Can you blow our whistle baby ? ❊ Maybelle

Maybelline t'attendait. Sauf que ce n'était pas elle qui devait traverser tout le château, remonter les escaliers des cachots jusqu'à la tour de Gryffondor, avec ta robe emballée et ta trousse de maquillage dans une main, et tes escarpins dans l'autre. Il fallait parfois savoir oublier son once de dignité pour mieux par la suite les éblouir de ta beauté.

C'était déjà prévu de toute façon. Maybelline allait sûrement organiser plusieurs stories pendant la soirée, pour bien montrer au monde entier que la mode en 2028, c'était vous qui la décidiez.

Pourtant, ton coeur de princesse gâtée tambourine à l'idée même la soirée. Il y a quelques temps, tu te serais battu dès à présent pour être élue reine du gala, sûrement aux côtés de Clark Prewett. Mais comment tes priorités avaient-elle pu s'effacer si facilement ?

***

Maisee se trouve déjà dans la salle de bain, tu l'entends à sa voix stridente qui ordonne à tous de simplement dégager. Tu étires un sourire satisfait et fait claquer tes talons sur le sol, comme pour annoncer d'un rythme extatique et méthodique qu'il valait mieux s'écarter.
Tu te fraies un chemin pour accéder à la salle de bain et aide ta meilleure amie à bloquer son accès.

— « Attends, j'ai créé ça il y a une éternité. Pour éviter que Pépito vienne dans ma chambre. »

Tu enlèves l'elastique de tes cheveux et l'attache sur ta poignet.

— « A moins d'avoir un de ses canifs spéciaux, impossible de rentrer. Pratique n'est-ce pas ? »

Tu minaudes un peu d'un petit air supérieur et pose ta trousse sur le lavabo. Maisee s'empresse de te demander des comptes concernant Jason. Tu éclates d'un rire cristallin. Prête à lui dévoiler les détails croustillants.

— « Du calme Maisee Bee... Oui oui quoi Jason ? »

Passant une main dans tes cheveux, tu fuis un peu son regard direct, préférant lui parler au travers de votre reflet dans le miroir.

— « N'est-il pas charmant ? Je refusais d'y aller seule cette année, et je n'y peux rien si la majorité des mecs de Poudlard m'apparaissent comme des singes sans manières ni charismes. »

Tu croises les bras.

— « Raconte moi tout, dans les détails. C'est Texas qui t'accompagne cette année ? »

Tu admirais ta meilleure amie. Pas pour sa beauté ou toute superficialité (tu vous savais égale à ce niveau) mais pour le courage et la détermination dont elle faisait preuve. Elle restait forte et fière face à l'adversité, ce qui prouvait dans ce cas-ci votre unique différence, celle de vos maisons. Alors que tu solutionnais tout tes problèmes par le mépris (tu as tendance à répondre merde, en général ça va avec tout), Maybelline demeurait cette femme souriante qui pouvait faire croire inlassablement que tout lui souriait.

— « Oui, clairement. Et puis c'est un demi-géant. Tout doit être proportionnel si tu vois ce que je veux dire. »

Tu appuies ta remarque graveleuse par un sourire en coin et un clin d'oeil. Mais tu perds ton sourire quand le sujet se concentre sur Texas. Encore une fois tu respectais la force de caractère de ton amie, pour supporter que sa vie soit autant contrôlée et médiatisée.

— « Je suis la seule à me préoccuper de ton bonheur ou ça se passe comment ? Je ne pourrais pas épouser mon ami, personnellement. Et je ne pourrais pas me forcer à aimer quelqu'un parce que c'est mon devoir. Le vrai amour c'est celui qui mélange affection et désir. Le parfait équilibre. Est-ce que tu ressens des choses pour Texas ? C'est TES sentiments à toi qui déterminent si c'est un bon fiancé. »

ça te rendait malade, qu'on puisse ainsi orienter le destin de Maybelline sans que son opinion soit prioritaire pendant la prise de décision. Rebelle de temps modernes, tu voyais ça d'un mauvais oeil Cannelle. D'un très mauvais oeil. Mais tu ne pouvais oublier les vrais désirs de ta meilleure amie.

— « Cela à intérêt à bien se passer. Le premier qui vient polluer ta soirée de rêve, je lui envoie mon canon à cons. »

Tu soupires avant de literralement faire tomber ton mascara au sol dans un cri de surprise.

— « Un spa ?! Je dis oui ! oui oui OUI ! »

Clairement en vacances toute l'année, tu avais quand même également besoin de véritable détente cette fois-ci.

