❝ nessum dorma | Pv. Lola

Tu avais invité Lola pendant les vacances de Noel. Elle avait surement passé le sien en compagnie de Borea, alors tu avais souhaité qu'elle vienne pour le nouvel an à Balmoral Castle. Les deux pieds dans la neige, tu traverses l'immense jardin des Blackwell pour aller la chercher à l'entrée du domaine. Couvert d'un long manteau noir, tu lui souris à travers les grilles. Celles-ci s'ouvrent et tu t'avances pour la rejoindre.
Tes lèvres viennent chercher les siennes et tu te retournes pour lui montrer le chemin à suivre.

— « Hm.. Désolé, le château est un peu loin. On ne voit que des bois ici. Mais tu vas voir, le jardin est juste immense... »

Tu lui fais signe de te suivre, t'adaptant pour marcher à sa vitesse. Etrangement, tu étais un peu gêné Vega. C'était la première fois que Lola pénétrait ses lieux et tu avais un peu peur de la réaction d'Orion et des autres. Surtout maintenant que vos fiançailles avec Hazel étaient annulées. Mais ça, tu ne l'avais pas encore annoncé à Lola pour tout dire. Vous n'aviez pas beaucoup échangé de sms pendant les fêtes.
Une fois arrivés dans l'immense cour, recouverte de neige, tu lui présentes le château.

— « Comme tu vois, c'est immense. Tous les Blackwell habitent ici. Actuellement il y a Iphigénie, ma petite soeur. Fallen n'est pas là. Noora et Persephone sont là. Leurs parents aussi. Bref, il y a du monde mais étrangement c'est tellement grand que tu ne risques pas de croiser quelqu'un souvent. »

Tu te sens obligé de préciser même si c'était évident.

— « Borea n'est pas là. »

Tu rougis un peu, agacé contre toi même de remettre sur le tapis un sujet houleux qui risquait peut-être de contrarier Lola. Alors tu l'embrasses sur la joue pour l'apaiser, et tu l'entraines - sans lui tenir la main - vers l'entrée principale. Une fois au chaud, tu retires ton manteau, qu'un des domestiques ait venu chercher et il s'empresse de faire de même pour celui de Lola. Il disparut alors dans un vestibule proche d'un dressing à côté de l'entrée. Tu entraines Lola à travers le château pour l'emmener dans ta chambre et tu t'assois sur le lit une fois arrivé. Tu portais un gros pull en laine et tes lunettes (uniquement pour la déco), ainsi qu'un slim noir et des chaussures assez chics.

— « Je suis content que tu sois là. Joyeux Noël, je suppose ? »

Tu la laisses se mettre à côté de toi et tu saisis une mèche de ses cheveux pour la remettre derrière ses oreilles. Tu te perds un instant à contempler son regard, avant de dériver sur la peau attrayante et blanchâtre de son cou. Tu approches ton visage de sa nuque en caressant son épaule, avant de te reprendre au dernier moment.

— « Non. Désolé. »

Tu secoues la tête et t'essuies un peu la tempe, avant de te jeter en arrière sur le lit, pour fixer le plafond.

— « Si je t'ai fait venir, c'est aussi parce que je voulais te dire quelque chose. Je suis plus fiancé à Hazel. Elle est partie. »

Quand elle t'avait fait remarqué dans le couloir que vos repas devaient être animés, tu avais un peu ri. En réalité, la famille ne mangeait que très rarement réunie. Aux fêtes, à Noël par exemple comme le 24 au soir et encore... Chacun faisait sa vie de son côté tant le château était grand. Et tu comptais vraiment là dessus le temps que Lola serait à tes côtés pendant les vacances, car tu n'espérais pas spécialement recevoir des commentaires désobligeants. Ou même simplement qu'on se mêle de tes affaires.

Une fois assis sur le lit, tu lui avais révélé la bonne nouvelle. Pour toi, et pour Hazel. Et aussi pour elle. Te voilà libéré de ton serment. De ta prison sans sentiments.
Et ton coeur loupe un battement, c'est étrange. Mais le sourire de Lola face à la nouvelle te redonnerait presque des couleurs. Tu étires un léger rictus gêné, te grattant l'arrière du crâne comme pour occuper tes mains tremblantes.

— « Elle compte finir son DEMA en fait. Je suppose. Mais elle m'a prévenu qu'elle abandonnait la course pour devenir matriarche. Elle allait se ranger et réaliser son rêve, si j'ai bien compris. Comme Blanche n'est plus là, j'étais de toute façon en plein négociation avec Orion - mon père adoptif - pour qu'on fasse annuler tout ça. »

Tu fais une pause, croisant les bras derrière ta tête sans quitter le plafond des yeux.

— « C'est tant mieux. Je n'aurais pas été un bon mari pour elle, même si je me serais efforcé d'être déjà un bon ami. Tu sais... je n'avais jamais considéré l'idée même de me marier. J'ai toujours trouvé ça stupide. »

Pire, tu n'avais jamais cru à l'amour. Et même si avec Lola, cela ressemblait fort à de la possessivité malsaine, il y avait ce petit quelque chose qui fait que tu n'arrivais pas encore à te lasser d'elle. Tu voulais la protéger, quoi qu'il en coute. Et tu savais au fond de toi, ce qu'il t'en couterait.

