[EVENT #1] Rachel & Orphan

tenue:

Le bal.
Orphan se regarde dans le miroir. Il n’a pas envie d’y aller. Il ne sait pas pourquoi mais son corps est lourd et son âme est lâche. C’est déjà la fin de l’année et il s’est si peu amusé. Les familles Gaunt, Blackwell et Prewett seront là ce soir. Cela le fait sourire, le met en confiance. Il sait que la présence de ces gens augmente le prestige de l’école, et crédibilise ta place au sein de la direction. Il sait qu’ils y trouvent leur compte.

Mais ta relation avec les Blackwell peut se fissurer ce soir. Une élève est morte il y a peu de temps, intoxiquée par une potion tue-loup. Orphan avait dû justifier la présence de cette potion, et comment elle avait atterri entre les mains de leur fille. Le diagnostic du corps transféré à Sainte-Mangouste avait révélé qu’elle était enceinte. Le directeur soupire en se remémorant cette tragédie. La perte d’une élève de sang-pur fragilisait ses relations. Il aurait préféré que ce soit une de ces saletés de cracmols et moldus qui périssent.

Orphan se prépare pour le gala de fin d’année, remettant ses cheveux en place, soignant son costume. Il avait demandé à son ami proche, Isaac Andersen, d’accompagner sa soeur. Il était sûr ainsi qu’il garderait un oeil sur elle. Mais imposer sa présence à Isaac ne l’enchantait pas. Il le savait libertin.

Une fois prêt, il rangea sa baguette de sureau dans la poche intérieur de sa veste et descendit avec lenteur les marches de son bureau. Il sortit pour se rendre vers la grande salle, décorée suivant vos instructions à Aileen et toi.

D’ailleurs, où était-elle ? Le directeur la cherche du regard, avide et ses yeux perçants se fixe sur sa tenue de soirée. Elle était belle, ils se ressemblaient un peu trop.
Mais la soirée en compagnie de Rachel s’annonçait palpitante. Le directeur espérait secrètement pouvoir sortir de sa routine, profiter un peu de sa cavalière sans que celle-ci ne le fuit comme la pestilence.

D’ailleurs, elle n’était pas encore là. En retard sûrement.. à condition qu’elle vienne. Orphan ne se sentait pas particulièrement en danger, même si le fait que sa cavalière décide de ne pas se montrer pourrait en effet le desservir au long de la soirée.
En attendant qu’elle arrive, Orphan va rejoindre Ramsay Gaunt, lui serrant la main chaleureusement. Il s’approche de son oreille pour murmurer à son oreille, ne lâchant pas sa main pour autant.
Ramsay semblait ravi de ce qu’il venait d’entendre car un sourire cruel s’afficha sur son visage ridé.

Le directeur est plongé en pleine conversation, avec Ramsay Gaunt. Ils parlent ensemble de progéniture et d’ingratitude que celles-ci ont envers leur patronyme. Peut-être pensaient-ils à un élève en particulier. Peut-être même avait-il croisé son regard, à cet élève. Mais alors que les yeux reptiliens d’Orphan dévisagent Felix Gaunt comme un rat mort à déguster, elle apparait dans son champ de vision.

Une beauté rare aux traits laiteux si parfaits qu’il serait impensable à ne pas contempler. Le directeur l’observe venir jusqu’à lui. Car elle sait qu’il ne viendra pas jusqu’à elle. Il la déshabille du regard alors que Ramsay Gaunt sourit à son tour. Mais Orphan fronce les sourcils, il se tourne vers le patriarche Gaunt pour le dévisager avec une froideur prédatrice. Rachel est à lui, du moins ce soir. Mais le Directeur n’est pas âme à partager.

— “Bien sûr. Veuillez m’excuser, Gaunt.”

Il s’éloigne, après lui avoir tendu son bras pour qu’elle s’en accroche. Il l’emmène vers la piste de danse et la dévisage avec un petit sourire en coin moralisateur.

— “Tu es en retard, Rachel.”

Il se demande si ce n’est pas sa tenue, et sa coiffure qui lui a pris autant de temps. Il passe ses mains sur ses hanches, plongeant son regard dans le sien. L’espace d’un instant, Orphan n’a plus l’impression d’être le directeur de Poudlard, ni même d’être l’ordure raclure qu’il était vraiment. Orphan se sent homme, désirant ardemment le coeur et le corps d’une autre femme que sa propre soeur. Mais alors que ses quelques secondes d’extase le rapproche d’une honnêteté véritable.. son visage redevient aussi fermé que celui du directeur alors qu’il aperçoit Isaac discutant avec Aileen, aux côtés des Blackwell.