— « Je serais gourde de refuser, au diable la politesse Maisee, on va ou tu veux. Juste toi et moi. »

Tu savais que Maybelline ne réagirait pas de la manière qu'on pourrait attendre après une telle blague. Une blague peut-être même ironique tant elle ne te ressemblait pas.
Tu avais la réputation d'être frigide quand même Cannelle. Et tu ne savais même pas s'il t'avait jamais pris l'envie d'avoir des relations sexuelles. Les fois ou c'était arrivé, tu n'avais pas retenu le plaisir avant tout, surtout la fatigue que cela avait engendré. Mais alors que tu réponds grassement à son sourire rempli de gêne, tu t'empresses de rajouter.

— « Voyons Maisee, je parle bien évidemment de la taille de son cerveau." Tu éclates de rire. Cristallin et presque versatile. "Même s'il est courant que les géants ne brillent pas pour leur intelligence. Jason est un garçon gentil. Loin d'être stupide. Je ne vais pas au bal accompagné d'une groupie cette année, j'en ai assez. »

Conclusion faite.
Il était temps de passer aux choses sérieuses. Ce couple te rendait folle. Tu ne voulais que le bonheur de Maybelline et tu doutais encore secrètement de la capacité de Texas à remplir ce rôle. Pourtant, toi qui ne te sentais jamais concernée par autre chose que par toi même, ce que te disait ta moitié te touchait plus que tu ne l'aurais cru. Elle semblait vulnérable, affaiblie par cette pression constante qu'elle avait sur les épaules. C'était l'unique et la grande différence entre vos vies, qui vous avaient rapproché. C'est que tu venais d'une famille de fermiers, inconnus. Aucune attache ne pouvait te mettre une quelconque pression. On n'attendait rien de toi, mise à part d'être époustouflante, d'être Cannelle. Maybelline Tudor se devait d'être un modèle, une bonne épouse, une belle jeune femme, une parfaite héritière. Pour l'honneur.

— « Si c'est vraiment un choix que tu assumes Maybelline. Je ne pourrais jamais aller contre tes choix. Je t'accompagnerai. »

Tu croises les bras après avoir enfilé ta robe.

— « Et j'espère bien que tu me choisiras en tant que témoin ! Dove sera une parfaite petite demoiselle d'honneur. »

Attrapant un mascara que tu fais rouler entre tes doigts, tu reprends ton sérieux.

— « Maisee, je veux juste qu'on soit d'accord toutes les deux. Ce n'est pas à moi de juger ton futur époux, sinon je te dirais que tu peux sûrement mieux faire et choisir plus tard surtout. Un bon parti ? Pour tes parents ou pour toi ? Veux-tu te réveiller tout les matins aux côtés d'un ami précieux ou de l'homme de ta vie ? »

D'une petite voix après ce silence instable, tu aquieses ce qui te semblait d'un coup moins important et presque gênant.

— « Parfait ! Je n'y suis jamais allé et je pense qu'on peut y faire des photos parfaites pour insta ! »

Tu observes Ok Google qui apparait d'un coup devant vous. Tu te retiens d'éclater de rire (comme à chaque fois). Née-moldue, tu étais sûrement de ceux qui pouvaient trouver le saugrenue hilarant.

— « J'ai si hâte ! »

Tu oubliais parfois l'ampleur de la situation. Légère et si perchée Cannelle, il t'était difficile d'imaginer le mot responsabilité ou encore obligation. Pire, ça te rebutait. Ton admiration pour ta meilleure amie n'en était que décuplée.
Son allusion à l'intelligence de Jason te faisait rire.

— « Je n'ai jamais dit ça Maisee Bee. Ne déforme pas mes propos ! Jason est un amour. Du moins, il est celui dont j'ai besoin ce soir pour oublier toute cette année. »

Le décès de Mephisto, ta sale fouine de petit frère adoré. Il avait peut-être été adopté par les Flemming mais il était à tes yeux de ton sang et non de celui des Blackwell. Maudite famille dont les descendants tombaient comme des mouches les uns après les autres. Grenat, puis Mephisto. En plus du choc de l'enterrement, tu avais du encaisser le fait que tout ceci n'était qu'un homicide, un immonde assassinat dont l'issu avait réussi à t'atteindre, à briser ta coquille de froideur que tu t'étais construite, d'insensibilité aigue. Comment ne pas verser une larme face à ce drame ?

— « Tu sais Maisee, je ne sais pas vraiment ce que je ferais non plus sans toi. Ne me trahis jamais, s'il te plait. Ma loyauté à ton égard est exceptionnelle car elle est l'unique. Depuis que Leto est parti à jamais, je crois que j'arrive enfin à craindre la mort. »

Ton sourire s'était éteint alors que tu appliquais du gloss sur tes lèvres, le visage rapproché du miroir.

