Il était 08:36. Le 25 décembre. La grande salle était silencieuse. Chacun somnolait dans son coin. Il n'était pas encore question pour les vacanciers, restés à l'école pour les fêtes, d'exhiber les cadeaux fraichement reçus de leurs famille et amis. Le café, le chocolat ou bien le thé était de rigueur. Ainsi que de moelleux pancakes. Théo était affublée de son affreux pull de Noël offert chaque année par son ancienne nourrice. Disgracieux mais monstrueusement doux et confortable. Par-ci par-là, jonchaient quelques babioles des membres de sa famille. Sa tante la comblait avec d'excellents chocolats quand Edmond, son demi-frère, lui avaient envoyé quelques ouvrages du monde des moldus. L'un d'eux attira particulièrement son attention. Il s'intitulait "Les âmes sombres" Certains moldus ont mis beaucoup d'entrain à persécuter leurs semblables. Ce livre les énumérait. Il y avait l'empereur Neron, connu pour avoir persécuté les chrétiens dans des mises en scène macabres. Il brula Rome tout en chantonnant quelques vers. Ses exactions causèrent des milliers de mort, dont l'intégralité de sa famille. Elle s’arrêta à l'émir Tamerlan. Les illustrations morbides de ses méfaits la révolta.
Elle survola la pièce. Les ornements allouaient à la grande salle une ambiance chaleureuse et réconfortante. Il n'était pas question de sacrifier l’atmosphère avec ces lectures macabres. Néanmoins, il ferait un très bon livre à parcourir les mauvais jours. Que faisait sa famille durant les fêtes ? Y avait-il une dinde, à la façon moldu, avec la vénérable buche aux chocolats ? Qui était présent ? Son père, ses deux demi-frères, sa tante très certainement et sa grand-mère paternelle... Elle grimaça à cette idée. L'idée de rester seule au château la réconforta. Quitte à être exclue des festivités familiales, autant l'être loin de tout ça.
dans l'absence de malice survient une pincée d'euphorie
les festivités n’avaient plus que le goût amer des scandales. tu te souviens malgré tous les efforts du monde pour oublier, que chaque vingt-cinq décembre se célébrer par ta solitude la plus intense, tu te refusais à la moindre commodité. depuis qu’elle t’a laissée, alors les cadeaux devaient brûler, les décorations devaient faner, l’esprit devait mourir. tu es triste, haemon, triste sans ta antigone pour te donner l’impression de vivre. tu es triste car tu as perdu ta plus grande raison d’être, car le bonheur si intense t’avait tant rongé que son absence laissait un vide. tu détestais les fêtes, et tout ce qui se rapportait à elle.
théo loin de toute perversité te semblait être un nuage survolant la bile de cette terre surannée, un carré de sucre venant adoucir un café plus noir que ta mémoire. c’était la jeunesse libre, l’incarnation d’un soi incontrôlable. si dans les couloirs froids de poudlard sa présence te donnait un peu de chaleur, tu t’étais rendu compte que jamais tu n’avais été l’abordée. jeune enfant bien plus jeune que toi t’hésitais, la peur de l’immature la peur de cette femme que tu ne peux pas possédée, bien trop juvénile tu devais refréner chaque pensée déplacées. et c’était bon.
agréable, que de penser que loin de ce monde adulte, il puisse y avoir cette cage en sucre où demeurent quelques enfants. tu entrais dans la grande salle qu’elle dominait, prêt à jouer avec le soleil.
« ne serait-ce pas théo ? la théo ? celle qui s’amuse avec les limaces ? je t’ai vu l’autre matin, c’était amusant. »
tes grands pieds d’homme mur te guident vers elle, un sourire te gagne et tes mains se cachent dans tes poches.
« haemon. je sais pas si t’as entendu parler de moi, mais je suis plutôt bon romancier. tu verras, un jour mon nom sera célèbre. tu pourras dire que tu me connaissais. alors alors, ce vingt-cinq décembre… où est la dinde ? y’a pas de cadeaux sous le sapin ? c’est comme ça que t’accueil un invité ? j’suis choqué. t’avais l’air plus sympathique... »
les bonnes blagues fusent et tes yeux brillent d’espoir, l’impression d’avoir quinze ans te prend et toute cette haine qui ne cessait de dévorer ton cœur s’était tu pour laisser à l’euphorie suffisamment de place pour se développer.
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