu'elle préparait ses ingrédients, je sortais l'ensemble des ustensiles de sous ma table. Quelques vestiges de chewing-gum s'y trouvaient, m'arrachant une mine de dégoût. Sortant ma baguette, je fis un rapide mouvement du poignet.
- Tergeo.
Bien mieux. Travailler dans un endroit propre mettait toutes les chances de son côté.

Je me dirige vers les bocaux disponibles aux élèves présents dans la pièce. Les ingrédients les plus rares sont dans la réserve. J'allais devoir garder mes propres recettes dans ma sacoche et me contenter de faire une potion élaborée que je devais étudier en dernière année de licence. Quelques feuilles de menthe poivrée, jus de figue, épines de porc-épic, fèves soporifiques et de l'armoise.

Une fois mes emplettes terminées, Élénore commençait déjà la préparation de sa mixture.
Lançant le sort d'Aguamenti dans le chaudron et Lacarnum Inflamarae sous celui-ci, je jetais un œil aux ingrédients choisis par la Gryffondor. Tu comptes faire quoi de beau ce soir ?... Vu les ingrédients posés sur la table, je saurai vite si elle compte me mentir ou pas. Elle avait la réputation d'être douée en potions, mais c'était également l'une de mes spécialités.

Faisant tomber la menthe poivrée en poudre dans le chaudron, j'attendis patiemment que la potion devienne orange puis tournai dans le sens inverse des aiguilles d'une montre jusqu'à ce qu'elle devienne jaune.

- Tu as attendu parler de l'événement qui va chambouler l'école ? Munera Maleficia. Des duels en solo, puis en duo, sans compter une sorte de repas bizarre où ça va juste être un bordel sans nom où tout ou presque sera permis. Laisse moi deviner, tu as hâte n'est ce pas ?..

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Wanna drink with me ?...

- Évidemment qu'on me remarque, que je le veuille ou non. N'oublie pas que je suis préfet-en-chef. Les élèves agissent bizarrement quand ils croisent mon chemin, bien plus encore que je croise le leur à dire vrai. J'imagine très bien ce qu'elle voulait dire à la base me concernant mais je ne veux pas entrer dans ce terrain là. Elle est connue comme étant une joueuse et lui laisser le moins de prise possible est un gage de sage précaution.

Nous nous attelons chacun à nos préparatifs, la demoiselle en avance sur moi, aussi quand je l'interroge sur sa mixture, elle me parle de sa potion de "sang de licorne" - quel nom en passant ... - et des effets de celle-ci.

- Potion validée et autorisée ? lui fis-je le regard en coin et d'une voix sceptique. Hé oui, préfet un jour, préfet toujours. Ça me fait penser que ça fait un bail que je ne suis plus allé aux bains des préfets tiens, merci pour la bonne idée !! Et non merci pour la potion, je préfère garder mon sommeil comme ma tête intacts si tu vois ce que je veux dire.

Le regard amusé, j'apprêtais à mon tour les différents composants de mon élixir d'Euphorie. Le problème majeur avec les potions était qu'il fallait du temps, parfois beauuuuuuucoup de temps avant que la décoction ne soit prête. Sans compter que le timing pour ajouter, remuer, adoucir la température ou que sais-je encore pouvait être très serré faute de quoi il fallait tout recommencer. Les potions requéraient de la patience, de la rectitude, du perfectionnisme. Je pensais ardemment disposer de ces trois qualités. Le seul souci quand on s'était lancé dans une double licence était que le temps était l'ingrédient le plus précieux et qui nous manquait toujours.

C'est pourquoi ce tournoi qui s'annonçait m'ennuyait profondément. Non seulement il allait demander de l'investissement non pas à une, ni deux mais minimum à trois reprises avec les duels et le bal, mais les manifestations inutiles m'ennuyaient.
Quand elle fit mention d'Ilvermorny, je me rappelais qu'elle avait vécu une bonne partie de son enfance aux États-Unis. Tu crois que l'école là-bas fait ce même genre d'événements ? Avec un peu plus de burger - frites je suppose... Clichés quand tu nous tiens, mais il n'y avait qu'à voir les habitants américains pour vite comprendre que l'obésité n'était un problème de taille que pour les vêtements, pas pour leur santé.

