Situation embarrassante [pv. Tresor]

t'pensais pas en te levant qu'ta journée s'rait aussi merdique qu'elle l'a été jusque là. pourtant, il n'est pas tard encore, c'est la fin d'la matinée. mais d'puis qu'tu t'es l'vé, c'est merdes sur merdes. t'as perdu ton paquet d'clope donc t'as dû taxer à un mec qu'tu connais pas des années plus basses, t'as failli t'rétamer dans l'couloir en sortant d'ton cours de tout à l'heure et une pouffiasse d'ta classe t'as pris pour son clebard. bref, mauvais karma, mauvaise matinée.
alors quand tu t'reçois une volée d'linge dans la gueule, et particulièrement quelques sous-vêtements en plein dans les yeux, tu t'dis qu't'as vraiment atteint l'apogée d'la nullité d'cette journée. laissant échapper un grognement, t'attrapes le linge et tu l'fourres dans tes bras, cherchant du r'gard l'responsable ; et il arrive immédiatement. t'grinces des dents quand il t'parle - t'sais pas qui c'est, mais il te tape déjà sur les nerfs déjà bien abîmés.

— encore heureux qu'tu les as pas encore portés, mon gars.
sarcastique? peut-être.

tu lui refiles ses affaires - ou plutôt, t'lui balances dans les mains. hors d'question d'les garder plus longtemps qu'nécessaire, t'étais même pas censé les avoir à la base. t'essaies d'sourire, d'faire genre qu'ça t'gêne pas du tout et qu't'es un mec qu'est cool avec ça, qu'c'est un accident et qu'c'est pas grave. mais t'y arrives pas, ton regard traduit une sorte d'ras l'bol perceptible à des kilomètres.

— j'sais pas par quel concours d'circonstance tes putains d'caleçons m'sont tombés sur la gueule mais t'essaieras d'faire gaffe à où tu les mets avant qu'j'te les fasse bouffer.
un plaisir de discuter avec toi, vraiment.

t'avais pas l'temps d'être courtois, poli, ou quoiqu'ce soit. tu l'fais d'habitude, tu fais semblant, t'prends tes airs d'mec qui passe au d'ssus ; mais disons qu'aujourd'hui, c'était pas l'bon jour, c'était pas ton jour, donc t'as laissé tomber l'masque pour quelques s'condes.

— trésor. mon prénom.
tu t'présentes tout d'même, parce qu't'aimes bien qu'on sache qui t'es.

t'sais pas trop c'que tu fous encore là, t'aurais pu t'barrer, mais tu l'fais pas. t'l'écoutes parler d'lui, owen qu'il s'appelle. c'pas comme si t'avais grand chose à foutre au final... t'aurais bien aimé pas être là quand même. t'aurais pu lui répondre « c'pas grave » et t'casser sans d'mander ton reste, mais il a fallu qu'tu t'énerves. t'roules les yeux. il a cru t'étais son pote ou bien?

— ouais, j'suis en dernière à serpentard. droit et politique magique.

mais t'attends quoi pour t 'barrer, putain, trésor, t'joues à quoi? tu t'plains, t'pourrais vraiment partir, mais tu l'fais pas. toujours dans la contradiction, l'conflit avec toi même. c'que tu t'sens stupide d'un coup. t'essaies d'pas grincer des dents, t'choppes ton paquet d'clopes dans ta poche et t'en allumes une - à c't'heure là, peu d'chance qu'misa face une ronde. tu tires une taffe, crachant la fumée au d'ssus d'ta tête avant d'reporter ton r'gard sur owen.

— et toi du coup, t'fais quoi à serdaigle?
c'comme si la nicotine dans l'système respiratoire t'avais calmé d'un coup.

c'pas total'ment faux, c'pour ça qu't'as commencé à fumer à la base ; t'calmer, contrôler tes sautes d'humeur. t'sais très bien qu'c'est qu'une illusion, t'sais bien qu'c'est pas ça, les vrais effets d'la clope - mais t'prends c'que t'as trouvé d'plus efficace.
c'fort comme pouvoir, l'auto-persuasion. t'jettes l'bâton éteint dans une poubelle non-loin - c'que t'fumes vite quand même.