— “Hmm..” Il prend la main de Rachel et l’emmène vers la table des professeurs. Ou il partit se servir un verre de vin et lui tendit une coupelle.

Orphan trouvait Rachel délicieuse ce soir là. Delicieuse comme une sucrerie qu’on laisse fondre dans la bouche après avoir avalé un plat trop épicé. Il l’avait choisi elle, parce qu’elle était l’une des seules femmes à ne pas l’ennuyer. Une des seules femmes qui lui faisait détourner le regard de sa soeur jumelle.

Même si le Directeur ne ressentait pas de honte, peut-être percevait-il dans les yeux de Rachel comme une certaine amertume. Etait-ce sa propre attitude qui encore une fois, décevait le coeur pourtant dans l’attente de sa partenaire ?

Pour rattraper les meubles qui se cassaient la figure, les uns après les autres, il prit la main de rachel, entremêlant ses doigts dans les siens.

— “Le Directeur a bien lui aussi le droit de s’amuser après une longue année de travail, non ?”

S’amuser. Lui même cherchait encore la définition de ce terme. Il ne se souvenait même plus de la date de son dernier fou-rire. Les traits sombres, il esquissa un léger sourire comme s’il l’avait répété toute sa vie pour ce moment.

— “Je me vois navré si le fait de m’accompagner est moins plaisant que prévu. A moins que tu te sois douté que j’allais demeuré aussi morbide qu’une tombe.”

Il la fait tournoyer sur place. Orphan avait au moins le mérite d’être un excellent danseur, ce qu’il l’évitait de passer définitivement pour un looser.
Alors que sa proposition le tentait presque, il se laisse attirer par le buffet. Des élèves en DEMA s’étaient proposé pour tenir le buffet en échange de quelques points de maison. Le directeur et les professeurs avaient le droit à une cuvée spéciale de la cave du directeur lui-même.

— “Tu te souviens du whisky pur feu que je t’ai fait gouté la dernière fois ? Celui ci est beaucoup plus mur. Si tu veux finir nue sur la piste à danser comme un chimpanzé, je te le conseille.”

Orphan lui offre son premier sourire sincère et amusé.
On aurait dit un enfant.

Le directeur plisse les yeux. Rachel est décidément beaucoup trop attendrissante. Orphan se laisse aller, contre toute attente, il a l’impression de se retrouver prisonnier en tête à tête avec son âme d’adolescent. Pendant un instant, quand il dévisage les traits de Rachel, il a l’impression de l’apercevoir dans son uniforme de Poufsouffle. Pendant un instant, un sentiment très ressemblant à celui du regret grimpe dans la poitrine du directeur tel un volcan se réveillant à peine.

Amusé, il soulève sa coupe d’un air déjà triomphant. Même si au fond de lui, il a la certitude que jouer à ce jeu est aussi risqué que de marcher sur une poutre au dessus du vide les yeux bandés. Il vide cul sec sa première coupe, rouvrant les yeux pour la dévisager.

— “Pour ajouter du piquant, je dirais même que celui qui perd devra un gage à l’autre.”

Le directeur ne s’entend plus parler. C’est le Orphan de ses 18 ans qui parle, et non plus celui des 28. L’alcool lui fait faire un bon de 10 ans en arrière. Il pose son verre et se saisit de la bouteille directement des mains du serveur pour en reverser jusqu’à coupe pleine.

— “Je dois dire que..”

Un instant, sa vue se trouble. Un instant, les aiguilles de l’horloge s’arrête. La démence du directeur explose comme le Vésuve. Ses pupilles se dilatent et sa main part caresser la joue de Rachel. Un rictus dérangé vint malgré lui se percher au coin de ses lèvres purpurines.

— “...Tu es ravissante ce soir.”

Finalement, il se reprend. A la dernière minute, replaçant le masque du contrôle sur son visage. Pendant l’espace d’une seconde, il crut discerner dans le regard de Rachel comme une lueur d’accusation, et de honte, comme si elle savait tout ce qu’il avait pu faire, comme s’il devait se sentir coupable.

— “J’espère que ce soir, il n’y aura pas de directeur ni de Poudlard. J’ai besoin d’Orphan et Rachel.”

