Barbie chez la coiffeuse. | Shaelyn

Des conneries, j'en avais faites et j'en avais fais beaucoup trop pour être en mesure de toutes les énumérer et les compter. Après bien sûr, comme toute bonne fouteuse de merde qui se respecte, mes exploits je m'en souvenais toujours. Et même si je ne m'en souvenais pas, ce qui pouvait arriver même si c'était rare, je notais toujours TOUT dans mon journal en y intégrant des photos si possible. Comme ça, quand je serais vieille et fripée je pourrais donner de mauvaises idées à mes petits enfants, si j'en avais bien sûr. Par contre, le côté chiant c'était qu'il fallait que je fasse bien gaffe à ce que mes journaux soient bien cachés parce que sinon je ne donnais pas cher de ma peau. Heureusement pour moi, j'étais toujours tombée plus ou moins sur des colocs cool comme Rose du coup je n'avais jamais eu de problèmes avec mes journaux.

En tout cas, si j'étais d'aussi bonne humeur ce matin et que je gardais précieusement mon pineapple dans la main, c'était pour être sûre de ne pas rater LE moment. Le moment ou ce crétin d'Akhil apparaîtrait avec sa magnifique chevelure. J'avais jamais pu le blairer, y avait des gens comme ça avec qui le courant ne passait absolument pas et Akhil faisait partie de ces gens la. Et ce n'était donc pas rare que je le cherche pour la simple et bonne raison qu'il m'emmerdait profondément. Et cette fois, je m'étais surpassée. Cette fois, j'avais décidé de personnaliser un peu sa chevelure. Pour ça j'avais du mettre la mains sur une jolie teinture magique, puis partir en quête d'un Serpentard qui aurait l'amabilité de me donner un coup de main et donc glisser la teinture dans le shampoing d'Akhil. Franchement, ça m'avait prit un peu de temps mais rien de bien méchant, après tout je n'étais pas la seule à pas vraiment l'apprécier et si certains étaient indifférent, certains, ou du moins quelqu'un n'avait rien eu contre le fait de jouer une crasse à quelqu'un d'autre, même si ce quelqu'un était de sa maison. D'un autre côté, si le résultat était réussit, ça promettait d'être magique alors la curiosité et quelques cartes de chocogrenouilles que j'avais sacrifiés avaient suffit à faire du Serpentard mon complice.

Ainsi, c'est en fredonnant que je m'étais mise en chemin vers la grande salle, mon ventre criant famine et c'est quand je l'atteignis que je sentis comme une ombre dans mon dos. Ce qui n'étais pas difficile vu que j'étais plutôt petite de base et que, cette fois j'avais opté pour une paire de bottines avec de petits talons. Je déverrouillais mon téléphone et me retournais, sans hésitation, pour tomber sur une touffe de dread rose et la, ce fut la crise de fou rire. Jamais je n'aurais imaginé que la teinture rendrait aussi bien. C'était plus que réussit, c'était parfait ! Aussi après avoir ris jusqu'à en avoir les larmes aux yeux, je remontais mon téléphone, le déverrouillait en un mouvement de doigt et prit une photo et m'empressais de faire disparaître mon téléphone dans une des poches intérieure de ma jupe.  

— T'es ma-gni-fique comme ça. Ça sent le travail de pro tu ne trouves pas ? En tout cas, franchement je pensais pas que tu oserais le rose, est-ce que je dois m'attendre à des révélations ?

Oui c'était du foutage de gueule, mais c'était fait avec classe et avec le sourire.

Je souris, c’était encore mieux que je n’avais imaginé. A ce stade là ça ne s’appelait pas courir mais foncer, comme Flash. Bon certes, après réflexion il était peut-être un peu trop grand pour que je m’en prenne à lui sans risque et l’entendre me menacer comme ça était quand même sacrément flippant. Heureusement qu’on n’était pas dans la même maison d’ailleurs. Mais c’était hors de question que je commence à flipper maintenant, surtout que je savais dès le départ ce qui m’attendait. Mais ça ne m’avait quand même pas empêché de teindre ses cheveux en rose, et ça ne me ferait pas fuir maintenant, de toute façon ça ne servirait à rien. Alors je restais plantée en face de lui, posais mes mains sur mes hanches et répliquait d’un ton sarcastique.

— Ouh ! J’ai peur ! Tu vas faire quoi ? Me teindre les cheveux en rose aussi ? Après pourquoi pas ! Je suis sûre que, de toute façon, cette couleur m’irait mieux qu’à toi, ça mettra le vert de mes yeux en valeur.

