tes pas foulent le sol du cinquième étage avec leur douceur habituelle. tu ne te sens pas bien aujourd'hui. ce genre de journée n'était pas venue te hanter depuis voilà plusieurs mois. lorsque ça te frappait, tu te tournais toujours vers la même personne: Alyce. la seule à qui tu dis absolument tout et qui te comprend. celle qui a su percer ta carapace. tu voudrais que tout ça ne soit pas réel, que cette journée soit un mauvais rêve. c'est toujours la même rengaine. tes origines hybrides te rendaient fiers, mais parfois, tu en avais honte. et c'était le cas en cette journée particulièrement maussade. la pluie se fracassait contre les fenêtres du château et le mauvais temps te faisait te sentir encore plus las. tu toques à la porte du bureau de la psychologue avant d'entrer sans vraiment attendre de réponse.
- Bonjour...
tes prunelles, qui observaient le sol, remontent doucement pour découvrir le visage d'alyce. tu forces un sourire sans grand succès, car il ne fait que mourir sur tes lèvres. tu refermes la portes derrière toi et avance des quelques pas pour la rejoindre. de ta main, tu viens frotter ton visage, fatigué. puis tes doigts glissent entre tes mèches blondes. tu prends place dans l'un des fauteuils. tes longs doigts serrent le cuir, mais ton regard ne croise pas encore celui d'alyce. tu n'as pas l'habitude de regarder les gens directement à cause de l'intimidation que tu as vécu et même si ça fait grandement parti de ton passé désormais, tu n'en as pas perdu le réflexe.
- Tu es occupée?
tu n'aimais jamais venir la déranger, mais tu savais qu'en vérité, tu ne la dérangeais jamais. tu avais besoin de parler et de trouver du réconfort. tu lèves enfin tes prunelles bleutées vers elle dans l'attente d'une réponse.
Le temps est triste, tu fixes la pluie qui tombe derrière la fenêtre de ton bureau avec un air neutre et surtout, perdu. Tu n’aimes pas cette météo, ça te donne envie d’aller dormir et de rester sous tes draps. C’est gris, sans réelle motivation. C’est juste atrocement long, la journée semble ennuyeuse et tu soupires avant de t’étirer. Tu n’as pas beaucoup de rendez-vous aujourd’hui, surtout des dossiers à revoir, ce qui fait que tu es seule dans ton bureau pour les prochaines heures. Au moins, tu as pu faire des cookies. Oui, tu es une grande fan de ces biscuits, cela remonte un peu ton moral face à ce qu’il y a dehors. La pluie. Tu allais reprendre ton travail quand on vient toquer à ta porte et qu’une silhouette apparaisse quand celle-ci fut ouverte.
Tu souris en voyant Vanyar, un semi-gobelin comme toi. Tu t’es attaché très vite à ce garçon au vu de vos situations similaires et tu serais capable de beaucoup de choses pour le protéger de ce que tu as pu vivre toi. Cependant au vu de sa mine, il n’a pas l’air d’aller. Son sourire qui se fane t’arrache une moue anxieuse et tu te lèves de ton siège pour venir t’asseoir en face de lui.
« Bonjour Vanyar. Non je suis libre, ne t’inquiètes pas pour ça. »
Tu accroches ton regard au sien pour ne pas qu’il détourne les yeux et tu reprends ensuite la parole.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »
Attentive, tu es prête à écouter tout ce qu’il a à te dire et surtout à l’aider à retrouver le sourire.
alyce vient s'asseoir en face de toi et tu peux déceler sur son visage une certaine anxiété et ça te fait sentir coupable. tu sais que c'est ta faute si cette expression s'affiche sur ses traits. parce que tu ne vas pas très bien aujourd'hui. elle te rassure en te disant que tu ne la déranges pas. tu détestes déranger les autres, mais tu as appris à t'appuyer sur d'autres quand ça va mal. surtout sur la semi-gobeline te faisant face. elle plante son regard dans le tien et tu sais que tu ne pourras pas détourner tes yeux d'elle. pas avant un moment, en tout cas. il n'y a qu'avec elle que tu es capable de regarder longuement dans les yeux sans baisser la tête. puis la question tombe. ce qui ne va pas? tout. toi, les autres, tout. tu laisses un soupir s'échapper d'entre tes lèvres et tu es tenté de baisser les yeux. ce que tu ne fais finalement pas.
