Vandales masqués ohéohé ♪ Nassim Dim 8 Avr - 18:41
Vandales masqués ohéohé ♪
Nassim & Edwyn
Minuit, l'heure du crime. Un crime qui, s'il ne payait pas, apporterait peut-être un peu de joie. Ils étaient dans la nuit de la première épreuve du tournoi, ce ballet sanglant, affreux massacre pour certains, que l'on nommait Munera Maleficia.
Progressant à pas feutrés, une silhouette toute de noir vêtue descendant les marches qui menaient de la tour des Serdaigles au rez-de-chaussée et se dirigeait en silence vers les portes de la grande cour. Camouflé sous le voile de désillusion d'un sortilège fort pratiqué, l'héritier des Ollivander portait dans un sac une série de bombes de peinture colorées. Marquées d'une flamme translucide, celles-ci projetaient une peinture qui semblait comme s'enflammer une fois apposée, garantissant des tags du plus bel effet. Dans une boîte avec celles-ci, une paire de chaussures enchantées, destinées à son partenaire de méfait. Il portait déjà les siennes. Pourvu qu'elles fonctionnent bien.
Arrivé au point de rendez-vous, il se dissimula sous une alcove plongée dans l'ombre et tira son portable - dont il avait activé le mode silencieux - de sa poche pour envoyer un message d'une rare complexité à un mystérieux correspondant.
Code:
Personne ici. Je t'attends sur place.
Si tout se passait bien, son complice et co-organisateur de cet acte, que les plus sérieux appelleraient vandalisme et les plus ouverts "œuvre d'art en devenir", ne tarderait plus à le rejoindre.
Il vérifia que son masque - une caricature du visage bien connu du professeur d'alchimie, Lucius Redmond - était bien en place. Il n'était pas exclus que des troubles fêtes viennent les déranger et il ne tenait pas à se faire repérer. La capuche de son sweat rabattue pour dissimuler ses cheveux particulièrement incriminant, il avait tout l'air d'un membre du corps professoral s'adonnant à des pratiques indignes de son statut.
Enfin, celui qu'il attendait fit son apparition par l'une des autres portes de la cour. Il lui fit un signe et, une fois celui-ci à portée de voix, lui demanda de sa voix étouffée par le masque :
Alors, Grantt, tout s'est bien passé ?
Il l'espérait. Se faire repérer en de telles circonstances risquait, au mieux, de leur valoir quelques centaines d'heures de retenue et faire perdre un paquet de points à leurs maisons respectives.
Il était à peu près à l'heure, parfait. Et sans avoir attiré d'attentions indues. Ce n'était pas comme si sa sœur risquait de réellement leur poser un souci. Au fond, elle soutenait probablement l'initiative ou elle l'apprécierait le lendemain matin. Il déballa le contenu de son sac et lui tendit les chaussures en premier lieux.
Elles permettent de marcher sur les murs et les plafonds, ça devrait nous faciliter la tâche pour faire les choses en grand.
Il s'était inspiré d'un objet trouvé dans l'un des manuels qu'Aelys et Danil compulsaient souvent. En fait, maintenant qu'il y songeait, il y avait un peu d'inspiration tirée des pierres ioun issues du même bouquin pour l'ARGOS. Soit, inspirées des "Chaussons de l'araignée" comme le livre les appelait, ces chaussures devaient adhérer aux murs au mépris de la gravité. Sauf qu'il avait trouvé plus facile de changer le sens de celle-ci pour le baser sur un principe... En gros, le sol était l'endroit où on posait les pieds. Ce n'était pas comme si réviser mentalement des principes théoriques complexes qu'il connaissait par cœur pour les avoir appliqués allait les aider ici. Il fouilla plutôt dans sa poche pour en tirer une amulette qu'il tendit à son acolyte.
C'est expérimental, alors utilise ça si tu tombes.
Rassurant. Enfin, ça avait l'air de plutôt bien fonctionner pendant les tests, pas de grosse crainte à avoir. Puis, il aurait bien aimé relancer la mode des rollers avec ce genre d'enchantement. Les figures possibles... ça faisait rêver.
Il attendit que Nassim ait terminé d'enfiler les chaussures avant de sortir les bombes. Les choses sérieuses allaient commencer, les choix difficiles, la tension réelle qui pouvait se résumer à une seule question :
On prend quelle couleur ?
Elle allait rester là pendant, au minimum, plusieurs jours, voire semaines si aucun sorcier doué ne se présentait avec un dissolvant efficace, autant choisir quelque chose qu'on puisse apprécier au quotidien.
Ils auraient pu faire un beau dégradé aussi, mais ça demandait peut-être plus de talents qu'ils n'en avaient.
Va pour le jaune.
C'était plus une question de faire l'acte lui-même que du choix de la couleur, de toute façon. D'un coup de baguette, il passa toutes les bombes au jaune. Le BANG suivi du juron de son camarade lui font esquisser une grimace. Heureusement, il ne semble pas y avoir de conséquences graves. Peut-être que, comme on le prétendait parfois dans sa maison, la tête n'était pas un organe vital chez les Gryffondors ? il se demanda, l'espace d'une seconde, s'ils continuaient à courir comme les poulets une fois la tête tranchée, puis ce ravisa. C'était peu charitable envers au moins deux de ses connaissances.
