To talk • ft Aslan

Il sent que tu sais de quoi tu parles ; empathie dissimulée sous les forteresses floues et frêles qu'il s'érige. Il comprend ce que tu as vécu, il sait que tu fais en sorte que ça semble moins grave que ça ne l'est. Ce n'est pas grave, il ne te dira rien là-dessus ; ça lui arrive aussi, de transformer tout ce qu'il vit en détail futile de son existence.

— Je vais essayer d'en euh... parler plus, monsieur Hynes.
Il ne sait pas s'il pourra tenir cette faible promesse, qui n'en est même pas une. Il ne t'a pas promis, il a dit qu'il essaierait. Il fera des efforts, pour te rendre fier. Il ne sait pas trop pourquoi, mais il sent qu'il peut le faire, au moins pour toi.

Il y arrivera, peut-être pas tout de suite.

Un regard se perd sur sa montre. Il faudrait qu'il parte, avant d'être en retard pour la suite de ses cours. Il est sûrement là depuis trop longtemps, mais la conversation lui a été très positive. Il va avoir de quoi réfléchir. Pour un bon moment. Un très long moment.
Et l'évolution viendra. Il ne le sait pas encore, mais elle viendra. Pas maintenant, pas demain, peut-être même pas d'ici la fin de l'année.
L'année prochaine, sûrement.

— Je suis désolé, je vais devoir m'éclipser. Merci de vous être inquiété. Je vais faire des efforts.

Il rassemble ses affaires, faisant balancer ses iris entre son sac et ton visage, comme s'il cherchait l'approbation ; comme s'il vérifiait que tu avais bien terminé. Il balance une des lanières sur son épaule ; « Bonne journée et bon courage pour le reste de vos cours. » Il a baissé la tête, comme une demie-réverence.

Il n'ajoute rien de plus, s'en va dans le silence pesant de ses pas, et quand il arrive dans le couloir, il soupire - il se demande s'il avait retenu son souffle tout ce temps. Le coeur un peu plus léger, la tête remplie d'idéaux d'un futur plus clément, il se dandine jusqu'à la salle de son prochain cours.
Merci, Lohann.