[Bal 2028] party hard ••• Béring

Rien ne s’était passé comme prévu. La soirée avec Béring frisait le fiasco et on ne pouvait pas dire que mes échanges avec son cher et tendre étaient un succès non plus. Je déteste l’échec et je déteste avoir tort. Tout ce que je pouvais faire c’était attendre et espérer que les deux neurones présents chez ses deux crétins finissent par se toucher. Mais en attendant...plus de bal pour moi.

J’ai fait un détour par les cuisines, feignant un mal de crâne pour convaincre les elfes de maisons de me fournir un peu de nourriture sur le côté. Heureusement pour moi ils étaient trop affairés pour s’apercevoir qu’une bouteille manquait à l’appel, dissimulée derrière mon dos. Yup, c’était le plan, vivre en paria dans mon dortoir. Ne pas affronter un capitaine vénère, ne pas voir Beckett valser avec sa jolie partenaire. Bien installé dans mon donjon.

J’arrive dans une salle commune déserte et un dortoir désert. Tout le monde s’amuse ce soir, c’est la dernière soirée de l’année. La dernière chance de s’amuser avec ses amis avant d’être séparés par deux mois de vacances d’un ennui mortel. Ou encore de poser la question fatidique à la personne qui fait battre votre coeur en se disant qu’au pire il/elle aurait oublié à la rentrée prochaine….

Bref, je me privais de la première, mais se priver de la deuxième ressemblait plus à un cadeau.

Dans un soupir exaspéré j’envoie valser mes chaussures dans un coin de la pièce.. La possibilité de me changer pour quelque chose de plus confortable me traverse l’esprit mais après tant d’efforts...ça serait dommage de ne pas en profiter. Vautré sur mon lit, je me redresse pour grignoter un peu avant de balayer le dortoir. Les valises pour demain matin sont déjà à moitié prêtes - presque plus rien ne traîne. Bientôt tout sera vide. Vide et froid. On repartira en train pour notre foyer temporaire. Parce qu’au final en passe plus de temps à vivre ici que chez nous. Ce dortoir...avec ces marques sur le bois et la pierre, ces odeurs, ce désordre habituel. Ca allait me manquer. De la vie. Ne pas passer mes journées à m’ennuyer entre quatre murs, à attendre quelqu’un pour qui ma présence est occasionnelle. Parfois même nuisible.

Un autre long soupir s’échappe de mes lèvres.Je vérifie mon téléphone : aucun message. Autant profiter du calme pour lire un peu, non ? Et m’empiffrer. Et boire un peu aussi.

L’échec me donne juste envie de m’enfouir dans les draps et de geindre, de me laisser aller à un peu d’apitoiement sur moi-même. J’ai beau essayer de ne pas y penser, je repasse tout en boucle, évalue les scénarios, cherche les failles et les faiblesses - ce que j’aurai pu améliorer. Mais les gens ne sont pas logiques et si Béring l’était, il aurait compris ce que je voulais lui dire. Peut-être qu’il avait compris. Peut-être qu’il n’aimait pas juste la réponse que ma question avait suscité en lui. L’introspection, ce n’est pas le goût de tout le monde.

Tout le monde ne pas chercher à s’analyser objectivement. Quel dommage. J’engloutis encore un peu de champagne, ça picote, à la longue c’est même pas si bon que ça...si surfait le champagne. Mais ça aide à engourdir un peu ce sentiment froid, celui d’être conscient que je n’étais à ma place nulle part - que personne ne voulait de moi. Beckett peut-être...il avait au moins pris le temps de me raisonner par sms - mais c’était juste parce que sa partenaire était indisponible. Et maintenant elle devait être revenue. Et qu’est -ce qu’ils étaient en train de faire ? Danser les yeux dans les yeux, sourire, s’amuser. Errol avait un joli sourire. Et s’ils étaient ensemble au bal c’est qu’ils s’entendaient bien. Deux marginaux. Je pouvais facilement deviner la suite.

Je ne pouvais juste rien y faire.

Et Béring qui m’énervait. Ce qu’il pouvait être stupide. Et émotionnel. Pas vraiment les bonnes qualités pour être capitaine de quidditch. Et pourtant, sa remarque m’avait atteint plus que je le ne pensais. Béring qui était venu à mon appel. Béring que je connaissais plutôt bien et que je trouvais fiable malgré ses faiblesses.