Ce soir.

Rachel. L’alcool. Rachel. La démence lunatique et l'aliénation déjà bien présente du directeur. Orphan se doutait qu’à un moment, sa vraie personnalité, sa nature réelle et profonde reprendrait le dessus. Car il était mauvais, à l’état pur, et même si le filtre Rachel était une façade, un masque qu’il pouvait enfiler pour paraître aussi bon et humain que n’importe quel homme.. les mauvaises racines finissent toujours par ressurgir de terre.

Le directeur de Poudlard descend une autre coupe. Sa vue se trouble un instant pour se focus à nouveau sur le visage de Rachel. Il sent ses doigts effleurer ses lèvres et l’intimer de ne pas tout gâcher.

— “Je comprends.”

Il comprend, d’un sourire vaguement ressemblant à de la tristesse, qu’il ne veut pas la décevoir à nouveau. Donc ils ne peuvent plus s’attacher. Car il la décevra forcément. Orphan n’aime pas les autres. Orphan n’aime que le pouvoir.
Et c’est d’ailleurs les yeux rivés vers les familles qu’il a invité ce soir, qu’il se détourne de l’attention porté à Rachel, pendant l’espace d’un instant. Il plisse les yeux, se demandant bien quels pouvaient bien être les mots échangés par les élèves et la famille Blackwell.

— “Hm.. tu disais ?”

Le directeur reporte son attention sur sa collègue et partenaire de danse. Il avait cru discerné “robe rose” et “nu sur la piste”. La regardant avec une interrogation douteuse, il ouvrit la bouche mais rien ne sorti. Hébété, il prit un autre verre de whisky pour le descendre à nouveau.

— “ça fait quatre. Et toi, trois. Je ne suis pas encore prêt.”

Rachel semblait de moins en moins tenir les verres d’alcool qui s’accumulaient. Orphan non plus, d’ailleurs. Lui même qui en était à son sixième ou septième verre, sentait la chaleur se propager dans son corps entier, et particulièrement à ses extrémités. Il leva son verre dans un mouvement théâtrale et le reposa brutalement sur le buffet sans en avoir bu une goutte. Dans son geste brusque, il en avait renversé un peu à côté.

— « Prépare toi à voir le chimpanzé, car je commence à avoir une migraine. »

Pour le jeu, il avait surestimé ses capacités et légèrement oublié le degré d’alcoolisation dans les bouteilles qu’il avait fait ramené des sous-sols. Le brouhaha du bal et les voix pas encore muées des adolescents dans la salle avaient pour effet d’accentuer son mal de tête, comme si la perception des sons s’était accrue.

Rachel remarque un incident du côté de la famille Blackwell. Le directeur se redresse et leur jette un regard furtif avant de reporter son attention sur Rachel.

— « Je ne sais pas si je devrais m’en mêler tout de suite. Les Blackwell sont déjà remontés à cause de la perte de leur fille cadette, Grenat Blackwell qui est décédée après un accident le mois dernier. »

Le directeur desserre sa cravate qu’il enlève peu de temps après, la posant sur la table du buffet. La voix de Rachel est mélodieuse, presque apaisante. Orphan lui prend les mains et l’entraine sur la piste de danse.

— « Laissons les régler leurs affaires familiales entre eux pour le moment. »

Ce n’est pas qu’il n’avait pas envie de s’en mêler, mais plutôt que ce n’était ni le moment ni sa place. Aux yeux des sangs-purs, le directeur de Poudlard demeurait un homme puissant et de pouvoir certes, mais de famille de sang-mêlé. Même si le pouvoir donnait un poids à sa parole, il en demeurait exclu des règlements de compte au sein même de la famille. Orphan avait jugé que moins il interviendrait de manière intrusive, plus ils leur accorderaient leur confiance.

Le directeur remarqua les rougeurs monter aux pommettes de son employée, ce pourquoi il passa instinctivement le dos de sa main en dessous de son oeil, prétextant un cil abandonné sur sa joue droite. D’un sourire tendre, il recula son visage du sien pour lui laisser de l’espace et murmurer d’une voix doucereuse.

— « Rachel et Orphan. »

C’était sans compter le silence de la salle entre deux chansons, provoqué par un élève de Serpentard, bien décidé à attirer l’attention sur lui et sur sa cavalière étalée au sol. Orphan fronce les sourcils. Les adolescents et leurs colères incontrôlables.