— « Bref, je suis libre comme l'air. D'ailleurs je comptais m'inscrire au speed dating en février pour rechercher une nouvelle fiancée. »

Tu attends quelques secondes, pour voir si elle allait en profiter pour t'attaquer les côtes et tu te redresses en pouffant de rire.

— « Oh ça va, je plaisante ! »

Puis tu te lèves, lui tendant la main afin qu'elle la saisisse.

— « Viens avec moi, je veux te montrer quelque chose. Tu vas devoir remettre ton manteau car on va ressortir dehors. Pas de négociations, suis-moi princesse. »

***

Une fois dehors à nouveau, tu l'entraines à travers les jardins enneigés. Celle-ci avait cessé de tomber, portée par le vent elle s'était seulement fixée au sol dans un épais manteau blanchâtre. Et alors que vos pieds s'enfonçaient dans le sol sucre glace, vous arrivâtes enfin devant le cercle de menhirs, dans un coin reculé du domaine, entre une forêt avide et presque inquiétante.

— « Des sorciers tueraient pour voir ce lieu unique. »

Même si ça n'avait rien de romantique.

Vous étiez enfin devant ce lieu unique, clairement magique. Peut-être était-ce la nuit qui tombait beaucoup plus tôt en hiver, mais le soleil commençait déjà lentement à tomber, se cachant derrière des gros nuages blancs.
La neige avait un aspect réconfortant pour toi. Ce manteau blanc et froid était comme une couverture à la parfaite température. Tu étais damné par naissance, et glacial par aisance. Ta peau blafarde se reflétait parfois, se confondait même ! avec cette neige.

Lola s'intéresse, pose même une question pertinente. Un malin rictus aux lèvres, tu poses ton poing serré sous ton menton pour faire mine de réfléchir.

— « Les Blackwell actuels, non. Du moins, si c'est le cas je ne suis pas au courant ! Je sais que je suis fouineur mais des choses doivent m'échapper parfois... »

Tu tournes un peu autour d'elle, les mains dans les poches. C'était Noël et tu ne lui avais encore rien offert. Pour te faire pardonner et apaiser encore le reste des tensions de l'histoire avec Borea, tu avais décidé de marquer le coup. Mais tu ne savais en réalité pas vraiment comment amener la chose, ni même comment t'y prendre. Handicapé romantique, c'était toi Vega.
Ta relation avec la blonde avait failli voler en éclats tellement de fois, que tu venais même à te demander comment était-il possible qu'elle soit encore d'actualité.

Tu prends sa main en silence et l'entraine au centre des menhirs. D'une voix un peu mystérieuse, tu lui murmures à l'oreille.

— « Et bien ? Tu as peur peut-être ? »

Tes yeux se plissent avec malice et tu sors alors de ta poche une petite boite de velours. Il ne fallait pas être devin pour comprendre ce qu'elle renfermait, au vu de sa taille. Orion te l'avait passé à la rentrée. Cette bague appartenait à ta mère, et ton propre père l'avait confié à son ami avant qu'elle ne fut internée en prison. Tu avais toujours trouvé ça stupide que ton père ne la garde pas lui même pour te la remettre une fois adulte mais à cette période, il ne pensait même pas te revoir un jour. De plus, il t'avait expliqué qu'il était trop dur pour lui de la conserver. La valeur sentimentale l'aurait juste poussé un peu plus dans la dépression. Un homme pas si solide que ça, malgré les apparences.

— « Lola Juliette Edwards. »

Tu poses un genou à terre et ouvre la petite boite pour en dévoiler une bague en or, ornée de plusieurs éclats de saphir, taillé à même l'anneau et le recouvrant presque entièrement. Ta mère étant un vampire, elle portait déjà le rouge sur sa bague de calice, ton père avait voulu rajouter un peu de couleur.

— « Voudrais-tu être plus que mon calice ? »

Tu savais qu'elle aspirait parfois à plus de romantisme, mais tu ne voulais vraiment pas faire plus que ça. Tu avais tout donné, et tu étais presque tendu d'attendre sa réaction. Sans lui laisser le temps, tu portes la bague à annulaire gauche.
Tu te redresses, ton pantalon est un peu mouillé par la neige, mais tu le sèches d'un coup de baguette.

— « Elle appartenait à ma mère, je me suis dit que ça te ferait plaisir de l'avoir. »

Sa réaction était prévisible, mais elle t'a réchauffé le coeur. Tu n'avais plus peur du noir quand elle était dans ta lumière Vega. Tu n'avais plus peur du gouffre alors qu'elle était le pont te permettant de le traverser sans vague.
Que deviendrais-tu sans Lola ? Tu te maudissais de t'être passé les chaines, mais ton esprit étriqué préférait oublier, drogué à son parfum, suiveur aveugle de son chemin.

— « Tu ? »

Un rictus déforme ton visage, mais tes paupières se ferment pour mieux écouter sa réponse. Elle en perd les mots et tes genoux trembleraient presque. Cette position inconfortable ne te sied guère. Tu te redresses alors à la moindre occasion pour lui passer la bague au doigt. Une métaphore orchestrée par la jeunesse fougueuse. Il n'y avait de là aucun pacte, seulement de la signification.