Pendant qu'elle parle un peu plus d'elle, je vérifie de mon côté le bon déroulé de ma recette. Ce n'est pas la prochaine fois que je la réalise, il n'y a pas de raison que j'échoue ce soir.

- Pour répondre à ta question, je ne suis pas plus intéressé que cela non mais comme ce tournoi est obligatoire, je ne compte pas me défiler et manquer à ces mêmes obligations. Par contre, pourquoi ne me vois-tu pas faire équipe avec quelqu'un hmm ? Tu ne me ferais pas une proposition par hasard ?... Tu sais que je suis trop bien pour toi.

Je me mets à siffler mine de rien, le ton posé de mes derniers propos lui laisseront champ libre de croire à mon sérieux ou non.

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Wanna drink with me ?...

La voilà atteinte de surdité sélective, à la bonne heure, j'articulais exagérément mon prochain mot.
Va-li-dé. Tu sais, autorisé, admis, vérifié, ce genre de choses qui nécessite un accord dans une école de sorcellerie. Les professeurs sont au courant, enfin le Directeur surtout ?.. Si ça n'était pas le cas, il était toujours bon de garder cette information sous le coude. Elle n'était pas de Serdaigle après tout. Après si elle ne produit que les effets que tu décris, il n'y a pas de raison que cela pose problème. Y ajouter une dépendance à ta boisson par contre pourrait poser problème. Peu m'importait que ce soit le cas ou non, qu'elle y ait pensé ou pas non plus. Si je lui avais insinué d'ajouter ce petit bonus addictif, hé bien à la bonne heure !

À voir son visage à l'évocation des bains des préfets, j'étais sûr d'avoir fait mouche. Sa curiosité était aussi visible qu'un nez au milieu du visage et braver l'interdit semblait dans les veines de tous les lionceaux mais particulièrement celle-ci. Je fus cependant surpris qu'elle m'indique la bouche en cœur y être déjà allée.

- Depuis quand tu t'y rends sans être préfète toi ? Je me demandais bien quel autre préfet avait pu l'inviter, sûrement l'un de sa maison. Je les voyais mal compter les bulles une fois dans l'eau de surcroît, aussi tâchais-je d'éclipser ces images d'elle peu orthodoxes. Toi, dans un bain, avec moi,sage ? La bonne blague. Soit tu me ferais un coup tordu, soit tu ne pourrais refréner tes instincts bestiaux. Je lâchais un bref rire bouche fermée, avant de me concentrer quelques instants sur ma potion. Elle n'était pas seul à savoir taquiner et je n'allais pas lui laisser le plaisir d'être la dominante et moi le soumis.

Nous étions en train de composer lentement mais sûrement notre potion. En temps normal, j'aurai largement préféré être seul avec mes pensées et mes potions, mais sa compagnie n'était pas désagréable. Pas certain que sur du long terme et à fréquence répétée nous puissions nous supporter tant nous semblions différents à bien des égards, mais une discussion ici et là laissait l'atmosphère taquine voire plus.
- Combien de temps doit mijoter la tienne, avant que tu ne retournes dans les pénates des courageux Gryffondor ? Même les dixièmes années qui ne sont pas investis d'une autorité ne peuvent déambuler à toute heure tardive dans les couloirs tu sais. Je tournais la tête légèrement vers elle, un fin sourire se dessinant progressivement. Quant à me voler la gloire sur le tournoi, en plus d'être littéralement impossible vu notre différence de niveau, je sais que tu ne pourrais pas supporter d'être dans mon ombre lors d'un duel en duo. Ton caractère de cochon t'en empêcherait. J'arrêtais ensuite de la regarder pour me plonger dans la préparation de la potion, attendant à coup sûr une réponse aussi aiguisée que la mienne.

Qui céderait le premier du terrain et surtout, jusqu'où iraient nos limites dans ce petit jeu dangereux ?

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Horny Moly !!..

Un seul sourcil se lève alors qu'elle attend de moi un compliment sur ses talents en potions. Comment disent les jeunes déjà ?... "Euh, lol ?" Ah oui c'est ça, sauf que j'aurai l'air stupide à lui dire ça la bouche en cul de poule.