- Je ne sais pas exactement...
tu prends le temps d'y songer un moment. ta carapace s'est percée et les paroles t'atteignent plus facilement. tu as l'impression de ne pas être assez bon, de ne pas avoir ta place ici.
- J'ai de la difficulté à me sentir bien ici. J'ai l'impression de ne pas être à ma place et j'arrive à peine à créer quelque chose d'intéressant.
pourquoi est-ce que c'est si facile de lui parler, à elle? les mots glissent tellement facilement hors de ta bouche. tu ne sais pas trop si c'est la raison qui te pousse à finalement baisser la tête ou non. tu observes tes mains jointes et tu te surprends à détester ces doigts beaucoup trop longs qui sont les tiens.
- Pourquoi les différences sont-elles tant rejetées?
tu sépares tes mains et doucement, du bout des doigts, tu touches ceux d'alyce d'une longueur équivalente aux tiens. pourquoi les hybrides doivent-ils avoir la vie aussi difficile?
Il ne se sent pas à sa place. Ta mine s’adoucie, tu sais parfaitement ce que ça fait. Tu as vécue ça aussi Alyce, cette sensation de ne pas être intégrée, d’être le mouton noir de l’école, la personne qui prends tout dans la figure, le souffre-douleur d’autres personnes… Tu es triste d’apprendre qu’il ressent la même chose, tu pensais que les mentalités avaient un peu évoluée. Certains élèves semblent plus ouverts qu’à ton époque, mais ce n’est malheureusement pas suffisant pour que Vanyar se sente bien. Il pose une question et ses doigts touchent doucement les tiens. Tu lui souris avant de les prendre dans l’étau des tiennes.
« Parce que les sorciers sont pour la plupart trop étroit d’esprit pour accepter les différences. Certains par crainte, d’autre par dégoût, les raisons sont aussi stupides que leur manière de penser. »
Ton regard reste accroché au sien, il ne doit pas se décourager pour autant. Non, il ne doit pas se laisser écraser par ces gens qui sont bloqués dans leur image de la « normalité ».
« Je sais que c’est dur Vanyar, crois-moi sur ce point. J’ai plusieurs fois eu envie de laisser tomber cette école et étudier chez moi quand j'avais ton âge mais… On va dire que j’étais trop fière pour leur donner ce qu’ils voulaient. »
Un petit sourire amusé, tu te rends compte que ce côté borné que tu peux avoir t’as quand même rendu pas mal service à cette époque. Tous pensaient que tu allais partir, fatiguée d’être la pauvre semi-gobeline sans amis et fragile… Au final non. Tu es restée, tu as même pu te faire respecter à la fin de par ta capacité que tu tiens de ton père.
« Vanyar… Tu as ta place ici comme les semis-cervitaures ou les semis être de l'eau. Tu n’as pas à avoir honte de ce que tu es, loin de là même. »
Il ne faut pas qu’il se laisse influencer à cause de mauvaises langues. Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire, car quand on ne peut plus supporter d’entendre des horreurs à notre sujet, on finit par craquer.
elle emprisonne tes doigts des siens et ton coeur se serre. tu ne saurais dire pourquoi. alyce est l'une des seules avec qui tu oses quelques contacts. si ceux-ci se font hésitants, la psychologue se charge toujours de les raffermir. tu es surpris à chaque fois et tu ne sais pas comment y réagir. toutefois, tu laisses ta main là, au travers des siennes. ses paroles te font légèrement hocher la tête bien qu'un soupir t'échappe. tu relèves les yeux et elle accroche son regard au tiens. tu voudrais tellement t'enfoncer sous terre ou du moins, disparaître pour ne plus subir ces paroles blessantes. paroles que tu avais appris à ignorer au fil des années à poudlard. malheureusement, tu restes un être vivant avec des émotions, mais surtout des moments de faiblesse. et celui-ci en est un. pourtant, il était hors de question que tu partes, surtout après un parcours si long et tortueux. tu voulais te battre contre la pensée populaire, mais certains jours, tu faiblissais. et tu ne savais plus quoi faire. tu te relèves toujours, vanyar. tu l'as toujours fait, alors pourquoi cette fois serait-elle différente?
- Je n'ai pas honte de ce que je suis. Enfin, pas totalement. Parfois, je déteste ces doigts trop longs, ces oreilles pointues et ma grandeur minime... mais je n'ai pas honte. J'ai juste peur de subir la même chose qu'à mes premières années à poudlard...
un sourire triste étire tes lèvres. quoi que tu en dises, tu baisses toujours les yeux quand tu parles à quelqu'un. tu n'arrives pas à supporter leur regard parce que tu sais ce que tu vas lire dans leurs yeux. tu ne veux pas voir le dégoût, la haine, le jugement. c'est une chose de le savoir et de s'en ficher, mais c'en est une autre de le confronter.