— « Respire Lola Edwards. Je ne te demande pas de m'épouser. Je ne sais si je pourrais seulement te le demander un jour. »

Tu inspires lentement, caressant le haut de sa main du bout des doigts. Ce bijou était particulier, déjà dans ce qu'il représentait et par sa valeur morale.

— « Je voulais simplement nous lier d'une autre manière, que par le pacte du calice. Oh.. Je ne te propose pas de le briser. Mais d'en faire peut-être un autre. Sans effusion de sang, juste verbal. »

Tu t'approches jusqu'à coller ton corps au sien, effleurer son front du tien, plonger ton regard dans son brouillard rétinien.
Des doigts fins viennent se mêler à sa chevelure blonde, dessinant des boucles d'un air serein. Tu souffles sur ses lèvres... et le froid cristallise votre respiration, en une buée s'échappant au dessus de vos têtes.
Elle était belle, hypnotisante.

— « Ou alors, peut-être que tu ne souhaites rester que cette réserve de sang, à mes yeux. »

Au final, vous n'aviez jamais posé de réels mots sur votre relation.

Tu l'aimais. Tu en étais certain. Mais une partie de toi comprend que tu t'accroches à elle comme pour t'accrocher à ta vie mortelle. Elle était cette pseudo chance pour toi de vivre une vie normale, loin du sang, de la violence, des lois et des rois.
Tu ne voulais pas être un sang-pur, même si tu étais intégré aux Blackwell jusqu'à la fin de tes études. Tu le sais, tu le sens. Une fois lancé dans la vie d'adulte, ils t'abandonneront comme si tu n'avais jamais été comme eux. Et ils ont raison, car tu ne l'es pas. Ce lieu t'inspire cette différence cruciale. Les sorciers avaient toujours craint les monstres, et ils avaient construit ce genre de prison pour s'en protéger.

— « Je ne vois pas... d'autres personnes que toi non plus Lola. »

Le visage d'une autre blonde apparut dans ta mémoire à cet instant, mais tu le fis disparaitre en rouvrant les yeux. Il ne devait y avoir qu'elle.

— « Je ne sais pas si je pourrais t'offrir la vie que tu désires. »

Ta gorge était sèche, et tu étais mal à l'aise. Même si en cet instant, tu la chérissais de tout ton coeur, tu ne voyais pas encore d'avenir probable se dessiner pour vous. Allais-tu devoir la transformer, comme Borea ? Impossible.
Allais-tu devoir l'abandonner quand elle se fera trop âgée ? Incertain.

— « Je ne veux pas l'envisager pour le moment. Nous sommes jeunes, j'aimerai profiter de ce que je vis avec toi, sans penser au futur et à ce qu'il adviendra. » Tu souffles légèrement du nez, le regard dur. « Mais je te promets de faire de mon mieux pour ne pas que tu souffres. Ou le moins possible. »

Tu ouvres les bras et l'attires dans ton étreinte. C'était le plus chaleureux que tu avais à lui offrir. Sans qu'elle ne se doute que dans ta tête, tout tes espoirs s'effondraient à mesure que le temps progressait. Qu'allais-tu devenir ?

Pourquoi tu la ferais souffrir ?
Oh Lola... elle n'est pourtant pas réputé pour sa naïveté, mais bien pour sa présence d'esprit, habituellement. Tu esquisses un sourire un peu triste, et surtout gêné. Tu n'as pas envie d'en parler, merde. Tu venais de lui faire une déclaration, et voilà que ça dégénérait une fois de plus vers des dilemmes existentielles déprimants. Bon, cette fois c'était toi qui l'avait cherché, tu ne pouvais t'en prendre qu'à toi même. Elle se refermait déjà dans sa coquille et tu avais encore perdu.

— « Si on arrêtait de se faire des plans ? Si ça se trouve je mourrais à mes trente ans dans un accident. »

Pas rassurant, ferme-la Vega.
Tu lui tends la main avec douceur et retenu, pour lui montrer le château du menton. Tu avais beau ne pas être un frileux, il commençait à cailler sévère et la neige se remettait à tomber. Entremêlant tes doigts entre les siens.

— « Rentrons, tu vas attraper froid. »

Tu t'éloignes du cercle de méhnirs, la boule au ventre. Les yeux rivés sur les tours du château de Balmoral, tu te demandais honnêtement ou tu en serais dans quelques années. Et surtout quel métier tu exercerais. La médicomagie, c'était un peu le seul moyen de continuer à baigner dans le sang toute la journée. Tu avais suivi Fallen en oubliant ta propre voie, et maintenant qu'elle n'était plus là tu n'étais plus vraiment certain de ton avenir.

— « Je ne sais toujours pas ce que je veux faire plus tard, plus je réfléchis plus je me dis que j'ai fait une erreur de choisir la médicomagie. Qu'est-ce qui t'a attiré dans cette branche toi ? Et qu'est-ce que tu veux faire en sortant de Poudlard ? »