- Premièrement, je n'embête personne, je fais juste mon boulot. Je lui désignais l'écusson de préfet en chef trônant sur mon pull. Ouais, on dirait pas comme ça mais c'est pas un pin's décoratif. Arrêtant de tapoter l'insigne, j'enchaînais de plus belle. Quant au compliment, ce n'est pas tant que je ne veuille pas t'en faire un, mais je m'en voudrai de te mentir vois-tu. Je clignais des yeux l'air faussement contrit, posant cette fois la paume de ma main sur le cœur.

Quand vint l'histoire de la salle de bains des préfets, mes craintes se fondèrent, je n'attendais pas grand chose de fracassant comme révélations de la part d'Éléonore. Apparemment les lionceaux devaient penser que cette pièce était en mode open bar all inclusive. Les avantages sans les responsabilités, je reconnais bien là la maison rouge et or de l'école.

- Que suis-je censé attendre de toi dans l'eau ? T'admirer en train de barboter dans la mousse ? Comme c'est un .... excitant programme. La voix atone que j'usais trahissait l'ironie de mes propos. Le vilain garçon que je suis en est tout .... tourneboulé oui ! Que tu puisses toi me traiter ainsi c'est vraiment l'hôpital qui se moque de la charité tu ne trouves pas ?

Sa potion comme la mienne évoluaient bien, les couleurs variant au fil des minutes et des ingrédients savamment dosés. Tandis qu'elle goûte à sa décoction, je continue d'y mettre mes ingrédients. C'était l'heure du sacrifice des épines de porc-épic, suivies de près par les fèves soporifiques.
Tournant la tête vers elle, je répondis d'un air qui se voulait sérieux.

- Je ne suis pas qu'un simple beau gosse, même si je te remercie pour le compliment en passant. Ce qui est dommage ma chère Éléonore, c'est que tu ne gagnes en popularité qu'à quelques mois de ton départ de l'école. Pas trop déçue ? J'avais toujours joui d'une aura de jalousie, d'envie, d'admiration même ?... de la part d'un petit nombre d'élèves tout au long de mon cycle, d'abord ceux de mon âge puis les plus jeunes qui me voyaient comme un modèle à suivre. Je répondais il fallait l'avouer au parfait cliché du gendre idéal : beau, intelligent et riche. À se demander ce qui intéressait en premier toutes ces demoiselles.

Le temps passe et nous arrivons tous deux au moment où nos potions respectives doivent mijoter jusqu'au résultat final. Trente huit minutes pour elle. La mienne est un peu moins longue à produire effet. Vingt-deux minutes à partir du moment où j'aurai versé le dernier ingrédient. Je saisissais l'armoise tout en remuant lentement le liquide.

- Nous pouvons discuter oui pendant ce temps, la partie attente n'est pas la plus passionnante dans cette science. Quant à te raccompagner une fois le couvre-feu dépassé, tu rêves des genoux là non ?.. Tu aurais été Serdaigle, j'dis pas, mais la bravoure et le courage légendaires des Gryffondor te feront passer cette aventure haut la main j'en suis persuadé. Je lui adressais un clin d’œil entendu avant de jeter un dernier regard vers mon chaudron. C'est à ce moment qu'elle passa à l'attaque, venant se coller à moi par le côté, sa poitrine venant s'écraser contre mon bras alors que ses mains venaient se balader impunément sur mon torse.
Ceci eut pour effet de me figer, comme pétrifié, ne pouvant lui dissimuler ma raideur musculaire devant tant d'audace. Toujours armé de ma cuillère en bois, je laissais passer de longues secondes alors qu'elle me susurrait de lui laisser profiter des bains des préfets avec moi.

Une longue respiration s'ensuivit avant que je ne retrouve possession de mes moyens. Je ne m'y attendais pas, je devais être honnête avec moi-même. Je sens son regard plein de malice me dévorer et je ne tiens pas à croiser son regard. Il me faut réfléchir à la meilleure solution, la meilleure attitude à adopter contre elle. Raison ou pulsion, retenue ou surenchère ? Je séchais.

- Tu .... tu veux me faire croire alors que tu me colles comme une moule sur son rocher sans raison que tu veux simplement profiter de la mousse ? Hmm mmh ...
Raison, retenue. Parfait Lloyd.