- J'arrive à peine à me faire des amis... je veux dire, de vrais amis. Des gens avec qui je pourrais passer tout mon temps. Je ne demande pas à en avoir plusieurs, j'aimerais juste en avoir un ou deux...
quand tu vois tous les autres ensembles, tu les envies un peu. tu aimerais avoir un ami qui te comprend et t'accompagne souvent. qui veux de ta présence et qui partage les mêmes centres d'intérêts. myrtille te vient à l'esprit et tu baisses doucement les yeux sur vos mains entrelacées. myrtille... peut-être pourrais-tu la laisser pénétrer cette carapace qui est la tienne? de mémoire, elle ne demande que ça. ce qui t'embête le plus dans tout ça, c'est non seulement votre différence d'âge, mais aussi vos centres d'intérêts loin d'être semblables. tu es peut-être trop difficile d'approche?
- C'est tellement frustrant, parce que je suis trop fermé sur moi-même pour avoir des amis. Je ne les laisse pas approcher assez pour lier des liens d'amitiés forts... Je ne leur fais pas confiance...
c'est tellement dur d'accorder ta confiance avec cette méfiance que tu as des sorciers en général. tu fais un peu la moue, à la fois déçu et découragé. tu donnerais tout pour être un peu plus "normal" et t'intégrer mieux.
Ce qu’il te dit te fait penser à ce que toi-même tu vivais en tant qu’élève, quand toi t’imaginais avec des mains normales, des oreilles normales et par-dessus tout une taille normale. Dans ce qu’il te raconte, il te parle aussi de sa peur. De ce qu’il a vécu avant et tu prends un air pour le rassurer. Il n’a pas beaucoup d’amis, toi-même tu n’en as jamais beaucoup eu dans ta jeunesse et la compréhension se lit dans ton regard. Oui c’est dur, tu le sais. Et tu es là pour l’encourager à avancer, à ne pas baisser les bras. Il évoque le fait qu’il soit trop fermé pour avoir des proches et tu penches la tête tout en réfléchissant à tes prochains mots.
« Tu es conscient que le fait que tu sois renfermé n’arrange pas ton rapport relationnel avec les autres. Je ne dis pas que se méfier est un mal, car avoir confiance tout de suite aux gens en est aussi un. »
Malheureusement tu en connais aussi des personnes incapables de dire non aux autres ou qui voient toujours le bon au lieu de voir aussi le mauvais et qui se font avoir en beauté par leur naïveté. C’est triste, mais il y a de tout.
« Une relation amicale est basée sur la confiance. Si tu ne l’accordes pas à une personne, l’autre ne te le rendra pas non plus… Si tu montres un intérêt pour quelqu’un, cela l’encouragera normalement à venir te parler et c’est ainsi que de fil en aiguille, qu’une relation se tisse. Par un partage de secret, d’anecdotes ou bons moments... »
Tu passes tes longs doigts sous son menton pour qu’il relève la tête. Tu as presque l’impression d’agir comme une grande sœur un peu chiante, mais tu sais que cela va l’aider.
« N’ai pas les yeux fuyants, un regard franc est déjà un signe d’intérêt. Car tu regardes ton interlocuteur, tu le découvres dans ses expressions, ses grimaces, tu peux apercevoir ce qu’il peut penser sur son visage que tu n’entends pas forcément dans la tonalité de sa voix. »
Et c’est ainsi que l’on peut voir si on peut faire confiance à quelqu’un, si l’on voit que c’est une personne joyeuse et sincère ou bien énigmatique et distant. S’il a tendance à hésiter avant de parler, si au contraire il répond de manière impulsive, il y a énormément d’indice sur la personnalité d’une personne sur les expressions qu’elle emploie en parlant.