Hm... attend.
Il sortit son portable et une sphère de la taille d'une balle de tennis, marquée d'un sibyllin O#06. Lachant la sphère, celle-ci resta en suspension dans l'air tandis qu'il pianotait sur l'écran pour retrouver l'image qu'il cherchait. Une fois cela fait, il introduisit le pineapple dans le port prévu à cet effet au sommet de la sphère et celle-ci projeta en relief sur le mur deux mots bien connus. Ceux qui servaient de mot de passe au stupeshit.
Si ça te va, ils sont déjà ajustés à la taille du mur, il n'y aura plus qu'à repasser sur les traits, comme quand on était gamins.
Alors, seulement, il se rappela qu'il devait assurer son camarade et lança une paire d'informulés. Il espérait sincèrement que Nassim ne tomberait pas. Ou qu'il trouverait le temps d'employer l'amulette. Dans le cas contraire, ses sorts ne feraient pas grand-chose à part rendre la collision un poil moins brutale. C'était le prix de leur cause. Et, sans plus d'instinct de survie que son camarade (probablement moins, en fait), il s'élança à son tour sur le mur, une bombe jaune à la main, sa baguette dans l'autre. Ils iraient plus vite en s'y mettant à deux.
Sous les masques et depuis leurs positions respectives, il ne pouvait pas le voir, mais il aurait juré que son camarade était satisfait par le choix des termes du sorcier. Il laissa échapper un léger rire à son inquiétude concernant la chute potentielle. Homme de peu de foi, va.
Ça risque r... Merde !
Oui, bon, c'était expérimental aussi. Il prit une profonde inspiration, gavant la machine de son cerveau du précieux oxygène dont elle avait besoin pour trouver une solution. Où avait-il merdé ? C'était sensé tenir. Lui-même tenait... Lui, oui. Peut-être que l'enchantement pompait de manière infime dans sa magie ? Hautement improbable et probablement tiré par les cheveux. Dans le doute, il pointa tout de même les chaussures de Nassim et prononça une paire d'Alere pour leur donner un coup de fouet. Ok, si tout fonctionnait comme il fallait, ils venaient de gagner entre dix minutes et un quart d'heure de battement.
Ok, pas de panique. Je gère.
D'un geste ample de la baguette, il fit apparaître une corde puis enchaîna d'un sort de lévitation pour la nouer à l'un des créneaux. Merlin bénisse les vieux châteaux. Le reste pendit dans le vide.
Tu sais l'atteindre ?
Fallait l'espérer. Dans le doute, il employa le sort de recharge sur ses propres chaussures. On était jamais trop prudent. Il poussa un soupir et reprit une inspiration. Seulement quatre fois et il avait l'impression d'avoir couru un cent mètres, il fallait vraiment qu'il peaufine cet aspect du sort s'il voulait l'employer en situations tendues.
Bien, concentration, le N maintenant. Il n'avançait pas vite, jetant des regards réguliers à son ami pour éviter que celui-ci ne finisse sous forme liquide. Boire un coup avec ses potes ok, mais quand vos potes avaient plus en commun avec le contenu de la bouteille que celui qui la boit, c'était une toute autre histoire.
Ok, ça se passait pas trop mal avec la corde. Tant mieux. Le pire avait été évité et il attaquait le A a coup de bombe. Heureusement que ces machins moldus allaient vite. Enfin, moldus, ils ne l'étaient qu'à moitié. Une fois le dessin fini, l'aube le chargerait d'énergie pour qu'il s'enflamme et là, de belles flammes jaunes crieraient au monde entier leur message. Nassim parla d'un cirque, mais il ne suivit pas complètement la référence. Probablement une histoire de funambule, vu la circonstance.
Il laissa échapper un léger rire à l'idée que le jean's soit le vrai souci. Enfin, il n'était pas le dernier à avoir des pensées incongrues lorsqu'il était en danger. Il pensait souvent à la bouffe, en fait...
Je te réparerai ça, t'inquiète.
Alors qu'il allait s'approcher du H, il entendit son ami lui dire quelque chose et commencer à se balancer. Qui ne voulait pas être un funambule, déjà ?
Na... Grantt ! Fais pas le con, t'as le karma d'une vache morte en Inde.
Sérieusement, quoi. Il voulait bien qu'il soit dangereusement imprévisible, mais là ça frôlait la tentative de suicide. Enfin, il ne fallait pas contrarier les esprits. Il se mit donc à avancer vers sa moitié du H, tentant de peindre le plus rapidement possible histoire de réduire les risques insensés que son camarade prenait. Ces Gryffondors avaient sérieusement besoin d'une bonne dose d'instinct de survie chaque matin. Même si, dans son cas, c'était un peu l'hôpital qui se moquait de la charité. Andy n'était pas comme ça, pourtant. Ok, H terminé.
Garde ton testament pour plus tard, on y est presque.