Je posais délicatement ma cuillère sur ma table, l'ajustant par de petits mouvements de doigts pour la rendre bien perpendiculaire au plan de travail. Foutu souci du détail, un vrai TOC.

- Et maintenant ? Sans trop réaliser ce que je faisais, je passais par dessus son épaule mon bras gauche pour le mettre derrière elle, avant de plaquer ma main sur ses fesses et les agripper en relevant le tout. C'était ça la prochaine étape ?

Pulsion. Surenchère. Ça par contre ça n'était pas prévu...

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Cette fille ? Elle est en or !...

- Tu crois vraiment être sérieuse alors que tu agites cette cuillère devant mon nez ? Mouais. Je touille avec la mienne le contenu de mon chaudron en lui jetant de temps à autre un regard circonspect.

Quant à son avenir, elle veut visiblement créer son business avec ses potions en tout genre. Ma foi, elle n'est pas manchote en la matière, elle pourrait bien réussir. D'ici à ce que je le lui avoue, c'était autre chose. Ma foi, il faut de tout pour faire un monde ...

Je ne peux m'empêcher de rire quand elle met sur le tapis les rumeurs me concernant. Le "qu'en dira-t-on" me ronge bien plus que je ne le laisse transparaître mais j'avais arrêté depuis longtemps de compter le nombre de rumeurs, fondées ou non, qui circulaient à mon sujet. Depuis que j'étais devenu préfet puis préfet en chef, elles s'étaient démultipliées. Ma pauvre Élénore, j'espère ne pas avoir trop écorné la vision idyllique que tu avais de moi ? Rassure toi en pensant que je ne te raccompagne pas au seul motif que je ne tiens pas à me retrouver empêtré dans un de tes coups tordus et trinquer avec toi pour rien. Nouveau regard vers le chaudron cette fois, avant d'achever par une phrase que je trouvais amusante : Après si tu veux de la galanterie, je veux bien t'accorder un danse lors du bal de je-sais-plus-quoi, après les duels. Tu pourras papillonner des yeux pour faire genre ou pour te foutre de moi, à ta guise.

Peu de temps après les choses prirent une tournure totalement inattendu. À l'image du nom de ma maison, elle fondit sur la proie que je semblais être pour se coller à moi et jouer sur la corde sensible que tout mâle digne de ce nom avait du mal à résister.
Je sentais sa proximité, je sentais cette douceur moelleuse et rebondie contre mon bras, me faisant perdre l'espace de quelques secondes tous mes moyens. La garce !

La salle de bains des préfets revint sur le tapis et d'une inspiration saccadée je bredouillais une réponse tant bien que mal.

- Voilà qui te ressemble plus .... Dis-tu cela aux préfets de Gryffondor pour qu'ils te laissent l'accès ?.. Phrase piquante que je regrette aussitôt, mais le mal était fait. Je n'étais même pas spécialement jaloux au demeurant, il ne s'était jamais rien passé entre elle et moi. Mais le cerveau humain avait de compliqué qu'il aimait se triturer à voir le négatif partout au lieu de profiter de l'instant présent. Une fille se collait à moi, je me demandais si elle le faisait à d'autres. Quel con je faisais. Nan me dis rien, j'm'en fous après tout. Rame Lloyd, rame.


Outre mes moyens je perdis également la raison quand d'une pulsion émanant de mon deuxième cerveau, ma main se retrouvait à palper le fondement charnue de la demoiselle. Loin de s'en offusquer, elle sauta ... sur l'occasion et saisit ... la perche que je lui avais tendu sans m'en rendre compte. La perche physique elle, moins métaphorique, commençait à trouver mon entrejambe bien étroit, d'autant plus serré que la miss venait de réduire à néant l'espace la séparant de moi. Elle allait le sentir c'était obligé ! Merde, rien qu'en y pensant je ne faisais qu'aggraver cette "élévation tri-jambesque". La Nature était mal foutue, vraiment mal foutue.

Sa proposition était d'une évidence crasse, impossible de comprendre de travers. Si les termes étaient clairs, ses intentions pouvaient cacher quelque chose, c'était ... comment dire .... trop facile. On fait mumuse avec des potions et je la prends sauvagement sur la paillasse le temps que ça mijote ?... Nan, ça ne fonctionnait pas comme ça dans la vraie vie, enfin je crois.