— « Pour en revenir à ton mariage.. » tu venais de briser un petit silence. « Du moins s'il a lieu, je ne comprends pas pourquoi la famille royale a évolué au point de te laisser étudier dans une école publique au milieu de tout ses roturiers mais par contre pour te fiancer au premier qui porte un nom stylé - désolé mais les Disney c'est surcôté - dans une église avec toutes ces reliques idiotes, ses discours religieux, un voile sur la tête et une ceinture de chasteté autour de la taille là ça sera ok. »

Tu hausses un sourcil, tout en tapotant légèrement tes pommettes d'highlighter.

— « Désolée encore de casser l'ambiance, mais tu crois pas qu'à partir du fait ou on choisit à ta place c'est terriblement malsain et surtout inacceptable. Je comprends bien qu'en tant que née-moldue et surtout pas issue de famille royale je suis out des traditions. Mais bon dieu, on est en 2028. Tu peux bien choisir qui tu veux. Regarde, Elizabeth 2 a bien épousé le prince Philip ! Ok il était peut-être haut gradé mais ses parents l'aimaient pas. Ils en ont pas chier une pendule et elle a choisi l'homme de sa vie. »

Bon, tu ne voulais pas trop la brusquer non plus. Surtout si elle aimait Texas. Ton seul désir était de rallumer cette flamme de liberté et de défi qui avait disparu de sa vie. Une vie de servitude et de fidélité aveugle à sa famille jusqu'à gommer ses propres choix d'existence. Cela n'était pas digne d'une gryffondor ni de Maybelline Tudor.

— « Je pense que ce voyage va nous faire du bien. A toutes les deux ! »

Elle était la seule. La seule et unique que tu n’as jamais voulu exterminer sur ton passage, que tu n’as jamais voulu écraser, ni même égaler. Elle était ta moitié, ton âme sœur platonique. Et même de ton cœur de glace, tu serais prête à tout pour elle Cannelle. Sauf à pardonner, ceux qui lui auraient fait du mal. L’amitié n’existait pas, sauf quand tu la voyais dans ton champ de vision. Il n’y avait que de la concurrence et des traitresses, sauf quand tu la voyais dans ton champ de vision.

— « Moi non plus très chère. Et tu peux compter sur moi pour couvrir tes arrières. Tu sais, ce que tu as fait, c’est exactement ce dont j’avais besoin. De réfléchir, de me recentrer sur moi-même et sur ma famille. »

Tu lui fais un sourire colgate et tu attrapes ta brosse pour lisser ta chevelure d’or. Il était vrai que la cérémonie était belle. Emouvante, elle t’avait soutiré quelques larmes de désespoir. Mais parce que la mort de Mephisto te rappelait continuellement que la fin pouvait surgir à n’importe quel instant. Et quitter cette terre sans avoir encore accompli de grandes choses te faisait peur. C’était ta seule vraie crainte. Derrière les masques.

— « Hein quoi ? »

Elle te ramène à la réalité, parlant du triste destin auxquels elle échappé. Quelle horreur, vivre reclus dans la société moldue. Pourtant, c’est bien ce monde-là que tu as vécu dans l’insouciance avant de recevoir ta lettre pour Poudlard. Et tu te souviens d’aussi loin, que tu avais toujours voulu y échapper. La vie banale n’allait pas à Cannelle Disney.

Tu imagines désormais les sept enfants Tudor suivant des cours particuliers avec un tuteur attitré, privé de toute vie sociale. Tu imagines soudainement une vie sans Maybelle. Sans votre duo inséparable. The horror !

— « Mon dieu ! Arrête je viens de faire un cauchemar à l’instant ! Imagine on ne s’était jamais rencontré ! »

Tu frissonnes, encore toute chose par cette imagination terrifiante. Mais l’horreur revient prendre le dessus quand elle parle de Texas. Elle semble vraiment amoureuse, au fond de toi tu ne sais pas si ça te rassure ou si ça t’inquiète. L’amour rend parfois aveugle, dans le déni de l’idylle.

— « A croire que Disney serait un bon parti à côté de tous ces princes démodés et répugnants ? Epoustouflant. En tout cas… si tu es sûr de ton choix, je l’accepterai tout comme Penelope. Il est important pour toi n’est-ce pas ? Mais le futur Mr. Texas Tudor doit s’attendre à passer mon questionnaire secret « connaissez-vous réellement Maybelline Tudor ? » avant de pouvoir espérer prendre ta main. »

Tu tires la langue et lui rétorque. « Evidemment, moi j’ai 100 sur 100 à ce test. »

Tu étais enfin prête, tu prends alors ton petit sac à main. « Allons-y. »