Have a little drink on me girl and lap up everything I say [Elenore & Lloyd]

My body is burning, my soul is bursted.

Si quelqu'un d'autre entrait à cet instant précis, si un autre clampin dans toute l'école s'était décidé à jouer les apprentis mélangeurs, nous étions grillés à vie. Je ne parle même pas d'un professeur qui nous enverrait en retenue avec une cascade de points en moins. Élénore s'en foutrait probablement, moi pas du tout.
Nous étions face à face, nous étions l'improbable, l'impensable, les deux faces d'une pièce, opposées et pourtant contraints de vivre avec l'autre.

Je me retrouve torse nu, ma cravate déliée autour du cou. Je ne me souviens même plus comment je m'étais retrouvé dans cet état-là. L'endroit s'y prêtait si peu ! À dire vrai, je m'en contrefoutais, mes maigres et dernières résistances visant surtout à conserver le peu de contenance nécessaire pour ne pas faire voler nos marmites et consommer un nectar autrement plus délicieux que ceux que nous étions en train de préparer.

À la façon d'un jeu d'échecs qui ne se trouvait dans aucun manuel, nous étions tantôt Cavaliers vis-à-vis de l'autre, bien souvent Fous de tenter le diable ainsi. Chacun notre Tour, nous voulions que le Roi entre dans .... l'Arène. Tout cela pour se dire qu'au final, nous n'étions que les Pions de nos propres sentiments incompris.

Les paris sont lancés, les jeux sont faits. Je propose une récompense qu'elle accepte, je lui propose un gage qu'elle consent avec plaisir.

Nos regards se croisent, nos gestes sont bien moins sages. Encore que, y règne une passion qui souhaite brûler comme un feu de paille.

Je n'en ai pas envie. Merde, pourquoi je n'en ai pas envie ? Là, tout de suite, sauvagement, elle en a envie, autant que toi, alors qu'est ce que tu fous Lloyd, vas y crétin !!

Je lui enlève un symbole personnel, elle ne résiste pas. Comment fais-je pour résister ?...

À son murmure j'en profite pour lui répondre de la même façon, alors qu'elle ne me laisse que quelques secondes avant de s'éloigner. Un geste salvateur pour un gentleman de façade comme moi. Je ne sais pas comment je sais aussi bien te parler visiblement, mais je ne sais surtout pas ce qui nous arrive pour qu'on en soit arrivé là.
Deux jeunes adultes qui veulent croquer la vie à pleines dents ? Probablement. Pourtant le fruit défendu resta intact ce soir, mais pour combien de temps.

Je me posai devant ma marmite et avisai l'ultime changement de couleur de ma potion, signe que le temps d'éteindre le feu arrivait. Si vite ?! J'avais perdu tout repère mais il était hors de question que je ne le montre.

Je soulevai le chaudron et avec une louche, je remplissais plusieurs fioles que je fermais précautionneusement. La couleur était parfaite, bien qu'un peu plus foncée qu'habituellement, la faute à un mélange inconstant. Celle d'Élénore n'était pas encore terminée, mais pour une raison étrange, je ne tenais pas à l'attendre. J'avais besoin de ma solitude salutaire.

- Tiens, cadeau, en échange du tien. Je fourrais le tissu dans ma poche de pantalon et reboutonnais ma chemise avant de la rentrer convenablement comme le parfait Lloyd que j'étais. La cravate finit dans le sac, pas le temps de refaire le nœud. Élixir d'Euphorie, au cas où tu en aurais besoin. Je jetais un dernier coup d’œil dans sa direction alors que je me dirigeais vers la sortie. Dans quel jeu dangereux m'aventurais-je le sourire aux lèvres ?

Codage par Libella sur Graphiorum