Toutes ses pensées revenaient sans cesse, s’enroulaient les unes sur les autres comme des vêtements sales dans une machine à laver moldue. Je fais semblant de lire, le livre ouvert devant moi, incapable de me détacher de mes pensées. Un grincement de porte et je relève les yeux. Il est là. Il a l’air bizarre. Le silence est lourd. Qu’est-ce qu’il fait là ? Il veut que je m’en aille ?

Je m’apprêtais à lui demander si je devais aller dormir dans la salle commune vu comment il me détestait mais au lieu de ça voilà que mon capitaine se jette sur le lit - en diagonale et à moitié sur moi. Exclamation étouffée alors qu’il m’écrase l’estomac et les poumons. J’essaie de le pousser. Ce qu’il peut être lourd cet empoté ! Il le fait exprès. Je le sens qu’il le fait exprès. A quoi il joue ?

Béring, qu’est-ce que tu fous ?!! T’es lourd ! T’es bourré ou quoi ? T’as pas intérêt à me gerber dessus !

Il ne manquerait plus que ça. C’est un costume neuf, bordel de merde. Il pourra toujours servir l’année prochaine. Je tends le bras vers ma table de nuit. La bouteille va bien - ouf.  Il se tord le cou pour me regarder et s’excuser.  Ah. Ca je ne m’y attendais pas - je croyais que se vautrer sur moi, c’était juste une façon d’exprimer sa colère et de prendre sa revanche. J’avais tort.

Quoi ?!! C’est vraiment ta façon de t’excuser ?!!! Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?!

Je ne sais pas pour vous, mais j’apprécie moyennement de me faire écraser sans crier gare. Est-ce que je suis le seul dans ce dortoir à avoir même ne serait-ce qu’une vague notion de ce qui est approprié ?!!

Je parviens à m’extraire un peu du poids mort que mon camarade constitue, juste suffisamment pour respirer correctement et soupirer. Putain, Béring... Je retrouve un semblant de calme pour lui dire :

...Ecoute...Je n’aurai pas dû dire ça non plus, c’était ..indélicat. Je suis désolé aussi Béring. Je n’ai pas à me mêler de ta vie amoureuse.

Si seulement il savait ce que je venais de faire. Je risquais vraiment de m’en prendre une.

D’autant plus quand je ne sais pas de quoi je parle.

Mon regard se tourne alors sur la bouteille indemne mais abandonnée sur la table de nuit. Je l’agite un peu en la tendant à mon camarade :

Champagne ?

Je reste dubitatif vis à vis de sa méthode. S’il s’était laissé tomber si quelqu’un de moins poli que moi il aurait été éjecté avec un bon coup de pied aux fesses ou un sort bien placé. Béring dit quelque chose comme quoi je serai de bon conseil puisque je n’y connaissais rien :

Ca dépend pour quoi.

Je voyais mal un première année me donner des conseils sur mes sorts, ou encore me permettre de conseiller Béring sur la façon de satisfaire sa tendre moitié au lit. C’était peut-être vrai en amour - mais pas applicable à tout le reste. Un léger sourire se dessine alors qu’il réclame la bouteille. Toujours aussi débauché. Au moins ça avait le mérite de me faire sourire et de me rassurer. S’il agissait avec autant de familiarité avec moi c’est qu’il ne pensait pas ce qu’il avait dit tout à l’heure.

Il s’excuse et je passe une main dans mes cheveux un peu défaits par sa soudaine attaque.Je gigote un peu avant de m’installer en tailleur, un peu plus à l’aise dans mon propre lit qui servait - contre toute attente - de terrain de réconciliation.  Enfin si seulement Béring, après 8 ans de vie commune, ne cessait pas d’écorcher paresseusement mon nom.

Bertram

J’inspire et hausse les épaules. Moi un ami précieux ? Je l’avais fait à moitié pour lui, l’autre moitié juste pour le plaisir de jouer, de voir si j’étais capable de manipuler les autres aussi facilement que je le pensais. S’il connaissait mes intentions ou encore mon petit tour de tout à l’heure il me détesterait certainement. Heureusement que je gardais bien mes secrets.

Je ne sais pas, Béring.  C’est difficile de voir ses amis souffrir et ne rien pouvoir faire. Je pensais que tu avais juste besoin d’un petit coup de pouce pour réaliser ce que tu voulais vraiment.

Moi c’est ce dont j’avais besoin. Son image de tout à l’heure me revient. Beckett si fier, bien habillé et bien coiffé qui semblait échanger des secrets avec Olympe Errol, si proches l’un de l’autre.
Je baisse la tête et fais mine d’ajuster le bout de mes manches. C’est pour m’occuper les mains et éviter de les regarder.