« Tu peux te faire des amis Vanyar, mais pour ça, tu dois juste t’ouvrir un peu… Est-ce qu’il y a quelqu’un avec qui tu aimerais te rapprocher ? »
Tu connais la plupart des élèves dans un autre rapport que celui du prof/élève, tu pourrais peut-être l’aider à faire le premier pas, à lui donner confiance pour ne plus qu’il ai à craindre la solitude.
tu écoutes le flot de paroles qu'elle t'adresse en hochant doucement la tête. l'avantage d'être proche d'alyce, c'est qu'elle ne te jugera jamais sur ce que tu es et son rôle de psychologue au sein de l'école lui fait dire des choses sensées. ses conseils sont toujours avisés et elle ne passe pas par quatre chemins pour te le dire. tu l'apprécies énormément pour ça. doucement, elle glisse ses doigts sous ton menton pour te relever la tête et tu plonges ton regard dans le sien. tu bois ses paroles comme si elles étaient liquides. tu comprends tout ce qu'elle te dit, mais c'est tellement plus dur à mettre en pratique. tu n'aimes pas t'ouvrir aux autres, parce que tu as peur de subir leur rejet comme tu l'as subi au cours des dernières années.
- C'est plus dur de le mettre en pratique. Je le sais que ça serait mieux, que ça m'aiderait, mais c'est tellement, tellement dur.
tu ne veux tout simplement pas être déçu comme tu l'as toujours été dans ta courte vie. la différence est un énorme pas à franchir et ce n'est pas prêt d'être totalement accepté.
- Il y a Myrtille et je pense qu'elle ne demande que ça. Sinon... Azzura. Je lui donne des cours de gobelbabil pour l'aider à passer son cours, mais je ne sais pas trop comment l'approcher pour faire autre chose qu'étudier... Je ne sais pas quoi lui dire, mais j'ai l'impression qu'elle me comprend un peu.
tu offres un mince sourire à la psychologue, mais celui-ci ne monte pas jusqu'à tes yeux. tu ne sais pas ce qu'il faudrait que tu fasses pour agir "normalement". quoi lui dire en-dehors du cours que tu lui donnes. tu as une lacune en sociabilité qui t'énerve un peu. tu voudrais pouvoir agir naturellement avec les autres, mais tu te tends toujours trop rapidement et tu paniques. ils ne voient que tes oreilles et tout ce qui te fiche comme un hybride. ça fait peur d'avancer dans un monde où la majorité des sorciers n'acceptent pas les hybrides tels que toi.
Dur, oui le mot est juste. Tu as été à sa place et il est vrai qu’accorder sa confiance est un pas qui peut demander trop d’effort quand on se fait lyncher par les autres. Comment les croire quand ils nous méprisent de leurs yeux trop dégoûtés par la simple vue de notre personne ? Tu voudrais lui donner ce courage d’oser, qu’il puisse voir qu’il n’y a pas que des méchants partout. Il énonce une élève, Myrtille. Il te semble la connaître, du moins de nom. Puis Azzura. Il lui donne des cours de gobelbabil mais n’ose pas l’approcher autrement même s’il sent qu’elle peut être son ami.
« Si tu lui donnes des cours, qu’elle accepte ta présence sans se moquer ou te juger, c’est qu’elle ne pense pas un mal de toi tu ne crois pas ? Je pense que… C’est encourageant. »
Tu recules un peu, posant tes doigts sur ton menton en guise de réflexion. Si ces deux jeunes élèves veulent bien lui parler, tu penses qu’il ne doit pas laisser ce mur de pierre les séparer. Tu le regardes de nouveau, l’air déjà plus motivée pour lui.
« Je te donne mon avis, mais si la jeune Myrtille ne demande qu’à être ton amie, tu ne devrais pas la repousser. Je ne la connais malheureusement pas mais comme la phrase le dit si bien, qui ne tente rien n’a rien. Quant à Azzura… Si tu te montres un peu curieux, tu pourrais lui poser des questions simples comme ses passions ou encore tiens, ce qu’elle fait pendant les vacances ! »
Tu ne veux pas non plus qu’il le regrette bien entendue, mais il serait sage de juste voir comment la personne réagirait avec lui et surtout le bien qu’elle pourrait lui apporter si jamais il venait à s’ouvrir un peu à elle. Oui, c’est dur, comme il l’a souligné, mais cela vient avec le temps. Tu lui donnes quelques clés pour ouvrir les portes, mais c’est à lui de les utiliser pour les ouvrir.
« Prends ton temps Vanyar, fais-le à ton rythme. Si ces personnes souhaitent être tes amis, elles respecteront ça. Presser une relation n’apportera rien de bon non plus. Et puis, voir comment elle se construit, solidifier les piliers la rendront plus solide est tout aussi plaisant que de contempler le résultat à la fin. »
Une amitié stable et sincère vaut tous les trésors du monde. Du moins, tu le vois ainsi.
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