Toujours dans la provoc’, pas parce qu’on était entouré de personne et que j’étais donc plus ou moins sûre qu’il ne tenterait rien, mais parce que j’étais comme ça. Je ne supportais pas de devoir me taire, me cacher ou juste devoir faire profil bas juste parce que je n’étais pas bâtie comme un joueur de rugby. Bon ok, ça serait vraiment horrible si j’étais bâtie comme un joueur de rugby et rien que d’y penser, beurk. Non j’aimais me dire que j’étais un peu trop franche, avec une petite dose de miss casse-couille et une grosse dose de… d’intrépidité ? Oui bon d’accord j’étais aussi pas mal vicieuse parce que j’aurais pu m’en prendre à lui en face à face, en duel, ce qui aurait pu être une option vue que je n’étais pas mauvaise en sortilèges et en défense contre les forces du mal, mais c’était d’un ennuie ! La au moins y avait du challenge, la au moins il fallait se creuser les méninges pour trouver comment lui teindre les cheveux et comment s’en sortir en un seul morceau après. Oui ça n’arriverait peut-être pas mais le médecin scolaire était très efficace et au moins je saurais ou j’ai foiré pour ne pas faire pareil la prochaine fois. Il fallait savoir être optimiste dans la vie.

— Si tu pensais que j’allais me défiler, la queue entre les jambes, bah c’est raté. Surtout que le seul qui en a une ici c’est toi, alors c’est toi qui va finir par me fuir la queue entre les jambes comme un petit chiot. Un petit chiot rose.

J’avais toujours été du genre très tactile, à faire des câlins, à sauter sur les personnes, à les coiffer, parce que j’aimais ça tout simplement. Mais là, quand il m’avait touché les cheveux c’était de dégoût que j’avais frissonné et ça c’était clairement vu sur mon visage. Je voulais juste qu’il enlève sa main de la et qu’il dégage, loin, très loin. D’où il avait cru qu’il pouvait me toucher comme ça ? Dégoûtant. Et j’avais tellement été surprise, perdue que je ne réalisais que maintenant ce qu’il m’avait dit. Quoi ? Moi j’avais envie de lui ? La blague ! Déjà de base il était pas du tout mon genre mais en plus la avec ses dread rose c’était mort. Pour qu’il puisse clamer le contraire avec autant d’assurance, c’est qu’il avait sacrément confiance en lui le bougre. En tout cas c’était hors de question que je reste là à le regarder se barrer comme un winner. Lui c’était celui qui avait été humilié et c’était moi celle qui avait tout gagné en réussissant à lui teindre les cheveux !

— Eh ! Reviens la Barbie !

Aish. Il avait fallu que je les serre les poings pour contenir toute cette colère qui commençait à naître en moi et sans plus attendre je partis à la poursuite d’Akhil en me félicitant d’avoir choisis une teinture aussi flash. J’avais conscience que c’était puéril de vouloir avoir le dernier mot mais j’étais comme ça. Le simple fait de me dire qu’au lieu de le ridiculiser lui c’était moi qui avais fini ridiculisée me foutait hors de moi. De toute façon, foutu pour foutu, ça ne pourrait pas être pire que ce que ça l’était. Je me plantais devant lui, à une distance raisonnable cette fois, histoire qu’il ne me refasse pas le coup des cheveux ou je ne sais quoi d’autre.

— Désolée mais premièrement, les babouins c’est pas mon truc, va falloir songer à faire quelque chose pour ton problème de narcissisme. Quant à me « satisfaire », je doute fortement que tu en sois capable puisque pour ça faudrait que tu penses à quelqu’un d’autre que toi et puis tu sais ce qu’on dit, ce qui ont une grande gueule n’ont généralement rien dans le pantalon donc bon.

Bon, j’avais un peu exagéré étant donné que je n’avais jamais fait quoique ce soit d’autre avec quelqu’un que du tripotage et des bisous, mais ça personne ne le savait. Et tant mieux d’ailleurs, j’espérais que ça resterait comme ça. Après tout c’était quelque chose de personnel, personne n’avait à être au courant de ma vie sexuelle. Surtout que, dans des cas comme ça, je ne serais tellement pas crédible et ça, ça m’aurait foutu le boules grave. Ou les ovaires, peut importe. Cette fois c'est moi qui le plantait la et retournait dans la grande salle, me forçant à garder une allure normale pour ne pas donner l'impression de fuir. Quel bordel.