— écoute, c'que j'te propose c'est qu'la prochaine fois t'fais sécher tout ça à l'intérieur d'ta salle commune. pas mal comme idée, non? ça prend trente secondes pour réfléchir. t'devrais l'savoir, vu ta maison.
t'soupires.

sa voix t'irrites - t'donne carrément d'l'uticaire. t'es fatigué d'rouler les yeux, t'es fatigué d'faire semblant d'l'écouter pour faire le type bien, respectueux, propre sur lui. ton cerveau fait qu's'illuminer d'puis tout à l'heure ; d'grandes lettres dorées par un néon : casse toi d'là. t'soupires, et t'sais pas combien d'fois t'as soupiré d'puis qu't'as reçu ses caleçons dans la gueule. qui accroche ses dessous à la f'nêtre? sérieusement?
t'as du mal à comprendre certaines personnes - vraiment.

— y a tant d'gens qu'ça qu'étendent leur linge dans la salle commune? vous avez pas de dortoirs chez les serdaigles?
faut croire qu'ils sont pas si érudits qu'ils le disent. faut vraiment trois neurones à peine pour réfléchir à ça. mais c'pas ton problème, qu'les préfets des bleus gèrent leur maison comme ils veulent.

en même temps, avec une moldue à ce poste... t'chasses l'idée d'ton esprit. t'as envie d'les détester, mais t'aurais pu être comme eux, et ton frère en est un. il est là parce qu'toi t'es là. et ça, t'en es bien content. t'allumes une nouvelle clope, et tu t'dis qu'à c'rythme là, t'vas avoir fini ton paquet avant ta discussion inopinnée avec owen ; t'as tendance à enchainer les bâtons d'fumée quand tu trouves pas d'autres occupations pour tes doigts, et là, c'est l'cas.

— ouais, c'est ça, regarde la météo. t'dois savoir faire ça avec ton pineapple, j'suppose qu't'es plutôt doué avec ces trucs, vu ta filière.
au fond, t'en as quoi à foutre d'sa capacité à se servir d'son portable? rien - mais t'es toujours dans l'optique d'paraître sociable et accessible. c'que t'es pas réellement, c'que t'es pas du tout.

t'lèves les yeux, t'cherches du r'gard la tour d'astronomie, et accessoirement la salle des serdaigles. t'arrives à distinguer une fenêtre ouverte, beaucoup plus. putain mais c'était quoi les chances que ça te tombe sur la gueule, avec c'vent? t'comprendras jamais, mais t'es persuadé qu'le karma t'en veux. compréhensible, après tout - tant qu'c'est que des caleçons dans la gueule.

— j'faisais rien d'spécial. boarf, j'pensais aller à la bibliothèque m'poser un peu pour les cours parce qu'c'est chaud, mais j'sais plus trop si j'ai envie. et toi? t'avais un truc d'prévu autre qu'tes culottes?
oui, vas-y owen, parle moi, t'es tellement intéressant.
non, pas vraiment.

@Owen L. Everdeen

« de la compagnie? tu l'as trouv- ah tu parles de moi. »

il semblerait que ton interlocuteur pense que tu voulais rester avec lui, maintenant. tu avais pourtant bien appuyé sur le fait que tu voulais réviser... tu te surprendrais presque à avoir pitié pour lui. combien d'ami il avait, pour décider de te coller toi? tu laisses échaper un soupir ; et franchement, t'as perdu le compte depuis le début de la conversation. tu joues avec tes doigts quelques instants avant de relever les yeux vers lui.

« c'est... gentil de proposer ton aide, mais non merci. »

tu n'avais pas besoin de te confondre en excuses longues et fastidieuses, ou te trouver des excuses. tu n'avais juste pas envie qu'il passe le reste de sa journée avec toi ; quelle image ça te donnerait, si on te voyait trainer avec lui? tu ne le connaissais pas asser pour juger de sa réputation.
vos interactions étaient devenues un peu ternes, et ton intérêt était limité à présent ; alors tu décides de relever un peu le tout.

« peut-être que d'autres révisions t'intéresseraient? un petit cours d'anatomie peut-être? je peux être ton modèle vivant. »

et tu ris, d'avance. parce que t'imagines déjà la palette de rouge qui va se peindre de gêne sur le visage d'owen, et ça te fait jubiler. voilà que la conversation prenait un tournant qui t'intéressait déjà beaucoup plus.
quitte à perdre du temps avec lui, autant en faire quelque chose qui t'amuse.

« boarf, je rigole. tu m'as pas l'air d'être le type à manquer de coups de rein. »