La vérité, en vérité, tu ne la connais pas / Dorothy {Fiche terminée}

Il y a maintenant dix-sept ans naissait un petit brin de fille à la frimousse polissonne. Un petit sucre pour citer le paternel après l’accouchement. Dorothy est née dans une famille mixte : mère sorcière et père moldu. Emma est une ancienne joueuse de Quidditch professionnelle. Batteuse de l’équipe d’Angleterre jusqu’à sa deuxième grossesse. Elle a alors décidé qu’il était temps pour elle de laisser place à la nouvelle génération. Elle est maintenant journaliste sportive pour un magazine spécialisé dans les sports magiques où elle tarifie ses articles à une valeur proportionnellement inverse de leur longueur. L’avantage d’être une ancienne pro trop hype ! Parfois, il lui arrive également de commenter des matchs. Lucas, le père de Dorothy, est quant à lui un professeur d’histoire ancienne orientale à la faculté de Londres. Son temps de travail est partagé entre la rédaction d’articles, dispenser des cours et parfois superviser des fouilles. La petite famille vit dans un petit manoir londonien avec Rufus le labrador. Oh. Il y a aussi un petit frère, Matthew.

L’enfance de Dorothy est heureuse. Un savant mélange de culture magique et moldu. Si bien qu’elle n’est pas spécialement choquée de voir moldus et autres cracmols à Poudlard. Bien que pour sa part, elle n’aimerait pas être une sans magie dans une école de magie : elle serait trop dégoutée qu’on lui mette sous les yeux tout ce dont elle n’aurait pas accès. De sa petite enfance, autant qu’elle puisse s’en souvenir. Elle n’a justement que des bons souvenirs. Elle était gâtée, sans doute trop, par ses parents. A chaque fois que sa mère gagnait un match, elle avait un petit mot gentil pour sa fille dans ses interviews. Son père lui ramenait toujours un petit souvenir de ses tribulations au Moyen Orient. Tout, ou presque, lui été cédé. Une vraie petite princesse. Ou une salle gosse selon le point de vue.

A son arrivée à Poudlard, elle fut ravie d’être nommée à Serdaigle. Parce que c’est la maison des érudits et qu’elle voit en son père la définition même du savant qu’elle rêve de devenir. Surtout parce que cela lui permet de se démarquer de sa mère qui était une Griffondor. En réalité, elle voulait bien être tout sauf Griffondor. Bon. Peut-être pas Poufsoufle. Faut pas déconner non plus. En effet, très vite Dorothy a senti qu’il y avait anguille sous roche. Elle a senti la quenelle arriver, quand à peine son derrière posé sur la chaise une fois répartie, la première remarque qu’on lui a faite fut « Hey, mais t’es la fille d’Emma Martin ! » suivi de phrases dignes de croupies vantant les mérites et la badassité de sa daronne.

Son premier cours de vol fut de la même veine. Tout le monde s’attendait à ce qu’elle ait des prédispositions pour le vol et quand elle démontra qu’elle avait effectivement du potentiel. Tous chantèrent à l’unisson « c’est bien la fille de sa mère ». Se faire sans cesse comparer à sa mère donne à la demoiselle des pulsions de lever bien haut son majeur vers le ciel dans le meilleur des cas. Ou bien de sortilèges impardonnables dans le plus mauvais. Elle n’a d’ailleurs pas manqué de faire comprendre à Luke, prof de vol et surtout son parrain, que s’il tenait à se reproduire un jour. Il avait tout intérêt à se passer de ce genre de comparaison avec la maternelle. A l’école, elle prend d’ailleurs ses distances avec lui, bien qu’elle l’adore et voit en lui une figure paternel rassurante. Depuis qu’elle s’est fait chambrer la première année d’être amoureuse de lui. Quolibets en général suivis de rire puérils et stupides de gamins écervelés.  Ce à quoi elle a toujours eu qu’une seule politique : nier tout en bloc ! En rougissant comme une pivoine.

