[EVENT #8] Mission Fuck La Loi par Rachel, Isaac et Otília (troisième partie)

Depuis l’intrusion de Vandom, elle cogite, Otília. Elle cogite parce que réfléchir à un message officiel et clair à envoyer aux parents au cas par cas est comme impossible pour elle, en ce moment. Elle a l’impression de perdre du temps. Elle sait que c’est nécessaire, bien sûr, et que ça ne doit pas être écrit n’importe comment mais elle a le sentiment d’une urgence et d’autres actions à mener. D’autres choses à faire. Si elle s’écoutait… si elle s’écoutait elle irait au Ministère, réclamer des comptes. Et peu importe qu’on lui dise que ça ne sert à rien. Elle ne veut pas rester inerte sans savoir ce qu’il advient des soi-disant accusés. Elle ne peut toutefois pas agir seule. Ce n’est pas sa manière de faire en général, elle est de ceux qui réfléchissent, pèsent le pour et le contre, essaient d’avoir un plan, au minimum. Sauf qu’en cet instant, la seule chose qui l’obsède c’est le temps qui s’égraine et le devenir des élèves qui ont été amenés. De nombreux messages sont envoyés avant qu’elle n’en puisse plus de rester là.

Elle soupire et se lève, s’éloigne de la pièce transformée en cellule de crise où s’affairent nombre de ses collègues. Il faut qu’elle prenne un peu l’air, qu’elle essaie d’organiser ses pensées. C’est dans le couloir attenant aux appartements des professeurs qu’elle remarque Rachel O’Sullivan et Isaac Andersen. Elle s’avance vers eux et… tout s’enchaîne. Eux aussi, visiblement, n’ont pas dans l’idée de rester dans les quatre murs de Poudlard à attendre, sans faire le maximum pour les élèves ainsi que leurs collègues, Orphan et Neptune. Très peu de mots sont échangés. Ils sont sur la même longueur d’ondes et… qu’ils l’aient prévu ou non, elle les accompagne.

Une fois devant le Ministère, il n’y a aucun doute, l’endroit est bel et bien vide. Surprenant pour une telle institution. L’experte en potions est sur ses gardes. Elle ne sait pas à quoi s’attendre, elle progresse aux côtés d’Isaac et Rachel, sa baguette devant elle. C’est une voix qu’elle n’a pas entendu depuis plusieurs années qui les interpelle alors qu’ils dépassent la fontaine. Elle se tourne vers l’homme qui les observe. Il la tutoie, peut-être pour l'impressionner, alors elle choisit d'en faire autant.

« Si tu sais ce qui s’est passé, tu comprends bien pourquoi nous sommes là. Brutal, le mot est faible. » Il n’y va pas par quatre chemins, elle non plus. Isaac non plus, d’ailleurs.

Le directeur de Serpentard n’hésite pas à faire entendre leurs revendications. Certes, c’est être optimistes que croire que les choses se feront aussi simplement, mais au moins… c’est dit.

« Tu dis que ça vient d’en haut ? Très bien. Que quelqu’un de plus haut gradé que ce lâche de Vandom vienne. Qu’on nous dise clairement de quoi il en retourne, et qui a donné son aval pour de telles méthodes ! Je ne veux pas croire que Magnus soit protégé et son attitude tolérée. Si vous estimez que les personnes arrêtées sont en tort, faites au moins les choses dans les règles. »

Un temps d’arrêt.

« N’est-ce plus ce qu’on vous inculque, chez les Aurors, le respect des règles et de la justice ? »

Des trois professeurs, c’est bien Rachel qui se montre la plus impatiente. La libération de son mari est en jeu, bien entendu. Otília observe Saul Grace, elle ne l’a pas vu depuis qu’elle a quitté les aurors et se demande bien comment on a pu en arriver là. Comment cet homme, et nombre de ses anciens collègues, peuvent accepter des ordres qui vont à l’encontre du bon sens. Le concerné n’a toutefois pas l’air plus repenti que cela, et de ce qui a été dit, c’est plus le lien entre Rachel et Orphan qui semble l’intéresser. Otília n’en dit rien. C’est à son tour de se crisper légèrement. Alors quoi ? Ce n’est pas une réunion d’anciens élèves ! Il y a trop de choses en jeu.

Des bruits de pas. Une silhouette. La silhouette capée de plumes noires et des yeux rouges qui les scrutent désormais, bien trop confiant. L’Ambrozy se redresse et serre sa baguette dans sa main, dans l’attente. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit là. Bien trop de questions se bousculent en ce moment. S’il est là. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il est à l’origine de tout ça ? Il a pu entrer au sein du Ministère sans être inquiété ? Est-ce à lui que Vandom obéit ? Est-ce à lui que l’on doit le désert qu’est devenu ce bâtiment ? Le fait qu’il envoie Saul paître à l’aide d’un Impero ne fait qu’accroître ses craintes. Oui, comme beaucoup, l’idée a effleuré l’esprit d’Otília après l’intrusion à Poudlard… toutefois. Elle ne voulait pas y croire. Elle suit du regard l’auror qui s’éloigne en pressant le pas, c’est la voix sinistre du Corbeau qui retient son attention et l’empêche de partir à la suite de Saul, en direction des élèves.

Maintenant, tout paraît bien trop concret et menaçant. Il leur parle le plus naturellement du monde, comme en terrain conquis. L’experte des potions ne sait visiblement pas tout des échanges qui ont pu avoir lieu par le passé entre le Corbeau et l’épouse Scamander. Elle hausse un sourcil et fait en sorte que sa baguette soit toujours pointée droit sur l’ombre. Ne rien manquer de son attitude. Et quand il pose son regard sur elle, enfin, elle ne cille pas. La lueur rouge des yeux qui la scrutent a quelque chose de sinistre, d’inquiétant…

« De la part de quelqu’un comme vous, permettez-moi de ne pas m’extasier devant un tel compliment. Je suis même surprise de constater que vous connaissez le mot justice, vous qui semblez plus adepte de la manipulation des corps et des esprits. »

L’usage de l’Imperium sur Saul ne peut que le confirmer. Pas le temps de bavarder, toutefois. Le Corbeau profite des réactions d’Isaac et Otília pour les prendre de vitesse et vise sans ménagement le directeur de Serpentard. En même temps, il ne fallait pas s’attendre à un duel dans les règles de l’art. Isaac réagit au quart de tour à l’aide d’un Protego parfaitement exécuté et invite Rachel à prendre la suite de l’auror.

« Oui, notre priorité va aux élèves, on s’occupe de cet obstacle. »

Le bluff ne fait jamais de mal. Isaac à ses côtés, il est temps de faire face et par dessus le Protego qui se dissipe, elle vise le Corbeau à l’aide d’un :

« Expelliarmus. »