Peut-être que reconquérir Geoffrey est la solution. Peut-être que c’est le contraire, essayer de l’oublier et de tourner la page. Je ne sais pas. Mais je pensais que si tu étais sûr de toi, tu pourrais prendre une décision. ...et peut-être qu’on bon ami se contenterait de t’écouter et d’être là pour toi, pas juste de t’influencer pour absolument trouver une solution à tes problèmes.

C’est amusant de jouer avec les autres, les utiliser, de les voir tomber dans les pièges que l’on élabore et se diriger là où on souhaite qu’ils aillent. Mais avec ses amis ? Même pour de bonnes raisons, cela me donnait une drôle de sensation. De la culpabilité. Ce sentiment je l’avale comme un médicament au goût amer - je ne peux pas me permettre de le laisser sortir. Si les gens savaient….

Heureusement le bouchon à champagne saute et m’offre une porte de sortie. Pas besoin de verres, on se l’échange et je bois une grande gorgée à la bouteille. On sait faire la fête chez les serdaigles. Je soupire et puis éclate d’un léger rire sincère à sa remarque.

Non, l’amour c’est juste une réaction chimique qui nous pousse à nous reproduire. Ironique, n’est-ce pas ?

Enfin, quand on est un homme qui aime les hommes. Aucune chance de reproduction naturelle. A vrai dire nous étions des primates, donc polygames par nature. C’était des siècles de coutumes et de sédentarité prudente qui nous avait poussé à opter pour un système monogame. Quelque part, on allait contre notre nature.

Et puis en temps que primates, on n’est pas censés être monogames.

Je soupire. Je peinais déjà à trouver un partenaire alors deux ou trois ? Beckett était spécial c’est vrai. Mais dans toute ma courte vie, j’avais déjà été attiré par plusieurs personnes, très différentes, en même temps.

Et non, l’amour c’est pas comme Love actually

Je récupère la bouteille pour boire encore avant de plisser les yeux pensivement.

Même si ….c’était un bon film.

La remarque sarcastique de Béring me fait étirer un faible sourire. Il ne sait pas à quel point il a raison. Joyeuses Funérailles, ouais...avec tout ce qui s’était passé à la fin de l’année, la tentative de Soleil, l’échec de l’équipe de quidditch, mes échecs personnels...Ce n’était pas la joie. Et cerise sur le gâteau Beckett et Olympe, fantastique. J’avais hâte que tout soit derrière moi, laisser les vacances et le soleil tout effacer comme de l’eau.

Je récupère la bouteille de champagne pour boire un peu. Ma bouée de sauvetage. Et pour nous sortir de ce puit de désespoir sans fond, une idée fait irradier le visage de mon capitaine. Regarder le film en question. J’hésite un peu, dodelinant la tête de droite à gauche. Comment refuser une proposition aussi tentante ? Aussi, je crois fermement que quelque part, un serdaigle doit atteindre l’orgasme à chaque fois que quelqu’un utilise le terme “ cathartique”.

Pourquoi pas ? On a rien de mieux à faire après tout....  Tu l’as ?  

Je lui adresse un sourire en lui tendant la bouteille. Finalement ça allait revenir à ça, le bal parfait, rester avec ses potes à picoler en regardant des films. Ca me convenait parfaitement, bien loin des contrariétés et des obligations de la société. De mon côté, j’ouvre ma valise pour sortir mon ordinateur portable et le placer sur le lit. La soirée commence déjà sur ce film culte alors que le blond m’avoue sa préférence pour Judy et John. C’est vrai qu’ils étaient mignons..mais quelque part c’était vraiment une histoire secondaire...basé sur quelque chose un peu vulgaire - tout en restant, paradoxalement, très pur.

Ouais ils le sont...mais j’ai une préférence pour Jamie et Amélia.

Peut-être que c’était le contraste entre leurs deux mélancolie ou celui de l’attitude British vers les autres, la façon dont leurs liens se tissaient petit à petit malgré la barrière de la langue...les mots peuvent être de telles barrières parfois… Et ensuite, peut-être que c’est le champagne, peut-être parce que c’est Béring et que je peux enfin lui parler de ces choses là  ou encore peut-être que c’était juste ce besoin viscéral de rendre les choses plus légères mais j’ai réussi à marmonner une phrase que je n’aurai jamais eu le courage de prononcer avant :

Et puis bon Colin Firth avec des pulls...

Franchement gêné, je n’avais pas vraiment l’intention de m’étendre sur le sujet. Je n’étais pas du genre à émettre ce genre de jugement, j’évitais toujours ce genre de conversation….donc même pour moi, c’était étrange de me l’entendre dire.

