Appelez l'entremetteuse (Jules & Hilda) Jeu 6 Déc - 1:16
Appelez l'entremetteuse
Jules, il était un peu bête quand il s'y mettait. Il balbutiait des inepties, il sortait des mots qui ne voulaient plus rien dire. Chanel avait appris à reconnaître les signes avant-gardistes de l'amour éternel. Elle avait vu ça dans des livres illustrés qui se lisaient à l'envers (elle avait oublié le nom). Quand le garçon perdait ses mots, et qu'il utilisait des onomatopées en guise de paroles, ça voulait forcément dire qu'il était amoureux et que pendant les dix prochains tomes, il n'allait jamais parvenir à avouer ses sentiments.
Alors quand cette fille passa dans le couloir, et que Jules perdit ses moyens, Chanel n'eut pas besoin de poser la question. Elle en était sûre : c'était la femme de sa vie. Et une femme, dans sa vie, il en avait sûrement besoin (ou en tous cas d'un quelconque compagnon qui ne soit pas rien qu'un ami). C'était peut-être pour ça qu'il en parlait toujours.
Il avait osé énoncer le fait qu'il la trouvait jolie, et Chanel ne put s'empêcher. Dix minutes plus tard, elle lui avait faussé compagnie, et avait disparu au détour d'un couloir.
Elle avait marché d'un pas rapide (pour ne pas dire courir) au travers des escaliers, et traversa le labyrinthe de ceux-ci lorsqu'elle aperçut la longue chevelure ondulée (reconnaissable entre toutes) de sa cible deux étages plus bas. Elle s'était mise à sauter des marches, par peur de la perdre de vue. C'est que Chanel était petite, et qu'il y avait du monde dans les couloirs à cette heure-ci.
Lorsqu'elle arriva devant la grande et jolie dame, Chanel était à bout de souffle, et dut respirer très fort avant de parvenir à lui parler.
Salut !!
Ce que c'était dur, tous ces efforts. Elle faisait de l'athlétisme, pourtant ! Mais elle n'était pas souvent allée au club, ces derniers jours.
Fiou tu marches vite dis donc.
Avec ses petites jambes, ça n'était pas toujours évident.
Y a mon super bro il s'appelle Jules et il te trouve très belle et dans trois ou quatre chapitres vous allez vous embrasser en rougissant, mais on peut directement passer à ce moment-là ce sera plus rapide que d'attendre, parce que lui il est un peu impatient mais il est gentil hein.
À vaquer d’une salle à l’autre, pour aller là où elle était le plus libre. Une petite voix dans son dos qui la sortait de ses pensées, de son petit monde. Les doigts fermement resserrés autour de son minuscule terrarium qu’elle portait autour du cou. On ne pouvait changer Hilda et ses petites habitudes. C’était un peu comme la bousculer. Déjà que cette vague de monde était bien trop oppressante pour elle, étouffante. Ses yeux étaient semblable à ceux d’une biche effrayée par la lumière des phares. Elle clignait des yeux avant de détailler la tête blonde. L’air précieuse, si petite, bien trop adorable. “ Oh, bonjour. ” Un peu timide mais sur un ton chaleureux. Grand sourire à la commissure de ses lèvres. Elle semblait bien essoufflée, comme si elle lui avait couru après. Peut-être que c’était le cas comme elle l’avait alpaguée pour parler. Ça n’était pas chose rare, mais surtout avec ses amis. Un peu troublée, curieuse de cette interruption bien soudaine. Mais qui semblait de haute importance. “ Désolée je, ah. “ Elle perdait un peu ses moyens. “ Je marche toujours vite, même quand je suis pas vraiment pressée. “ La moldu avait toujours le pas pressé, quelque soit la situation. Pas de temps à perdre. Ou alors c’était à cause de ces grandes jambes. “ Je ne pensais juste pas qu’on m’aurait suivie. Je me serais arrêtée sinon. “ Bien embêtée de l’avoir fait courir derrière ses pas. Elle jouait nerveusement avec son pendentif, le faisait danser entre ses doigts fins.
Trop d’informations en si peu de temps. Trop pour tout assimiler. Elle n’avait retenu que quelques bribes de mots. Et la panique montait, parce qu’elle savait très bien ce que voulait dire tout ça. Oh elle avait connu cette situation quelques fois avant. Ça n’était pas aussi gênant avant. “ Jules ? S’embrasser ? Quoi ? “ C’était bien innocent comme façon de décrire la chose. Presque bien pure pour essayer de faire ça. Réalisant qu’elle se retrouvait face à une jeune fille encore crédule. La vérité était toute autre, les personnes qui s’aimaient comme dans les livres, que des vilains mensonges. De la poudre aux yeux, pour que quelques personnes bien naïves continuent de croire au grand amour. Ça n’allait pas être une mince affaire. “ Oh non attend je crois que… “ Mais il y avait comme un malentendu. Un rire nerveux s’échappait des lippes d’Hilda. Elle n'arrivait pas à continuer. Le reste de sa phrase restait bloqué au fond de sa gorge. Mais elle n’arrivait pas à dire quoi que ce soit face à tant de candeur. Surtout elle n’arrivait pas à casser ses images des contes de fées. Comment lui dire que ça n’allait pas être pareil ?
Chanel s'attendait un peu à ce genre de réactions, et elle décida de ne pas réagir tout de suite, pour donner un effet dramatique aux mots de la jolie demoiselle. Elle mima plusieurs états émotionnels, et fut très fière de sa prouesse théâtrale. D'abord, la surprise ! Elle avait ouvert sa bouche et avait posé une main sur sa joue comme le faisait parfois Maybelline quand elle était outrée. Ensuite, la déception ! Son visage était devenu si triste, à l'idée que son Jules ne soit pas assez bien pour elle. Enfin, le rire ! Parce que Chanel était incapable de garder son sérieux.
C'était super rigolo !!
Elle hocha la tête rapidement. Jules avait bon goût, elle était bien, cette fille-là, elle savait s'amuser au moins !
Le désarroi, la détresse, Mademoiselle est désarmée, elle ne sait plus quoi répondre parce que le lutin malin la déstabilise !!
Elle faisait de grands gestes avec ses bras et le reste de son corps, comme si ça donnait plus de poids à ce qu'elle disait, plus de sens. Elle avait vu des gens raconter des histoires à la télévision, et elle se figurait que ça ressemblait un peu à quelque chose dans ce genre-là.
MAIS NE VOUS EN FAITES PAS JEUNE ET JOLIE DEMOISELLE
Elle leva les bras, et avait parlé si fort que quelques personnes autour s'étaient vaguement retournés sur elles. Elle s'apprêtait à annoncer l'entrée du personnage principal de son récit héroïque.
Le chevalier Jules viendra vous sauver du lutin malin !!!!
Et elle se retourna, dans l'espoir de voir apparaître son ami, mais sa petite taille l'empêchait de le trouver dans la foule.
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Jules, il était un peu bête quand il s'y mettait. Il balbutiait des inepties, il sortait des mots qui ne voulaient plus rien dire. Chanel avait appris à reconnaître les signes avant-gardistes de l'amour éternel. Elle avait vu ça dans des livres illustrés qui se lisaient à l'envers (elle avait oublié le nom). Quand le garçon perdait ses mots, et qu'il utilisait des onomatopées en guise de paroles, ça voulait forcément dire qu'il était amoureux et que pendant les dix prochains tomes, il n'allait jamais parvenir à avouer ses sentiments. 
