[FLASHBACK 2025] CRAQUELURES ft. Trésor

Bouchée vaguement avalée, repas expédié et déjà tu te te retrouves dans les couloirs du château, le pas sûr vers une destination que tu connais bien. Un soupire las passent difficilement les barrières de tes lèvres alors que tu penses au garçon que tu retrouves, le cœur qui s'emballent dans un rythme qui n'est pas vraiment le tien. Oh, tu connais, cette pulsation un peu étrange, cette sensation, ces sentiments ; de cette créature qui forment tes gênes, qui embellit tes sourires et fait chavirer chaque existence que tu touches du bout des doigts. Mais cette autre part de toi, cette part si humaine, si rationnelle, s'étonne toujours de la rapidité et de l'implication que tu apportes à une relation basée sur un coup de vent, un baiser, une caresse, un regard et t'étais déjà prisonnier de ses doigts si habiles, de cet amour malhabile.

Autrement, tu n'aurais jamais répondu à ce message, tu ne l'aurais même peut-être même pas ouvert. Or, tu avais la sensation de le connaître, de le comprendre et ce battement frénétique et fatiguant, avait encouragé tes doigts sur le clavier ; se retenant tant bien que mal d'envoyer un message bien moins expéditif.  

Ça avait quelque chose de troublant, t'avais la sensation de ne pas être réellement raccord avec ce côté si pittoresque ; comme une honte, une gêne, un malaise que tu ne saurais expliquer - et t'as l'intime conviction qu'il pourrait t'aider à avancer, à t'accepter, à renforcer ce lien de toi à toi-même.

Illusion parfaite d'un amour inexistant.

Tu arrives bien vite au lieu de rencontre et comme à son habitude, il est déjà présent ; sa silhouette se dévoile à tes deux orbes et ces dernières s'illuminent sans même que tu puisses le retenir, ton palpitant semble exploser dans sa cage thoracique par sa simple vue et c'est avec une très grande difficulté, que tu arrives à retenir ce sourire trop, trop désireux, trop envieux, trop amoureux.

– Trésor...

Papillonnement de tes prunelles étonnées alors que tu te figes dans le temps - et ton rythme cardiaque semble battre la chamade sans pouvoir s'arrêter, comme si ce dernier avait bien trop conscience que ce serait ses derniers battements pour un trop long moment. La respiration qui s'arrête et la chair qui frissonne, tu as froid sous le ton de ses mots qui claquent dans le silence ambiant ; l'illusion parfaite se transforme en désillusion surfaite.

Tu sais. Tu as conscience. Tu attends ses prochaines paroles, ses explications. Et il y a, il y a cet autre toi, ce toi plus sauvage, plus naturel, plus éternel, qui ne veut pas comprendre, qui ne veut pas saisir, qui ne veux pas lire entre les lignes pourtant si explicites. Le temps s'écoule et tu as cette impression qu'il dure éternellement, t'oses pas respirer Ezéchiel, t'as un peu peur de suffoquer.

— C'est fini.

et sa tombe comme une sentence ;;
comme couteau au cœur ;;
le rythme qui bat la cadence ;;
t'as l'impression qu'il se meurt ;;

— C'est fini... répètes-tu bêtement ; cette affirmation que tu ne comprends pas vraiment.

Je m'en vais, Ezéchiel. De ta vie, de ton existence, de ton amour trop grand, sous cette couche d'indifférence. Il ne semble pas vouloir s'éterniser ici, il ne semble pas vouloir rester avec toi une seconde de plus, mais tu ne le vois pas vraiment ; où peut-être que si, peut-être que tu le vois autrement, peut-être que tu le redécouvres sans le comprendre vraiment.

Tu ne comprends pas, tu ne veux pas comprendre. Alors même que tes sentiments ne viennent que d'éclore, une simple curiosité mal placée, l'envie de le connaître et de l’intéresser ; même pas l'amour des contes de fées, même pas ceux des adolescents en manque d'amour constant. De la curiosité purement humaine, à peine de l'amitié, juste assez pour que cette créature désireuse et silencieuse, s'enflamme tel un feu de forêt dans l'intention d'aimer, aimer, d'adorer, adorer - jusqu'à plus soif, jusqu'à la dernière goutte, s'étancher pour l'éternité.

— Attends... il ne t'attendra pas, ezéchiel... Je ne comprend pas... oh si, tu comprends même trop bien... tout se passait bien entre nous, pourtant... alors... alors, pourquoi ? question légitime, de ces beaux sourires qu'il t'offrait, de ses embrassades énamourées, de ces paroles pleines de promesses et d'allégresses, de cette découverte, cette curiosité qu'on tout les adolescents, tout les garçons qui se découvrent vraiment ; ces regards, ces sourires, ces attentions, son attention, son implication et ce toi et moi devenu un vous, un peu trop vite ; précipitamment.

Et la pluie se fait sentir, les nuages aux creux de tes yeux si fragiles ; il suffirait d'une parole pour le faire craquer, trembler avec supplice, supplier avec délice - et il y a pire, pire que le cœur brisé d'un adolescent ; il y a cette colère, cette rage, ce déni, cette persistante incompréhension d'une créature dévoreuse et affreuse.