Je ne détachais pour autant pas ma main de son fessier et décidai de la tester tout en en profitant je devais bien le reconnaître. Je me décalais sur le côté pour libérer à droite nos corps tout en rapprochant vers la gauche mon visage de son oreille. Je lui susurrais à mon tour : Je crains que vingt-deux minutes ne soient pas suffisantes à moins de te quitter frustrée. Ma main libre vient se poser sur le sein face à elle, l'englobant de toute sa paume dans un cocon protecteur et vigoureux. À moins que tu ne sois adepte des méthodes expéditives, je ne connais pas trop tes goûts après tout.

Si je faisais le malin face à elle, je n'en menais pas large intérieurement. J'étais venu ici pour m'entraîner aux potions et me voilà à caresser une Gryffondor entreprenante.

Le pire .... oui le pire dans tout cela alors que ma marmite commençait à faire des bulles, était que ma seule pensée durable dans ma cervelle se répétait en boucle en disant : Heureusement Lloyd que tu as mis ton plus beau boxer noir.

La Nature était vraiment mal foutue.

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Time to play, no way I can lose.

- Hmm mmh. C'est un peu comme "Je vous jure je n'ai rien fait monsieur le policier !" de la bouche d'un type pris en flagrant délit. Roulant des yeux, elle avait une présomption de culpabilité de base à mes yeux quoi qu'elle en dise. Soit, accordons-nous le bénéfice du doute. Je n'y croyais tout de même pas un mot.

Je n'aimais pas les surprises, c'était un fait. Certains s'extasiaient des délicates attentions préparées en secret pour le jour J, d'autres fondaient en larme pour la première peluche Hello Kitty offerte par un pseudo copain, mais moi je n'étais pas comme ça. Quand je n'en étais pas l'instigateur, j'avais une sacro sainte horreur de l'inattendu. Cette notion ne créait qu'ennui, problèmes en cascade et autres prises de tête systématiques.

J'étais dans ce cas de figure là, à tout le moins au commencement. Qu'elle vienne s'agripper à moi et m'aguichait ainsi n'avait qu'une répercussion dans mon esprit cartésien : elle souhaite te soutirer quelque chose. Peu importe quoi, rien n'était désintéressé. C'était je dois dire le problème quand soi-même nous adoptions le même état d'esprit. Il était rarissime que je fasse quelque chose sans rien attendre en contrepartie. En conséquence, ce mode de pensée s'appliquait pour tout le monde.

Élénore inclus.

Diable comme elle était entreprenante. Un peu comme un quart d'heure américain dans une boite libertine. Sa main parcourait mon torse sans vergogne, allant se perdre sur mes cuisses alors que ses lippes venaient goûter ma peau dans le creux du cou.

Étais-je bien placé pour faire la morale ? Assurément non. Ma main se voulait aventurière sans être aventureuse sur ses fesses tandis que l'autre se consolait sur un autre mont plus petit mais tout aussi appétissant.

- Simple accolade ? Vous devez vous marrer chez les Gryffondor le matin quand vous vous dites bonjour ... Ca explique pourquoi vous êtes souvent à la  bourre cela dit ...

On m'a souvent répété que le cœur avait ses raisons que la raison ignore. En l'espèce, le cœur s'était vu voler la place par le cul. Oui, le cul avait aussi ses raisons que la raison trouvait comme merdique, pour rester dans le thème des envolées lyriques.

Nous nous étions engagés dans un jeu dangereux, celui de l'interdit, celui de la pulsion bestiale. Nous testions l'autre, nous titillions les barrières de notre "adversaire" pour qui sait obtenir une satisfaction perverse d'entendre l'autre dire en premier "ça va trop loin".

Je voulais gagner. Non plutôt je ne voulais pas perdre et la nuance était importante. Devais-je surenchérir à mon tour, lui montrer dans toute sa splendeur le mâle alpha prenant les choses en main ?... Moui, et après. Au risque de paraître cru, le transfert des fluides de moi vers elle et le plaisir y associé aurait été aussi éphémère que banal.