Ces petites mésaventures cocasses mises à part, en première année elle fit également la connaisse de Dana. Une griffondor badass. Et géante. Et quand même très badass. Et surtout carrément géante. Bien qu’il ne soit pas bien compliqué d’être une géante aux yeux de Dorothy. Dana avait ce côté fougueux et rebelle qui allumait des étoiles dans les yeux de la petite Serdaigle. Peut-être même que parfois son petit cœur battait un peu plus fort. Très vite, elles finirent best friend forever comme disent les moldus. Dana apportait à Dorothy un brin de folie et Dorothy apportait à Dana un brin de sérieux. Elles passaient leur temps ensemble et profitaient sans vergogne des places vip pour les matches de Quidditch que sa mère obtenait. Cette amitié dura les trois premières années. Jusqu’à ce que dans la tourmente et la peur de redoubler, Dana subtilisa des notes de Dorothy pour tricher en botanique. Et avoir une meilleure note qu’elle. En plus ! Si Dorothy était toujours partante pour aider son amie, elle cria cette fois là à la trahison. Pire, au crime de lèse-majesté. Et soudain, l’envie de battre des cils en voyant Dana fut remplacée par une envie de lui coller une mandale. Ce qu’elle ne fit bien évidemment jamais. Dorothy n’était pas assez fifou pour s’en prendre physiquement à une meuf faisant une tête de plus qu’elle et deux fois son tour d’épaule. A la place, elle changea le hibou de Dana en verre à pied. Son tout premier méfait. Et punaise, elle a kiffé.

En parallèle, ses parents eux-mêmes décidèrent de la poignarder dans le dos. En pondant un petit frère quand elle avait 14 ans. Matthew. Et soudain, tout bascula. Elle qui était jusqu’à lors le centre du monde de sa famille. La voilà reléguée au second plan. Bien décidée à ne pas se laisser faire, tout est depuis calculé pour emmerder ses parents. Surtout sa mère contre qui cette trahison se mêle à la lassitude de la jeune fille d’être sans cesse comparée à elle. Si Dorothy n’est jamais entrée dans l’équipe de Quidditch, c’est bien avant tout pour faire chier la daronne et tout faire pour s’en démarquer. Ce petit caprice de bourgeoise ferait sans doute dire à certains, et notamment les plus malheureux, qu’on a pas tous les mêmes problèmes dans la vie. Caprice contre lequel il serait tentant de répondre par un hurlement primaire suivi d’une tarte dans sa mouille pour lui ébouriffer son carré parfait et lui apprendre la vie. Surtout la faire redescendre sur terre. Contrairement à ce qu’elle veut bien voir, ses parents ne la délaisse pas le moindre du monde. Même si en effet, elle n’est plus le centre de l’attention car ô incroyable, un petit bout de trois ans a besoin de davantage d’attention qu’une ado de 17… Mais Dorothy semble bien décidée à ne pas le comprendre et ne perd jamais une occasion de surnommer affectueusement Matthew de face de gobelin ou de face de troll selon son humeur. Et le pire, c’est que Matthew l’aime bien, sa grande sœur. Enfer !

C’est ainsi que la petite cutie qui jadis battait des cils en rougissant devant sa belle Griffondor s’est transformée en la Dorothy que tout le monde connait aujourd’hui. Une travailleuse acharnée, collectionnant les notes exemplaires, et pas toujours très agréable. Une petite diva qui fait son petit caprice quand on l’écoute pas. Une fille qui n’accorde plus sa confiance aussi facilement qu’avant. Par peur de se faire manger par les autres, Dorothy a décidé qu’elle devait manger les autres avant. Par précaution. Médisant parfois. D’autres fois manipulant. La prof de potion la première. Prof qui semble ne pas réaliser que si la blonde joue à la gentille fifille, ce n’est que pour mieux lui soutirer davantage de savoir avant de la remplacer. Tout ça quand elle n’est pas occupée à préparer une potion de furoncles pour se venger de ceux qui ont osé la courroucer.

Dorothy ne réalise pas que son comportement ne l’a pas rendu plus forte au fil des années. Bien au contraire. Parfois, l’ancienne Dorothy a envi d’hurler. Parfois elle a envie d’arrêter ses petits complots et ses petits caprices. Toutefois si bien prisonnière de l’image qu’elle s’est créée, la jeune demoiselle ne sait plus comment agir autrement. Sans doute a-t-elle besoin d’un bon gros câlin.

Ou d’une bonne baffe !