Il descendit s'occuper du S à la l'extrême droite du second mot. Un minimum de conscience professionnelle à l'ouvrage, même s'il jetait régulièrement un coup d’œil au brun, ce serait con qu'il se plante maintenant alors qu'ils avaient presque fini.
Heureusement qu'il n'était pas du genre à stresser facilement. Ou cardiaque. Parce que Nassim l'aurait probablement tué. Sérieusement quoi... "la corde est pas assez longue, je lache !" Comme s'il n'était pas déjà suffisamment cinglé, il fallait qu'il en fréquente d'autres... Enfin, lui non plus ne comptais pas passer sa vie sur cette œuvre... qui n'avait rien d'une Mona Lisa. Avec un vrai beau modèle, peut-être. Quelqu'un comme Williams, flamboyante et pleine de vie, un immense portrait pour donner de l'énergie à tous ceux qui passeraient sous son regard pénétrant et son sourire éclatant. Qui d'autre qu'elle aurait pu enflammer si bien les passions ? Personne, au fond n'en avait l'allure, le charisme, la force et la grâce toutes réunies. Mais on ne pouvait représenter une telle déesse, elle était faite pour être admirée dans l'action. Sur un balai, le vent soufflant dans sa chevelure rosée ou en plein duel comme cet après-midi contre Felix. On ne pouvait capturer ce qui nous dépassait. C'était une cause perdue qui menait les artistes à la folie.
Il y avait quoi dans le beignet qu'il avait chipé avant de venir ? Reprenant ses esprits, il suivit les consignes de Nassim, s'avançant vers le tracé du K pour en barbouiller les traits de peinture jaune. Il se demanda, l'espace d'un instant, si les Poufsouffles auraient à subir les conséquences de leur acte à cause du choix de la couleur. Ç'aurait été dommage, il les aimait bien pour la plupart. Et un peu plus que ça dans certains cas.
Un pas, deux pas, on évite de se bousculer. Plus que le C, le point final de leur toile de maîtres vandales. Il jeta un coup d’œil à la cour et à la grande horloge non-loin. Ok, tout se passait au poil. Visiblement la satanée chauve-souris d'Orphan ne viendrait pas les déranger ce soir.
C'est bon, plus qu'une lettre et on y est.
Le temps semblait se déliter alors qu'ils peignaient la dernière lettre, chaque bruissement semblait résonner comme le tonnerre. Alleeeeeez, encore un peuuuu, on y est, on y est, on y est... VOILA !
Parfait. On décroche.
Et il joignit le geste à la parole, faisant deux bonds en arrière, pieds vers le mur, avant d'imprimer une rotation de 45° et de retomber sur le sol objectif. Ils avaient quand même eu chaud sur ce coup là. Et il avait un prototype a réviser complètement. Mais avant ça, il fallait que Nassim revienne parmi les terriens en un seul morceau, histoire de fêter ça avec les sodas moldus qu'il avait apportés pour l'occasion. Il savait que son camarade ne buvait pas pour... il ne comprenait jamais ces machins là, mais il ne buvait pas d'alcool. Ça obligeait à se montrer inventif lorsqu'on voulait être festif.
Cascadeur, un métier parfait pour Nassim. Heureusement qu'il ne s'était rien cassé, Leila l'aurait probablement tué pour ça. Enfin, elle aurait essayé. Il était tout de même le plus grand sorcier de sa génération (autoproclamé et jusqu'à preuve du contraire, certes), il ne fallait pas pousser non plus.
T'inquiète, on la peindra en jaune aussi.
Le respect pour l'autorité était mort. Enfin, pour Edwyn, il était mort depuis un bail. Et depuis que Cannelle avait cru tuer la chauve-souris en question, la crédibilité de l'animal avait beaucoup baissé, à ses yeux. Quoi qu'il en soit, il ne fallait pas traîner sur les lieux du crime avec l'arme du crime. Il rassembla les bombes et les fit disparaître à jamais d'un evanesco silencieux. Il s'était souvent demandé si les objets étaient réellement réduits à néant ou s'il existait une sorte de décharge universelle où s'accumulaient toutes les choses que faisait disparaitre ce sort. Il fit subir le même sort à la corde invoquée. Puis, sortit une paire de bouteilles de soda du sac que la chute de son ami avait épargnée.
Allons fêter ça dignement dans un endroit moins compromettant, mon cher Grantt.
Une bonne chose de faite. Voilà qui devrait rapprocher un peu plus le directeur de l'apoplexie mortelle qu'Edwyn espérait un jour lui infliger et signaler à tous que, non, il n'était pas question de s'incliner devant ce tordu et ses idées débiles.
Ce n'était peut-être pas grand-chose, mais c'était le signe d'une résistance, le signe que les paroles d'un vieil homme n'étaient pas totalement tombées en désuétude. Qu'une âme résidait toujours dans ce château et que ceux qui y vivaient continuaient d'entretenir la flamme et lutter contre le mal qu'il soit subtil ou évident, léger ou omniprésent. Les sorciers, les moldus, les cracmols, tous ceux qui occupaient cet endroit étaient ce qui faisait Poudlard et non son directeur, la vérité était peinte en jaune sur les murs pour que tous la voient.