Et le capitaine de l’équipe de quidditch brandit le fameux DVD avec triomphe.

Victoire !

Nous les serdaigles on aime bien remuer le couteau. Parler d’amour quand on a le coeur brisé. Ca fait partie du processus, ça aide de pouvoir réfléchir dessus, de le considérer comme un objet digne d’examination et de prendre du recul. Comprendre pour mieux vaincre et passer à autre chose. S’aimer sans mots. Ces mots inutiles. Ils me semblaient si faible si inefficaces avec Beckett qui avait toujours préféré les actions aux mots. Et moi qui croyait être plutôt doué avec les mots, je me retrouvais dépourvu.

Peut-être que l’amour peut transcender le langage, qui sait ?

J’avais envie d’y croire, l’amour comme un film muet avec des regards et des gestes. Se comprendre avec un seul regard….Mais comment est-ce qu’il pourrait ne serait-ce qu’imaginer ça Béring ? Avec un sourire malicieux, j’ajoute d’un ton taquin :

Tu ne vas pas me faire croire que t’as séduit Geoffrey avec toute la virtuosité de ton verbe, Béring.  

Je m’empare du DVD et me prépare à esquiver un coup juste au cas où. Je l’aurai mérité. C’était bien connu, qu’est-ce que l’amour mais bien de l’amitié couplé avec l’ingrédient le plus important : l’attirance physique. Une discipline que Béring maîtrisait, ou du moins , à défaut, connaissait bien plus que moi.

Sa remarque ne fait que souligner son esprit mal tourné et m’arrache un éclat de rire. Décidémment mon capitaine ne changera jamais. Personnellement, je me contenterai d’un Colin Firth avec pull, plutôt que pas de Colin Firth du tout. Et lui a déjà décidé d’être le capitaine de la soirée avec un autre film en vue, tout aussi mièvre.

Okay, mais file-moi la bouteille alors.  

Oui, je vais en avoir besoin. Le film commence et il mentionne une autre de ses soirées désastreuses avec Edwyn. Les sourcils un peu froncés, je m’interroge :

Ouais mais personne ne serait presque mort ce soir.

Un coeur brisé, une dispute avec un copain ce n’était aussi grave que d’avoir presque assassiné l’animal de compagnie chéri du directeur quand même ? A la rentrée, j’aurais fait semblant de rien. Et avec l’habitude tout aurait fini par être comme avant. Enfin, presque. Et le film se déroule arrachant éclats de rire, excitation par moment, l’envie de rejouer la scène de la danse avec Hugh Grant ainsi que de nombreux commentaire, notamment sur Colin Firth. Et après une longue gorgée de mousseux, alors que reprenait cette histoire secondaire complètement gag entre ces deux losers, l’esprit fortement influencé par ces gorgées d’alcool de réaliser quelque chose d’important. Cette histoire secondaire a raison. Elle a compris.

Je crois que ces deux-là ont tout compris. On devrait faire pareil. Traverser les Etats-Unis de droite à gauche avec un sac rempli de capotes à charmer tous les passants avec notre accent British. C’est le bon plan.

Mon capitaine me lâche une blague un peu douteuse qui me laisse un goût amer en bouche, le même goût amer que j’avais connu en mai. Sans lui en vouloir, je me permets de lui indiquer, la mâchoire un peu serrée :

Too soon, Béring.

Ce n’était que le mois dernier que j’avais bien cru retrouver Soleil morte après tout. Et ça m’avait suffisamment choqué pour que je ne sois pas prêt à plaisanter de quoi que ce soit qui tournerait autour de ce sujet. Est-ce qu’on était plus sexy qu’eux ? Définitivement. Je veux dire deux beaux gosses de chez serdaigle, la crème de la crème de quidditch, l’élite du pays, rien que ça !  L’idée de se faire arrêter à la frontière avec non pas un, mais bien deux sacs de prophylactique me fait glousser de façon incontrôlable, au point de m’en donner mal aux côtes. C’est tellement stupide. Mais c’est pour ça que c’est drôle. Je parviens à m’arrêter pour quelques secondes de répit pour dire entre deux crises de rire :

 - Leur. proposer. un script ? AHAHAHA T’es trop con  -

Et de me remettre à rire. Rien de bien méchant.
Il faut dire qu’on était tous les deux très cons. C’est suffisamment important pour que je doive le souligner.
Avant de me perdre un peu de mon hilarité pour me plaindre.

 Et t’es Billy parce que t’es le plus vulgaire...et ça ferait de moi le gros manager pathétique...merci. Au moins t’as du panache.