Or je valais mieux que le coup d'un soir.

Ses lèvres s'approchent dangereusement des tiennes, le no man's land est franchi depuis bien longtemps. Je sens son haleine fruitée se mêler à la mienne, nos yeux ne se quittant pas, se rendant aveugles aux escapades de nos mains jouant un peu plus bas.



Je me recule légèrement, reprenant autant contenance que mon souffle. J'étais à deux doigts de craquer mais le jeu en valait la chandelle.

- Un petit défi, avec un gage au perdant ? Si je perds, je t'emmènerai dans la salle de bains des préfets avec moi. Tu pourras ... jouer avec la mousse ou autre chose si le "cœur" t'en dit. Et toi, que proposes tu si tu venais à perdre ?

Je levais l'index, analogie fort appropriée avec ce qui l'était tout autant sous mon boxer. Ce n'est pas tout de parler du gage, reste à trouver l'objet du défi tant qu'à faire.

La tension ambiante était telle dans la pièce que je n'aurai même pas été surpris que nos potions caillent comme du petit lait ....

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Time to play, no way I can lose.

Elle mentionne mes camarades de maison, ne se cachant même pas pour se moquer ouvertement d'eux. Certes nous n'avions pas la fougue et l'inconscience des rouge et or, en tout cas pas en apparence. Notre curiosité était certes plus intellectuelle mais pas moins dangereuse que la leur. Pour autant, elle marquait un point.

- J'y songerai oui, même si je ne tiens pas à ce que ma maison devienne un lupanar. Les gémissement empêchent de se concentrer pour travailler tu comprends. Même si mon allure "Très bon état général et sous tous rapports" pouvait en faire douter plus d'un, je n'étais pas du tout le petit garçon sage qui fait gentiment ses études avant de trouver un boulot pépère jusqu'à la retraite.



Elle aimait jouer avec moi, à la bonne heure. Ce que j'allais lui proposer risquait de la décontenancer. Nous avions franchi la ligne jaune et nous jouions les équilibristes sur la rouge.

Je reculais.

Je lui proposais.

Elle se retournait, la mine déçue et boudeuse.

Je souriais dans son dos en attendant qu'elle joue son prochain tour.

J'en étais sûr. La perspective du "reculer pour mieux sauter" - sans aucun jeu de mots graveleux pour l'occasion - avait attisé sa curiosité et je le pensais son excitation. Je n'aurai pas été un simple nom de plus sur un tableau de chasse. Nous allions jouer et monter la mise.

Elle recule contre moi et je l'entoure de mes bras, posant mes mains exactement à l'endroit où je les avais laissés quelques secondes auparavant. La hauteur parfaite. Il fallait dire qu'évoquer la salle de bains des préfets après l'intérêt qu'elle avait manifesté tout à l'heure avait fini de la conquérir.

J'allais jouer de nouveau avec ses limites quand elle se retourna pour s'asseoir sur ma table, non sans avoir déplacé mes affaires. Elle m'enserre de ses jambes, faisant de moi un prisonnier fort docile dans ces circonstances.

À défaut de trouver son gage elle a le mérite de trouver le défi, reprenant le Munera comme terrain de jeu. Enfin, notre jeu. Sa proposition me plait et me semble plausible. Les chances de se rencontrer en duel sont raisonnables et les chances équilibrées. Je scelle notre accord d'un hochement de tête.

- Je suis d'accord ! Une victoire contre un bain remplit parfaitement le credo des Serdaigles : "Après l'effort, le réconfort". Je lui souris en coin, amusé.

Toujours prisonnier de ses jambes, mon corps collé au sien, je tâchais tant bien que mal de trouver un gage digne de ce nom. Mon index tapotait ma lèvre inférieure, il était bien difficile de se concentrer avec l'air enjôleur et coquin qu'elle glissait sur moi.



- Toi qui aimes l'extravagance et le goût du risque, si je gagne, tu me feras un défilé privé avec tes plus belles tenues. Et par tenues je n'entends pas les cols roulés d'hiver hein. Je suis sûr que tu m'as compris.  Je fis tourner le tissu autour de mon index, bien décidé à le garder comme trophée. Ce genre là oui, précisais-je en le montrant du regard. Marché conclu ?...

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