Et d’inspirer en me résignant :

Je préférais de loin être l’autre idiot. Non seulement il baise, mais en plus à la fin il a vraiment une copine qui a l’air de tenir à lui.  

Ouais. Je verrais très bien Béring commencer à chanter et débuter son strip-tease à la fois ridicule et obscène. Même si je râlais, je comprenais ce qu’il voulait dire. Qu’on était des bros et qu’au lieu de mourir seul électrocuté dans un vieux cottage biscornu au système électrique vétuste, on pourrait toujours compter l’un sur l’autre pour combattre cette pathétique solitude. Et j’avais envie de le croire mais si je gardais à l’esprit que dans quelques années, quand on aurait plus grand chose en commun...il était possible que nos chemins se séparent. Ces souvenirs sont de petits trésors, des perles à chérir et à apprécier...même dans le moment.

Même si ma conclusion sur le couple de loser semble plonger mon camarade dans une réflexion trop pointue pour une soirée de bal décadente tout ça pour poser la question la plus débile au monde :  Tu voudrais quelqu’un qui tiendrait à toi et avec qui baiser ? Ben non tiens, pourquoi ? Doï Béring, c’est le champagne qui te rend idiot ? Je garde mon amertume et ma condescendance pour moi et j’opte plutôt pour une plaisanterie  

Carrément. Si Colin Firth jeune passait la porte de ce dortoir pour me voir, je l’inviterai à sortir avec moi juste pour qu’il puisse mettre un rateau avec classe et dignité.

J’éclate d’un rire idiot. Je parie que même lorsqu’il rejette les gens il est adorable. Moins adorable par contre, mon capitaine qui pense que je ne le vois pas venir avec sa question. Il veut savoir. Est-ce que tu as un crush Bertram ? Sur qui ? S’il pense que je vais lui donner la réponse, il se trompe. J’ai toujours mis un point d’honneur jusqu’à présent à ne jamais en parler. A qui que ce soit. Bien essayé Béring, je sais que ça vient du coeur, mais non merci. J’ai pas besoin de tes conseils, ni de ta sollicitude et encore moins de ta pitié.

 Le truc avec la solitude, c’est que le plus souvent, le problème c’est qu’il n’y a personne.

Une réponse énigmatique et détournée comme j’ai l’habitude de les donner. Avant le coup final :

 Et toi ? Si tu devais sortir avec quelqu’un d’autre, tu sortirais avec qui ?

A quoi bon poser ce genre de questions idiotes. On pose une question quand on veut connaître la réponse, la première est tout simplement stupide et la deuxième….Ca ne sert à rien d’y répondre. Même si je lui avais dis la vérité, quoi après ? Il allait me griller pour connaître tous les détails - épuisant. J’avais pas envie d’en parler donc mentir me semblait être la solution la plus rapide, la plus facile et surtout la plus efficace. Avec un petit sourire, je colle ma main sur mon front en mode salut de soldat :

Pas de problème capitaine, je te tabasserai, promis.

Je repose un peu ma tête sur l’oreiller.

Pour être honnête, je pense que poufsouffle et serdaigle ça se mélange pas bien. Je veux dire...on a besoin quelqu’un de...stimulant. Intellectuellement, je veux dire. Pas une boule de fluff qui passe son temps à faire des câlins, parler de ses sentiments et s’empiffrer dans les cuisines.

Soyez pas offensés les pouffys, mais avouez que vous vous reconnaissez dans cette définition. Je lui lance un regard pour évaluer la situation, c’est ce qu’il voulait entendre ou pas ? Meh. C’est ce que je pense de toute façon. A côté de ça les gryffondors ne sont pas très réfléchis du coup ça nous permettrait de faire des grandes choses. Quant aux serpentards, et bien selon moi ils sont largement capables de nous égaler par leur fourberie.

 J’ai toujours trouvé que Smith était pas assez bien pour toi.

C’est vrai aussi. Mais bon, on ne commande pas ses sentiments. Je suis presque sûr que plein de gens trouveraient que Beckett n’est pas assez bien pour moi non plus. Mais enfin, on ne le saura jamais, j’imagine. Béring commence à me raconter ses déboires avec les autres. OKay, tout le monde sait que Van Eck est une MST ambulante qui sucerait un mec pour se payer le bus et se rendre à destination en marchant. Un Béring abstinent pendant 10 ans ? J’y crois pas trop. Ses draps vont être raides. Mais Atherton ?

 C’est quoi les histoires avec Atherton ?

J’étais curieux de le savoir.